mercredi 31 janvier 2024

A l'écoute d'Alexandra David Néel

 Il y a tout juste 100 ans, Alexandra David-Néel pénétrait incognito dans la ville sainte de Lhassa. En 1969, un mois avant sa mort, Arnaud Desjardins interviewe la célèbre exploratrice qui, centenaire, n’a pas perdu de sa vivacité d’esprit.


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mardi 30 janvier 2024

-la "relation"... nos "relations"...-



Nos relations aux autres ou au "monde" sont les
icônes de notre propre relation à nous-même,
au vrai ou au faux, ou à "l'entre-deux" de nous-même...
Si nous sommes capables de rentrer dans une
relation juste en nous, de faire notre propre tri
et ménage, ainsi irons nos relations dans le monde...
Sans autre idéal attendu d'un autre ou du monde
puisque la relation se fonde d'abord en soi.
Si j'attends d'un autre qu'il me comprenne,
qu'il m'approuve ou qu'il m'aime, c'est qu'à
l'évidence cette compréhension ou cet
amour ne sont pas reconnus en moi...
Cette reconnaissance ne dépend que de soi.
Cela ne dépend de rien d'autre.
La paix est là.
_______________ l'amour aussi." 😇
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______________ Très reliante journée... ❤


"Danses toujours"
Charles Coutarel

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lundi 29 janvier 2024

La vision sans tête avec Richard Lang


Richard Lang nous témoigne de son expérience vécue après la rencontre avec Douglas Harding.


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dimanche 28 janvier 2024

samedi 27 janvier 2024

L'œuvre de la maturité


 "Dans l'avancée de la maturité et l'approche de la vieillesse, il est un ... phénomène qui frappe :  le rajeunissement progressif du cœur et de l'âme.

Depuis toujours, je pressentais que la nature ne pouvait pas vouloir la déchéance de l'homme.   Aujourd'hui, je le sais.

Si la deuxième moitié de l'existence ne recelait pas un projet, nous serions éliminés - comme le sont certains animaux - après le cycle de la fécondité.

Ce projet qui nous est confié est invisible à l'œil.

J'aurais la tâche légère si je me plaignais de maux de dents : même si j'étais la seule à pouvoir vérifier mes dires, personne ne douterait de ce que j'avance.   Mais si j'affirme que mon âme et mon cœur rajeunissent de jour en jour, je ne serais pas étonnée que certains n'y voient qu'une licence poétique. Ou un sujet d'agacement. Et pourtant!

Dans la jeunesse, l'âme n'est pas jeune.   Elle est percluse du rhumatisme des modes, plie sous les idéologies, les normes en vigueur.  L'Alzheimer juvénile la ronge :  l'oubli de tout ce que l'enfant savait encore sur le sens profond des choses.  La jeunesse transbahute tous les préjugés qu'on lui a inculqués, les jugements féroces, les catégories assassines. Elle est souvent dure comme le monde qui l'accueille. Sa lumière est sous le boisseau.

Ce long travail de la libération de l'intelligence, ce déminage du terrain après tant d'années d'occupation étrangère sont l'œuvre de la maturité.  Quand l'obligation de faire un avec sa génération n'est plus une question de survie, on peut enfin écarter les œillères, laisser venir la clarté. Comme dans les grandes forêts où l'automne, en dépouillant les branches, donne le ciel à voir.

"Il faut toute une vie, écrit Jean Sulivan, pour élargir son cœur, ses opinions, pour conquérir sa liberté spirituelle."

Toute une vie.

Voilà une chance à ne pas manquer."

Christiane Singer - N'oublie pas les chevaux écumants du passé

Image:  Portrait d'un vieillard, de Rembrandt

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vendredi 26 janvier 2024

jeudi 25 janvier 2024

Près du surgissement

 Comme un bonheur n'arrive jamais seul, voici une autre parution : celle du livre de poèmes que viennent de publier les Editions Pourquoi viens-tu si tard ?, que je remercie vivement. 

C'est le premier ouvrage d'une série de quatre, qui vont paraître cette année chez différents éditeurs. 

J'ai écrit ces poèmes à partir des très belles photographies de Stéphane Delecroix. 

Ci-dessous, quelques extraits...


















mercredi 24 janvier 2024

Neuf



« Il n’y a rien d’ancien sous le soleil.

Tout arrive pour la première fois, mais de manière éternelle.

Quiconque lit mes mots les invente. »

Jorge Borges 1899-1986

Art graphique: Artisalma


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mardi 23 janvier 2024

Une voix crie dans le désert (extrait du "carnet")



Un enseignant de haut calibre se livre à une mise au point très précise en présence de toute une communauté d’élèves.  

