mardi 31 mars 2020

Interdépendance et partages


"C'est vraiment le moment ou jamais de faire preuve de sollicitude, de fraternité, de prendre conscience de l'interdépendance qui lie tous les êtres vivants"
Matthieu Ricard vous a enregistré une vidéo en direct du Népal 🙏
Merci à tous pour vos partages et surtout faisons tout ce qui est nécessaire et possible pour améliorer les conditions extérieures.


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Confinement : les conseils des moines (2)

Conseil n°1 : Prendre le rythme

Chez les moines : « Au début, j’avais l’impression d’être dans un train qui roule où rien n’est laissé au hasard », se souvient frère Antoine. Offices, temps de travail, d’étude, d’oraison et de repos s’enchaînent inlassablement. « Il est capital d’avoir des repères objectifs concernant les horaires et la répartition des tâches. Cela nous libère ! », estime sœur Bénédicte, qui partage sa vie avec 46 autres moniales. Autre vertu d’une journée cadencée : la lutte contre l’ennui et la mélancolie.
Chez nous : Nous pouvons commencer par fixer des horaires de repas, puis définir des plages de temps pour le travail, l’école, la lecture, l’exercice, etc.

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lundi 30 mars 2020

Statégie de survie


Gilles Farcet : Etre confiné avec des proches peut, si on le veut, s'avérer propice à se voir soi même...
Allez un peu de nourriture fort "solide" en provenance de Monsieur Gurdjieff qui s'y connaissait...
LE TRAIT PRINCIPAL
« Un jour, après les mouvements, Monsieur Gurdjieff commença à nous parler de la confession, de la vraie confession et de la manière dont elle était pratiquée dans les écoles ésotériques. La vraie confession n’a rien à voir avec la confession dans les églises car son essence consiste en la ,nécessité pour l’homme de voir ses propres défauts non comme des péchés mais comme des obstacles à son développement.
Dans les écoles ésotériques, il y avait des hommes hautement accomplis qui étudient la nature de l’être humain dans son ensemble. Leurs élèves étaient des personnes qui voulaient développer leur être. Ils parlaient ouvertement et sincèrement de leur recherche intérieure, comment arriver à leur but comment s’en rapprocher , ainsi que des caractéristiques qui y faisaient obstacle. Pour aller ainsi à confesse il fallait prendre une décision majeure: voir ses propres défauts réels et en parler. Monsieur Gurdjieff nous dit que c’était absolument essentiel , et particulièrement de voir son propre trait principal, celui autour duquel tournent (comme autour d’un axe) toutes nos faiblesses secondaires, stupides et comiques.
Dès les premières jours, Monsieur Gurdjieff nous avait parlé de ce trait principal. Le voir et le réaliser est très douloureux, parfois insupportable. Dans les écoles ésotériques.. quand son trait principal est révélé à quelqu’un , c’est fait avec beaucoup de soin, car la vérité sur elle même peut parfois amener une personne à un désespoir tel qu’elle pourrait décider d’en finir. C’est le lien spirituel avec le maître qui prévient une telle tragédie. La Sainte Ecriture parle du moment où l’on réalise son propre défaut central quand elle dit que, frappé sur la joue droite il faut tendre la joue gauche. La douleur de découvrir votre défaut principal équivaut au choc de recevoir une gifle en pleine face. Un être humain doit trouver en lui-même la force de ne pas fuir cette douleur mais de courageusement tendre l’autre joue, c’est à dire d’écouter et d’accepter encore davantage de vérité sur son propre compte.
Thomas de Hartmann, 
Our life with Mr Gurdjieff

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Confinement : les conseils des moines (1)

Nous voici confinés seuls ou à plusieurs dans un espace clos pour lutter contre la pandémie liée au coronavirus. Notre repli forcé peut s'apparenter à celui des moines et moniales retirés dans leurs monastères. Comment se repérer et vivre au mieux cette situation ? Les conseils de ceux qui ont choisi cette vie.

CET ARTICLE EST RÉSERVÉ AUX ABONNÉS
« Notre vie n’est pas un confinement, mais un élargissement du cœur ! », prévient d’emblée sœur Anne-Samuel, moniale dominicaine de Notre-Dame de Beaufort (Ille-et-Vilaine). « La clôture est la réponse à un appel. Elle nous permet de donner de l’espace et du temps à la recherche exclusive de Dieu », abonde sœur Bénédicte, bénédictine à l’abbaye Notre-Dame-du-Pesquié (Ariège), qui reprend la formule de François de Sales : « Nous ne sommes pas une compagnie de prisonnières ! »
Pourtant, notre repli forcé a certains traits communs avec la vie des moines. 
« Il arrive que nous ne sortions pas de l’enclos du monastère pendant des mois », relate frère Antoine, cistercien de l’abbaye de Sept-Fons (Allier). Et si les religieux ont choisi leur mode de vie, ils n’ont pas choisi leurs compagnons d’aventure. « Il y a dans notre vie une part de contrainte et une part de choix qu’il ne faut pas opposer, explique sœur Mireille, prieure de la communauté protestante des Diaconesses de Reuilly , à Versailles (Yvelines). Si ce temps de confinement est contraint, nous pouvons en partie choisir comment le vivre. » Voici quelques pistes...    (A suivre...)

dimanche 29 mars 2020

Le ciel au bout des doigts



Je reviens d’Inde du Sud. Si j’y ai vu l’Inde spirituelle que je voulais voir, la spiritualité ne s’est pas simplement révélée au travers de grands temples comme celui de Maduraï, où la vie religieuse est intense, mais au travers de massages ayurvédiques. Ce à quoi je ne m’attendais pas. L’ayurvéda, qui signifie “la connaissance de la vie”, est une voie thérapeutique millénaire pratiquée dans le sud de l’Inde et qui, combinant méditation, régime et massages, stoppe les maladies, soigne et rééquilibre les énergies. Bien qu’un pays comme la France ne soit pas hostile aux massages (témoin la considération accordée à la kinésithérapie, aux massages pratiqués en thalassothérapie. ..), ceux-ci sont davantage vécus comme un moyen de confort qui ne fait pas de mal que comme un moyen thérapeutique capable de vraiment faire du bien. Notre rationalisme en est la cause. Aimant pouvoir contrôler les choses mentalement dans le cadre d’une autorité scientifique reconnue, nous nous sentons démunis quand survient une thérapeutique dépassant nos cadres mentaux et sociaux habituels.

