dimanche 31 janvier 2016

Méditer ! A quoi bon ? avec Jacques Castermane


Lorsque j’ai commencé la pratique de la méditation de pleine attention je m’exerçais animé par une profonde conviction. Mais je dois avouer que, en même temps, je me demandais à quoi cet exercice pouvait bien servir ? Quant à l’attention souhaitée, elle laissait souvent place à des pensées sur tout ce que j’aurais pu faire d’autre au cours de cette heure-là ! C’est en persévérant dans la pratique que j’ai commencé à voir le à quoi bon la méditation. Aujourd’hui, grâce à une pratique régulière j'en vois aussi les bienfaits dans la vie de tous les jours.

Zen veut dire méditer.
Zazen c’est être assis (za) dans la tenue et la forme corporelle les plus justes qui soient pour l’être humain, et ceci, en-deçà des caractéristiques particulières de chacun, par exemple: l'âge, le handicap.
C’est une expérience décisive que d’observer que cette forme vivante - le corps que nous sommes (Leib) - est un mode d’expression de notre vie intérieure. C’est le don du sculpteur que de révéler, à travers son ouvrage; l’état d’esprit, la couleur de la vie intérieure, l’humeur, la disposition affective de son modèle. Souvent j’ai pris le temps d’observer deux sculptures posées côte à côte : le « Penseur » de Rodin et le « Bouddha » pratiquant la méditation.
Le corps vivant (Leib) participe à la connaissance de soi à l’instant; perception de soi immédiate, globale. Il s'agit d'une connaissance de soi qui n’exige pas de faire retour sur soi par la pensée (son enfance, sa relation aux parents, etc.).

Quelle chance que d’avoir été initié et accompagné sur ce chemin de libération du vrai soi-même par un maître. Il m’arrive de penser à Graf Durckheim et à ce qu’il nous proposait comme enseignement au cours de la méditation du matin. Mais aujourd’hui je perçois et reconnaît combien c’était sa manière d’être et de vivre qui était la matière première de son enseignement. Par exemple, il m’a enseigné qu’il est possible de vivre en disposant toujours d’infiniment de temps intérieurement; enseignement qui ne passait pas par des paroles, des discours, des théories mais par sa manière d’être et d’agir.


Nous vivons un moment de l’histoire du monde où tout va de plus en plus vite. S’asseoir dans la tenue juste, dans un bon équilibre entre tension et détente et, tout en exerçant la parfaite immobilité porter son attention sur le va-et-vient du souffle pourrait paraître stérile; certains trouvent cela ... réac ! Mais ce n’est pas le cas. La pratique régulière de la méditation est un chemin de guérison de l’homme contemporain stressé, inquiet, agité, méfiant.
Les intentions de notre vraie nature, de notre être essentiel, se déploient en méditant. Ces intentions innées ne sont autres que le calme intérieur, le silence intérieur, la paix intérieure.
Pratique égoïste, égocentrique, individualiste ? Non. Offrir cette manière d’être inhabituelle à celles et ceux avec qui nous vivons ou travaillons témoigne que le souci des autres n’est pas absent de la pratique méditative.

Jacques Castermane __________________________________________________________________


samedi 30 janvier 2016

Alexandre Jollien : « Il n’est pas meilleur instant que celui qui m’est donné »



« Dans un superbe livre dédié à Platon, le philosophe Alain décape une fausse conception de la liberté. Si je ne peux plus choisir aujourd’hui de m’être par le passé marié avec ma femme, je peux choisir de l’aimer de tout mon cœur d’instant en instant. L’horizon qui se dégage me réjouit. Le défi, c’est d’exercer cette liberté jusque dans les obstacles : je n’ai pas décidé d’être handicapé, mais je peux décider d’en faire un terrain d’exercice, une chance pour progresser. 

Après tout, il n’est pas meilleur instant que celui qui m’est donné, là, tout de suite, pour devenir un mari plus aimant, un père de famille plus attentif, une personne handicapée plus joyeuse... Le regret nous fige dans le passé, vivons plutôt à fond dans le présent. Dans la culpabilité, je décèle aussi une sorte d’intériorisation du regard de l’autre, comme si les reproches que j’avais mille fois entendus avaient fini par générer une auto-accusation, permanente et malsaine. Regretter le passé, croupir dans les remords bouffent une énergie considérable. Pourquoi ne pas simplement prendre acte de nos erreurs et essayer d’en tirer un enseignement ? (…) 

Entre de cruels tiraillements et un laxisme qui passe tout, se dessine un chemin. Pas à pas, nous pouvons avancer dans la non-fixation et dans l’amour. »


extrait de "Trois amis en quête de sagesse".


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vendredi 29 janvier 2016

Christophe André : « Pardonner est un acte de ­libération »



« Il y a tellement de situations où les personnes répugnent à demander pardon, parce que, tout en sachant qu’elles ont fait du mal à l’autre, elles ont le sentiment que l’autre est coresponsable, qu’il a provoqué, et fait lui aussi du mal. Demander pardon ne veut pas dire qu’on est le seul coupable, ni qu’on s’infériorise par rapport à l’autre, c’est juste la reconnaissance du mal qu’on a causé, le souhait que l’autre accepte le pardon que nous lui proposons. (…) 

Pardonner est un acte de libération, qui permet de s’affranchir du ressentiment, de l’envie que l’autre soit puni et souffre à son tour. (…) 
Le travail très spécifique sur le pardon insiste sur le fait que pardonner n’est pas dire : “Ce n’est rien, je te pardonne.” C’est dire : “J’ai souffert, mais je te pardonne.” C’est associer sa souffrance à un mouvement de pardon. Alors que gommer pourrait banaliser le comportement qui a posé problème. »




extrait de "Trois amis en quête de sagesse".


Christophe André : « C’est l’après-guerre qui prépare la paix véritable »



« Quand on a échappé à la souffrance ou traversé des épreuves, on peut se préparer à affronter les souffrances ou les épreuves suivantes (il y en a toujours dans nos vies) : on reste en guerre. Ou bien on peut prendre le temps de savourer l’apaisement et de jeter sur nos existences un regard différent, de construire avec elle un rapport différent : c’est l’après-guerre, qui prépare la paix véritable. Ni amnésie ni insouciance ; juste la conscience que l’adversité nous a appris à mieux savourer la non-adversité. »


extrait de "Trois amis en quête de sagesse".

jeudi 28 janvier 2016

Matthieu Ricard : « Faire de la souffrance un moyen de nous transformer »


 « La souffrance n’est jamais désirable en soi, mais, une fois qu’elle est présente, autant
mobiliser toutes nos ressources et tirer avantage de tous nos liens avec autrui pour faire de cette souffrance un moyen de nous transformer. 
C’est un peu comme lorsqu’on tombe à l’eau et que, au lieu de se laisser couler, on prend l’eau comme support pour nager et revenir sur la berge : on se sert de la souffrance elle-même pour trouver la force de lui faire face. 

 Une fois que l’on a acquis cette résilience, nos futures confrontations avec les épreuves ne seront plus les mêmes. Après avoir rencontré mon maître ­Kangyour Rinpotché en 1967, l’année suivante j’ai traversé quelques bouleversements dans ma vie affective. Je me suis alors aperçu que, si je regardais au plus profond de moi, au-delà de l’atmosphère de tristesse qui dominait mes pensées, je trouvais un espace de paix inaltérable et lumineux, dans lequel je me sentais en parfaite communion avec mon maître. 