Au sortir de cette intervention, j’entends diverses conversations mécaniques au cours desquelles les personnes « pensent » et réagissent de concert, se justifient suite à ce qui en eux a été mis en cause dans le seul but de se rééquilibrer en surface, manifestant exactement le comportement vis à vis duquel l’enseignant vient de nous mettre en garde … 

L’une des difficultés objectives de la transmission, c’est que l’invitation fervente à une pratique plus sérieuse et exigeante ne touche que les convaincus :  celles et ceux qui, soit sont déjà dans une pratique consistante et vont ainsi s’en trouver stimulés, soit celles et ceux qui sont tout au bord et à qui il ne faut qu’un petit coup de pouce, un rappel, pour passer une vitesse. 

Sans doute n’est ce déjà pas mal. 

Mais quant à ceux qui en sont encore loin, ils ne l’entendent tout simplement pas, 

Toute une part du « job » de l’enseignant(e) consiste à crier dans le désert, confiant que, quelque part, sa voix rejoindra quelque bédouin en marche entre les dunes  …

Gilles Farcet

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lundi 22 janvier 2024

Etre inconscient de l'inconscient

 Extrait de "Regards sages sur un monde fou" de Arnaud Desjardins.


"En fait, je n’ai cessé de constater combien tous les êtres humains, pas seulement le personnel politique, peuvent être menés par leur inconscient, à quel point la pure subjectivité intervient dans leurs choix, dans leurs orientations, dans l’exercice de leur profession... Si on tient compte des dynamismes profonds, relevant de la pure psychologie, qui animent des personnes, hommes ou femmes, jouant des rôles importants, on en arrive à une tout autre vision de la réalité. On voit la profondeur à l’œuvre sous la surface. Ce qui explique le monde, ce n’est pas l’appropriation des moyens de production à une époque donnée ; c’est la psychologie, la manière dont les êtres humains sont menés par des dynamismes inconscients ou subconscients. Voilà la vraie clef mais qui n’apparaît pas au grand jour. Aucune statistique ne peut mentionner cette donnée. Elle n’est pas mesurable et peut seulement être entrevue dès lors qu’on observe, qu’on écoute et que l’on cherche à voir plus loin que la surface.

Pouvez-vous donner quelques illustrations ?

J’ai par exemple rencontré un contrôleur fiscal parfaitement honorable et consciencieux qui, au cours d’une thérapie, a découvert qu’il défoulait des pulsions inconscientes à la faveur de l’exercice de sa profession. Il a demandé à être provisoirement relevé de cette activité pour en exercer une autre au sein du ministère des Finances, tant il était sidéré de sa découverte : il n’en revenait pas d’avoir vu avec quelle hostilité purement personnelle il s’était acharné sur certains contrôlés sans même en être conscient. Maintenant, est-ce qu’on ne ferait pas, peut-être, des découvertes similaires si on pouvait examiner les vraies motivations de tel ou tel des juges qui apparaissent aujourd’hui comme les champions de l’intégrité et qui traquent la prévarication chez les hommes politiques ? Je ne conteste pas qu’ils fassent œuvre civique ; je dis seulement que sous la surface, sous les intentions et motivations professées en toute sincérité, les profondeurs du psychisme sont à l’œuvre. Une personne que je connais depuis longtemps m’a raconté qu’elle avait eu pour camarade de classe de la cinquième à la terminale un garçon aujourd’hui devenu l’un de ces juges célèbres. Ce même juge, au cours de sa scolarité, année après année, choisissait une victime dans la classe, qu’il harcelait sans cesse en la traitant de « sale riche » jusqu’à ce que le lycéen en question finisse par craquer. Quand, sachant cela, on constate que ce garçon est devenu le cauchemar de politiciens et d’hommes d’affaires, on y trouve matière à réfléchir. N’ayant vraisemblablement jamais fait un travail de mise au jour de son inconscient, cet homme est mû par les mêmes dynamismes que ceux qui l’animaient lorsqu’il était enfant ou adolescent. Pourtant ni son intégrité ni sa conscience professionnelle ne sont en cause et il est, à tous égards, un « grand juge » faisant œuvre utile. Nous sommes sincères. Mais qu’en est-il de nos plus profondes motivations ? Tout psychothérapeute expérimenté pourrait étayer ce que j’évoque en donnant ses propres exemples.

Bref, sous couvert de rationalité, nombre d'êtres humains expriment des dynamismes irrationnels...


