Si toutefois nous guérissons, c’est davantage à la manière d’un arbre, qui conservera les coups de hache et les marques du temps – la question, ici, est celle de la survie et de la croissance. Un arbre qui survit à un accident majeur de parcours et développe un tronc fort et robuste, mais de travers, peut-il être considéré comme guéri ?
Guérir en effaçant les souvenirs et les traces des traumatismes et blessures, ou guérir en continuant à évoluer en se rapprochant progressivement du bonheur — ou de l’éveil — sont deux perceptions radicalement différentes de la guérison.
Si nous prenons un ruisseau comme métaphore, nos blessures sont autant de pierres qui viennent en altérer, en dévier, le cours. L’intelligence de la vie évoquée pourrait alors être représentée par la force de gravitation, qui fait que le ruisseau coulera toujours vers le bas.
Guérir, selon moi, pour moi, et me concernant, a consisté à faire confiance à l’intelligence de la vie qui coulait en moi. Comme le ruisseau qui trouvera toujours son chemin vers la mer, d’une façon ou d’une autre.
J’entends guérison comme la résolution d’une entrave au bonheur ou à l’éveil, selon ce que nous poursuivons, chacun. Parfois, comme pour un ruisseau jonché de pierres qui viennent dévier son parcours, il convient de ne rien faire d’autre que de faire « confiance au processus de la vie ». C’est-à-dire de se fier à l’ordre naturel des choses.
Je constate qu’il est difficile – voire inacceptable – de concevoir cela, pour une personne qui souffre, mais il ne s’agit pas de ne rien faire, encore moins de se résigner. Il s’agit justement plutôt que de remuer ciel et terre, et d’établir des défenses, remparts, boucliers, carapaces et épines, de se connecter à l’intelligence du vivant. Je crois que la Conscience guérit tout ce qu’elle touche. Qu’aucun comportement destructeur ou malveillant ne résiste longtemps à la lumière de la conscience.
🙏 Stephan Schillinger
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