vendredi 18 septembre 2015

Fabrice Midal : "On ne peut séparer le corps et la psyché"

Selon le philosophe et fondateur de l'École occidentale de la méditation, l'hypnose et la méditation nous font percevoir l'unité de notre être.

Quel rapport y a-t-il entre hypnose et méditation ? La première est une voie thérapeutique occidentale, la seconde est une discipline spirituelle venue d'Orient. Pourtant, malgré leurs histoires très différentes, elles présentent bien des points communs.

Premier point de rencontre : la guérison n'est pas le fruit d'un effort de la volonté, mais vient lorsqu'on cesse de tout vouloir organiser, gérer et dominer. C'est pour la plupart d'entre nous une affirmation surprenante, voire irritante. Si nous ne contrôlons pas les choses, nous avons l'impression d'être passifs. Or il n'en est rien. Ne rien faire de manière vraiment « active » nous pose de façon plus juste dans notre existence. Autrement dit, il ne s'agit pas de ne « rien faire » mais de cesser d'empêcher le mouvement de la vie de se déployer. Deuxième idée forte : réfléchir à nos problèmes nous égare bien souvent. Lorsque nous avons une difficulté, nous avons le sentiment que c'est en y réfléchissant encore et encore qu'une solution va apparaître. L'hypnose comme la méditation nous apprennent à nous poser dans la simplicité de notre être et à faire confiance. Quelque chose en nous sait quoi faire et ce n'est pas notre esprit habituel et étroit. Pour lui donner droit, il faut accepter que nous ne sommes pas d'abord des êtres intellectuels, mais des vivants. Chercher à entrer en soi pour se comprendre, loin d'éclairer, ne fait qu'égarer. Et c'est la troisième idée clé : l'hypnose comme la méditation visent à mettre un terme à la quête narcissique. Dans les deux cas, l'invitation est d'entrer de manière radicale, sans parachute, en rapport avec ce qui est, exactement tel qu'il est.

Enfin, la méditation et l'hypnose sont tout à fait étrangères à l'idée de psychologie, aujourd'hui dominante et même écrasante. François Roustang, référence en matière d'hypnose, dénonce dans ses ouvrages et en particulier dans Savoir attendre (Odile Jacob) l'impasse de la psychologie. Celle-ci prétend qu'il existe quelque chose comme une psyché séparée du corps - qu'il serait possible de connaître. Une telle croyance ne fait que déchirer l'unité de notre être et participer à la cause de notre malaise. L'hypnose comme la méditation sont tout autant une expérience « corporelle » qu'une expérience de l'esprit. Elles nous montrent combien notre manière de séparer ces deux champs nous prive de l'unité de notre être. Le mieux-être s'obtient en redevenant enfin un être vivant, pleinement incarné, posé dans son être.

> À lire
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