vendredi 31 juillet 2009

Les trois corps et la maladie

Notre « premier corps », physique, est concret et délimité. Ce sera toujours lui le messager de nos excés ou de nos manques. Il communique à travers les sensations : aussi, pour affronter la maladie, il faudra reconsidérer notre hygiène de vie, mais aussi savoir entretenir des sensations agréables telles que le massage ou la relaxation.
Le corps psychologique a, quant à lui, deux dimensions. L'une, intellectuelle, est nourrie d'échanges : le malade a besoin de comprendre la nature de son traitement, son action sur la maladie. L'autre, émotionnelle, passe par l'expression, vitale, des émotions. Nos expressions quotidiennes – « cela me reste sur l'estomac » ou « je n'arriverai jamais à le digérer » – disent combien une perturbation du corps émotionnel est susceptible d'avoir des incidences sur le plan physique. Les infirmières doivent être attentives à cela, tant pour leurs patients que pour elles-mêmes. A l'origine, ce sont des conseillères de santé. Or, dans la réalité, elles se trouvent bien souvent réduites à n'accomplir, dans le stress, que des gestes techniques.
Enfin, la troisième dimension de l'homme est sa dimension existentielle, voire spirituelle. C'est l'espace où l'homme exprime sa quête de sens et se relie à ce qui le dépasse. Par exemple, la question de savoir si l'on a un comportement en accord avec nos valeurs peut générer un véritable tourment : une infirmière qui travaille dans un service qui pratique l'acharnement thérapeutique vit un véritable stress spirituel. Il faut se ménager des plages de contemplation. Celui qui ne médite pas peut se relier à la beauté de la nature : c'est une prière laïque très thérapeutique ! Le modèle des trois corps permet d'être dans une écoute active des besoins spécifiques de chacun. Et ce qui est valable pour un médecin et son patient s'applique aussi bien à l'élève et à son professeur ou à toute autre relation d'aide... »


Propos de Marie-Jo Dursent-Bini recueillis par Anne Ducrocq Actualité des Religions n° 20 - octobre 2000