samedi 16 août 2014

Marche avec Christophe André

La marche en pleine conscience (7 ème jour de retraite)

“Le miracle, c’est de marcher sur la terre”, écrit le maître bouddhiste vietnamien Thich Nhat Hanh. J’ai vécu ce miracle chaque jour de la retraite. Régulièrement, nous sommes invités à pratiquer la “marche en pleine conscience” : une marche très lente, durant laquelle on s’efforce de se relier à toutes les sensations dues au fait de poser un pied devant l’autre.

Un peu étrange au début, car on est surtout occupé à se freiner, freiner l’automatisme de marcher vite et vers une destination. Là, on avance lentement, et on ne va nulle part. Il fait beau à peu près toute la semaine, alors je marche souvent pieds nus dans l’herbe. Je contemple les fleurs des champs. Je retrouve souvent les mêmes chaque jour. Un matin, vers 6h30 souffle un petit vent froid, qui fait ployer les brins d’herbe. Je me demande s’ils ont froid comme moi, et je ne trouve pas saugrenu de me poser la question. Dans la journée, je marche si doucement que je surprends souvent des grillons ou des lézards postés devant leur trou. Sentiment de proximité avec toute cette vie humble. Mais aussi avec les autres membres du groupe. La méditation n’isole pas du monde, au contraire : elle nous relie plus fortement encore à ce qui nous entoure. C’est peut-être pour cela qu’en chinois, “pleine conscience” s’écrit à partir des idéogrammes “présence” et “cœur”. Présence du cœur.

Peu à peu, pendant ces exercices de marche consciente, mon esprit cesse de bavarder. Je suis dans la marche et dans la présence. De temps en temps, je m’arrête pour regarder au loin, les arbres, ou le ciel et les nuages qui passent. Je repense à ces lignes de Henry David Thoreau, le philosophe et poète américain qui vécut deux années seul dans les bois du Massachussetts : “Pouvoir regarder le soleil se lever ou se coucher chaque jour, afin de nous relier à un phénomène universel, préserverait notre santé pour toujours. ” Cela me semble une évidence. Je me sens comme immortel…

Christophe André 
 Extrait du site : psychologies.com