mercredi 12 mai 2010

Avant votre dernière expiration...

Alphonse Goettmann : L'abandon est une remise totale de soi, le sommet de l'ouverture dans l'attente confiante. Le moment entre l'expiration et l'inspiration n'est pas un arrêt statique et voulu mais il ouvre sur un abîme mystérieux et vivant d'où naît l'inspir qui donne la vie...


Graf Durckheim : Avec la pratique, ces deux grands mouvements : expiration-inspiration, deviennent les deux pôles d'un mouvement unique appelé « roue de la métamorphoses, mort... naissance... détente... tension.., et l'harmonie entre tension et détente mène à la « tension juste ». Il est important de faire la différence entre détente et avachissement-dissolution. Tension-détente justes sont les deux faces de l'être vivant tandis que crispation-dissolution sont deux états qui s'excluent. L'homme qui n'est pas centré fait sans cesse le pendule entre crispation et avachissement : tendu dans le haut ou laisser-aller, deux attitudes qui mènent à la mort. 


Le Diable, l'Adversaire de la vie, fait deux choses : il arrête le mouvement en haut ou en bas, dans le durcissement ou l'avachissement, deux attitudes statiques que l'homme épouse dans la mesure où il est enfermé dans son petit moi existentiel qui veut maintenir sa position. La sagesse de la Vie est un mouvement perpétuel qui ne permet pas un seul instant de s'arrêter. Par contre, quand la « tension justes s'approfondit, le mouvement respiratoire devient presque imperceptible ; alors, la source de la Vie, l'Être, peut nous visiter : grands bouleversements qui nous portent parfois jusqu'à l'extase, ou petits touchers de l'Être, et enracinement en soi jusqu'à l'instase. Autant l'instase peut devenir une expérience fréquente pour celui qui avance sur le chemin, autant le satori, la grande illumination est-elle rare. On parle trop facilement du satori ; un des plus grands maîtres Zen a dit qu'il en avait eu trois dans sa vie.
Toujours est-il que l'expiration est un saut dans l'inconnu avec une totale confiance et sans restrictions, qui développe la réceptivité du chercheur à l'extrême, le conduit à l'abandon radical d'absolument tout et le fait entrer alors dans la nuit mystique, les ténèbres de la mort. Sans elle, il n'y a pas de résurrection. Cela suppose souvent des années de pratique.