dimanche 17 mars 2013

Une cure contre le narcissisme

Utiliser les critiques comme un enseignement

Le grand maître spirituel tibétain Dilgo Khyentsé Rinpotché (1910-1991) enseignait souvent comment utiliser les critiques dont on peut être l’objet pour progresser sur le chemin spirituel, au lieu d’être blessé dans son amour-propre.

 « Si l’on vous critique, saisissez cette occasion pour reconnaître vos fautes cachées et être plus humble. Les critiques sont comme des maîtres, car elles détruisent votre attachement et votre orgueil. Si vous savez les intégrer à la voie, elles stimuleront votre pratique et renforceront votre discipline. Comment, alors, ne pas remercier leur auteur pour la faveur qu’il vous a faite ? La joie et la souffrance causées par les louanges et les blâmes sont éphémères. Quand on vous fait des compliments, ne vous laissez pas envahir par la fierté ; dites-vous que ce sont des paroles entendues en rêve ou simplement l’effet de votre imagination.
Ou bien pensez que ce n’est pas de vous que l’on fait l’éloge, mais des qualités que vous avez acquises grâce à la pratique spirituelle. En vérité, les seuls individus réellement dignes d’éloge sont les êtres sublimes qui ont atteint la libération.

Lorsqu’on est imbu de sa propre supériorité et que l’on ne supporte pas la moindre contrariété, on ne peut jamais devenir un pratiquant authentique. Quand on pointe nos défauts, nous nous irritons, même contre nos propres parents ou nos maîtres. Si en revanche on nous flatte en nous attribuant des qualités que nous n’avons pas, nous sommes ravis. Selon le dicton : « Ceux qui abondent toujours dans notre sens caressent notre orgueil, mais ne nous aident pas à développer nos qualités spirituelles. »

En revanche, ceux qui mettent nos défauts en lumière et nous montrent comment les corriger sont d’une aide précieuse. C’est en fondant et en martelant l’or qu’on le raffine. De même, c’est en prenant conscience de nos incohérences et en appliquant les instructions d’un vrai maître que nous finirons par transformer nos faiblesses et nos mauvaises habitudes en auxiliaires sur la voie de l’Éveil.

Une fois le fauteur de trouble identifié et appréhendé, la paix revient au village. De même, quand un maître bienveillant révèle nos défauts et nous permet ainsi de les reconnaître, il nous donne la possibilité de nous en débarrasser pour que la paix revienne dans notre esprit. Le vrai maître spirituel est celui qui nous parle de façon directe en mettant le doigt sur le moindre de nos travers pour nous mettre sur la bonne voie. »


source : blog de Matthieu Ricard (juillet 2012)