mercredi 22 octobre 2014

A l'essence de la vie par Brigitte Fossey

...Pas besoin de nos décorations pour aller à l’essence de la vie, c’est extrêmement simple. Un jour, on m’a demandé quel était mon plus beau souvenir. Il m’est tout de suite venu à l’esprit un moment où j’allais à l’école, les cheveux attachés derrière le cou. Il y avait de la lumière, une brise. Je me suis dit mais mon Dieu que c’est bien cette brise, que c’est beau la vie, une sorte d’éblouissement devant le fait d’être là ! On peut ressentir ça dans des moments de solitude où l’on n’est plus seul. Tout à coup, on se dit il y a l’air, le soleil, la respiration, le souffle, la caresse de l’air sur la joue. C’est prodigieux ! Pas un truc métaphysique, mais une chose toute simple. Cette simplicité-là, je crois que les enfants l’ont naturellement mais nous, on l’oublie.

Vous, vous ne l’avez pas oubliée ?

Non, je ne l’ai pas oubliée et je ne l’oublierai jamais. Je n’oublierai jamais qu’un arbre est une chose absolument exceptionnelle, extraordinaire, qui met ses racines dans la terre et qui monte vers le ciel. Toute la végétation est un exemple extraordinaire, de montée vers la lumière. J’ai été élevée dans cet émerveillement et je l’ai gardé. Est-ce que je le garderai quand mes parents ne seront plus, je ne sais pas. C’est quelque chose que je leur dois, qui fait partie de l’amour que j’ai pour eux et de leur pensée.

Vous pensez que ça peut disparaître ?

C’est l’amour que j’ai reçu d’eux, c’est pour ça que je pense que ça peut disparaître. J’ai reçu d’eux cette faculté d’aimer. Donc je manifeste ma reconnaissance et je ne sais pas comment je vivrai s’ils ne sont pas là, je ne peux pas l’imaginer.

Extrait d'une interview dans le magazine Reflets