Le massage ayurvédique passe pour être brutal. Ce qu’il n’est pas, ce massage toujours tonique s’adaptant avec respect à ce que chacun peut endurer. Original en raison de sa prise en main singulière, il l’est surtout en raison des huiles utilisées, toutes à base d’herbes qui, afin d’être vraiment efficaces, sont associées à un bain de vapeur donné après le massage. De sorte que l’on a l’impression étonnante d’avoir été massé sous la peau avec une sensation de purification surprenante. C’est en voyant le maître de massage prier afin que les huiles prennent toute leur efficacité grâce à une relation au plan divin, que j’ai eu vraiment conscience non seulement d’être en Inde mais d’avoir affaire à un autre niveau de réalité. Qui, dans nos contrées, prie quand il dépose une huile sur un corps avant de masser? L’Inde est un pays où les masseurs sont encore des prêtres et les prêtres encore des masseurs. Ce n’est plus notre cas. Notre religion, quand elle existe, ne se fait plus avec les mains et nos mains ne sont plus religieuses. Il y a pourtant un pouvoir des mains. Le Christ, l’oint de Dieu comme le dit son nom, enveloppé par Dieu comme une huile enveloppe un corps, soignait en appliquant ses mains sur les corps malades. Par ces applications, il rétablissait le lien avec le Père, source ineffable de vie, matrice de tous les possibles et de toutes les énergies. 


Le monde occidental s’est coupé du lien avec le Père. D’où sa difficulté à soigner. Si la médecine fait des prouesses quand elle aborde le corps comme une machine, elle est démunie quand il s’agit d’envisager celui-ci sur le plan de l’être. L’être étant lié au fait miraculeux de la vie, on est dans l’être à chaque fois que l’on est dans une sensation profonde d’existence, seule une telle sensation étant en mesure de nous faire sentir le miracle d’exister. 
Quand on est heureux et en pleine santé, se sentant exister, notre corps comme notre existence sont un miracle en acte. Ils sont l’être-fait chair. Quand on perd son lien avec l’être et la sensation miraculeuse qui va avec lui, l’être entier connaît les affres de la souffrance psychique et physique à travers un exil ontologique. Les maîtres de l’ayurvéda sont dans l’esprit du Christ. “Ce n’est pas nous qui soignons, m’a dit un maître de massage. Ce sont nos mains qui nous disent où soigner, Quand on laisse la vie agir, on a le ciel au bout des doigts.”

Bertrand VERGELY
Professeur de philosophie à Orléans, Bertrand Vergely a publié plusieurs ouvrages sur la diffusion de la philosophie ainsi que sur les questions touchant au bonheur, à l'émerveillement, au sens de la vie, mais également au mal, à la souffrance et à la mort.

samedi 28 mars 2020

Nota bene



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Moins d'ego, plus de joie (4)


Ne pas chercher à éliminer l’ego

« Tout ce à quoi vous essayez de renoncer vous poursuivra... L'idée même de renoncement, c'est à cela qu'il convient de renoncer. »


Combattre l’ego, afin de le faire disparaître, renforce la conviction qu’il existe - le serpent se mord la queue. Il se manifeste par un flux de pensées, distillant en continu ses opinions sur lui-même et sur le reste. Vouloir endiguer ce flot intarissable se heurte à une impossibilité, sauf temporairement. Nous pouvons constater son instabilité, l’irréalité de la séparation qu’il établit entre nous et le reste, son inconsistance.
Plutôt que d’établir un barrage illusoire, laissons ses commentaires traverser la conscience et attachons-nous à reconnaître son chant : « Et moi, et moi, et moi. » Nous savons il quoi nous en tenir, il ne connaît pas d’autre rengaine... Et si nous tentions de l’observer, sans nous engager, en nous tournant vers ce qui ne change pas, vers la conscience ? 
« Vous êtes un courant continu de changements, c'est vous et ce n'est pas vous. Celui qui voit le courant continu de changements ne change pas. Il est immuable. Il est Absolu. Et c'est vous. » 
La vision suffit : ne plus lutter contre l’ego le laisse choir dans le vide.


Christophe Massin
Extrait de "Moins d'ego... Plus de joie !"
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vendredi 27 mars 2020

Juste Chat !


Moins d'ego, plus de joie (3)

J'ai pu tester cela hier et ça a marché ! Une détente et quelques larmes émues de cette unification.
Je vous le conseille !

Sortir de la logique binaire : la coïncidence des opposés

Dans mon cheminement, l’opinion que, moi, j’ai de moi-même, face aux différents domaines de la vie, a accaparé beaucoup de mon attention. Mes jugements ont fluctué de la dévalorisation aux prétentions de supériorité. J’observais comment je pouvais osciller d’une seconde à l’autre, m’enorgueillir de certaines facilités puis me trouver nul, peu sympathique.
Où se situe la vérité ? Puis-je trouver une objectivité pour définir ma valeur, ou ma cote dépend-elle uniquement de mon humeur du moment ? Ainsi je peux tergiverser entre « Suis-je beau ou laid ? » et en arriver à « Ni l’un ni l’autre », rien de fixe. Puis j’ai découvert qu’en prenant la formulation opposée : « Je suis beau et laid en même temps », « Intelligent et pas si intelligent que ça », une sidération de ma pensée se produisait, amenant la paix et le silence.

Dans le Relatif, je peux être beau comme être laid, les deux ont leur part de vérité. Laisser ces opinions coexister dans mon esprit, sans chercher à trancher, les neutralise. Je peux penser tout et son contraire à propos de moi, il s’y trouvera du vrai et du faux, mais rien ne me définira entièrement, toute formulation restera relative et fondamentalement réductrice. Quelle détente ! La coïncidence des opposés tétanise l’ego, il ne peut penser dans ces termes, et aussitôt il « bugue » !


Christophe Massin
Extrait de "Moins d'ego... Plus de joie !"
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jeudi 26 mars 2020

Vision partielle


La plupart du temps, nous ne voyons qu'une partie des choses et nous pensons qu'elles sont séparées. Mais si nous prenons du recul, si nous nous laissons flotter sur l'instant, nous pouvons voir que tout est lié et nous prenons alors goût à ce que nous vivons...




