mercredi 16 janvier 2019

La relation avec Gilles Farcet


Il lui apparut un jour que la relation, toute relation, était radicale. 
Qu’être en relation avec qui que ce soit ou quoi que ce soit moins que radicalement, jusqu’à la racine, sans retour ni protection intime, être en relation avec qui que ce soit ou quoi que ce soit moins que radicalement ne pouvait que s’avérer frustrant. 



Ce qui est incomplet, partiel, est frustrant. Il vit que la relation, toute relation, appelait à la radicalité, c‘est à dire à l’intimité. Qu’il s’agissait d’être entièrement, totalement investi dans chaque relation. Avec le paysage sous la lune, son conjoint, son enfant, son café du matin, la rue que l’on emprunte. Et que la radicalité effraie. Il capta que la radicalité, autrement dit l’intimité, n’excluait en rien la possibilité, en surface, de se protéger, de se préserver, mais en surface seulement. Intérieurement, rien de moins qu’à fond, oui à fond. Il lui fut donné d’entrevoir la souffrance des relations, tenez par exemple, la relation de couple, en évitement de cette radicalité que pourtant elles appellent. 
Il sentit que toute radicalité évitée dans la relation était souffrance et que nous autres humains, pourtant, nous en accommodions, par peur, rongés tout au long de la vie par la nostalgie de cette radicalité qui gouvernait naturellement nos relations d’enfant et qu’adultes nous évitions parce qu’elle nous avait fait si mal. 
Il convenait dorénavant de se montrer tempéré, prudent, relationnellement circonspect sous peine de grande souffrance. Pour éviter la grande souffrance, celle dont on peut ressusciter, on s’accommodait de la petite souffrance, celle dont on meure pour de bon, celle qui tue à petit feu mais que l’on supporte jusqu’à ce qu’on périsse corps et biens de désespoir tranquille. 

Alors qu’il fallait risquer la grande, la radicale souffrance. Être en relation comme un enfant adulte : radicalement, mais cette fois par choix. C’était difficile, radicalement difficile. C’était merveilleux. Cela seul valait de vivre. Cela s’appelait la vie spirituelle. 

Gilles Farcet
 (FB nov 2018)
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