Ce qui détermine, dirige vraiment à leur insu les comportements des adultes, c’est la manière dont ils ont vécu leur petite enfance, dont ils ont réagi à certains traumatismes, fut-ce quelque chose d’aussi banal en soi que le fait d’être, en tant qu’aîné, détrôné par l’arrivée d’un petit frère ou d’une petite sœur. Je n’ai cessé de constater cette puissance de l’inconscient, même là où la rationalisation technique paraît tout à fait probante. À cet égard, je peux vous raconter encore une petite histoire vraie : en 1982, un énarque prépare un volumineux dossier sur ce qu’il appelle « la famille socialiste ». Au passage, autant je vois en quoi pourrait consister une politique socialiste de la famille, autant je me demande bien ce que peut être « la famille socialiste », mais passons... Bref, cet épais document arrive à la conclusion que la « famille socialiste » est une famille de deux enfants. Une personne de ma connaissance, elle-même socialiste et mère de famille nombreuse, lit le dossier et demande à son auteur : « Deux enfants... Pourquoi pas trois ?» En réponse à quoi l’énarque laisse échapper ce cri du cœur : « Ah non, ça fait trop mal ! » En le questionnant l’air de rien, la personne qui m’a raconté cette histoire a appris qu’il était le second d’une famille de trois enfants, le dernier né l’ayant détrôné à son tour de sa relation privilégiée avec sa mère. Voilà un bel exemple : cet homme hautement diplômé avait pondu des dizaines de pages et toute une argumentation à grand renfort de chiffres, graphiques et statistiques, pour rationaliser un ressenti qui était uniquement le fruit de sa propre histoire : dans la famille idéale il y a forcément deux enfants ! Il l’avait fait en toute bonne foi, sans un instant soupçonner qu’il pouvait être mû par autre chose que la raison éclairée au service du bien public.

Il s’agit donc d’un aveuglement...

D’un aveuglement qui dans ce cas précis ne porte guère à conséquences. Mais je suppose que les grands inquisiteurs qui ont envoyé des centaines de malheureux au bûcher étaient persuadés que leur place était réservée au paradis, à eux les gardiens de la vraie foi, chargés par la Sainte Eglise de lutter contre l’hérésie... On pourrait multiplier les exemples, tragiques ou plus anodins."

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dimanche 21 janvier 2024

Ouverture intérieure


Je ne vois rien de moi-même
Je découvre que je ne vois rien
Je prends du temps pour apprendre à voir
Je quitte progressivement le sommeil
Je refuse de moins en moins ce qui arrive
Je suis de plus en plus ouvert
Je ne cherche plus l'excitation du monde extérieur
Je suis dans la compagnie de ce qui n'est plus moi
Dans le silence du cœur apaisé

Yannick David

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samedi 20 janvier 2024

Vers pour la santé et vers à partager

 


Voilà une chose dont on ne parle presque jamais et qui devrait faire partie de notre mode de vie urbain : la lecture de la poésie. Depuis qu'on a quitté la campagne pour cette vie accélérée, la lecture de la poésie est devenue aussi essentielle que l'oxygène. Les médecins auraient dû prescrire la poésie comme traitement contre le stress. Si les poètes semblent si angoissés c'est pour que leurs lecteurs puissent mieux respirer.

D'abord un conseil : ça ne se lit pas comme un roman. Chaque poème est autonome. Prenez deux poèmes par jour : un le matin et un autre le soir. Trouvez un vers qui vous plaît et ruminez-le durant toute la journée jusqu’à ce qu'il s'incruste dans votre chair.

Dany Laferrière (L' art presque perdu de ne rien faire)

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Pouvez-vous me partagez un vers qui vous plaît  ?

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vendredi 19 janvier 2024

Relation d'aide

 


Qu'en est-il de la relation d'aide ? Qui aide qui ? En fait cette relation est parfaitement bilatérale et réciproque. Celui qui accompagne apprend autant que l'accompagné.

Personne ne sauve personne, ne sait pour l'autre. Il y a simplement la vision claire qui s'impose d'elle-même de mieux en mieux à chacun. Les choses opèrent d'elles-mêmes et dépassent notre petite personne. C'est le Plus grand que nous qui opère en permanence. 

Chacun ne rencontre que lui-même tout le temps et chacun apprend de chaque autre lui-même , s'il le souhaite ainsi. On apprend d'une autre profondeur de nous-même. 

Nos meilleurs enseignants sont donc donc nos proches, amis, nos enfants, nos conjoints et aussi tous ceux avec qui nous avons du mal. Bref tout le monde au final, tous nos frères et nos sœurs humains ou pas.