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Moins d'ego, plus de joie (2)


Revenir à ce que je veux

source : "Equinoxe Infinity" de J-M Jarre
Nous avons intérêt à revenir inlassablement à la question « Qu’est-ce que je veux ? », non seulement sur l’axe du Relatif mais surtout sur l’axe vertical. Quelle est mon aspiration ? La paix ? La liberté ? La joie ? Aimer ? L’unité ? Nous poser cette question nous réoriente, d’instant en instant, et dissipe la confusion. C’est notre repère central : vérifier la cohérence avec Ce-que-je-veux, maintenant.

Si je veux la paix, est-ce le désir qu’on me fiche la paix ou bien être en paix ? Immense différence. Pour être en paix, j'ai à détecter alors avec quoi, avec qui, je suis en guerre pour cesser le combat : Est-ce avec mon émotion ? Avec l’autre ? Avec mes pensées ? C’est un aspect crucial de la vigilance : Ma manière de prendre les choses est-elle conforme à ce que je veux ou bien est-ce que je lui tourne le dos ?

Si je veux l’Amour, au moment où je suis mécontent de mon conjoint, vais-je l’agresser par des reproches ? Revenir à mon but fondamental m’inspire une tout autre approche. Quand je suis tendu, énervé, reconnaître déjà un manque d’amour envers moi-même. Puis-je me pencher sur ma contrariété avec bienveillance ? M’étant moi-même entendu, je serai mieux disposé à m’adresser à mon partenaire sans hostilité. Que puis-je lui dire de moi sans le heurter, sans le blesser et sans farder ma vérité ? Qu’est-ce qui, de ma part, va contribuer à établir entre nous un climat ouvert, aimant, pour nous parler ? La détermination à rester fidèles à notre aspiration empêche l’ego de prendre les commandes.


Christophe Massin
Extrait de "Moins d'ego... Plus de joie !"
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mercredi 25 mars 2020

Lumière naturelle


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Moins d'ego, plus de joie (1)


Ce qu’il convient alors de faire cesser, c’est le fonctionnement du mental, qui est l’expression directe de mon personnage à chaque instant. Ce n’est pas à mes préférences et aversions que je dois m’attaquer mais à mes refus, quand le monde ne coïncide pas avec mon monde. Ce mécanisme de refus, à la différence de l’ego, peut et doit être éliminé, sans compromis : la tradition indienne emploie l’expression « destruction du mental », qui ne laisse aucune 
équivoque.

Avoir un temps d’avance

Mieux je connais mon personnage, ses ficelles, ses pensées habituelles, ses réactions émotionnelles, mieux je le vois venir. C’est justement l’esprit des arts martiaux : voir venir. Le Moi ne se fatigue jamais, ses mécanismes se déclenchent à la vitesse de l’éclair, ce qui exige d’avoir un temps d’avance sur lui. Je dois m’attendre à ce qu’il ramène la couverture à lui, qu’il se pavane, qu’il se plaigne ou proteste, et qu’il calcule. Rien ne sert de lui faire des leçons de morale. Ce qui ébranle l’ego, c’est de le démasquer sur le vif plutôt que vouloir le changer.

Que puis-je faire, ici et maintenant ?

« Et maintenant que puis-je faire ? Accepter, c'est être actif et non passif. »

L’ego, avec son infantilisme, marche au tout ou rien. S'il n’accède pas à ce qu’il réclame, il se ferme, boude, se désespère. Reconnaître le caractère capricieux de son exigence (sans la juger !) aide à s’en détacher. Peu à peu, admettons que nous ne sommes pas aux commandes... 
Qu’est-ce qui m’est possible maintenant ? 
Car, à tout moment, quelque chose nous est possible, ne fût-ce que d’admettre qu'ici et maintenant nous sommes submergés d’émotion. C'est cela une attitude positive : prendre comme point de départ une affirmation plutôt qu’une négation : « Ce qui m'est possible » plutôt que « Je n’y arriverai pas ». Accepter, c est cesser de subir, c’est ce qui conduit à l’action : face à une situation qui ne nous convient pas, une fois que nous l’avons admise telle qu’elle se présente, faire tout ce qui est en notre pouvoir pour qu’elle évolue dans un sens plus favorable. L’action réduit l’ego au silence.


Christophe Massin
Extrait de "Moins d'ego... Plus de joie !"

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mardi 24 mars 2020

Nous sommes encore collectivement tellement étriqués...

Merci à Fabrice Jordan ! C'est si vrai !
Bill Gates, en mars 2015. Comme quoi les visionnaires le restent même quand ils changent de domaine. Parce que les ingrédients restent les mêmes : intuition, vision systémique et grande capacité d'analyse conjointement. Et qu'on ne vienne pas dire que c'est parce qu'il a de l'argent. Beaucoup de monde en a, mais très peu sont aussi percutants et ajustés.

On sait ce qu'il nous reste à faire après la sortie de cette crise majeure. Et ça ne passera pas uniquement par des injonctions de type "suivez votre cœur", "retrouvez votre vraie nature" , "tout ce qui arrive est bien", "boostez votre système immunitaire avec le (à choix) Qi Gong, Yoga, les huiles essentielles" ou tuez le méchant virus avec l'hydrochloroquine.

Ni par "ouuuuhh les méchants financiers, politiciens, etc" et autres théories complotistes indigentes.

Non, c'est bien à une vision systémique, intelligente, rationnelle, technologique, humaniste, aimante et spirituelle que cette crise nous pousse, à coups de pieds au cul, parce que nous sommes encore collectivement tellement étriqués.
La pensée matérialiste se meurt, vive l'avènement de la pensée complexe ! Elle aura inclus et dépassé la précédente, en poursuivant avec justesse le projet voulu par la vie : se déployer et s'ouvrir, toujours plus, vers le toujours nouveau.
Fabrice Jordan


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Présence et absence


Arnaud Desjardins parlait d'une "présence qui est en même temps une absence".
Cela illustre bien la façon dont je comprends l'effacement : être pleinement là, bien vivant, les antennes sensibles déployées, et simultanément disponible, accueillant, au service de l'autre. 
L'ego s'est temporairement retiré de la scène, je ne veux rien de particulier pour moi... 
Celui-ci admet plus facilement de rester silencieux..


