lundi 31 décembre 2018

C'est l'heure du passage...




Pour finir l'année doucement, un résumé du piègeage-photo sur le petit tronc si fréquenté. 
Dans l'ordre d'apparition: chat ,ragondin, rougegorge, grive mus, campagnol roussâtre, putois /grenouilles, colvert, couleuvre, colvert/juv, chat, renard, râle d'eau ad et juv,belette, martre, chat/juv foulque, râle imm, renard, milouin f/juv, chat en chasse, pic mar, foulque imm/ragondin, corneille, héron/carpe, martre, chatte chaton, grenouille, tourterelle des bois, écureuil, martin pêcheur, geai, renard, sanglier, mulot/ragondin, mulots, grand et petit, campagnol et musaraigne, rat des moissons pbt, muscardin possible, surmulot, raton laveur et blaireaux....

Source : Jean Chevallier
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dimanche 30 décembre 2018

En compagnie de Christian Bobin


Il est des auteurs à l’œuvre inclassable, faite d’une soixantaine de publications, entre roman, poésie et journal. Son dernier livre « La Nuit du cœur » est fait des bribes de souvenirs , de visions spirituelles et de méditations. Mystique et mystérieux…

La foi chrétienne tient une grande place dans l’œuvre littéraire de Christian Bobin. La nature, le silence et les lieux sont ses plus grandes inspirations… Comme dans La Nuit du cœur, qui commence dans une chambre d’hôtel de la ville de Conques, et la vue que donne celle-ci sur une abbaye du onzième siècle. Christian Bobin rencontre le succès dans les années 1990 avec Une Petite robe de fête, neuf textes courts sur la vie et l’amour ; puis c’est pour Le Très Bas qu’il remporte le Prix des Deux Magots et le Grand Prix Catholique de littérature en 1993. Pour l’ensemble de son œuvre, l’Académie Française lui décerne le prestigieux prix d’Académie en 2006.


http://serge.vieville.free.fr/Christian%20Bobin%20enchantements.mp3


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samedi 29 décembre 2018

Cadeau de Noël avec Mooji


Écoutez bien maintenant, ce que je dis est très important.
Ne cherchez aucune expérience, même de belles expériences.
Au lieu de cela, soyez simplement et permettez-vous de voir Ce qui n'est pas un événement.
Ne manquez pas cela.

Ce que j’indique EST toujours présent, mais tout le monde l’a manqué en recherchant la prochaine expérience.
Mooji

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vendredi 28 décembre 2018

Travail sur l'ombre...




Le travail spirituel et psychologique signifie brandir une lumière au sein de son obscurité, aimer et accepter ce qu'on y trouve. 
Simple et pourtant difficile, le travail sur l'ombre pose les fondations de tout travail de transformation intérieure à venir

Llewelyn Vaughan Lee,
Catching the Thread

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"... Accepter notre côté obscur apporte à notre égo un équilibre et une intégrité qui fait souvent défaut à quelqu’un qui ne connait son identité que de façon consciente. Lorsque l’obscurité est équilibrée par la lumière, le sentiment d’avoir un moi déchiré ou brisé laisse la place à un sentiment profond de bien-être et de plénitude. Nous cessons d’être isolés dans la forteresse de notre conscience, figés dans la peur de nos démons intérieurs. Nous ne sommes plus des survivants hantés ou des victimes troublées par nos traumatismes d’enfance et nous commençons à voir la vie dans la perspective de celui qui a visité le monde souterrain ; les préjugés et les jugements disparaissent lorsque nous découvrons la face obscure de notre propre nature. N’étant plus limité par l’horizon de notre conscience égocentrique, nous nous ouvrons aux possibilités infinies de la vie. La plénitude et richesse de la vie commencent à se révéler lorsque nous honorons les qualités contradictoires qui font la totalité de notre nature... "

 source

jeudi 27 décembre 2018

Ombre et lumière



On voit souvent passer cette photo pour montrer que la lumière n'a pas d'ombre.
C'est vrai : pour dissiper la pénombre, on n'a pas trouvé mieux que la lumière.
Pourtant, la lumière ne naît pas de rien. Comme on le voit, pour exister et être réelle, elle a besoin d'un support, qui lui, a bel et bien une ombre.
Lumière et ombre sont indissociables.
Si lumière nous sommes parfois, gardons en conscience que c'est notre matière et ombre qui permettent de la manifester.
Et quand nous sommes ombre, souvenons nous que ce matériau brut est l'essence de la lumière et qu'en tant que tel, il doit être choyé.
L'unité n'est pas monotone. Elle naît dans l'interstice du Deux et l'embrasse, créant ainsi le Trois, le toujours nouveau.
Fabrice Jordan

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mercredi 26 décembre 2018

Force de Vie...




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Prends l’enfant dans tes bras et danse !