Pascal Caro

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jeudi 18 janvier 2024

Comment embrasser un porc-épic


Résumé des points importants de « Comment embrasser un porc-épic : des moyens simples d'aimer les personnes difficiles dans votre vie »

✍️ Identifiez les « porcs-épics » dans votre vie : apprenez à reconnaître les traits et les comportements qui rendent quelqu'un difficile, en comprenant leurs « piquants » comme des mécanismes de protection.

✍️ Changez de point de vue : au lieu de juger ou de blâmer, considérez les personnes en difficulté comme des individus blessés dont les besoins et les peurs ne sont pas satisfaits.

✍️ Pratiquez l'empathie : mettez-vous à leur place pour comprendre leurs motivations et leurs points de vue, même si vous n'êtes pas d'accord avec leurs actions.

✍️ Adoptez une communication sans jugement : écoutez activement sans interrompre, utilisez des déclarations avec le « je » pour exprimer vos sentiments et évitez les propos accusateurs.

✍️ Fixez des limites saines : connaissez vos limites et communiquez-les clairement pour vous protéger de la manipulation ou des abus émotionnels.

✍️ Défiez votre propre réactivité : reconnaissez vos propres déclencheurs et apprenez à réagir avec calme et assurance, au lieu de réagir de manière impulsive.


✍️Offrez un amour inconditionnel : le véritable amour accepte les individus tels qu'ils sont, même lorsqu'ils sont difficiles. Séparez leurs actions de leur valeur.

✍️ Pratiquez la patience et la compréhension : le changement prend du temps. Soyez patient avec vous-même et avec les autres lorsque vous traversez des relations difficiles.

✍️ Abandonnez les attentes : n'essayez pas de contrôler ou de changer les gens. Concentrez-vous sur leur acceptation tels qu’ils sont et sur la définition d’attentes réalistes pour la relation.

✍️ Trouvez de l'humour dans la situation : Parfois, un peu de légèreté peut désamorcer les tensions et briser les barrières de communication.

✍️ Donnez la priorité aux soins personnels : les personnes difficiles peuvent drainer votre énergie émotionnelle. Assurez-vous de vous ressourcer avec des activités qui vous apportent joie et paix.

✍️ Recherchez du soutien : n'ayez pas peur de contacter vos amis, votre famille ou un thérapeute pour obtenir du soutien et des conseils dans la gestion de relations difficiles.

✍️ N'oubliez pas que vous n'êtes pas seul : tout le monde rencontre des personnes difficiles dans sa vie. Savoir que vous n’êtes pas seul peut être une source de réconfort et de force.

✍️ Célébrez les petites victoires : reconnaissez et appréciez même les plus petites améliorations en matière de communication ou de compréhension.

✍️ Concentrez-vous sur votre propre croissance : en fin de compte, la seule personne que vous pouvez réellement contrôler, c'est vous-même. Utilisez vos expériences avec des personnes difficiles pour apprendre et grandir, en développant une plus grande résilience et compassion.

Traduction d'un post de Niks Bennie par Fabrice Jordan

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mercredi 17 janvier 2024

Silence vibratoire

 


Mes longues nuits dans la montagne m'ont rendu familier des différentes vibrations du silence, façonné par l'atmosphère du temps. Il est feutré lorsque la neige est légère, étouffé lorsqu'elle est épaisse. Les gelées qui durcissent le sol le rendent plus aérien mais, lorsque le givre gagne les rameaux, il se fait limpide ; dans l'humidité des brouillards denses, je le perçois comme enveloppant. 

Aux aurores des matins frais, quand la rosée perle les végétaux, il est léger, innocent, dansant, mais quelles que soient les conditions, il m'apaise toujours. J'entends le silence, le respire, le ressens. Ma vie a un sens.

Michel Munier - L'oiseau forêt


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mardi 16 janvier 2024

Deux haikus d'hiver ..

 


malgré le chagrin

s’éprouver reconnaissant

du feu qui crépite 


au profond de la nuit 

recevoir la présence 

qui veille quoi qu’il advienne


Gilles Farcet

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lundi 15 janvier 2024

Ressourcement de l'âme

 


À l'âme aussi il arrive, d'avoir besoin d'ombre, de repli, de recueillement, de silence profond. Elle veut s'éloigner du monde des agitations, des frénésies et des paroles aboyées. Elle se reconnait dans la nuit, la fraîcheur, la densité d'un rocher, l'immobilité d'un insecte, le scintillement de l'eau. L'âme aussi doit se ressourcer, se recharger, puiser dans ses racines des motifs d'espérer, de grandir, d'ajouter un peu de lumière à la lumière originelle des êtres et des choses. Celle dont l'intensité faiblissante fait craindre les disparitions, l'effacement d'un monde sensible digne encore du vivant : fragile, poétisé et sans cesse menacé.

