vendredi 3 juin 2022

 Mal-aimé, souffrant, porteur de mémoires parfois traumatiques, de somatisations, on peut rencontrer le corps par le chemin de la parole, et c'est la pensée qui permet de l'analyser.

Selon Charlotte Védeilhé, quand la médecine ne trouve pas d’origine physique, radiographique à la douleur, aux dysfonctionnements, aux drôles de sensations, un mot apparaît : psycho-somatique. Ce n’est pas un gros mot, il souligne l’intrication du corps et de la psychée. Pourtant il est souvent le raccourci vers un « c’est dans la tête ». Peut-être en effet que cela vient d’une émotion (d’ailleurs, les émotions sont-elles inscrites uniquement dans la tête ?) mais c’est aussi dans le corps, quelque part.

La personne à qui on parle de gêne d’origine psycho-somatique se retrouve souvent chez le psy. C’est important, mais pourquoi ne pas explorer l’autre chemin, celui du somato-psychique.

Pourquoi ne pas aussi partir du corps puisque c’est lui qui s’exprime ?


Dans la psychologie il manque un lien plus direct au corps, la voie de la médecine chinoise est une excellente approche complémentaire . La médecine chinoise est vieille de plusieurs millénaires, fondée sur l’observation du vivant. Elle parle de ce qui circule en nous, de ce qui est entravé. Elle propose un support de compréhension du monde basé sur les cycles naturels, tout est connecté, inter-relié. A l’image du yin-yang souvent traduit par le manichéisme occidental blanc/noir, bon/mauvais. Or il s’agit de l’aube qui pointe dans le noir de la nuit, et du crépuscule qui s’invite dans la lumière de la journée. C’est une vision dynamique d’un monde en mouvement, à la fois théorique en proposant une vision thérapeutique de l’homme, et pratique avec ses outils (réflexologie, pharmacopée, massage, travail des méridiens et points d’acupuncture, exercices physiques tels que le Qi Gong…).

Il y a 5 éléments : Eau-Bois-Feu-Terre-Métal qui correspondent chacun à des organes, des émotions, des couleurs (comme on le voit en FengShui par exemple), des saveurs…

Si on prend un  exemple, le printemps c’est une saison, c’est aussi une période de la vie, c’est aussi une énergie particulière-celle de l’expansion, du déploiement, du mouvement comme on l’observe dans la nature à cette saison.

En médecine chinoise, le printemps est associé à l’énergie du foie qui nous parle de souplesse (physique et psychique), de libre mouvement. C’est être en phase avec ses envies, occuper sa place avec confiance, savoir s’adapter.  Quelqu’un qui se sent mal dans sa peau, dans sa vie peut ressentir une anxiété qui peut s’exprimer par des maux de ventre, de tête, une oppression thoracique, une irritabilité… En psychothérapie, en travaillant du côté émotionnel on pourra bien sûr peu à peu avancer et travailler sur ces inconforts physiques. Mais l’idée est aussi de pouvoir partir du corps pour redonner un peu d’air, permettre de soulager quelque chose du corps pour rendre à l’esprit ses ressources et sa capacité à transformer les choses pour avancer plus sereinement.

On peut aussi avoir par exemple pour des raisons innées et/ou acquises une faiblesse de l’énergie de la rate qui aura pour conséquence une tendance à la cogitation et une difficulté à passer à l’action. L’origine c’est le corps, l’émotion devient la conséquence… qui renforce à son tour la problématique corporelle.

Parler de soi  est difficile quand on est peu à l’aise avec ses émotions, quand on est  « pas élevé comme ça » et prendre soin de son corps peut être un premier pas pour pouvoir s’écouter et se raconter. Il y a aussi de plus en plus de gens qui ont fait un travail sur eux-mêmes et avec ce paradoxe de se connaître par cœur, de se voir fonctionner, sans que quelque chose ne se décale réellement pour eux. Là encore, cette approche par l’énergie du corps peut laisser place à un chemin et des pistes différentes.

Accompagner les gens à parvenir à davantage de conscience de leurs ressources, de leurs vulnérabilités, c'est leur permettre de reprendre le fil de leur vie en toute autonomie.

Charlotte Védeilhé

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