Cette expérience a été pour moi une grande ouverture. Elle m’a donné un sentiment de confiance si grand que je me suis dit : “Quels que soient les obstacles que je rencontrerai dorénavant, il me sera toujours possible de revenir à cet espace de paix intérieure.” »


extrait de "Trois amis en quête de sagesse".



mercredi 27 janvier 2016

Christophe André : « Arrêter de parler, comme cesser de manger, n’est pas difficile »


« J’adore les retraites silencieuses ! D’ailleurs, elles révèlent exactement le même mécanisme que pour le jeûne : on s’aperçoit qu’arrêter de parler, comme cesser de manger, n’est pas difficile, même si parfois, pour les grands bavards extravertis, il y a quelques ­difficultés au début. 

Et surtout, on comprend beaucoup mieux ce que signifie la parole, le rapport à la parole, aux paroles inutiles, aux paroles automatiques, aux paroles erronées, aux paroles hâtives. Quand on sort des retraites en silence, on a pris goût à la vraie parole. 

Tout comme après un jeûne, on préfère la vraie nourriture à la junk food. On a pris goût à la parole qui ne s’exprime que s’il y a quelque chose à dire, et pas seulement le bavardage, le remplissage ou le radotage. »


extrait de "Trois amis en quête de sagesse".


mardi 26 janvier 2016

Alexandre Jollien : « Quand je suis abattu, j’essaie de ne pas résister »


Vivre à fond ce qui nous trouble, sans nier quoi que ce soit, et avancer dans une extrême douceur, voilà le défi. J’ai longtemps eu en horreur la notion d’acceptation. Souvent, nous croyons qu’il s’agit de nous amputer de nos émotions, de leur tordre le cou. 
Accepter, c’est avant tout les voir, accueillir, comme si elles étaient nos enfants, sans les juger. Ainsi, quand le chagrin me visite, au lieu de le fuir à tout prix, faire l’expérience complète de cette tristesse me permet de passer à autre chose, de tourner la page. Quand j’étais petit, je ne me laissais jamais aller totalement à la peine. Toujours, j’ai résisté jusqu’à l’épuisement. 

Aujour­d’hui, quand je suis abattu, j’essaie, au contraire, de couler un temps, de ne pas résister. Je constate que je peux flotter, même au cœur de l’agitation. Voir que les émotions ne tuent pas finit par donner une grande confiance. Je dirais presque qu’en un sens les tempêtes nous aident. Rien ne contrarie davantage le dire « oui » joyeux que le déni face à ce qui nous agite. 

La deuxième pratique, celle qui me nourrit le plus, consiste à laisser passer. Mille fois par jour, laisser passer les angoisses, les peurs, les émotions, comme autant d’abeilles qui viendraient bourdonner autour de nous : plus nous les chassons, plus elles s’agitent. Laissons-les simplement déguerpir, sans réagir le moins du monde. »

extrait de "Trois amis en quête de sagesse".




lundi 25 janvier 2016

Matthieu Richard : « Qu’est-ce qui compte vraiment dans mon existence ? »


« Le renoncement ne consiste pas à se priver de ce qui est vraiment bon, mais de se débarrasser de ce qui crée la souffrance. Pour y parvenir, il faut d’abord laisser de côté les activités qui ne sont constructives ni pour soi ni pour les autres. (...) 

 Certaines choses nous paraissent intéressantes, mais ne contribuent en rien à notre liberté intérieure, quand elles ne lui font pas carrément obstacle. 

On raconte qu’un brahmane très curieux de nature venait souvent poser une foule de questions au Bouddha, du genre : “L’univers est-il infini ? A-t-il eu un début ? Pourquoi les fleurs ont-elles différentes couleurs ? ”, etc. Parfois le Bouddha lui répondait, et parfois il restait silencieux. Un jour, alors que le brahmane insistait à nouveau, le Bouddha prit une poignée de feuilles dans ses mains et lui demanda : “Où y a-t-il davantage de feuilles, dans la forêt ou dans mes mains ?” Le brahmane n’eut guère de peine à répondre : “Dans la forêt bien sûr.” Le Bouddha lui dit alors que, comme les feuilles de la forêt, les sujets de connaissance étaient innombrables, mais que seule une poignée d’entre eux étaient indispensables pour atteindre l’Éveil. 

Connaître la température des étoiles ou la façon dont les végétaux se reproduisent est passionnant à bien des points de vue, mais cela ne nous aide pas à comprendre la nature de notre esprit, à nous libérer des toxines mentales, à acquérir une bienveillance sans limite, et en fin de compte à atteindre l’Éveil. (…) D’où l’importance de notre questionnement initial : “Qu’est-ce qui compte vraiment dans mon existence ?” Est-ce me faire piéger par des miroirs aux alouettes en misant sur la richesse, le pouvoir et la célébrité ? Ou est-ce œuvrer au bien des autres et de moi-même ? Le vrai pratiquant n’a aucun mal à renoncer aux choses futiles, car il éprouve à leur égard aussi peu d’intérêt qu’un tigre pour un tas de paille. Il s’attache donc à “simplifier, simplifier, simplifier”, comme disait Thoreau.

extrait de "Trois amis en quête de sagesse".



dimanche 24 janvier 2016

Alexandre Jollien : « Prier c’est oser une confiance totale en plus grand que soi »


« Bâtir une spiritualité au carrefour des traditions n’est pas sans risques. Il faut se garder d’absolutiser un chemin sans se perdre dans la dispersion et le syncrétisme. 
Pour ma part, j’essaie de suivre le Christ, et sur ce chemin le bouddhisme m’aide à me délester du moi et de tout son attirail. Chaque jour, j’essaie de fréquenter les Évangiles et de nourrir une authentique vie de prière. 
À mes yeux, prier, c’est se déshabiller pour de bon, quitter un à un tous les rôles pour se tenir à l’écoute d’une transcendance et oser un abandon, une confiance totale en plus grand que soi. 
Ici les étiquettes, les représentations, les attentes volent en éclats et le moi peut s’éclipser. Il en faut, du courage, pour se laisser tomber au fond du fond, oser ne rien faire, ne rien dire, ne rien vouloir et laisser Dieu s’occuper de Dieu. 
Prier, c’est dire oui à tout ce qui arrive, vivre sans pourquoi. Alors nous quittent, presque malgré nous, les mécanismes de défense, les refus et cette soif de tout maîtriser.
C’est, dépouillé de tout, que l’on peut oser l’impensable : appeler Dieu, Père. 
Si ce chemin est difficile, aride parfois, car le moi résiste toujours, j’y trouve une joie immense, une liberté qui m’invite à me débarrasser des béquilles, pour avancer et aimer gratuitement. »

extrait de "Trois amis en quête de sagesse".

vendredi 22 janvier 2016

Alexandre Jollien : Ce que je veux bâtir avec ma vie


L'auteur de l'Éloge de la faiblesse et du Métier d'homme loue l'humilité en illustrant son propos avec une anecdote incroyablement drôle et pleine d'autodérision. Cette retraite dans le Périgord et ces échanges entre trois amis avaient pour but de revenir à l'essentiel, et tenter de répondre à cette question: «Qu'est-ce que je veux bâtir avec mon existence?»