Soyez sans crainte, je vous annonce une grande joie qui sera pour tous les peuples, aujourd’hui vous est né un Sauveur.

Évangile selon saint Luc chapitre 2, verset 11


Une joie d’amour et de tendresse, une joie si petite et si grande à la fois : ce que notre cœur n’a encore jamais connu : un nouveau-né de quelques heures, de quelques minutes et le ciel s’ouvre, les anges chantent et jouent des instruments, Dieu parmi nous, on ne sait plus où donner de la tête et du cœur !
Alors, comme saint François : prends l’enfant de ta crèche, là, au creux de tes bras pour lui faire un berceau et danse de joie, car, crois-moi, Il aime ça, le petit ! Danse sans respect humain, Il est ton Dieu Sauveur, Il est heureux de ta joie, tu es heureux de sa joie, la voilà la Grande Joie, dans cet échange admirable !
Danse avec l’enfant dans tes bras, les bergers l’ont fait avant toi quand Marie, comme toute maman de nouveau-né le met, éclatante d’un fier bonheur, au creux des bras de l’entourage.
Pour le prendre, dépose tout ce dont tes bras et ton cœur sont chargés et lance-toi, accueille-le, danse !

« Je vous annonce une grande joie » : l’ALLÉLUIA de Noël traverse notre vie, toutes ses vicissitudes, ses ténèbres, il traverse le temps, les siècles successifs, il est là, toujours neuf, il jaillit dans la nuit de Noël et nous attend au matin de Pâque : l’enfant qui nous est né, a vécu, est mort, il est ressuscité et nous avec lui.
Il est Emmanuel, Dieu avec nous. Danse ta joie avec l’enfant dans tes bras !

Sœur Dominique 
Prieure du monastère des moniales dominicaines de Taulignan dans la Drôme

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mardi 25 décembre 2018

Mystère de la naissance !



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Simple silence avec Christian Bobin

comme Silence

« Le silence est la plus belle matière. On sait que le pétrole va s'épuiser, après nous avoir épuisés. On sait que les diamants et l'or ne sont pas en quantité indéfinie dans la terre. Mais il existe une matière qui, tout en étant précieuse, est surabondante. C'est le pur silence du lecteur penché sur son livre, ou la petite respiration à peine perceptible du nouveau-né qui dort. Le silence est le mariage de l'éveil et du sommeil, de l'extrême attention et de l'extrême repos. Si le silence était un événement de la nature, ce serait un flocon de neige. Si le silence était en vers, il serait un poème de Jean Grosjean. Et si le silence était une personne, on ne saurait pas son nom, on ne la verrait pas, et on ne pourrait absolument pas douter qu'elle est là. »

comme Simplicité 

« C'est comme si nous traversions cette vie avec un petit tablier d'enfant, plein de taches. La simplicité, c'est de le dénouer et de l'enlever. Tous les liens vitaux, amicaux, amoureux, réels, peuvent venir. Quand on voit un rouge-gorge avec son petit torse de lutteur et son maillot rouge, ou quand on entend la voix de la poétesse Marceline Desbordes-Valmore, ou encore certaines paroles aiguisées de Corneille, on sait que la simplicité est la grande porte de la vie. On a besoin d'un peu de pain, de murs solides - comme le nid des oiseaux, il faut que notre abri soit un minimum stable. Et au-dessus, c'est la splendeur de la vie. Celle de tout ce sur quoi portent nos yeux, et qui jamais ne fera défaut. Il y a quelques jours, j'ai vu dans un verger à l'herbe noircie par le gel quelques grosses pommes qui étaient tombées. Et elles étaient autant de planètes extraordinaires, bien plus étranges que Mars et d'autres prétentieuses de l'univers. Quoi de plus simple qu'une pomme, quoi de plus parfait ? Demandez au gros cheval lourd à la robe blanche sale qui errait dans l'herbe. Demandez à Cézanne, demandez à Giacometti, qui a peint une pomme plus rayonnante qu'un pharaon : vous sentez la folie du cœur de l'artiste qui est allé chercher le point premier de toute existence à l'intérieur d'une petite pomme presque décatie, oubliée sur une commode. Il est allé capturer le début de l'univers dans un fruit banal et il l'a mis définitivement à l'abri de la pourriture : en majesté dans sa peinture. »



source : La vie
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lundi 24 décembre 2018