Jacques Dor


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dimanche 14 janvier 2024

Cœur vivant

 


Le monde prétendu moderne est une sorte de conjuration contre la chose la plus vieille du monde et la plus solide au monde, à savoir le cœur. J’entends par cœur, pas le sentimentalisme, pas même le sentiment, mais une puissance de vie que chacun de nous peut avoir, une respiration. Ce que parfois on pouvait qualifier d’intériorité, ou dans des temps beaucoup plus anciens, l’âme. Les sociétés d’aujourd’hui sont rendues malheureuses par la mise à sac de cette intériorité. Or elle est la vraie force de chacun. Quand chacun rentre dans son centre, revient vers soi-même et retrouve quelque chose qui ressemble à l’enfance, il est invincible.

Et être invincible, c’est ne pas soumettre sa vie à l’ordre du monde. C’est laisser sa vie dans la plus grande respiration possible, dans la fantaisie, parfois dans le silence, dans une parole qui sera toujours vive, fraîche, non conventionnelle. Être invincible c’est juste être vivant.

Christian Bobin

L'orient littéraire (juin 2020)

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samedi 13 janvier 2024

Parler aux enfants

 "Je condamne l’ignorance qui règne en ce moment dans les démocraties aussi bien que dans les régimes totalitaires. Cette ignorance est si forte, souvent si totale, qu’on la dirait voulue par le système, sinon par le régime. J’ai souvent réfléchi à ce que pourrait être l’éducation de l’enfant.


Je pense qu’il faudrait des études de base, très simples, où l’enfant apprendrait qu’il existe au sein de l’univers, sur une planète dont il devra plus tard ménager les ressources, qu’il dépend de l’air, de l’eau, de tous les êtres vivants, et que la moindre erreur ou la moindre violence risque de tout détruire.

Il apprendrait que les hommes se sont entretués dans des guerres qui n’ont jamais fait que produire d’autres guerres, et que chaque pays arrange son histoire, mensongèrement, de façon à flatter son orgueil.

On lui apprendrait assez du passé pour qu’il se sente relié aux hommes qui l’ont précédé, pour qu’il les admire là où ils méritent de l’être, sans s’en faire des idoles, non plus que du présent ou d’un hypothétique avenir.

On essaierait de le familiariser à la fois avec les livres et les choses ; il saurait le nom des plantes, il connaîtrait les animaux sans se livrer aux hideuses vivisections imposées aux enfants et aux très jeunes adolescents sous prétexte de biologie. ; il apprendrait à donner les premiers soins aux blessés ; son éducation sexuelle comprendrait la présence à un accouchement, son éducation mentale la vue des grands malades et des morts.

On lui donnerait aussi les simples notions de morale sans laquelle la vie en société est impossible, instruction que les écoles élémentaires et moyennes n’osent plus donner dans ce pays.

En matière de religion, on ne lui imposerait aucune pratique ou aucun dogme, mais on lui dirait quelque chose de toutes les grandes religions du monde, et surtout de celle du pays où il se trouve, pour éveiller en lui le respect et détruire d’avance certains odieux préjugés.

On lui apprendrait à aimer le travail quand le travail est utile, et à ne pas se laisser prendre à l’imposture publicitaire, en commençant par celle qui lui vante des friandises plus ou moins frelatées, en lui préparant des caries et des diabètes futurs.

Il y a certainement un moyen de parler aux enfants de choses véritablement importantes plus tôt qu’on ne le fait."

Marguerite Yourcenar, "Les yeux ouverts."


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vendredi 12 janvier 2024

Six portes vers le présent

Merci à Colette Roumanoff (et à Jean-Louis Accarias) de nous permettre d'accéder à l'enseignement de Swami Prajnanpad avec six entretiens entre Daniel et Swamiji


Quatrième de couverture :

 Daniel Roumanoff a suivi Svâmi Prajnânpad dès 1959 et l’a fait connaître par de nombreuses publications. Colette Roumanoff nous livre ici un document inédit, l’intégrale de six entretiens enregistrés en 1972. C’est un témoignage pratique, applicable au quotidien, auquel le lecteur pourra s’identifier pour agir, comprendre ses motivations, rétablir son unité intérieure, développer des relations fécondes, faire de ses désirs un chemin vers l’unité.