Les leçons de bonheur de Frédéric Lenoir

Philosophe, sociologue, chercheur associé à l’EHESS, Frédéric Lenoir explore depuis 20 ans, à travers ses livres, les chemins de la sagesse pour un art de vivre contemporain. Son dernier essai, Du bonheur. Un voyage philosophique  (Fayard), revient sur les sources de notre bonheur. Selon lui, c’est en cultivant l’essentiel, en empruntant le chemin du juste choix que nous trouverons d’avantage de joies et que nous les vivrons plus profondément.

Le bonheur durable est selon vous le fruit d’un travail sur soi.

La phrase de Gandhi « Soyez le changement que vous voulez dans le monde » est emblématique de notre époque. Changer le monde et notre mode de vie passe par une transformation intérieure pour être efficace et éviter les batailles d’ego. J’observe depuis quatre ou cinq ans, en même temps que montent la conscience écologique et les réactions à la société marchande, un rapprochement entre les spirituels, ces chrétiens ou ces bouddhistes qui s’engagent pour de grandes causes, et les militants politiques de l’altermondialisme, qui comprennent que leur combat a besoin d’être nourri d’un regard profond sur le monde. On ne peut prôner un nouveau modèle mondial fondé sur la solidarité et la coopération entre les êtres qu’à condition d’être témoin de ce que l’on dit et de travailler sur soi.

En quoi ce regard remet-il en cause notre mode de vie ?

Le progrès technologique nous a ouvert tous les possibles, mais on s’est encombré d’un tas de choses, surtout matérielles, et nous en voyons les limites. Nos modes de vie accélérés nous empêchent de nous relier à ce qu’il y a de plus profond en nous. Nous voulons tout faire et nous manquons de temps. Le besoin de simplifier sa vie est devenu criant. Cela peut passer par un tri de tous les objets inutiles, mais aussi de ses nombreuses relations, de ses multiples activités : une sélection pour prendre davantage de temps pour soi et retourner à l’essentiel. On ne peut tout faire en préservant la qualité.

À quel bonheur aspirons-nous ?


Les enquêtes mondiales se rejoignent : le premier pilier du bonheur est la qualité relationnelle dans la structure familiale et amicale, mais aussi la sphère sociale et professionnelle. Selon les pays, elle sera plus ou moins développée. L’Allemagne ou la Suisse sont par exemple bien plus avancées que la France sur des problématiques telles que le bien commun et le sens de l’intérêt général. Nous vivons dans un pays très individualiste, qui a du mal à trouver une unité nationale, où l’esprit corporatif domine sur le collaboratif. La deuxième condition est de s’épanouir dans son activité professionnelle. Même précaire, notre travail doit avoir un sens. L’argent comme unique finalité ne peut être source d’épanouissement. Enfin, il est primordial de se sentir bien dans son corps. Cela nous amène à faire des choix d’alimentation cohérents avec nos principes éthiques, en prenant plus de produits naturels, en limitant la viande – qui coûte cher –, en refusant d’acheter si l’on est sensible à la souffrance animale ce qui provient de l’élevage intensif. Le bonheur est le fruit d’un équilibre entre notre corps, nos valeurs et notre esprit.

Il est temps d’ajuster nos désirs au monde plutôt que le monde à nos désirs.

Cette philosophie stoïcienne nous invite à changer de regard : si nous exigeons du monde qu’il se plie à nos désirs, nous serons perpétuellement frustrés. L’homme a tendance à toujours vouloir plus, plus grand, plus beau. Nous sommes dans une boulimie du tout faire, tout avoir. La clé de la sagesse est donc l’allégement, l’autolimitation de nos désirs, en les ajustant au monde tel qu’il est : limité et en crise. Cultiver l’essentiel, c’est ce à quoi nous invitent tous les courants de sagesse du monde, des stoïciens aux bouddhistes, en passant par Spinoza, Montaigne… et Jésus. En empruntant ce chemin du juste choix, nous trouverons davantage de joies et nous les vivrons plus profondément.


source : La Vie


jeudi 21 janvier 2016

Entretien avec Pierre Rabhi

Entre deux interviews, la promotion de ses livres dont le dernier s'est écoulé à plus de 300 000 exemplaires, les visites des «people» qui viennent lui demander conseil, Pierre Rabhi qui a fait le choix, il y a cinquante ans de tout quitter pour s'installer dans une ferme d'Ardèche, nous a accordé un long entretien.
Vous êtes invité par la loge moissagaise «Grains de laïcité». Êtes-vous proche ou membre de la franc-maçonnerie ?
Pas du tout, je ne suis ni franc-maçon, ni rien du tout d'ailleurs (rire). J'ai été musulman, puis catholique, aujourd'hui, je n'appartiens à aucune église, aucun parti politique… Je suis totalement autonome.
Êtes-vous devenu athée ?
Si je n'ai pas d'appartenance officielle, je reste un être spirituel libre, et par ce fait, je ne crois pas que le monde s'est fait par hasard.
Vous croyez en quoi alors ?
Au divin, à la vie… Ce monde est tellement malade, horrible que si notre humanité ne réagit pas pour changer et notamment cesser de fabriquer des armes, polluer la Terre, nous disparaîtrons. Un tel mode de fonctionnement démontre, pour moi, que l'Humanité est inintelligente.
Vous prônez l'agroécologie… ces principes simples de nos aïeux tels que le compostage, la pluriculture sont-ils suffisants pour sauver l'Humanité de sa tentation autodestructrice ?
La terre, c'est l'élément qui nourrit avec l'eau et l'air qui nous sont indispensables à notre survie. Beaucoup oubli que nous sommes composés pour l'essentiel d'H2O. Arrêtons donc de séparer la nature et l'Homme. À force de détruire, nous arrivons à une Humanité absurde.
Mais vous prônez quoi concrètement ?
Moins de pesticides et d'engrais chimique… L'agroécologie, c'est une agriculture qui refuse d'empoisonner la terre, préserver la biodiversité des semences dont 70 % ont disparu à cause des Monsanto et de leurs OGM. C'est un crime contre l'Humanité ! Tout cela nous condamne si l'on ne réagit pas. Il faut s'occuper de la Terre et éduquer nos enfants pour les orienter vers un système qui prône la coopération, pas la compétition.
L'ennemi c'est donc le capitalisme, la mondialisation ?
C'est la puissance de l'argent, c'est continué à faire du fric en épuisant les ressources de la mer, des forêts… La Terre est devenue une planète psychiatrique. Nos sociétés sont dans un attentat permanent.
La solution, c'est la décroissance ?
Si la croissance économique, c'est pour faire de la croissance qui détruit, mettre une machine qu'un être humain, je ne donne pas cher de notre peau. Notre société est bloquée, elle est devenue extrêmement fragile, le travail manque, la charge des exclus du système ne cesse de croître, et la France ne doit pas penser qu'elle est à l'abri des lourdes secousses qui ont touché la Grèce, l'Espagne ou l'Égypte qui avait tout misé sur le tourisme. Je trouve d'ailleurs absurde que l'on qualifie le bonheur humain sur le PIB alors que nos sociétés qui sont dites enviables, ne sont pas heureuses. Pour preuve, c'est là où l'on y consomme le plus d'anxiolytique.
Vous avez fait le choix de tout quitter et de revenir à la terre…
Avec ma compagne, nous avons décidé de vivre à la campagne depuis 1961. Je ne voulais pas troquer ma vie pour un salaire, et une fois que je ne sers plus à rien me retrouver dans une maison de retraite. J'ai fait le choix de la simplicité même si ma réputation me vaut aujourd'hui une certaine prospérité que je n'ai pas cherchée. J'ai tout simplement voulu faire ce que je veux de ma vie.
C'est cela qui fait venir chez vous une Marion Cotillard ou un Julien Doré ?
Lorsque l'on est dépouillé de ces titres, l'être humain est nu, fragile. Je me fous que les gens soient des stars, je ne cours pas après. S'ils veulent me rencontrer et je ne suis pas un gourou ! C'est que ce sont des personnes comme les autres qui ne sont pas épargnées par le malheur et les souffrances. Ils sont dans la quête, comme tout le monde du bonheur. Les yachts, les jets n'apportent que des plaisirs décevants, l'argent annihile tout le monde…
En 2017, vous serez à nouveau candidat à l'élection présidentielle ?
Non. mais nous sommes en train de constituer un forum civique qui prendra la forme d'un manifeste qui entend mobiliser les consciences pour éviter de tomber dans le piège des extrêmes, de la xénophobie…