Naissance en son berceau avec Christian Bobin


comme Berceau 

« Je ne sais rien de plus sidérant que le spectacle d'un nouveau-né dans son berceau. C'est quelqu'un qui vient d'une nuit insondable et ouvre sur nous la prunelle noire de ses yeux. Je suis fasciné par la fascination qu'éprouve le nouveau-né devant le visage de sa mère, devant les sourires étrangers, mais aussi devant une simple tache de lumière, ou face à la surprise d'un bruit inconnu. Je sais que je contemple là la plus grande sagesse terrifiée de la vie. Je dis terrifiée, car tout peut écraser la vie naissante : les sorcières de la mélancolie et de la détresse se penchent sur tous les berceaux. Mais je parle de sagesse, parce que l'espérance clouée dans ce petit visage ne peut être définitivement enlevée ni effacée. Il y a une force atomique dans chaque berceau, dans chaque surgissement d'un nouvel être au monde. Et c'est avec une centrale atomique que nous produisons de la lumière. Ce n'est pas plus lourd qu'un souffle, un bébé. Mais c'est un souffle qui change tout, qui emporte tout. C'est un souffle 10 000 fois plus fort que la plus forte des tempêtes. »

comme Noël 

« Il y a un petit problème avec Noël. Le nouveau-né que l'on célèbre, on va le massacrer quelques mois après, à Pâques... Et puis on apprend que de ce massacre, on ne nous en veut pas. C'est la plus vaste énigme qui soit : celle de Pâques est plus grande que celle de Noël, mais elles sont liées, comme les deux faces de la même pièce. Qui n'a pas vu la terreur dans les yeux d'un nouveau-né ? Il faut imaginer une étoile tombée jusque dans la chambre surchauffée d'une maternité. Cette étoile ne comprend pas où elle est, ni ce qu'elle fait, et elle commence à ressentir les tremblements de la faim et de la soif, des menaces dont elle ne sait pas le nom. L'extraordinaire est que celui qui est le plus exposé soit le plus grand donateur. 
Car évidemment, rien n'est plus réjouissant qu'un bébé. Mais comment quelqu'un qui est mis en danger à chaque seconde de sa vie, quelqu'un qui est aussi anxieux, peut-il nous réjouir autant ? Un nouveau-né est le croisement de la plus grande angoisse et du plus grand apaisement. On ne peut résoudre ce paradoxe. Mais à l'entrevoir, on sait qu'on a une réponse absolument informulable à nos interrogations sur le sens de la vie. Quand un nouveau-né commence à découvrir la petite flèche en or de son sourire - un spectacle qui est à mes yeux encore 10 000 fois plus beau qu'un lever de soleil -, alors on sait très bien pourquoi on vit, et il est hors de question d'enterrer ce savoir dans une formule. »


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On s'est bien amusé ?

A regarder sans s'amuser !


La situation se dégrade, on doit faire la Troisième Révolution.
C'est la mère Nature qui l'a décidé.
Charlotte Gainsbourg nous raconte la 3ème Révolution. 🌎 🌍 🌏
Ce texte a été écrit par Fred Vargas, en 2008.
Réalisé par Henri Poulain, StoryCircus.
Graphisme : Michaël Alcaras
Production : Imagine2050

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dimanche 23 décembre 2018

Lumière naissante avec Christian Bobin


comme Lumière

« La chair de l'abbatiale de Conques est brune. Elle est faite de pierres, de dalles aux reflets d'humidité, avec des piliers gris argenté. L'âme de l'abbatiale, celle qui joue sans cesse à travers ses vitraux, celle qui va et vient entre dehors et dedans, celle dont la peau est faite de verre, est bleue, ocre, couleur d'écume. Elle passe par tous les états émotifs de la Création : c'est une fête. Il y a un coin de France où la lumière donne des concerts presque privés, c'est à travers les vitraux de l'abbatiale de Conques. L'endroit est presque caché, et elle peut jouer sans crainte, sans être empêchée. Toute la journée, la lumière s'amuse à prier, à oublier de prier, à avoir le rose qui monte à ses joues timides. Et le matin, elle a une adorable petite couleur de lait. Elle traverse tous les âges. Et dans tous les âges, elle est d'une jeunesse absolue. Je parle ici d'une lumière matérielle. Et je suis incapable de la dissocier d'une lumière spirituelle : c'est la même. Nous qui sommes si dévorés par les chiffres et les abstractions, nous sommes et nous serons toujours en vérité des gens très simples, reliés à des éléments basiques tels que la nuit et le jour, la mort et la vie, les ténèbres et la lumière. Nous aimons raffiner, nous aimons compliquer, mais le socle de l'humain est aussi simple qu'une abbatiale, faite de pierre, de verre et de lumière. »

Il existe une matière qui, tout en étant précieuse, est surabondante. C'est le pur silence du lecteur penché sur son livre, ou la petite respiration à peine perceptible du nouveau-né qui dort. 