La voie de Svâmi Prajnânpad est une voie de découverte personnelle inséparable du quotidien. Questionner ses croyances, ses désirs, son savoir-faire, goûter et ressentir la richesse de ses sensations, de ses impressions, de ses satisfactions, de ses dépits et frustrations, permet de grandir et de s’accomplir. Le système est rigoureux, pourtant il ouvre des portes : « Tout est différent, et tout est relié ». On passe ainsi naturellement du matérialisme à la spiritualité : « Tout est Un, tout est neutre. »

A travers ce dialogue entre le sage et le disciple, le lecteur est invité à revisiter son espace intérieur et son rapport au monde. Chacun de ces six entretiens montre comment dénouer ses croyances, se défaire des obligations que l’on s’impose, pour découvrir la source de ce qui nous fait vivre. En se déliant des pesanteurs mémorielles et émotives, des conflits internes, de la répression des désirs incompris, on peut faire du Présent, ici et maintenant, une porte vers le Soi.

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Le chemin peut se résumer en trois mots : 
- Différence, changement, action-réaction 
ou
- Voir, sentir, agir.

En deux mots :
- Non-séparation
ou
- Non-dualité.

En un mot : 
- OUI.

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jeudi 11 janvier 2024

mercredi 10 janvier 2024

Souriez, la vie vous filme.

"Le sourire est le pont.

Pas le rictus, ni le rire. Le sourire.

Le rire est le contraire des pleurs.

Le sourire n'a pas de contraire."

- Dialogues avec l'ange, recueillis par Gitta Mallasz



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mardi 9 janvier 2024

Non connaissance.


 Betty Quirion : Dans un total abandon, comme une fiancée promise à un inconnu, j'ai accueilli la non-connaissance : ne pas savoir intellectuellement, ne pas comprendre le processus et ne pas marchander le temps ; plonger dans le vide, seule...

Un sage qu'elle a rencontré : Tu sais Betty, la souffrance que tu as vécue, et que tu vis encore, ressemble à un voltage électrique qui ajuste ton corps graduellement pour ce que j'appelle "le grand rendez-vous avec la vérité". Cette énergie, qui sera ta demeure, est d'une telle force que si tu y avais accès maintenant, ton corps brûlerait ! Sois patiente ! Tu ne le sais pas encore, mais un évènement, interprété comme spirituel et exceptionnel, semblera t'arriver. Mais toi, Betty, telle que tu te conçois actuellement, tu ne seras même pas là pour t'en rendre compte.

Betty : Si le temps n'existe pas, pourquoi attendre qu'il arrive je ne sais trop quoi ?

Sage : Tu poses la question à partir de ta demeure actuelle : le temps. C'est ta volonté personnelle qui parle, car tu te crois un être de volonté qui a un pouvoir personnel, et c'est à partir de ce point de vue là que tu poses une question. Tu crois encore en ta personne. Et c'est parfait ! Ton corps n'est pas encore prêt. Des ouvertures se font depuis ton enfance, et ta volonté personnelle les referme aussitôt. Actuellement tu souffres, car tu prends tout personnellement ; mais ce n'est rien cette souffrance, ne t'en soucie pas. 

(La Fraîcheur de l'instant, la fin d'un rêve d'individualité)

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lundi 8 janvier 2024

Le chemin continue...

 


Voici une belle entrée sur le chemin spirituel en 2024.

Les Films de la Table 10 sont heureux de vous informer que l'épisode 1 de la toute nouvelle série intitulée SUR LES ROUTES SPIRITUELLES est maintenant disponible gratuitement (sur viméo).

Ce premier épisode est consacré à Jacques Castermane, Joël Paul et Line Castermane au Centre de retraite Zen Durckheim situé à Mirmande. 

Sur une idée originale de Nicolas Lavroff - Réalisation : Franck Terlin - Interviews réalisés par : Arnaud Laroche et Nicolas Lavroff - Consultant : Guillaume Darcq


Quelques mots de Nicolas Lavroff au sujet de cette série: 

Cette série se fait l’écho des paroles d’Arnaud Desjardins, lors d’une interview de Marc de Smedt : « On ne peut imaginer un sage d’une tradition entrant en conflit avec celui d’une autre, représentant un monde culturel et religieux différent du sien. » 

  Cette série se propose de partir à la rencontre de traditions spirituelles et authentiques toujours vivantes et de leurs représentants qu’ils soient investis ou non d’une fonction de transmission. Elle ne vise pas à dresser le portrait d’une personne mais plutôt celui d’une voie vécue aujourd’hui. Il s’agit de saisir, au travers d’un témoignage singulier, la réalité d’une pratique ancrée au cœur du quotidien.