source : La Depêche



mardi 19 janvier 2016

"Le ventre est un symbole fort en médecine chinoise"

Haut lieu de transformation et de métabolisation des aliments, le ventre occupe une place importante dans la pensée et la médecine chinoises. Le docteur Gilles Andrès, président de l’Association française d’acupuncture, nous explique pourquoi.

Les intestins sont-ils aussi considérés comme un deuxième cerveau en médecine chinoise ?

Plusieurs points d’acupuncture du méridien du gros intestin sont spécifiques aux maladies neurologiques, comme l’hémiplégie, et certains points situés sur l’abdomen ont des indications digestives et psychiques, voire uniquement psychiques. Mais désigner les intestins comme notre deuxième cerveau me paraît exagéré. Il y a des neurones dans l’intestin, mais pas de pensées. On est plus dans le domaine du subconscient. D’ailleurs, les problèmes digestifs sont souvent liés au stress et à des choses difficiles à formuler, inconscientes. Dans la pensée chinoise, le cerveau est le siège de l’esprit et des fonctions supérieures de l’homme, tandis que le thorax abrite l’âme et le ventre plutôt les appétits grossiers.

Si le ventre est le centre des désirs, il est pourtant aussi le centre de l’homme ?

C’est là effectivement toute la subtilité de la pensée chinoise, qui mêle différents niveaux d’interprétation. Le tronc, dans la Grande Triade chinoise, est composé du thorax, qui représente le Ciel, du bas-ventre, qui correspond à la Terre, et du ventre, qui symbolise l’Homme lui-même. Le ventre est le centre même de l’homme, le lieu des transformations. C’est le réceptacle général des souffles (le qi) et la source de la vitalité, désignée chez les Japonais par hara.

Quel est le rôle des organes de la digestion dans la médecine chinoise ?

Ils sont considérés comme des zones énergétiques et chaque organe est associé à une saison, une saveur, un élément et une qualité. Ainsi, l’estomac est un lieu de transformation, l’intestin grêle un lieu de réception et de purification et le gros intestin un lieu de transmission et d’élimination. Ces processus ne sont pas purement chimiques, mais avant tout énergétiques. Chaque aliment nourrit ainsi un organe particulier à travers ses saveurs (acide pour le foie, doux pour la rate, amer pour le cœur…) ou sa nature (humide, frais, chaud, sec). D’où l’importance d’une alimentation variée, mais aussi adaptée aux saisons, aux terrains ou aux pathologies en diététique chinoise.

Comment s’interprètent les pathologies digestives ?

L’intestin grêle récolte, fait prospérer ce qui vient de l’estomac sous l’action du feu du cœur : sans cela, on assiste à des angoisses, insomnies, problèmes de concentration et difficultés digestives. La rate joue un rôle important et régit les passages à l’acte reliant la pensée, le sens et l’intention. Sa défaillance – reflet de ruminations – peut entraîner des lourdeurs, ballonnements ou brûlures digestives. Foie et vésicule biliaire forment un couple à part. La vésicule biliaire est l’organe de la décision, à l’origine du commencement et de l’action. Les personnes qui ont des problèmes de vésicule ont souvent du mal à démarrer le matin. Le foie est quant à lui le général des armées et régule les agressions digestives. Il est associé à la colère, mais aussi à la lumière et à la possibilité d’ascension spirituelle. Organe du printemps, de l’extériorisation, de l’ascension et de la créativité, il joue un rôle important dans les troubles digestifs et je constate fréquemment que les gens bloqués dans leur imaginaire présentent souvent des problèmes de foie avec des reflux, nausées, vomissements ou crises de foie. Enfin, le gros intestin est, lui, associé aux poumons, et un déséquilibre de ces deux organes peut se manifester par de la tristesse. En ce sens, la médecine chinoise fait effectivement écho aux récentes découvertes sur les liens entre émotions et intestins…


dimanche 17 janvier 2016

Kyrie Eleison avec Jean-Yves Leloup


...Le père Séraphim m’expliqua que dans le premier Testament, la méditation est exprimée par des termes de la racine haga, rendus le plus souvent en grec par mélété, meletan, et en latin par meditari, meditatio. En son sens primitif, cette racine signifie « murmurer à mi-voix ». Elle est également employée pour désigner des cris d’animaux, par exemple le rugissement du lion (Isaïe XXXI, 4), le pépiement de l’hirondelle et le chant de la colombe (Isaïe XXXVIII, 14), mais aussi le grognement de l'ours.


« Au Mont-Athos, on manque d’ours. C'est pourquoi je t’ai conduit auprès de la tourterelle, mais l'enseignement est le même. Il faut méditer avec ta gorge, non seulement pour accueillir le souffle, mais aussi pour murmurer le Nom de Dieu jour et nuit... Quand tu es heureux, presque sans t’en rendre compte, tu chantonnes, tu murmures quelquefois des mots sans signification, et ce murmure fait vibrer tout ton corps de joie simple et sereine.

Méditer, c'est murmurer comme la tourterelle, laisser monter ce chant qui vient du cœur, comme tu as appris à laisser monter en toi le parfum qui vient de la fleur... Méditer, c’est respirer en chantant. Sans trop m’attarder à sa signification pour le moment, je te propose de répéter, de murmurer, de chantonner ce qui est dans le cœur de tous les moines de l’Athos : Kyrie eleison, Kyrie eleison... »

Cette idée ne me plaisait guère. Lors de certaines messes de mariage ou d’enterrement, j’avais déjà entendu cela, traduit en français par « Seigneur, prends pitié ». Le père Séraphim se mit à sourire : « Oui, c’est l’une des significations de cette invocation, mais il y en a bien d’autres. Cela veut dire aussi “Seigneur, envoie ton Esprit ! Que ta tendresse soit sur moi et sur tous, que ton Nom soit béni”, etc., mais ne cherche pas trop à te saisir du sens de cette invocation, elle se révélera d'elle-même à toi. Pour le moment, sois sensible et attentif à la vibration qu’elle éveille dans ton corps et dans ton cœur. Essaie de l’harmoniser paisiblement avec le rythme de ta respiration. Quand des pensées te tourmentent, reviens doucement à cette invocation, respire plus profondément, tiens-toi droit et immobile et tu connaîtras un commencement d'hésychia, la paix que Dieu donne sans compter à ceux qui l’aiment. »

Au bout de quelques jours, le Kyrie eleison me devint un peu plus familier. Il m’accompagnait comme le bourdonnement accompagne l’abeille lorsqu’elle fait son miel. Je ne le répétais pas toujours avec les lèvres ; le bourdonnement devenait alors plus intérieur et sa vibration plus profonde. Ayant renoncé à « penser » son sens, il me conduisait parfois dans un silence inconnu et je me retrouvais dans l'attitude de l’apôtre Thomas lorsque celui-ci découvrit le Christ ressuscité : Kyrie eleison, « mon Seigneur est mon Dieu ».