comme Naïveté 

« Naïveté et naissance ont une racine étymologique commune. J'appelle naïve la force de voir que la méchanceté n'est pas le fond de l'âme du méchant. La naïveté est cette force qui ne considère rien comme ennemi, même ses ennemis. C'est une sorte de candeur qui défait les ténèbres, en ouvrant un chemin fluorescent. Rien n'est plus naïf qu'une anémone, ou qu'une petite violette aristocratique dans un sous-bois. Rien de plus naïf aussi qu'une lettre d'amour qu'on laisse échapper de soi pour aller vers l'autre et dont on ne sait pas ce qu'il en fera. Le point le plus présent de la vie, le plus vivant, est nécessairement naïf parce qu'il ne se protège plus de rien ni de personne, et parce qu'il ose exister dans une nudité métaphysique parfaite, encombrée de rien, pas même de religion. Pourquoi ne pas dire que la naïveté, c'est la plus grande sagesse, et donc le plus grand savoir. »
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Prendre soin de la joie



Mais oui, il est grand temps de prendre soin de ta joie, comme on prend soin d’un nouveau-né.
Marie exulte, la totalité de son être, corps, esprit, âme, est saisi de joie et cette joie, elle la laisse l’envahir sans réserve. C’est la joie de l’Incarnation, celle de la venue d’un homme, totalement homme, et Dieu, totalement Dieu.
Alors il faut en prendre soin, de cette joie : quatre jours avant Noël, arrête-toi, arrête-toi pour écouter au plus profond de toi, qui que tu sois, quoi que tu fasses, quoi que tu vives, mets un peu de distance avec les événements d’aujourd’hui, la lumière tapageuse ou la grisaille qui t’entourent, pour l’écouter, cette joie et, sans scrupule, en prendre soin. C’est un léger tintement, une infime semence, comme un grain de sénevé, mais là, bien là, c’est la joie de ton Sauveur à naître chez toi.
Prends soin de ta joie ! Écarte tout ce qui la cache, découvre-la, car elle est bien en toi, elle demande que tu prennes soin d’elle pour pouvoir grandir. Joie d’une naissance, intime ; pour chacun elle a sa forme particulière, unique, on ne l’achète pas au marché de Noël. C’est Dieu qui se penche vers toi et te dit : « Pour toi je suis devenu ton enfant. »...
Prends soin de ta joie, elle te parle d’une espérance pour toi, préparée pour toi depuis des âges. Prends soin de ta joie, c’est ton cadeau de Dieu pour ce Noël. Dans trois jours tu la nommeras : Jésus !


Sœur Dominique 
Prieure du monastère des moniales dominicaines de Taulignan dans la Drôme

(source : La Vie)

samedi 22 décembre 2018

Enfance fragile avec Christian Bobin

F comme Fragilité

« Ce qui naît, c'est ce qui meurt. Alors peut-être que ce qui meurt est ce qui naît ? C'est une vraie interrogation. La main invisible qui nous donne la vie, qui nous offre les nuages, la pluie d'été, un poème inestimable, la surprise d'une amitié qui traversera toute notre existence, je sais que cette main est paradoxale. Elle donne et prend en même temps, elle offre et elle efface, elle fait apparaître et disparaître dans la même seconde. L'écriture me semble avoir son intérêt quand elle arrive à saisir ce double trait qui est celui de toute notre vie : le noir et le blanc, la douleur et la joie, l'effroi et la merveille à leur point de jonction, avant que la beauté n'aille d'un côté et la peur de l'autre. Si nous sommes sûrs d'être éternels, c'est précisément parce que nous éprouvons que nous sommes mortels. Dans ce sentiment de notre fragilité, nous connaissons notre éternité. Les choses qui se présentent comme dure, solides et défiant le temps, sont celles qui seront livrées à la ruine et à la rouille, que ce soit les grands palais ou les ambitions, voire nos volontés dès qu'elles se crispent. Et celles qui semblent sans poids, qu'un rien peut chasser tel un sourire sur un visage, témoignent de ce qui traverse la vie et la mort. 
Et qui continue... »

comme Hans Brinker 

« Grandir, c'est chercher son visage dans les buissons qui nous entourent. Le premier visage que j'ai trouvé et qui m'allait, c'était celui du petit aventurier Hans Brinker. Dans le conte pour enfants, il est celui qui sauve un village entier de l'engloutissement qu'allait provoquer la rupture d'un barrage. Il passe derrière la muraille, repère une faille par laquelle la mort peut surgir. Alors, il met son doigt pour boucher le trou jusqu'à ce que les secours arrivent. Il préserve tous les siens d'une catastrophe annoncée. Ce qui me frappe aujourd'hui chez cet enfant de légende, c'est l'attention qu'il a eue : et sans doute est-ce une des figures de l'écriture de voir la faille par laquelle les ténèbres peuvent venir et de faire en sorte que le désastre n'ait pas lieu... L'écriture est une manière radicale de prendre soin. Radicale, car elle touche au langage, silence compris. Ce qui peut nous sauver, c'est cette part d'enfance, cette distraction si attentive des tout-petits. Bien sûr, quand j'ai découvert le conte à 7 ou 8 ans, je n'avais pas en moi toutes ces pensées, mais je l'ai ressenti en bloc. Et je crois à la vérité de cette histoire encore aujourd'hui. »

