lundi 25 janvier 2016

Matthieu Richard : « Qu’est-ce qui compte vraiment dans mon existence ? »


« Le renoncement ne consiste pas à se priver de ce qui est vraiment bon, mais de se débarrasser de ce qui crée la souffrance. Pour y parvenir, il faut d’abord laisser de côté les activités qui ne sont constructives ni pour soi ni pour les autres. (...) 

 Certaines choses nous paraissent intéressantes, mais ne contribuent en rien à notre liberté intérieure, quand elles ne lui font pas carrément obstacle. 

On raconte qu’un brahmane très curieux de nature venait souvent poser une foule de questions au Bouddha, du genre : “L’univers est-il infini ? A-t-il eu un début ? Pourquoi les fleurs ont-elles différentes couleurs ? ”, etc. Parfois le Bouddha lui répondait, et parfois il restait silencieux. Un jour, alors que le brahmane insistait à nouveau, le Bouddha prit une poignée de feuilles dans ses mains et lui demanda : “Où y a-t-il davantage de feuilles, dans la forêt ou dans mes mains ?” Le brahmane n’eut guère de peine à répondre : “Dans la forêt bien sûr.” Le Bouddha lui dit alors que, comme les feuilles de la forêt, les sujets de connaissance étaient innombrables, mais que seule une poignée d’entre eux étaient indispensables pour atteindre l’Éveil. 

Connaître la température des étoiles ou la façon dont les végétaux se reproduisent est passionnant à bien des points de vue, mais cela ne nous aide pas à comprendre la nature de notre esprit, à nous libérer des toxines mentales, à acquérir une bienveillance sans limite, et en fin de compte à atteindre l’Éveil. (…) D’où l’importance de notre questionnement initial : “Qu’est-ce qui compte vraiment dans mon existence ?” Est-ce me faire piéger par des miroirs aux alouettes en misant sur la richesse, le pouvoir et la célébrité ? Ou est-ce œuvrer au bien des autres et de moi-même ? Le vrai pratiquant n’a aucun mal à renoncer aux choses futiles, car il éprouve à leur égard aussi peu d’intérêt qu’un tigre pour un tas de paille. Il s’attache donc à “simplifier, simplifier, simplifier”, comme disait Thoreau.

extrait de "Trois amis en quête de sagesse".