Cliquer sur ce lien pour voir la vidéo sur Jacques Castermane





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dimanche 7 janvier 2024

Expérience duelle


Si vous avez fréquenté un minimum les cercles spirituels contemporains, vous savez qu’il existe un engouement pour « la non dualité ». Le concept et le rythme des mots autour de ce thème spirituel provoque quelque chose en soi, éveille une forme de distance froide, une posture surplombante qui fait planer l’esprit au-delà du monde et des contraintes de l'Incarnation. Le vague adoucissement émotionnel que l'on ressent parfois à l’écoute de cette perspective est réel mais n'est pas une confirmation que nous approchons de la vérité. 

Nous vivons une expérience de dualité. C’est tout simplement indéniable. Notre monde est animé par la relation (où il faut être au moins deux). Tout se joue dans la tentative laborieuse d’incarnation de l'amour entre deux ou plusieurs êtres. Même la relation au divin doit être personnelle aussi longtemps que nous sommes incarnés. On ne peut se dissocier de cette réalité du deux, de l'autre, humain et divin. Nous aimerions ne pas être pétris par le monde, par ses affaires, par les affres des relations mais la résolution n'est pas dans la dissolution de la dualité, dans le refus des contraintes de l'incarnation, dans le rejet de l'altérité, dans la perspective de se dissoudre dans une « unité » sans substance. 

La beauté de la relation à l’autre ne surgit qu'après un chemin de va-et-vient ou l’on réalise qu’incarner l'amour ce n'est pas le demander à tout prix, ni même l’éviter, c'est dépasser la demande d'amour infantile afin de pouvoir servir le projet d'amour divin, tissé de don de soi et de service.

Je sais qu’on peut, de façon savante, élaborer n'importe quelle vérité parallèle, comme un ange déchu qui souhaiterait entrer en compétition avec son créateur, démiurge avec des apparences de sauveur. Notre époque aime inventer des voies téméraires, des solutions d’apprenti-sorcier, en défiant les lois naturelles de ce monde. Et la spiritualité contemporaine n’est pas en reste dans cette attitude. Si bien qu'il y a quelque chose de nocif dans la posture non duelle occidentale.

Il est urgent de revenir à la simplicité, à la flagrante réalité de nos chemins de vie. Nous n’avons pas de temps à perdre. Mais surtout, au-delà de déconstruire le mythe non duel, nous pouvons restaurer le sens de la relation. Les abstractions désincarnées, sans compassion chaleureuse pour nos existences pétries à la fois par nos failles et nos fulgurances spirituelles, nous éloignent de ce qui se trame vraiment. 

Nous voulons aimer, ressentir le flux vivant de l’amour. Et même lorsqu’il s’agit de Dieu, nous ne rencontrons la reconnaissance de son amour infini que dans le lien personnel, parce que nous sommes constitués ainsi. Impossible de snober notre humanité. Le dépassement nécessaire de la demande infantile ne met pourtant pas à la poubelle la réalité du prodigieux lien interpersonnel littéralement attaché au processus de l’incarnation. Il n’y a pas de honte, ni rien de puéril, à vouloir vivre un « cœur à cœur » avec l’être aimé, fût-il divin.

L’expérience non duelle appartient à Dieu. Tout est en Lui mais, dans le mystère Créateur, nous ne sommes jamais Lui. Pour nous, il n’est question que de « communion ». La prétention à dissoudre le moi dans un « grand tout » est attrayante (plus ou moins) mais joue sur le douloureux déni du réel. Le problème de la faille humaine, c’est qu’elle produit des postures que l’on prend pour des réalités vivantes. Un peu comme quelqu’un qui dit « moi, je n’ai pas peur de la mort » (il faut vraiment toucher la perspective de la mort pour savoir ce que l’on ressent à ce sujet, quelle que soit la réalité du phénomène et de nos interprétations). 

Ne nous faisons pas de mal avec des postures déshumanisées, aussi attractives soient-elles (après tout, on sait qu’une drogue peut nous faire planer, ce qui est plaisant mais « plus dure sera la chute » !). Retrouvons, sans complexe, un chemin de vie porté par le désir de donner le meilleur de soi-même dans la relation, de respecter la création, la divine dualité, et de jouir des grâces avec gratitude. 

Thierry Vissac

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vendredi 5 janvier 2024

Présence de l'année

 


Notre avenir ? La mort ou l’éternité ?





Dire que notre avenir c’est la mort, ce n’est ni très sérieux, ni très intéressant.

Notre avenir, c’est l’éternité, le non-temps.

Certains diront que cette éternité est une illusion, une consolation.

N’est-ce pas plutôt l’avenir qui est une illusion, une idolâtrie consolatrice puisqu’il est malgré tous les prolongements qu’on peut lui imaginer voué à l’impermanence et à la mort ?

L’éternel, c’est le Réel.