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vendredi 21 décembre 2018

Enfance avec Christian Bobin

comme Enfance

« Quand je vois quelqu'un de vivant, je revois l'enfant qu'il est ou qu'il était. L'enfance n'est peut-être pas une question d'âge ni d'état civil. Quand Matisse fait ses papiers découpés, il arrive vers la fin de son travail de peintre, mais il a une petite âme de 3 ou 4 ans qui taille des feuilles de couleur. Mon enfance grandit de plus en plus chaque jour, elle n'est pas en arrière de moi, elle n'est pas dans ma mémoire, elle n'est pas un souvenir : c'est elle qui écrit. Moi, je n'écris pas. C'est l'enfant en moi qui écrit. Je lui passe le feutre, à charge pour lui de faire les livres. Je me contente de les relire...
 J'ai un visage en argile, ce que je ressens s'imprime tout de suite dessus. C'est la raison pour laquelle les nouveau-nés sont mes frères. Car si une ombre les traverse, elle va les emporter tout entier. Si un rire les secoue, il va les secouer tout entier. Je ressens les événements de cette vie avec la même force que celle qu'on attribue aux enfants. Le vrai nom de l'enfance, c'est l'esprit, un mélange de gravité et de fantaisie et la capacité de faire face dans le noir en sifflotant un air pour se donner du courage. De là naissent mes livres. »

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Interview de Christiane Singer

Christiane Singer, née à Marseille en 1943 s'est éteinte à Vienne en Autriche le 4 Avril 2007. Pour rendre hommage à cette femme de cœur et à ce grand écrivain, nous vous proposons d'entendre ou de réentendre un entretien que Christiane Singer avait accordé à Thierry Lyonnet en 2001 lors de la parution de deux ouvrages : Où cours-tu, ne sais tu pas que le monde est en toi ? et "Eloge du Mariage, de l'engagement et autres folies."

J'avais mis en ligne cette interview en 2010. Mais il est des mets qui se dégustent plusieurs fois...

jeudi 20 décembre 2018

Célébration de la vérité de l'Enfance (1)



« Je n'ai pas aimé mon enfance, cette période un peu recluse et "difficultueuse". Je n'ai de reproche à faire à personne. Mais dans le passé biographique, celui de l'état civil réaliste, je me suis éprouvé comme un enfant cloîtré. 
Et j'en ai rajouté par la solitude, par la passion des livres aussi. Il n'y a pas eu dans mon enfance de souffrance, à part une souffrance blanche, un très grand silence des vivants sur eux-mêmes. Ce n'était pas tant moi qui étais enfermé que ceux dont je ne pouvais m'approcher. Je ne comprenais pas qu'on ne puisse délivrer et le ciel et la terre en un seul mot. 
Je ne comprenais pas qu'on fasse de la parole un objet utilitaire, social, sans que jamais elle ne serve à la grande explosion des cœurs. J'ai écrit pour parler. Et j'ai parlé pour accéder à la vérité de l'enfance, qui est de ne pas comprendre grand-chose, et de connaître infiniment le ciel par le toucher d'un rayon de soleil sur la main, ou par l'inflexion de douceur d'une voix aimée. La douleur dans une famille est exactement comme la pierre lancée sur un étang, elle engendre des ondes qui vont toucher plusieurs générations jusqu'à résorption complète. »

mercredi 19 décembre 2018

Le mental n'est pas un présent...

Le commentaire d'Arnaud Desjardins :
« Le mental fait que nous ne sommes pas maintenant, parce que le passé vient colorer le maintenant et projeter ses craintes et ses espérances sur le futur. Quand vous serez libre du passé, je peux vous promettre que vous serez libre aussi du futur. Le mental fait que nous ne sommes pas ici, parce que le mental introduit une comparaison avec autre chose que ce qui est là; il crée «un second», une super-imposition. La vigilance, seule, permet d’échapper au mental; la vigilance, seule, permet de revenir, instant après instant, à la seconde qui est là pour la vivre dans la vérité. Que de milliers de secondes vous avez laissé échapper, sans même tenter de les vivre de façon juste ! Tout est possible au mental. Il n’y a jamais qu’une seule vérité mais des milliards de mensonges possibles. » 
(Le vedanta et l'inconscient, chap. 3)