Il en ressort que l'effacement n'est en aucun cas une forme de volontarisme que je m'impose. Cela serait ne pas me respecter. Le Moi se tait parce que je me suis pris en compte, avec bienveillance, que j'ai été attentif à mes besoins et que je reste en contact intérieurement avec le courant de la vie.
Aimer son prochain comme soi-même implique nécessairement l'amour pour soi.
Ce soin favorise l'émergence d'une intention pure, libérée de toute préoccupation égocentrique. Une écoute qui n'attend rien pour soi, souple, vivante, un cœur qui se met à l'unisson de l'autre pour entendre, au-delà des mots, ce qui cherche à s'exprimer.

Christophe Massin
Moins d'ego... Plus de joie !

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lundi 23 mars 2020

A-t-on vraiment besoin de méditer ?


Lors d’un colloque à Avignon, après l’intervention où je présentais la pratique de la méditation, j’ai été confronté à la question suivante : “Ne médite-t-on pas tout le temps ? 
Personnellement, je pratique en me promenant ainsi que dans nombre de mes activités quotidiennes.”

Il n’est pas une conférence où cette question ne m’a été posée sous une forme ou sous une autre. Or celle-ci est l’une des plus emblématiques et des plus regrettables de notre temps et mérite que l’on s’y attarde. Elle méconnaît le sens de tout engagement spirituel, qui repose sur le principe qu’il nous faut abandonner quelque chose pour entrer dans une pratique réelle. Méditer, en effet, ne consiste nullement apprécier un peu mieux le moment présent et jouir de la vie, mais implique d’arrêter l’apparent confort de la routine. Il y a quelque chose dans notre attitude habituelle qui entrave le rapport à la pleine réalité. Mais comment méditer, sans cette prise de conscience ?

En ce sens, méditer nous confronte avec honnêteté à notre propre confusion, à ce qui en nous est crispé, effrayé, tendu, malheureux et faux. En nous asseyant sur un coussin, nous nous exerçons à| considérer notre esprit avec précision et douceur, exactement tel qu’il est. Ainsi, rien n’est plus éloigné de la méditation qu’une promenade entre amis au bord d'une plage ou que la contemplation du coucher de soleil.

Alors que je lui parlais de la difficulté de clarifier ce qui fait problème dans cette singulière conviction, une amie m’a expliqué qu’elle avait rencontré plusieurs personnes qui étaient venues assister aux méditations guidées que je donne au sein de l’École occidentale de méditation. Elles étaient, lui avaient-elles dit, profondément déconcertées par la rigueur de ces soirées, je n’y avais pas songé tant cette exigence me semble naturelle. Mais il est vrai que pour beaucoup d’entre nous, la méditation est une forme de divertissement amusant qui doit détendre, et la spiritualité une manière de rêver en se retirant dans sa tour d’ivoire.

Le choix de présenter la pratique avec sérieux semble étonnant, voire contradictoire. Pourtant, si la spiritualité à un sens aujourd’hui, c’est qu’elle consiste à nous apprendre la valeur réelle de la discipline qui, en son aspect le plus authentique, nous fait défaut. En effet, désormais, celle-ci est pour nous le plus souvent construite sur une violence qui nous contraint et nous soumet, et non sur la confiance dans la bonté primordiale que notre être recèle et qu’il faut maintenir et préserver.

En vérité, ignorer le sens de la méditation, nous le faisons tous à différents degrés. J’ai beau m’y consacrer, je découvre régulièrement que, sans m’en rendre compte, je tends moi aussi à minimiser le saut qu’elle implique. Car au fond, méditer, c’est sortir de la logique qui nous conduit à nous protéger de l’inconfort pour découvrir qu’il existe un espace vivant au-delà du “moi-moi-même-et-encore-moi”. Et cet espace, nous ne pouvons pas le comprendre, le définir ou le saisir. Il n’émerge que comme un séisme, une brèche qui vient nous réveiller comme par surprise.

Ceux qui s’engagent dans la pratique sur le long cours le font parce qu’ils tombent amoureux fous de cet autre visage du monde, un visage sacré et pur. Ils ont alors courage de se confronter à ce qui en eux le refuse. Ce n’est qu’après ce passage par le feu qu’il devient possible d’avoir un autre regard sur le monde. Et c’est seulement alors - parce qu’on a longuement pratiqué - que la manière de voir un arbre ou de saluer un ami, devient comme une forme de méditation.

Fabrice MIDAL
Philosophe et éditeur, Fabrice Midal est le fondateur de l'École occidentale de méditation, où il oeuvre à transmettre la pratique de la méditation, en dialogue avec la poésie et la philosophie.

Source : Ultreïa

dimanche 22 mars 2020

Plantes sauvages pour nous sauver...


Deux vidéos de mon ami, François Couplan, si précieux par son invitation à découvrir le trésor des plantes sauvages et par son enseignement.


Ce que les plantes ont à nous dire :


Pour découvrir une nouvelle vision du monde...
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Parole du dimanche



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jeudi 19 mars 2020

Tous hyper-connectés


La connexion permanente, parfois l’hyper-connexion qui impose à l’individu un flux incessant d’informations, nous étourdit, nous perturbe et nous éloigne de la personne la plus importante : nous.

Non pas que le progrès soit une mauvaise chose, il nous faut suivre l’évolution car c’est le monde d’aujourd’hui.

Le challenge est plutôt de ne pas fuir, de ne pas être effrayé par cette connexion à nous qui calme et apaise, nous donne la bonne direction.
La connexion à nos richesses intérieures, la reconnexion à notre corps nous permet de décélérer à tous les niveaux. Elle préserve également des angoisses nouvelles que les nouveaux supports et réseaux amènent : la peur de se tromper, de rater quelque chose d’essentiel.

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Aaah ! Si l’écologie intérieure était déjà une activité quotidienne comme se laver les dents ou changer de vêtements, contribuant à notre santé et bien-être intérieur autant qu’à celui de la planète, que d’énergie et de temps gagnés ! Combien de destructions aurions-nous évité ?