L’invocation me plongeait peu à peu dans un climat d’intense respect pour tout ce qui existe, mais aussi d'adoration pour ce qui se tient caché à la racine de toutes les existences...

Extrait de "L'Assise et la marche"
Par Jean-Yves Leloup


samedi 16 janvier 2016

Les conseils de Patrick Pelloux pour chercher le bonheur


L’urgentiste et chroniqueur à Charlie Hebdo a perdu ses amis dans l’attentat perpétré le 5 janvier 2015 contre le magazine satyrique. Un an après, il s'est confié à La Vie sur sa quête spirituelle. Voici ses conseils spirituels.

1. Prenez soin de vous et des autres
Par mon métier, j’avais déjà conscience de la fragilité de l’existence, mais maintenant c’est autre chose. Tel un parfumeur qui extrait le nectar des plantes, je tente désormais de savourer chaque instant. Prendre soin de soi, c’est aussi s’écouter et respecter son corps en faisant du sport, en pratiquant une forme de méditation, en dormant suffisamment. Prenez soin des autres aussi, en essayant de soulager leur souffrance, en leur offrant votre présence. Une mode dirait que d’être gentil est ridicule. C’est un des plus beaux compliments que l’on puisse faire à quelqu’un.

2. Soyez dans l’action
Certains jours, je n’ai qu’une envie : rester avec mon chat, dans mon lit. Mais je m’oblige à y aller, à me lever. C’est là que je puise ma force. La force dans l’action. J’ai toujours été comme ça, avec un petit côté soldat de la santé ! C’est ça qui m’a aidé à tenir. Là-dessus, Charb m’a beaucoup appris : pour cet homme courageux, vaillant, discipliné, il fallait toujours travailler, continuer, ne pas se lamenter. Son enseignement est un moteur.

3. N’ayez pas peur du changement
J’arrête mes chroniques à Charlie Hebdo car je dois passer à autre chose. Ce choix n’est pas facile mais il est essentiel dans la vie de savoir rompre, se séparer, pour avancer. Peu à peu, je réoriente ma vie, je m’attèle à d’anciens projets laissés de côté. Je suis moins dans l’immédiateté, lis davantage, renonce aux choses qui n’ont, à mes yeux, plus d’intérêt pour moi. Je fuis ce qui est désagréable aussi, comme la méchanceté que certains peuvent avoir. Je n’ai pas de temps à perdre.



vendredi 15 janvier 2016

Patrick Pelloux : "Je suis un athée compliqué"(2)


Mon métier comporte en fait un caractère religieux : l’aide au prochain. J’ai toujours voulu être docteur. Lorsque j’avais 17 ans, la mort accidentelle d’un neveu âgé de 2 ans a sans doute dynamisé cette nécessité de faire médecine. Ma vocation vient des boat people de la fin des années 1970. J’appartiens à la génération Charlie Hebdo, Balavoine, Coluche… Ne pouvant pas partir en mission humanitaire – j’ai eu deux enfants assez tôt –, j’ai finalement réalisé que ce type d’action pouvait être mené en France, en bas de chez soi. Pendant 15 ans, notre combat avec des amis a été de faire naître et exister la discipline d’urgentiste.

J’ai toujours été dans un état d’esprit cartésien. Mon père ne croyait pas, ma mère si. Elle m’a transmis sa gentillesse. Pour moi, la spiritualité est un peu au-dessus de la religion : elle transcende quelque chose. Plus j’avance, plus je mesure l’énormité du problème, de la complexité des personnes et de l’existence. Mystère d’une vie après la mort, mystère des pouvoirs de l’esprit. Je me pose toutes ces questions. Celles relatives à la souffrance et à Dieu ont toujours été chez moi obscures. Comment peut-il laisser faire ? En fait, je suis un athée compliqué. Sans cesse, je suis confronté au lien entre la religion et la mort. 54 % des certificats de décès en France sont remplis par les urgentistes. L’expression religieuse ressort souvent dans ces moments extrêmes. Je vois des prêtres au chevet de catholiques, des Africains aux rites étranges, des musulmans préparer l’enterrement qui aura lieu en Tunisie, des juifs organiser des cérémonies à même les chambres... Oui, j’aide à ça. J’ai tendance à croire que les gens vont chercher dans la religion de la bienveillance. Un réconfort. Et je le respecte.

En tant qu’urgentiste, je dois me battre pour la vie. Malgré son absurdité, du fait de sa finalité. C’est assez étonnant. Quelque chose d’absurde n’est pas forcément négatif... Cette vie est magnifique, belle comme un feu d’artifice. Beauté de la culture, de la rencontre, de la nature... Beauté des sourires, des rires, de la gentillesse, des combats contre les souffrances. Un des secrets de l’existence est que le bonheur n’est pas une chose acquise. Il est très difficile d’être heureux. Garder son âme de môme pour être capable de s’émerveiller demande un véritable travail. Moi qui aurais dû être tué le 7 janvier, je vois chaque jour comme un cadeau. Comme une chance renouvelée pour un monde meilleur. Chaque matin doit être le premier.

Que reste-t-il chez les gens à la frontière de la mort ? Que reste-t-il sur leur table de chevet ? Une Carte bleue, des projets immobiliers, des bijoux ? Rien de tout ça. Il ne reste que l’amour. Une photo ancienne d’un proche, une boîte ayant appartenu à leur mère, de petits objets, de petits riens, essentiels à leurs yeux. Cette idée de la croissance selon laquelle il faut à tout prix consommer est une erreur philosophique. J’ignore si c’est l’amitié qui est la succursale de l’amour ou le contraire, mais c’est ce qui me fait vivre. Depuis les attentats, mon détachement pour les choses matérielles a pris un autre niveau. Je me concentre sur l’essentiel : la vie. Je suis un scientifique mais je dois reconnaître que l’amour est immatériel. En fait c’est ça : l’amour est ma religion ! »

> Les étapes de sa vie :
1968 Naissance à Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne).
1993 Intègre les urgences de l’hôpital Saint-Antoine à Paris.
1998 Création de l’Association des médecins urgentistes de France.
2000 Rencontre Charb.
2003 Alerte les médias sur les conséquences de la canicule.
2003-2015 Chroniqueur à Charlie Hebdo.
2008 Muté au Samu de Paris.
2010 Publie Histoire d’urgences, tome 2 (Cherche-Midi).
2014 Publie On ne vit qu’une fois (Cherche-Midi).
2015 Attentats à Charlie Hebdo. Reçoit la Légion d’honneur.

