jeudi 2 avril 2020

Voie, Méthodes, Techniques, Principes, Efficacité spirituelle : quelles différences ?


En spiritualité, comme dans n'importe quel art, il est important de bien définir ce dont on parle.
Je précise ici quelques termes utilisés dans le taoïsme, mais ceci est vrai pour n'importe quelle voie spirituelle éprouvée.
1) La voie (dao 道) : la voie est ce avec quoi on tombe en amour, le lieu de l'appel sans raison. On parle de trouver sa voie, il en va de même en spiritualité. On ne peut vraiment progresser que lorsque l'on a trouvé sa voie. C'est la raison pour laquelle je suggère toujours d'en essayer plusieurs, et une fois la première approximation faite, d'essayer ensuite plusieurs styles différents au sein d'une même voie et plusieurs enseignants ou maîtres. On doit poursuivre jusqu'à ce qu'on se dise: putain, c'est là. Ou n'importe quoi d'approchant et de moins vigoureux que mon vocabulaire. Mais globalement, le sentiment doit être celui du "retour maison de E.T." Quand on l'a trouvé, on sait qu'on l'a trouvé, tout notre corps et notre coeur nous le dit.
Chaque voie a sa personnalité, ses caractéristiques, ses bons côtés et ses côtés moins développés. Il est important de le reconnaître honnêtement. Si on doit comparer avec l'art, la voie correspond aux grands thèmes comme la peinture, la musique, la poésie, etc....Il vaut mieux choisir une voie pour laquelle nous avons à priori un minimum de talent. Cela sera plus efficace à long terme. Par exemple, je suis plutôt bon en musique et en rythme, mais j'ai les capacités d'un enfant de 6 ans en ce qui concerne le dessin. Il serait judicieux de choisir la musique, à moins d'être un peu masochiste.
La voie dit bien ce qu'elle veut dire, c'est le chemin global qui nous emmène vers l'Unité primordiale de toute manifestation, en passant toutefois, sans les nier, par tous les états intermédiaires entre notre condition de départ et le but final.
2) La méthode (fa 法) : une voie utilise une méthode, c'est à dire un moyen au minimum, mais en général de très nombreux, pour nous aider à expérimenter la voie. Toujours en comparant à l'art: admettons que l'on ait choisi la musique en tant que voie, alors nous allons choisir un instrument spécifique pour l'expérimenter et pouvoir la travailler. Il en va de même en spiritualité. Les méthodes servent à expérimenter un aspect de la voie, et comme il y a beaucoup d'aspects différents, il y a logiquement de nombreuses méthodes au sein d'une voie spirituelle. On peut citer des méthodes physiques, émotionnelles, rituelles et spirituelles notamment. Chaque voie développe ses propres méthodes.
3) Les techniques (shu 術) sont ce que l'on fait pour atteindre une expertise dans la méthode. En piano, nous allons faire des gammes, du Hanon, puis jouer progressivement des morceaux de plus en plus difficiles, tout en développant avec le temps notre propre style et en nous orientant au sein des techniques vers celles qui nous inspirent le plus. Ainsi, une voie a de nombreuses méthodes et techniques car elle doit pouvoir répondre à un grand nombre de natures différentes.
4) Les principes (li 里) : ce sont les règles qui sont sous-jacentes à la technique. Par exemple, en piano, on apprend très tôt à relâcher les épaules, et à arrondir les doigts, sinon on en fera les frais plus tard, sous formes de douleurs ou d'impossibilité de dépasser une certaine vélocité au clavier. En spiritualité, ce sont les règles qui sont souvent transversales aux différentes techniques. Par exemple, la notion de trigrammes dans le taoïsme peut être utilisée en Tai Ji Quan, en Qi Gong, en Yi Jing, en alchimie interne et méditation, ou en médecine pour ne citer que quelques exemples. Ces principes sont universels parce que ce sont des motifs de fond, des patterns immuables retranscrit sous une forme intelligible. Autant on peut choisir une technique ou une autre en fonction de ses aspirations, autant les principes ne se discutent pas, au sein d'une voie spécifique. Ils s'apprennent et s'approfondissent, c'est tout. Au même titre qu'en mathématiques on ne discute pas le zéro, le 1 ou le deux, bien qu'on puisse les agencer de toutes les manières possibles.
Je vous encourage à observer vos propres voies pour bien distinguer ces différentes notions. Cela apportera de la clarté à votre voyage.
Notons pour finir que traditionnellement, les méthodes étaient gardées secrètes au sein des lignées, parce qu'on ne les transmettait qu'à ceux en qui on avait confiance et qui avaient fait l'effort de pouvoir les recevoir. Par contre, on enseignait assez facilement les techniques. C'est ce qui explique qu'encore aujourd'hui, de nombreuses personnes enseignent des techniques, mais sans avoir les clés de la méthode complète, qui seules en déverrouillent l'efficacité transformative réelle (ling 靈). Dans un parcours classique, presque tout le monde commence à pratiquer des techniques, c'est plutôt la norme. Mais dès que vous vous sentirez tourner en rond, un conseil, cherchez des enseignants qui peuvent transmettre les méthodes. C'est plus rare, et il faut s'investir pour les trouver. Mais quand le cœur est sincère, cela finit toujours par arriver.
Bonne pratique!
Fabrice
Calligraphie : Li Sigui
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Confinement : les conseils des moines (4)

Conseil n°3 : Du silence

Chez les moines : Frère Antoine le reconnaît : « La vie communautaire peut être une épreuve. Nous vivons à 80 : heureusement que c’est en silence, sinon ce serait insupportable ! » Les moines alternent des temps en communauté et des temps seuls en cellule. « Les moments ensemble sont les lieux de la charité en acte. La solitude n’est pas une coupure mais un temps habité, en communion », précise sœur Anne-Samuel.
Chez nous : Confinés en famille, est-il possible que chacun puisse avoir un moment dans une pièce séparée ? Et si nous essayions, un jour, le repas en silence ? Pour ceux qui sont seuls, comment habiter cette solitude et ne pas seulement la combler ?

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