Un commentaire de Michel, musicien.
Prenons l'exemple de l'écoute musicale : en premier, vient la musique, un flux sonore infiniment riche et mouvant qui me touche en profondeur et fait vibrer tout mon être. Mais sur cette extase sensorielle vient très souvent se superposer un courant d'intellect, sous forme par exemple de jugements : j'aime/je n'aime pas, c'est trop dissonant, c'est trop mièvre, c'est trop rapide (ou trop lent), c'est ennuyeux, ça manque d'inspiration, le rythme n'est pas bon, etc..., sans parler d'un train de pensées qui ne tarde pas à surgir, pensées qui n'ont plus rien à voir avec la musique, les choses à faire dans la journée, qu'est-ce que je pourrais bien manger à midi, je dois faire une lessive, où pourrais-je passer mes prochaines vacances, etc... Inutile de dire que lorsque ces pensées occupent tout le champ conscient, la musique n'est plus là, ou disons constitue un fond sonore à peine perceptible. Si mon propos initial était vraiment d'écouter la musique, c'est franchement raté !

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lundi 17 décembre 2018

Dualité illuminée...


« Lee Lozowick a déclaré que, dans notre tradition, le but de la pratique est de nous rendre capables d'être simultanément dans un état de prière, ou de communion avec le Divin, et parfaitement fonc­tionnels dans le domaine relatif. Cette description de la « Dualité Illuminée » nous montre la nécessité de devenir un virtuose dans deux domaines : celui de la perception ordinaire, et celui de la perception subtile. L'habileté dans ces deux domaines signifie que nous ne nous identifions pas et, par conséquent, ne nous limitons pas, à aucun des deux, et qu'à tout instant, pour répon­dre aux besoins du moment, nous sommes capables de porter notre attention sur l'autre domaine. Quel que soit l'aspect de la réalité qui nous fait les yeux doux, nous honorons notre autre maîtresse qui se languit de notre regard et de nos caresses. 
Lorsque nous faisons cela très fréquemment et de manière tota­lement invisible, nous devenons le creuset dans lequel le monde du surnaturel et celui de la matière peuvent cohabiter. Ce qui facilite cette rencontre de forces, c'est la chimie essentielle qui aboutit à l'alchimie de l'évolution, ou alchimie divine. C'est de là que vient l'expression de Lee : « Dualité Illuminée ».
 

Voici un article sur la "dualité illuminée"

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dimanche 16 décembre 2018

Troisième dimanche de l'Avent

   

Le 16 décembre, les textes nous appellent à la joie. Découvrons la deuxième lecture, une lettre que saint Paul écrit à la communauté chrétienne des Philippiens.







CET ARTICLE EST RÉSERVÉ AUX ABONNÉS
Une clé pour suivre Jésus
Saint Paul écrit cette lettre vers la fin de sa vie (61 ou 62). Il s'adresse à une communauté de chrétiens d'origine gréco-romaine qui habitent à Philippes, ville du nord-est de la Grèce. Paul invite les croyants à demeurer « dans la joie du Seigneur »et insiste, le mot « joie » revient deux fois dans le texte. Et il ajoute : « En toutes circonstances, priez et suppliez, tout en rendant grâce, pour faire connaître à Dieu vos demandes. » C'est la clé pour suivre Jésus : être joyeux en priant sans cesse, avoir confiance en lui, le remercier et oser lui formuler nos demandes
Joie, bienveillance et paix
La joie dont parle l'apôtre, c'est une joie très profonde qui vit dans notre cœur, comme une sorte de rocher en nous sur lequel on peut s'appuyer même quand plus rien ne va. Elle est la « sœur » de la « bienveillance » que Paul nous propose de manifester aux autres. La bienveillance, c'est choisir de « voir le bien en l'autre avant d'imaginer le mal », comme le dit Samuel Grzybowski, qui s'efforce lui aussi d'avoir un regard positif sur chacun (voir La Vie no 3823 du 6 décembre, page 47). Si nous suivons les conseils de Paul (joie et bienveillance), alors les soucis et les inquiétudes ne nous envahiront plus. Ils existeront encore mais en moins fort. Et surtout, nous recevrons la « paix » de Dieu « qui gardera (n)os cœurs et (n)os pensées dans le Christ Jésus »,écrit Paul.
Dieu tout proche de nous
Ce dimanche est appelé « dimanche de la joie », car les textes nous invitent à nous réjouir : à Noël, Dieu se fait tout proche de nous, il renaît dans nos cœurs. Encore 10 jours, pour nous préparer à accueillir le Dieu vivant qui s'intéresse à nous, à notre vie dans ses moindres détails. C'est une grande joie d'attendre que vienne le Sauveur du monde, et de lui dire « oui », d'une manière toute nouvelle. « Oui » à être son enfant.
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vendredi 14 décembre 2018

Invités à la joie ?