(source : La Vie)



jeudi 14 janvier 2016

Patrick Pelloux : "Je suis un athée compliqué"(1)


Il y a un an, l’urgentiste et chroniqueur à Charlie Hebdo a perdu ses amis dans l’attentat perpétré contre le magazine satyrique. Dans la douleur de la perte, il a renoué avec la vie. Pour la première fois, il confie sa quête de sens.

« Depuis le 7 janvier 2015, un cimetière intérieur siège en moi. En quelques secondes, mes amis ont été sauvagement abattus. Lorsque je suis arrivé à la rédaction de Charlie Hebdo, ils étaient tous là, gisant dans leur sang. Moins de deux heures avant, j’avais Charb au téléphone, pour lui dire que j’arriverais après ma réunion à la Fédération nationale des sapeurs-pompiers, située à deux pas des locaux du journal.

Depuis un an, j’ai envie d’arrêter le temps. Dès le jour du drame, j’ai lutté contre lui, lorsque je tenais la main encore chaude de Charb, mort. Cette chaleur ne devait pas partir... Plus les mois passent, plus la déchirure de l’éloignement s’étire. Je les cherche partout, ces amis de toujours. Parfois j’ai l’impression de voir Charb dans la rue. Le fils d’une amie a la même coupe de cheveux que les Beatles, comme Cabu. Dès qu’on me parle d’économie, je dégaine Bernard Maris. Si l’accord d’un passé composé me fait enrager, je pense à Mustapha Ourrad, le correcteur. Dans un rêve, je suis tombé sur Cabu devant un kiosque. « Que fais-tu là ? », lui ai-je demandé. « Je suis partout », m’a-t-il répondu. Mes proches sont là par les souvenirs. Ma peur est que ces derniers s’étiolent avec le temps.

La sidération épouvantable a laissé la place à un grand vide, accompagné d’un combat médiatico-politique. Nous devions parler de ceux qui étaient morts. Parler de telle manière que l’on ne tombe pas dans la haine. Tous les musulmans ne sont pas terroristes, mais tous les terroristes étaient musulmans. Me reconstruire fut très compliqué. Il a d’abord fallu lutter contre le somatique. J’ai pris 10 kilos, eu d’énormes troubles du sommeil, de concentration, consommé un peu trop d’alcool, dû cesser de travailler pendant près de deux mois.

Le yoga m’a permis de prendre du recul, et a ouvert en moi des espaces nouveaux, que j’appelle « bulles de repos ». Je m’y endormais au début, épuisé. Aujourd’hui, elles sont le lieu de la ­respiration et de l’évasion. Dans ces « bulles » aussi, je parviens à davantage canaliser ma solitude, à la transformer. Cette solitude, proche de l’insatisfaction existentielle, est là depuis toujours, et pouvait d’ailleurs énerver Charb qui ne comprenait pas : comment pouvais-je ressentir ça au milieu d’amis ?

Ces attentats ont radicalisé mon empathie pour la souffrance. Aggravé mon besoin d’aider les gens. Le 13 novembre, je n’ai pas réfléchi : endossant ma blouse de médecin, j’ai accouru au Bataclan...



(à suivre)


mardi 12 janvier 2016

Trois amis en quête de sagesse


Christophe André, Alexandre Jollien et Matthieu Ricard : Un psychiatre, un philosophe et un moine nous parlent de l’essentiel. Ils sont amis dans la vie. 
On les connaît pour leur sagesse, les valeurs qu’ils défendent dans leurs livres et dans les médias. Chacun dans son domaine est l’auteur de bestsellers qui touchent un vaste public. 
Depuis des années, ils rêvent d’écrire un livre ensemble. Pas un débat, pas «un livre de plus», mais un vrai projet, profond, intense, et surtout utile au plus grand nombre, basé sur leurs expériences diverses, pour questionner ce qui fait la joie et les difficultés de vivre.





La critique du Figaro par Mohammed Aïssaoui (Le Figaro)
Une affiche incroyable, un casting d’enfer : Christophe André, Alexandre Jollien et Matthieu Ricard publieront le 13 janvier un livre à six mains, Trois amis en quête de sagesse (L’Iconoclaste- Allary Éditions). 

L’histoire du livre est aussi fascinante que le livre lui-même. Les trois amis pensaient à ce projet depuis longtemps. « Voilà trois ans maintenant que nous avions décidé de nous retrouver pour écrire ensemble un livre sur la manière de conduire son existence. Pas un manuel assenant des leçons, mais un ouvrage parlant de nos convictions et de notre expérience. Il nous semblait que nos trajectoires, si différentes, nos trois “métiers” - philosophe, moine, psychiatre - permettraient peut-être un croisement fécond de points de vue sur les grands sujets qui interrogent tout être humain lorsqu’il réfléchit à la manière dont il mène sa vie », affirment-ils en préambule. Le projet n’a réellement pris forme qu’en janvier 2015. 

Jollien : « Ce livre est né d’une profonde amitié qui nous nourrit tous trois au quotidien. Durant cet échange, j’ai vraiment eu l’impression d’entrer dans une sorte de laboratoire philosophique et spirituel… Ce qui m’a touché aussi, c’est la volonté d’écrire pour transmettre un message, de faire œuvre utile. Cette motivation a imprégné tout notre séjour. » 



Quelles sont nos aspirations les plus profondes ? Comment diminuer le mal-être ? Comment vivre avec les autres ? Comment développer notre capacité au bonheur et à l’altruisme ? Comment devenir plus libre ? Sur chaque thème, ils racontent leur expérience, leurs efforts et les leçons apprises en chemin. Chaque fois, ils nous proposent des conseils. Leurs points de vue sont différents, mais ils se retrouvent toujours sur l’essentiel. Un livre limpide et lumineux pour apprendre le métier de vivre.



lundi 11 janvier 2016

2016 avec Gilles Farcet






BONNE ANNEE 


Bonne année, dites vous, bonne année …

En vérité vous le savez:
Le cauchemar va continuer
Sans plus de queue ou tête
Aujourd’hui et demain qu’hier
Truc s’enfoncera encore dans sa mauvaise foi
Bidule bidouillera comme à son habitude
Machine sera toujours aussi névrosée,
Machin toujours aussi lâche

La médiocrité continuera de se rengorger
Les insensés de se perdre par leur impiété
Et l’homme impuissant dans ses œuvres de faillir ici bas

L’innocence sera bafouée
Les vieux seront abandonnés

Les attentats seront perpétrés
Quantité de commentaires postés
Les uns et les autres continueront
A exister à la petite semaine
Comme si la Parole ne les avait jamais atteints
Jusqu’à ce que la mort les surprenne
Dans une brume mi épouvantée mi médicalisée

Le climat se réchauffera
La courbe du chômage montera

Des messieurs en costume
Se fourniront encore en frissons et mornes vertiges
Auprès de jeunes femmes sinistrées

Pères et mères ne seront pour la plupart pas honorés
Par leurs progénitures tant et plus blessées

Le feu continuera de couver
Dans le bardo des cités
Les dealers de dealer

Et les ascenseurs d’être en panne

Gens de peu comme gens de trop
S’emploieront à se stupéfier
Par ingestions massives de bouffe, de boisson
D'information et de distractions
Le fils de l’homme sera encore livré
L’étranger déporté
Le dissident emprisonné
Le juste calomnié
Des noirs découperont leurs voisins à la machette
Des Américains ouvriront le feu dans des écoles
Au moyen d’armes acquises en toute légalité
Des fermiers ruinés se pendront
Des femmes battues se tairont
Des hommes castrés péteront les plombs
Des organes seront prélevés