Négliger certains aspects de nous nous conduit vers le chaos interne et externe. 
Retrouvons donc des instants de grâce où la paix fait son apparition, où notre « pétillance » revient.

Florence Binay
extrait de "10 minutes d'écologie intérieure au quotidien" au Souffle d'or

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mercredi 18 mars 2020

Transformer son intérieur...

BIOGRAPHIE

Devenu aveugle à 33 ans après avoir contracté une grave maladie, Eric Brun-Sanglard décide, contre toute attente, d'exercer le métier d'architecte d'intérieur. Il mène alors une carrière prestigieuse, et compte bientôt parmi ses clients plusieurs stars de Hollywood. Il anime par ailleurs une émission de télévision aux Etats-Unis : The Blind Designer.

INTERVIEW

Votre livre montre combien le lieu que nous habitons nous révèle et doit correspondre à notre identité. Si une personne est insatisfaite de son logement, doit-elle forcément envisager d'en changer ? Est-il possible d'« accepter » le lieu tel qu'il est, avec résilience ?
La première question à se poser est de comprendre pourquoi cette personne est insatisfaite. Problème de luminosité, d'exposition, d'environnement (bruit, odeurs), de voisinage ? Si c'est le cas, oui, je conseillerais de déménager car ces éléments sont difficilement maîtrisables.
En revanche, si c'est dû à une mauvaise expérience dans cette habitation (divorce, décès, vétusté, sonorité, matériaux présents, ameublement, couleurs, odeurs de moisissure…), il est possible de remédier à ces problèmes en rénovant, en repensant l'espace, sa décoration et l'énergie qui en résultera.

Comment avez-vous pris conscience du parallèle qui s'est établi entre la reconstruction de votre habitation et votre reconstruction intérieure ?
Au moment où j'ai perdu la vue, alors que j'étais condamné par les médecins, j'avais préalablement entrepris de gros travaux dans ma maison. J'ai été forcé de les reprendre afin de pouvoir vendre ma maison et payer mes dettes médicales, qui s'accumulaient.
Petit à petit, après m'être réapproprié ma maison, ses espaces, ses matériaux, ses ouvertures à travers le toucher, les sons, les odeurs, tous ces sens qui devaient remplacer ma vue, j'ai commencé à rénover ma maison tout en améliorant ma santé. Sans même le réaliser, en reconstruisant ma maison, je reconstruisais ma santé, au grand étonnement des médecins.

Si je me sens mal chez moi, quelle est selon vous la première étape à laquelle je dois réfléchir pour transformer mon intérieur ?
La première chose que je conseil à mes clients est de se placer au milieu de chaque pièce, de fermer les yeux et d'établir une sorte de diagnostique de leur environnement.
Je leur demande alors d'écouter, de sentir, de ressentir pour comprendre d'où vient leur malaise. Si la pièce est vide, alors de la parcourir en touchant les murs, ses ouvertures, la sensation de leur corps avec les matériaux afin de ressentir l'énergie de la pièce.
Si la pièce est meublée, alors si possible la vider puis ramener chaque élément un par un. Les replacer où ils pensent que c'est le plus approprié. Si c'est un canapé, de s'asseoir les yeux fermés, toucher la forme et la texture de ce sofa, puis se lever et toucher son environnement toujours les yeux fermés pour s'assurer qu'il est placé au bon endroit, en laissant assez d'espace autour pour qu'il respire, puis se rasseoir et imaginer quel autre meuble complèterait l'ambiance que l'on voudrait ressentir.
Placer cet autre meuble et recommencer le même procédé jusqu'à ce que vous vous sentiez bien dans cet espace. Vous réaliserez peut-être que certains meubles doivent être changés ou éliminés car ils sont de trop. Ne vous sentez pas forcés d'exposer ou de placer tout ce que vous avez enlevé et choisissez avec précaution chaque objet, chaque élément de décoration tout comme si vous ajoutiez petit à petit des épices dans un plat jusqu'à ce que la saveur vous convienne.
C'est seulement à ce moment-là que vous pouvez réfléchir au traitement des murs, couleurs, papiers peints (même chose pour tapis, rideaux, coussins, plaids, etc.). Finalement, toujours les yeux fermés, sentez votre espace et rajoutez la senteur qui correspond à l'ambiance désirée dans cet espace (diffuseur, huiles essentiels, bougies ou fleurs odorantes…), tout comme vous le feriez, après vous être habillé, avec un spray de parfum avant de quitter votre maison.

Se sentir chez soi, est-ce forcément se sentir dans une sorte de cocon protecteur ?
Pour moi, notre maison doit non seulement nous ressembler mais également répondre à nos besoins émotionnels.
Pour certains, c'est peut-être le besoin de se ressentir comme dans un cocon protecteur, pour d'autres, un espace familial où chaque membre de la famille s'y retrouve, partage et s'exprime.
Dans mon métier d'architecte d'intérieur, découvrir ce que mes clients recherchent émotionnellement dans leur habitation est certainement la première chose que je dois établir. Cette partie de mon métier est ce que j'appelle l'étude psychologique de mes clients afin de pouvoir rentrer dans leur univers, m'approprier leur besoin, leur mode de vie, pour bien réaliser leur version du bien-être.
Notre notion du bien-être, tout comme notre ADN, est propre à tout un chacun. Cela explique l'impact de notre environnement sur nos émotions, et vice versa.

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source : Nouvelles Clés

mardi 17 mars 2020

De nouvelles portes....