Se soucier de son éternité plutôt que de son avenir, n’est-ce pas du bon sens avant d’être de l’intelligence et du discernement ?

Mais dira-t-on : « le temps peut-il connaître le non-temps » ? 

Vérifiez : arrêtez trois minutes d’« avoir des pensées ». Soyez simplement, silencieusement, conscient… 

Voyez ! Écoutez ! 

Vous voyez quoi ? 

L’invisible, l’espace, qui est partout et toujours là.

Vous entendez quoi ? 

Le silence qui est partout et toujours là.

Le Réel, la vie, étaient là avant que vous y pensiez. Le Réel, la vie, seront toujours là quand vous cesserez d’y penser…

Se soucier de son avenir et de l’avenir du monde ne change rien à notre destin. Se soucier de notre éternité, n’est-ce pas devenir libre à l’égard du destin et changer de monde ? 

Pourquoi dit-on que l’éternité, cet invisible, « cet obscur et lumineux silence » est une illusion, un rêve, alors que c’est la réalité que nous avons sans cesse devant les yeux, la lumière sans laquelle nous ne pourrions rien voir, l’espace qui demeure quand tout ce qui le remplit ou l’encombre s’efface et meurt ?

N’est-ce pas plutôt ces mille et une choses que nous voyons qui sont une illusion, puisqu’elles changent sans cesse, à peine apparues, elles disparaissent ?

« L’univers tel que nous le voyons est en train de disparaître ». Tout le monde le sait et personne ne veut le savoir. 

Est-ce légitime et raisonnable de tant se préoccuper de ce qui doit disparaître et de donner si peu d’attention à ce qui demeure, cet ineffable et effrayant silence qui est partout et toujours là ?

Écoute ! Sois attentif à ce qui est là vraiment ! C'est l'exercice nécessaire pour revenir au Réel. C’est ce qu’il faut chercher « d’abord ». Tout le reste, le temps, les univers, nos plus proches et nos plus lointains, sont des êtres relatifs. Ils nous sont donnés par surcroît, non pour les mépriser, ni pour les idolâtrer, mais pour les célébrer. Les remercier comme manifestations de l’invisible infini silence.

Comment ne pas se souhaiter une nouvelle année moins soucieuse de l’avenir et de ses illusions, une année plus attentive à l’éternité, au non-temps, à cette conscience de la présence invisible et silencieuse partout et toujours là ?

Douter du soleil n’enlève rien à sa clarté, mais nous prive de sa clarté.

À toutes ces ombres annoncées, puissions-nous répondre avec un corps, un cœur et un esprit ensoleillés…
 
- Jean Yves Leloup, décembre 2023



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jeudi 4 janvier 2024

l'Amour


l’amour
est impuissant
l’amour
a les mains vides
je ne peux pas
libérer celles et ceux que j’aime
je n’ai pas la clé
de la prison où ils cachent leur lumière
je n’ai pas
les mots magiques
la formule qui délierait tout
je n’ai pas
le geste parfait
celui qui mettrait tout en ordre
je n’ai pas
ce qu’ils attendent
ce que leur geôlier les a dressé à réclamer
personne ne l’a
et surtout pas moi
je n’ai rien d’autre
que l’amour
et l’amour est démuni
on le dit habile, et c’est vrai
mais son habileté
n’est pas toute puissance
réponse infaillible à tout
l’amour
Est impuissant
l’amour
a les mains vides
et peut être défait
en apparence
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Gilles Farcet

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mercredi 3 janvier 2024

Année d'espérance

 

Qu’est-ce qu’une « bonne » année ?
 
Reflets vous souhaite une bonne année !

Le vœu est banal. Tout le monde se souhaite une bonne année.
Par politesse ? Par habitude ? Par dépit ?
Chacun essaie un moment d’oublier la folie du monde. Chacun sait au fond de lui que ce monde va à sa perdition, se leurrant avec des mesurettes dont chacun sait, par avance, l’inefficacité.
 
Alors que peut être une « bonne » année ?
C’est une année où nous (moi, vous) progressons en amour.
 
Si à la fin de l’année je constate que je suis plus bienveillant, plus souriant, plus miséricordieux, ce sera une bonne année. Je suis sûr que l’activité discrète, sincère, au quotidien, de bien faire ce que nous avons à faire, donc de faire du bien à autrui, change le destin du monde.
L’ancien monde égoïste se fissure, se désagrège ; mais qu’importe si un nouveau émerge doucement, plus vaste, plus propre, plus paisible, plus vivable.
 
Cette espérance n’est pas un vœu pieu. Elle est entre nos mains.
 
 
Christian Rœsch

source : Revue Reflets (14 euros pour 6 mois)


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