Des bébés mis sur le marché

Les espèces menacées seront encore chassées
Les forêts décimées
Les déchets enterrés

Pour tout dire et
En résumé
L'abomination ne s'en laissera pas compter
Bonne année dites vous bonne année

Et
En vérité vous le savez

La merveille ,
Celle la même qui maintes fois le jour
Me précipite face contre terre

La merveille
Adviendra maintenant
Des hommes et des femmes de bonne volonté
Persisteront à prier, a méditer à contempler

Le couchant embrasera les prés

Des forces seront pour toute la vie puisées
Dans le regard de leur grand père
Par des enfants guillerets

Des gens de bien s'acquitteront toujours avec dignité
De ce qui leur sera demandé

Des verres de bon vin continueront de tinter
En toute convivialité
De bons repas seront préparés

Des chants seront chantés
Des danses seront dansées
Des poèmes composés

Des grâces seront dispensées
Des promesses seront honorées

Le christ ressuscitera
Le bouddha s'éveillera
Arjuna sera libéré
Le fils prodigue reviendra

La pharmacienne de la rue du Faubourg st Denis
Poursuivra son commerce
De bodhisattva de quartier

Mon vieux voisin de la Chambarie
cultivera notre potager

Le petit garçon du magasin de Saint Savin
Entre légumes et fleurs, sur sa trottinette
Se fraiera un chemin

Ta volonté parfois sera faite
Sur la terre comme au ciel
Pas assez pour que cela se sache
Suffisamment pour tout racheter

La beauté s'insinuera
La bonté ne faiblira pas

Aujourd'hui comme hier
Des humains se lieront
Pour travailler de concert

A leur rédemption ordinaire

X se résoudra à voir et à entendre
Y renoncera à lutter pied à pied
Z choisira la voie de la vulnérabilité
Des larmes nous seront arrachées
Par l’avènement de la vérité

Ni optimiste ni pessimiste
Revenu de tout émerveillé d'un rien

Je n'attends rien et j'espère tout
De cette nouvelle année donnée

Alors bonne année bonne année
A nous, à vous tous, bonne année



Gilles Farcet 



dimanche 10 janvier 2016

Deux tu l'auras... avec Joshin Luce Bachoux


« Un bon tien...», dit le monsieur ; il s'interrompt, lève l'index et me regarde d'un air sagace : «...vaut mieux que deux tu l'auras ». Je souris, poliment intéressée, mais je n'en crois pas un mot. Que cette petite phrase se présente comme une morale ne lui donne pas, selon moi, de valeur, et ce n'est pas parce que d'autres caractères pompeux l'ont répétée à travers les âges que ça la rend vraie. Tout au plus peut-on dire que la formule est bien troussée !

J'aime bien les « tu l'auras » ! Un peu d'espoir, un peu de rêve, un peu de courage. Sans cela, Christophe Colomb se serait-il embarqué pour l'Amérique ? Marco Polo serait-il allé jusqu'en Chine ? Aurait-on envoyé tant de Spoutnik vérifier si Mars était plein de petits hommes rouges et l'espace aussi immense qu'il le paraît ? Plus simplement, cramponné à son « bon mien », qui quitterait son village pour aller voir ailleurs si l'herbe est plus verte ?

Mais, poursuit le raisonnable, maintenant vous avez perdu ce que vous aviez sans être sûr d'obtenir ce que vous voulez. Ah ! La belle affaire ! De quoi peut-on être sûr dans notre vie ? Oui, parfois nous perdons. Nous perdons du temps, de l'argent, des occasions : peut-on toujours gagner ? Notre vie est-elle faite pour entasser, conserver et se mettre sous cloche parce que le vent souffle et que les nuages approchent ? Certes, je n'aurai sans doute pas réussi tout ce que je suis partie faire, mais dans le mouvement, dans l'audace, j'aurai appris tant de choses ! Appris qu'il est possible de se lancer sans avoir d'abord assuré toutes ses prises : ces moments de déséquilibre, de manque nous font chercher en nous des ressources insoupçonnées de force et de débrouillardise. 
Nous allons sortir de notre bulle parce que nous aurons besoin des autres, et nous les rencontrerons sur leur terrain, pas sur le nôtre. Nous aurons à faire preuve à la fois de jugement et de confiance. Nous allons prendre sinon notre mesure, néanmoins une mesure de nous-mêmes. Nous apprendrons de quoi nous sommes capables, quelles sont les peurs que nous pouvons dépasser, et quelles sont les limites qui nous retiennent. Je vois, parfois dans la douleur, que je ne vais pas réussir tout ce que j'ai tenté mais je comprends aussi que je peux accepter cela. Que tenter et ne pas réussir n'est pas un échec irréversible mais un apprentissage ; que rater, se tromper, perdre n'est pas la fin de tout, mais le début d'une réflexion : pourquoi cette erreur ? Comment puis-je mieux faire, quelles conclusions tirer de ces mésaventures ?

C'est vrai, nous allons revenir parfois blessés ou tristes. C'est vrai que la prudence est louable, tant qu'elle ne nous paralyse pas, et que la peur est bonne conseillère, à écouter pour choisir le chemin le plus sûr. Mais avancer ! Découvrir ! Rencontrer ! Cela vaut bien quelques découragements, quelques difficultés. Et, promis, je ne m'en prendrai à personne de mes échecs, et je remercierai le monde entier pour mes réussites. Je sais que je suis responsable de mes choix, je connais cet autre proverbe : « Comme on fait son lit, on se couche »... et je choisis un lit de mousse et un oreiller d'herbe plutôt qu'une chambre close.

« Deux tu l'auras » et peut-être trois ou quatre...ou rien ! Il ne s'agit pas de jouer notre vie à pile ou face, mais de la vivre, dans son insécurité, dans sa richesse, dans sa finitude. Vivre en faisant du mieux possible pour nous-mêmes et pour tous ceux qui nous accompagnent, en se laissant guider, non par des paroles creuses, mais par notre cœur.

Joshin Luce Bachoux, nonne bouddhiste, qui anime la Demeure sans limites, temple zen et lieu de retraite à Saint-Agrève, en Ardèche.



vendredi 8 janvier 2016

Le choix d'être heureux avec Gilles Farcet


En cette vie, que cherchons-nous ? Nous avons tous en nous la nostalgie du bonheur et, au fond, nous agissons toujours en vue d'atteindre ou de retrouver une forme de paix et de joie, et ce même lorsque nous nous trompons et que nos choix nous conduisent à souffrir davantage. 
C'est en acceptant de nous voir tels que nous sommes que nous pouvons espérer comprendre comment nous fonctionnons, et dans quelle mesure nous sommes prisonniers de nos peurs et de nos attentes. Connaître notre prison, c'est nous donner les moyens de nous en libérer, pour atteindre cette autonomie sereine à laquelle nous aspirons. 
Or, contrairement à ce que prétendent aujourd'hui nombre de marchands de prêt à penser et à vivre, il n'existe pas de formule pour être heureux. Ce texte n'est donc pas un recueil de « recettes » visant au bien être ; plutôt un petit traité de pratique spirituelle. Gilles Farcet s'appuie ici sur son parcours et sa longue expérience d'une voie pour tenter de dissiper quelques illusions, proposer de nouveaux positionnements intérieurs et surtout montrer ce qui nous exile du simple sentiment : ici et maintenant, je me sens ouvert, positif et content.











lundi 4 janvier 2016

Saint Augustin par Michel Delpech


J’ai découvert saint Augustin il y a bientôt 30 ans, après mon voyage à ­Jérusalem. Depuis, je ne l’ai plus quitté ! J’ai énormément d’admiration et d’affection pour cet homme, ce grand serviteur de l’Église. Il en est, à mes yeux, le plus grand personnage. Je le vois comme une figure indépassable, un génie, au même titre qu’un Léonard de Vinci. Et son talent littéraire est énorme.