« J’ai gagné la certitude, en cours de route, que les catastrophes sont là pour nous éviter le pire. Et le pire, comment pourrais-je exprimer ce qu’est le pire? Le pire, c’est bel et bien d’avoir traversé la vie sans naufrages, d’être resté à la surface des choses, d’avoir dansé au bal des ombres, d’avoir pataugé dans ce marécage des on-dit, des apparences, de n’avoir jamais été précipité dans une autre dimension. Les crises, dans la société où nous vivons, sont vraiment ce qu’on a encore trouvé de mieux, à défaut de maître, quand on en a pas à la portée de la main, pour entrer dans l’autre dimension. Dans notre société, toute l’ambition, toute la concentration est de nous détourner, de détourner notre attention de tout ce qui est important. Un système de fils barbelés, d’interdits pour ne pas avoir accès à notre profondeur {...}

C’est une immense conspiration, la plus gigantesque conspiration d’une civilisation contre l’âme, contre l’esprit. Dans une société où tout est barré, où les chemins ne sont pas indiqués pour entrer dans la profondeur, il n’y a que la crise pour pouvoir briser ces murs autour de nous. La crise, qui sert en quelque sorte de bélier pour enfoncer les portes de ces forteresses où nous nous tenons murés, avec tout l’arsenal de notre personnalité, tout ce que nous croyons être {...}

Nous sommes tous spécialisés dans l’esquive, dans le détournement, dans le «divertissement» tel que le voyait Pascal. Il n’y a au fond que cette possibilité, subitement, de se dire : «Oui, mais tout cela, tout ce qui m’enserre, tout ce qui m’étrangle, mais c’est moi ! »

Christiane Singer, «Du bon usage des crises»

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samedi 14 mars 2020

VIRUS OU PAS VIRUS … Une question de dignité.

Message de Gilles Farcet


Les familiers de cette page le savent, je ne commente quasiment jamais l’actualité et , les rares fois où je le fais, toujours sous un angle bien spécifique.
Dieu me préserve d’ajouter encore une parole inutile à la prolifération des avis et opinions plus ou moins documentés à propos de notre nouvelle menace « The » virus …
Juste une suggestion de perspective alors que commencent à me revenir des inquiétudes et interrogations : allons nous - pour ceux d’entre nous qui sont engagés dans un travail collectif - continuer à nous réunir ? Les rendez vous prévus sont ils maintenus, etc etc …
J’ai passé soixante ans et suis l’enfant de parents âgés. Ma mère et mon père avaient chacun séparément - ils ne se connaissaient pas encore- vécu la guerre. A plus de trente ans, mon père, mobilisé comme tant d’hommes de sa génération, a dû quasiment du jour au lendemain partir sans avoir la moindre idée de quand et si il reviendrait. Il avait un métier, des responsabilités, des proches, une existence riche et remplie qu’il lui a fallu quitter. Il a été blessé, prisonnier plusieurs années … Ma mère, jeune étudiante, a vu le drapeau nazi flotter sur l’Hôtel de ville, ses amis hommes partir pour parfois ne plus revenir, certains de ses amis femmes et hommes disparaître ou s’enfuir, parce que juifs. Elle a comme tant d’autres et malgré sa situation relativement privilégiée, connu les privations alimentaires, les restrictions de déplacement. Je l’entends encore me raconter des décennies plus tard, des larmes dans les yeux, ce jour où, proches de la défaite, les Allemands fous furieux vinrent tirer au hasard à la mitraillette sur la place de notre village du Poitou où elle était réfugiée près de ses grands parents et où, blottis dans la cave les uns contre les autres, ils crurent leur dernière heure venue.
Son frère, mon oncle, partit pour les « chantiers de jeunesse » puis, comme beaucoup de jeunes gens de cette époque, pour le sanatorium. La tuberculose courait. Arnaud Desjardins , pour se référer à une figure proche, passa un an au « sana », après avoir vu ses fiançailles brisées (son futur beau père ne voulant pas donner sa fille à un « tubar »). René Daumal, Katherine Mansfield , pour citer deux grands écrivains par ailleurs disciples de Monsieur Gurdjieff, y laissèrent leur vie alors qu’ils étaient encore bien jeunes.
J’arrête là cette énumération, inutile de convoquer le souvenir de la grippe espagnole et encore moins de la peste.
Là où je veux en venir, c’est que nous avons perdu l’habitude d’être impactés de manière un peu significative dans notre existence quotidienne, nos projets, nos déplacements, nos relations, par des événements collectifs qui , parfois brutalement, nous révèlent une loi fondamentale du réel, celle de l’interdépendance des phénomènes. Quoi ? Mais alors , la séparation n’existe pas ? Vous voulez dire que nous n’existons pas isolés en tant qu’entités séparées, « indépendantes » ? Eh oui, nous sommes chacun distincts, différents, mais séparés, « indépendants », non. Tout interagit sur tout. Et MOI, je n’y peux rien. Quel choc ! Quelle révélation. Nombre de jeunes ou pas si jeunes n’ont pas d’autre expérience de cet impact de l’ensemble sur leur existence dite individuelle que, du moins dans une grande ville, les grèves des transports ou la circulation perturbée du fait de mouvements sociaux. Pour ma part, j’ai le souvenir, en mai 68 - j’avais 9 ans- d’un mois de vacances , avec un étrange climat qui voyait les adultes l’oreille collée au poste , les excursions en voiture annulées pour cause de pénurie d’essence, et aussi quelques scènes de guerre urbaine, rues dépavées, magasins dévastés, et « le grand chef », Le Général De Gaulle , brièvement disparu …
Comme tout un chacun, je n’ai aucune envie de voir mes déplacements limités, mes activités restreintes, la convivialité contrariée. Comme tout un chacun, je n’ai aucune envie de tomber malade, « grippette » ou pas , aucune envie de voir mes proches malades … Je pense avec empathie aux parents de jeunes enfants qui vont devoir se débrouiller, aux personnes âgées encore plus isolées …
Et il n’est pas question de s’arrêter de vivre. Tout comme face à la menace terroriste , c’est une question de « dignité intrinsèque ». Dignité n’est pas imprudence et encore moins inconscience qui ne serait qu’une autre manifestation du MOI isolationniste (moi seulement …)
En tant que citoyen normalement responsable , je vais docilement me laver les mains de manière très régulière, prendre soin de ne pas postillonner sur mon prochain … Je vais adopter le salut à l’indienne , mains jointes sur le coeur, sourire et regard bien droit dans les yeux c’est plus beau à mon goût que de frapper du pied à terre comme un cheval piaffant… J’éviterai sans doute les déplacements tout à fait superflus. Mais je n’arrêterai pas de vivre et d’être en relation. �Pendant l’occupation et le couvre feu, les groupes Gurdjieff ont continué à se réunir.
Notre dignité en tant que personnes consiste face à une menace quelle qu’elle soit à ne pas alimenter de pensées et d’émotions inutiles , à agir plutôt que réagir, tout en étant responsable et donc normalement prudent. Craindre la maladie ou ses conséquences diverses est humain. Céder à la peur abjecte ne l’est pas. Arrêter de vivre, donc de se rencontrer, de partager, de rire, pleurer, prier et s’interroger ensemble est en dessous de notre dignité.
Alors, tant que la consigne n’est pas le confinement, et même alors, même si … continuons à être ensemble. Ne fermons pas nos frontières face au virus désigné comme « l’étranger », par l’immémoriale bêtise et bassesse , n’est ce pas … Pour le MOI isolationniste, le virus c’est toujours l’autre , les autres.
Soyons donc ensemble quoi qu’il en soit. Avec bon sens, toujours. Si vous êtes âgé, fragile , si vos poumons sont en mauvais état, ne prenez pas de risques inutiles. Si nous ne nous sentons pas bien , n’en faisons pas courir aux autres. Mais même là, ne nous renfermons pas, restons en lien. Internet et autres outils sont souvent instrumentalisés pour le pire, qu’ils soient cette fois utilisés au service du meilleur.
« Guerre ou pas guerre", disait Monsieur Gurdjieff qui avait dû fuir la Russie dans des conditions périlleuses, « nous faisons toujours un profit. ». Il ne parlait bien entendu pas d’un profit matériel mais d’un bénéfice autre… Puissions nous reprendre et appliquer cette maxime : « virus ou pas virus … »
Comme le dit un texte fort ancien (le Rig Veda) : Soyons ensemble, mangeons ensemble, soyons ensemble pleins de vitalité. Propageons la vérité, la lumière de la vie, n’entretenons pas de négativité. La paix et la vitalité soient avec nous.
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mercredi 11 mars 2020

