mardi 7 juillet 2020

Le temps qui nous transforme

La Voie de l'action

Au Japon, dans différents monastères zen, les moines zen peuvent lire cet avertissement écrit à la porte du zendo, le lieu où se pratique l’exercice appelé zazen :

« La naissance et la mort sont des événements importants.
Comme la vie est éphémère ! Chaque minute est précieuse.
Le temps n’attend personne ».



Chaque minute est précieuse ! Le temps n’attend personne !
Cette formule injonctive devrait satisfaire la plupart des managers responsables des entreprises cotées au Cac 40. Les Enseignements proposés par Hui-Neng (maître Chan, au 7ème siècle) pourraient devenir une invite à travailler plus vite sans pour cela augmenter les salaires. Il y a une vingtaine d’année, le management était fasciné par le livre d'Eugen Herrigel, « Le zen dans l’art chevaleresque du tir à l’arc », dans lequel ils percevaient la possibilité d’augmenter l’efficacité et les performances du personnel.

Comment comprendre ce quatrain sur le temps ?
Pratiquant zazen et accompagnant depuis plus de quarante ans des personnes attirées par cette pratique méditative, ma réponse est qu’il n’y pas matière à comprendre. Notre obsession pour l’entendement doit laisser place à l’expérience.

Zazen, ainsi que les exercices orientaux dans leur ensemble, n’a qu’un but: la transformation de la personne qui pratique cet exercice. Le mot transformation est ici synonyme de maturation. Ce qui peut étonner est l’immédiateté de ce changement qui se révèle dans ce qu’on désigne comme étant l’expérience intérieure.
Il s’agit de ce que le maître zen désigne comme étant l’expérience de la vraie nature de l’être humain; ce que Dürckheim désigne comme étant notre nature essentielle.

L’intérêt de l’homme occidental pour la « méditation » correspond à un fait nouveau : des personnes, de plus en plus nombreuses, pressentent qu’au plus profond d’elles-mêmes, l’homme est ce qu’il aspire à être. Et, la méditation pourrait être cet exercice qui prépare les conditions qui permettent et favorisent l’accomplissement de notre vraie nature d’être humain.
Pourrait être ? Oui, parce qu’aujourd’hui, si le mot méditation est tendance, il est souvent dévié dans des méthodes qui ont pour but le développement de l’ego, de la personnalité, du personnage social ; ce qu’on appelle le développement personnel.
Ce que le maître zen désigne comme étant la vraie nature de l’être humain, n’est pas un Ego augmenté, c’est notre réalité en tant que personne. Ma nature essentielle est le
« Je suis » qui est à l’origine, bien avant le « Je suis Moi ou Moi je suis ». L’inné précède le conditionné.
Plutôt que de prolonger ce discours à propos de l’expérience de notre vraie nature, je vous propose de lire ce qu’a écrit une participante, Anne Laure Gannac, après sa première retraite au Centre Dürckheim (voir articles précédents).
Description simple et explicite de ce cheminement qui a pour sens la perception clarifiante du vrai soi-même : La voie de l’action.
                                                                                                     Jacques Castermane