Avant sa conversion, il a connu la vie terrestre, ses plaisirs et ses dangers. Tous ces chemins parcourus pour arriver à Dieu me touchent beaucoup. C’est un homme sur qui on peut poser sa tête. Sans parler d’identification, je peux me ­reconnaître en lui par la vie ordinaire qu’il a vécue avant d’être prêtre puis évêque. Il n’a pas tout de suite été saint. Il a fallu du temps, qu’il se bagarre avec la vie. Ce parcours semé d’embûches est très rassurant.

Lorsque je lis les Confessions ou que je pense à lui, je le vois comme un contemporain : il aurait pu naître aujourd’hui. J’avais écrit une chanson, il y a 40 ans, que j’avais appelée les Aveux. Récemment, une nouvelle traduction a rebaptisé les Confessions, les Aveux. C’est extraordinaire, non ? Augustin est un homme de toutes les époques, il est universel. Tout comme Jésus, saint Jean de la Croix ou sainte ­Thérèse de Lisieux, je l’aime. C’est un ami à qui je parle régulièrement et à qui je vais rendre visite de temps en temps à l’église qui lui est dédiée, boulevard Malesherbes à Paris (dans le VIIIe arrondissement).



Le poète et Père de l’Église
354 Naissance à Thagaste (Algérie).
371 Liaison avec celle qui lui donnera un fils en 372.
386-387 Conversion et baptême à Milan.
388 Retour en Afrique. Il y mène une vie intellectuelle et monastique.
391 Ordination à Hippone (Algérie).
396 Évêque d’Hippone.
401-402 Parution des Confessions.
430 Mort d’Augustin à Hippone, alors assiégée par les Vandales.

A méditer
« Aussi, en toute hâte, je revins à l’endroit où Alypius était assis : oui, c’était là que j’avais posé le livre de l’Apôtre tout à l’heure, en me levant. Je le saisis, l’ouvris et lus en silence le premier chapitre où se jetèrent mes yeux : « Non, pas de ripailles et de soûleries ; non, pas de coucheries et d’impudicités ; non, pas de disputes et de jalousies ; mais revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ, et ne vous faites pas les pourvoyeurs de la chair dans les convoitises. » Je ne voulus pas en lire plus, ce n’était pas nécessaire. À l’instant même, en effet, avec les derniers mots de cette pensée, ce fut comme une lumière de sécurité déversée dans mon cœur, et toutes les ténèbres de l’hésitation se dissipèrent. »

Les Confessions,
Scène du jardin (livre VIII)


À lire
Une année avec Saint Augustin
Les plus beaux textes à découvrir chaque jour et à méditer Sermons, commentaires de psaumes, lettres, confessions… l’évêque d’Hippone a beaucoup écrit. Au travers de 400 textes issus de son œuvre, le lecteur pourra s’immerger dans la pensée augustinienne tout au long de l’année liturgique. Et enrichir son approche, grâce aux commentaires de fins connaisseurs de cette figure, comme Isabelle Bochet, Frédéric Boyer, Benoît XVI ou encore Jean-Luc Marion.
Bayard, 29,90 €.

Les Confessions
Un monument. Par ces 13 livres autobiographiques, ­Augustin nous offre un des plus beaux testaments spirituels de l’histoire de la littérature. De sa jeunesse, marquée par la débauche et l’oisiveté, à sa conversion fulgurante et absolue, c’est toute une vie intérieure, en perpétuelle soif de vérité et de Dieu, qui y est révélée. Le Seuil, 9 €.

À faire
Se former au collège des Bernardins Benoît XVI lit les Pères de l’Église À partir des catéchèses du pape, le père Jacques Ollier, docteur en théologie, propose de découvrir les Pères de l’Église, véritables pasteurs pour la communauté chrétienne. Parmi eux, saint Augustin, source inépuisable d’inspiration pour Benoît XVI. Vendredi 10 h-11 h 30, du 7 février au 23 mai 2014. Tarif plein/réduit 130 €/65 €. www.collegedesbernardins.fr




Des conseils pour "Passer ma route" par Michel Delpech


1. Écoutez votre conscience
Nous quittons Dieu lorsque nous transgressons notre conscience. Si nous l’outrepassons mais que nous pensons, à tort, que c’est une bonne chose, Dieu ne nous en voudra pas. Mais si la motivation réside dans l’intérêt ou l’orgueil, alors nous nous éloignons de lui. Comment être à l’écoute de sa conscience ? Par le silence, la méditation et la prière. Les moments de solitude débouchent toujours sur une réponse, une voie nous paraissant plus claire, plus sage, plus évidente qu’une autre.

2. Prenez le temps
Le silence n’est pas sans lien avec le temps : face à une possibilité ou une décision à prendre, ne vous précipitez pas. Pesez bien le pour et le contre. Bien que cela soit séduisant sur le moment, vivre dans l’emballement et l’exaltation permanente ne mène à rien et l’apparence du moment peut être trompeuse. Le cœur et la raison doivent fonctionner en bonne entente. Certains choix déterminent nos vies. Faisons en sorte qu’ils soient le plus justes possible.

3. N’ayez pas peur
Lorsque vous devez faire des choix, n’ayez pas peur de prendre la direction la plus difficile, si c’est celle qui vous semble la plus juste, la meilleure pour vous. Nous avons tous de bonnes raisons de préférer la facilité, qu’elle soit matérielle, affective ou professionnelle. Or, la voie la plus étroite est toujours la bonne. Les vertus se nourrissent entre elles, c’est la même chose pour les défauts. Mais il est plus facile de céder au mal, d’écouter ses bas instincts, que d’acquérir quelques vertus. Pourtant, c’est en développant ses vertus que l’on accède au bonheur !

4. Apprenez à prendre du plaisir
Écoutez de la bonne musique, ne perdez pas votre humour, restez proche de vos amis, restez vous-même quel que soit votre interlocuteur. Et puis allez vous promener, découvrez les fleurs, parlez aux arbres, n’oubliez pas que les animaux sont de merveilleuses créatures de Dieu. La vie est belle, rendez grâce à Dieu en l’appréciant.




Les étapes de sa vie
1946 Naissance à Courbevoie (92).
1952 Première communion.
1970 Début d’une longue quête spirituelle.
1976-1982 Dépression.
1981 Rencontre frère Odon à l’abbaye de Saint-Wandrille (76).
1985 Mariage avec Geneviève dans une église copte, suivi d’un voyage à Jérusalem, où il va rencontrer le Christ.
2013 Apprend qu’il est atteint d’un cancer de la langue. Sortie du livre J’ai osé Dieu…
2015 Fin du chemin