La mort avec François Cheng



L'art de s'arrêter


Nous devons apprendre l’art de nous arrêter - arrêter nos pensées, nos énergies d’habitude, notre oubli et les émotions fortes qui nous gouvernent. [...] La pleine conscience est l’énergie qui nous permet de reconnaître notre énergie d’habitude et de l’empêcher de nous dominer. [...] 
Nous avons besoin d’éclairer de la lumière de la pleine conscience chaque chose que nous faisons, afin que l’obscurité de l’oubli puisse disparaître. [...] 
Nous devons apprendre à devenir solides et stables comme un chêne, pour ne pas être emportés d’ici de la par la tempête. Le Bouddha nous a enseigné de multiples techniques pour nous aider à calmer notre corps et notre esprit et les regarder profondément. Ces techniques peuvent être résumées en cinq étapes :


Reconnaître : Si l’on est en colère, on dit : « Je sais que la colère est en moi. »

Accepter : Si l’on est en colère, on ne le nie pas. On accepte ce qui est présent.

Embrasser : On prend sa colère dans ses bras comme une mère prendrait son bébé en pleurs dans ses bras. Notre pleine conscience embrasse notre émotion et cela suffit déjà à calmer notre colère et à nous calmer.

Regarder profondément : Une fois notre calme retrouvé, nous pouvons regarder profondément ce qui a fait naître cette colère, ce qui a causé la gêne de notre bébé. 

Pratiquer la vision profonde : Le fruit du regard profond est la compréhension des nombreuses causes et conditions, principales et secondaires, qui ont fait naître notre colère, qui ont fait pleurer notre bébé. 
Notre bébé a peut-être faim, à moins que sa couche ne soit trop serrée. Notre colère a été déclenchée par les paroles blessantes qu’un ami vient de nous dire, et soudain on se rappelle qu’il ne va pas très bien aujourd’hui parce que son père est sur le point de mourir. Nous continuons de pratiquer le regard profond jusqu’à commencer à comprendre ce qui a pu causer notre souffrance. Avec la vision profonde, nous savons ce qu’ il faut faire et ne pas faire pour changer la situation.

Thich Nhat Hanh

source : anthologie de la Vigilance  - Marie Chantale Forest - Editions Accarias L'originel
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mardi 10 mars 2020