 Pour répondre à cette invitation, il faut être fou ou amoureux !
Aux yeux des gens réalistes, on passe un peu pour des illuminés lorsqu’on parle de joie… Il y a tellement de raisons de ne pas se réjouir : insécurité, injustice, chômage, maladie sont des réalités quotidiennes. Nos vies personnelles sont tout sauf de longs fleuves tranquilles ! Quant aux joies qui existent, certaines sont factices et destructrices. Il y a des joies qui se vendent : pensez à la débauche de propositions commerciales à l’occasion de Noël. Mais, Dieu merci, certaines sont réelles et vraies.



La joie véritable ne se vend pas. Elle peut naître alors même que nous vivons l’absence : c’est le cas lorsque quelqu’un que l’on aime nous annonce sa visite. Les jours qui précèdent sont colorés d’une attente joyeuse et lorsque, sur le quai de gare ou dans le hall d’aéroport, je devine au loin sa silhouette, mon cœur se met à battre plus vite. Tel est le climat de l’avent que nous sommes invités à vivre ! « Le Seigneur va venir, Le Seigneur vient ! ». Le personnage de Jean-Baptiste, qui marque ce temps liturgique, m’émeut, lui qui dit : « Moi je ne suis pas le Christ, mais j’ai été envoyé devant lui […] j’entends sa voix […] Telle est ma joie : elle est parfaite. »* La joie est plus profonde que la gaîté. La joie naît dans le cœur de celui qui aime et qui se donne. C’est elle qu’évoque Jésus, au soir du jeudi saint, alors même qu’il sait que ses disciples vont l’abandonner ; mais le moment est venu de leur montrer à quel point il les aime en même temps que Dieu son Père. Ce qu’il va faire est fou aux yeux des hommes : de la mort, qui est la situation de séparation maximum, il va faire le moment de communion maximum, puisque c’est par amour pour son Père et par amour pour nous qu’il donne sa vie !
Nous sommes parfois dans la tristesse ; mais dans chaque eucharistie, Jésus nous fait communier à sa joie, comme il l’a dit à ses apôtres :
« Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite. »**


frère Bernard-Dominique Marliangeas,
Couvent de Lyon    

* Jn ch 3, v 28
** Jn ch 15, v11 


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jeudi 13 décembre 2018

Attention et vigilance


Your worst enemy cannot harm you as much as your own unguarded thoughts. 
Buddha

Votre pire ennemi ne peut pas vous nuire 
autant que vos propres pensées sans surveillance. 

Bouddha
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mercredi 12 décembre 2018

Denuement


Changer ? ou se dénuder…
J’ai longtemps cru que le bonheur espéré, la paix intérieure exigeaient de me transformer, de me parfaire. Que mon chemin intérieur devait entrainer un développement de mes qualités, de mes aptitudes, de mes capacités à aimer, à dire oui à la vie, à accepter, à être plus douce, à être plus tranquille, plus en paix, plus compétente, plus à l’écoute et à avoir un mental plus silencieux. Je croyais que le chemin allait me faire acquérir des capacités et qualités personnelles, que cela allait faire de moi une Séverine « optimisée » capable de vivre plus heureuse et plus forte au sein de ce monde qui me semblait compliqué et dangereux. Au contraire je me dévoilais, je me dénudais, je m’ouvrais à la vie. Le regard posé en moi-même de plus en plus profondément déracinait mes conditionnements psychologiques, mes croyances limitantes, faisait fondre mes attachements et s’effondrer les évidences. J’étais sur un chemin de dénuement pour dévoiler mon authenticité, mon être véritable.
Tout ce que je croyais à mon propos, tout ce à quoi j’étais identifiée, attachée, même profondément, tel que le fait d’être reconnue, d’être aimée, d’avoir le contrôle sur ma vie ou même cet interdit d’être soi, ou la souffrance, tout ces filtres à travers lesquels je vivais et qui impactaient fortement ma vie, ce sont peu à peu mis au second plan au point de ne plus piloter ma vie voire même de disparaitre. Les émotions se sont harmonisées et sont devenues de simples mouvements au cœur de mon être. Si certains changements interviennent, parfois même profonds, ils sont rarement ceux attendus et ce qui se dévoilent est toujours de l’ordre du dénuement. Aucun changement ne peut d’ailleurs améliorer ni altérer ce que nous sommes déjà fondamentalement et qui ne fait qu’être mis à jour par notre propre regard intérieur : notre être authentique.
Séverine Millet

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mardi 11 décembre 2018

Le dessein d'un dessin



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Extraits de : Regards sages sur un monde fou - Livre d'Arnaud Desjardins et Gilles Farcet

Moins on se connaît soi-même, moins l'inconscient et les dynamismes psychologiques sont pris en compte, plus on aboutit à une subjectivité sans frein. L'un des revers de la libre expression n'est-il pas justement le règne de la subjectivité totale ? Que chacun puisse soutenir tout et son contraire aboutit à un certain éclatement...