Une pratique quotidienne avant la tempête

Nous savons qu'une émotion n'est qu'une émotion. Elle arrive et reste un moment et puis devra partir, comme une tempête. Une tempête arrive, reste un moment et devra partir. Nous ne devons pas mourir à cause d'une émotion et nous sommes tellement plus grands qu'une émotion, tellement, tellement plus.
Donc quand vous sentez que l'émotion va se manifester, qu'elle arrive, il est très important que vous vous installiez dans une position assise, une position bien stable. Vous pouvez même vous coucher, c'est aussi une position très stable et vous dirigez votre attention sur votre ventre et vous êtes attentif à sentir votre ventre se soulever et à s'abaisser. Vous respirez profondément et vous concentrez toute votre attention à sentir votre ventre se soulever et s'abaisser. En position assise, comme je suis, je dirais que le niveau de ma tête est le sommet de l'arbre. Je ne resterais pas ici, je déplacerais mon attention vers le bas, vers le tronc de l'arbre qui est juste en dessous du nombril. Vous savez qu'il est dangereux de rester dans l'œil de la tempête. L'œil de la tempête est dans la tête, donc descendez juste en dessous du niveau du nombril et commencez à pratiquer la respiration en pleine conscience, inspirez et expirez profondément et concentrez toute votre attention sur votre abdomen qui se soulève et qui s'abaisse.
Vous pouvez pratiquer ainsi pendant dix, quinze ou vingt minutes et vous verrez que vous êtes forts, forts assez pour résister à la tempête. Dans la position assise ou couchée, accrochez-vous à votre respiration comme une personne s'accroche à son gilet de sauvetage, au milieu de l'océan, et vous remarquerez que vous êtes forts assez pour résister à l'émotion et un peu plus tard cette émotion partira. Pendant ce moment de respiration, vous pouvez observer qu'une émotion n'est qu'une émotion et que vous êtes beaucoup, beaucoup plus qu'une émotion. Une émotion est quelque chose d' impermanent. Elle vient, elle reste un moment et elle partira. Vous serez étonné de constater que vous êtes capable de résister à une émotion rien qu'en pratiquant la respiration dans la pleine conscience et en vous concentrant sur le mouvement de votre abdomen qui se soulève et qui s'abaisse. Il se peut que vous ayez envie de dire à un autre ami ou à vos enfants, si vous en avez, comment pratiquer.
Je connais des mamans qui aident leurs enfants à pratiquer ainsi. Elles tiennent la main de leur enfant et elles disent : " Mon chéri, respire avec moi. En inspirant, je suis consciente que mon abdomen se soulève. En expirant, je suis consciente que mon abdomen s'abaisse ". Et elles guident l'enfant à respirer avec elles en utilisant cette émotion. Si vous pratiquez ainsi, vous serez capables de générer l'énergie de la stabilité et quand vous tiendrez la main d'une autre personne, vous lui transmettez l'énergie de votre stabilité et vous l'aiderez à pratiquer comme vous afin de traverser la zone de tempête. C'est très efficace, mais s'il vous plaît, rappelez-vous une chose : n'attendez pas d'avoir une grosse émotion pour pratiquer parce que si vous attendez, vous oublierez la pratique. Il faut pratiquer maintenant.
Aujourd'hui vous êtes bien ; vous ne ressentez pas une grosse émotion. C'est le bon moment pour apprendre à pratiquer, pour commencer la pratique. Et si vous le faîtes pendant trois semaines, 21 jours, ça deviendra une habitude. Pratiquez dix minutes par jour et quand l'émotion arrivera, vous vous rappellerez la pratique tout naturellement. Vous vous asseyez et vous pratiquez l'inspiration et l'expiration et vous concentrez votre attention sur votre ventre et si vous y arrivez une fois, vous aurez confiance dans la pratique et vous direz à votre émotion : " Bien, si tu reviens, j'agirai de la même façon. " Il n'y aura pas de peur en vous parce que vous savez que vous pouvez le faire. Pratiquez régulièrement, ça aura beaucoup d'autres effets positifs sur vous, sur votre santé, et si vous enseignez à une autre personne comment pratiquer, à votre frère, votre sœur ou votre enfant, cela peut aider à leur sauver la vie dans le futur.
De nos jours, beaucoup de jeunes ne savent pas gérer leurs émotions et le nombre de personnes qui se suicident à cause de leurs émotions est très élevé. C'est un exercice simple, mais très important. Quand vous êtes très en colère, que le désespoir semble si grand, que votre peur est si vive, rappelez-vous, s'il vous plaît, de pratiquer.
Je vous conseillerais de commencer aujourd'hui, dans la position assise, où que vous soyez et de pratiquer pendant dix ou quinze minutes et de faire la même chose demain, et dans trois semaines, ce sera devenu une habitude et si vous ne pratiquez pas, vous sentirez quelque chose vous échapper, que vous ratez quelque chose. Votre pratique vous apportera beaucoup de bien être, beaucoup de stabilité et ça, c'est la meilleure protection que vous pouvez apporter à vous-mêmes. Je pense toujours que l'énergie de la pleine conscience est l'énergie du Bouddha, l'énergie de Dieu, le Saint-Esprit, qui peut nous protéger à tout instant et elle est en nous, à l'intérieur. Chaque fois que vous touchez la graine de la pleine conscience et que vous pratiquez la respiration consciente, l'énergie de Dieu, l'énergie du Bouddha est là pour vous protéger.
Elle nous aide à ne pas dire ou à ne pas faire des choses que nous ne voulons ni dire ni faire.

par Thich Nhat Hanh
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lundi 9 mars 2020

Changement neutre...



L’une des plus déroutantes de ces paroles était, je vous la dis d’abord en anglais « Everything is neutral, you qualify good and bad », « Toute chose est neutre, c’est vous qui qualifiez de bon et de mauvais ». C’est avec des affirmations comme celle-ci que les sages se font crucifier, lapider ou condamner à boire la ciguë. 
N’écoutez pas ces mots comme vous entendriez une conférence sur les phares et balises ou sur la pêche sous-marine mais comme un défi qui vous est jeté en pleine figure et qui vous concerne chacun. « Tout est neutre et c’est vous qui qualifiez de bon et de mauvais. » Si vous entendez vraiment ces mots, je dis que c’est scandaleux. Quoi ! Si mon enfant, sous mes yeux, traverse la route en courant et qu’une voiture l’écrase, c’est neutre, et c’est moi qui qualifie de bon et de mauvais ? 
Une part du chemin auprès de Swâmiji, c’était d’entendre des paroles inécoutables et inadmissibles, puis de laisser monter comme un doute : « Et si c’était vrai ? » Toute notre compréhension est remise en question. Mais est-ce que la sagesse ne remettrait pas juste-ment tout en cause de notre façon de voir ? De petits changements ici et là dans notre mentalité ne peuvent pas conduire à la libération. Pour dépasser la condition humaine habituelle, il faut accepter un bouleversement total, allant jusqu’à la racine de nous-mêmes. Si nous refusons ce qui est trop déroutant, nous nous cramponnons à nos positions acquises, celles de l’ego. Tout est neutre. Et c’est vous qui qualifiez de bon et de mauvais, de favorable ou de défavorable. En vérité c’est, exprimé directement et brutalement, l’enseignement métaphysique transmis, de génération en génération, dans l’hindouisme, dans le bouddhisme et même, sous une forme différente, dans le christianisme et l’Islam. 
Pour se diriger vers la compréhension d’une telle affirmation, pour savoir comment elle peut vous concerner et si elle a une chance de vous concerner un jour, il faut aller pas à pas. Regardez combien d’événements quotidiens pourraient être considérés comme neutres et que vous qualifiez de bons et de mauvais. Si vous cherchez tout de suite à voir que la destruction de millions d’êtres humains dans les fours crématoires est neutre, vous boucherez vos oreilles à un enseignement pareil. C’est bien certain. 
 Laissez pour plus tard, avec un grand point d’interrogation, des tragédies aussi cruelles et voyez, rétroactivement, combien d’événements vous avez qualifiés de bons et de mauvais qui auraient pu être qualifiés de neutres, c’est-à-dire ne pas être qualifiés du tout, des événements moins douloureux, moins inadmissibles pour la compréhension dualiste. 
Il y a déjà là une première possibilité de faire sur le chemin un réel progrès.

Arnaud Desjardins
Le vedanta et l’inconscient
À la recherche du soi III