A. Desjardins :
A un éclatement certain. Effectivement, si la liberté n'aboutit qu'à de plus en plus de dissensions, de plus en plus de conflits d'opinions, de plus en plus de morcellement - il n'y a là rien de constructif. Ce qui est censé aujourd'hui faire l'intérêt d'un débat télévisé, c'est que les gens se contredisent. A l'issue de l'émission, le spectateur est laissé dans la confusion. Suivant que ses affinités le portent vers tel ou tel des intervenants, il va pencher plutôt d'un côté que de l'autre, mais il n'aura pas le sentiment d'avoir progressé dans la recherche, sinon de la vérité - dans le relatif, la vérité est toujours mouvante et fonction d'un ensemble- du moins d'une vision sereine des différents points de vue sur une réalité. De la discussion ne jaillit plus la lumière. Les " débats " dont notre monde est si friand auraient plutôt tendance à épaissir les ténèbres, à propager le doute et l'incertitude, ce qui est n'est pas sans conséquence sur le psychisme des individus et la structure même de la société. Plus de points d'appui stables, plus de repères certains, plus d'éthique reconnue inspirant les actions - et plus le moindre consensus quant aux principes directeurs et aux valeurs essentielles, que celles-ci soient laïques ou religieuses. 


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lundi 10 décembre 2018

Méditation ?


La méditation immobile, qui tient une place capitale dans le yoga ou dans la voie du zen avec le zazen, ne joue pas apparemment un rôle aussi important sur le chemin décrit dans mes différents livres. Tous ceux qui pratiquent une forme ou une autre de méditation se heurtent à des difficultés – agitation intérieure, distraction, associations d’idées – qui vont à l’encontre du propos de la méditation et mon propre gourou, Swâmi Prajnanpad, considérait qu’on ne pouvait efficacement méditer qu’après avoir érodé dans l’existence un grand nombre de ces difficultés ou obstacles intérieurs. 

Pourtant il est normal que vous cherchiez tous à comprendre quelle place la méditation peut tenir dans votre propre ascèse. La première chose à dire, c’est que le mot français méditation recouvre des activités très différentes qu’il ne faut pas confondre. Certaines méditations sont tout de suite accessibles aux débutants et d’autres ne sont fructueuses que pour les méditants entraînés qui ont déjà progressé sur le chemin de la simplification et du dépouillement intérieurs. 

La véritable méditation est une activité non seulement différente mais même, en un sens, opposée à toutes celles que nous connaissons. Qui dit activité dit faire quelque chose et la méditation consiste avant tout à ne pas faire, tout en étant présent à soi-même, vigilant, intensément éveillé. Pour comprendre l’essence de la méditation, il faut se souvenir de cette affirmation que nous sommes déjà ce que nous aspirons à être mais que nous n’en sommes pas conscients. 

Vous connaissez l’image que j’ai si souvent employée : « Nous sommes tous déjà nus sous nos vêtements. » Du fait des vêtements notre nudité demeure invisible, mais celle-ci n’est pas à projeter dans le futur comme le fruit de nos efforts ou l’effet de certaines causes, elle est là. Il y a simplement à la découvrir, à la révéler. C’est ce qui ne doit jamais être perdu de vue en ce qui concerne la méditation. Alors que dans la vie courante toutes nos tentatives visent toujours à mettre en œuvre des causes pour produire certains effets, dans la méditation il n’y a pas à produire, il y a à découvrir. 

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Arnaud Desjardins
Approches de la Méditation 

jeudi 6 décembre 2018

Conscience d'être relié...


Que penser de la crise actuelle ? 


Nous avons à prendre conscience d'une loi très profonde, ontologique, qui veut que l'humanité soit une. Ce que découvre aujourd'hui la physique quantique et qu'énonce David Bohm disant "Si l'humanité ne prend pas conscience qu'elle est une, elle va vers les plus graves périls". C'est la dure loi du Talion : Ce que nous faisons à l'autre nous est renvoyé en boomerang car l'autre est nous-même. Le globule blanc, défenseur du territoire de notre organisme le sait, qui ne tue pas le microbe appelé "non soi", mais l'intègre après avoir vérifié que l'organisme, appelé "soi", le porte en lui. Comme lui, il faut intégrer l'adversaire et non le tuer comme ennemi. C'est là une grande différence de conception de la guerre et de ses stratégies. Malheureusement l'humanité n'a vécu jusqu'ici que dans le concept infantile du meurtre de l'ennemi, sans réaliser qu'ainsi on se tue soi-même. A mon avis, lorsque dans les évangiles, le Christ demande à celui qui a reçu un soufflet sur une joue de tendre l'autre, il nous incite en fait à retrouver la mémoire de la zone que nous avons gifflée autrefois, dans un geste oublié.


Annick de Souzenelle
Pour une mutation intérieure


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