mercredi 30 septembre 2020

Hommage à Quino et à sa création


 Cette BD a beaucoup marqué ma jeunesse


Il faut changer le monde vite fait, sinon c'est lui qui va nous changer.



A force d'être moderne, je me demande si la vie est encore la vie…



Puisque nous aimer les uns les autres, on n'y arrive pas, pourquoi on n'essaierait pas de nous aimer les autres les uns ?
Même mes faiblesses sont plus fortes que moi.


Ce qu'il y a de triste avec les moyens de communication de masse, c'est qu'ils ne nous laissent plus le temps de communiquer avec nous-mêmes.



Ca fonctionne comment, au juste ? Nous menons notre vie, ou bien c'est la vie qui nous pousse ?


citations de Quino
Joaquín Salvador Lavado
mort le 30 septembre 2020

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Rappel : la Vérité est à découvrir


Si vous voulez voir la vérité, éteignez votre TV et allez la chercher avec bon sens et discernement...

« Selon une légende du 19e siècle la Vérité et le Mensonge se sont rencontrés un jour. 
Le Mensonge dit à la Vérité :
"Il fait très beau aujourd'hui"
La Vérité regarde autour d'elle et lève les yeux au ciel, le jour était vraiment beau. Ils passent beaucoup de temps ensemble jusqu'au moment d'arriver devant un puits. 
Le Mensonge dit à la Vérité :
"L'eau est très agréable, prenons un bain ensemble !"
La Vérité encore une fois méfiante touche l'eau, elle était vraiment agréable. Ils se déshabillent et se mettent à se baigner.
D'un coup, le Mensonge sort de l'eau, met les habits de la Vérité et s'enfuit. 
La Vérité furieuse sort du puits et court partout afin de trouver le Mensonge et de récupérer ses habits.
Le Monde en voyant la Vérité toute nue tourne le regard avec mépris et rage.
La pauvre Vérité retourne au puits et y disparait à jamais en cachant sa honte.
Depuis, le Mensonge voyage partout dans le monde habillé comme la Vérité, en satisfaisant les besoins de la société, et le Monde ne veut dans aucun cas voir la Vérité nue. »

Tableau : "La Vérité sortant du puits"
Jean-Léon Gérôme, 1896

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mardi 29 septembre 2020

Recevoir la légèreté


La légèreté, elle est partout, dans l’insolente fraîcheur des pluies d’été, sur les ailes d’un livre abandonné au bas d’un lit, dans la rumeur des cloches de monastère à l’heure des offices, une rumeur enfantine et vibrante, dans un prénom mille et mille fois murmuré comme on mâche un brin d’herbe, dans la fée d’une lumière au détour d’un virage sur les routes serpentines du Jura, dans la pauvreté tâtonnantes des sonates de Schubert, dans la cérémonie de fermer lentement les volets sur le soir, dans la fine touche de bleu, bleu pâle, bleu-violet, sur les paupières d’un nouveau-né, dans la douceur d’ouvrir une lettre attendue, en différant une seconde l’instant de la lire, dans le bruit des châtaignes explosant sur le sol et dans la maladresse d’un chien glissant sur un étang gelé, j’arrête là, la légèreté, vous voyez bien, elle est partout donnée. 



Et si en même temps elle est rare, d’une rareté incroyable, c’est qu’il nous manque l’art de recevoir, simplement recevoir ce qui nous est partout donné.

Christian Bobin 
La folle allure

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lundi 28 septembre 2020

Akinori Kimura et ses pommes miraculeuses

 


C’est une histoire bouleversante qui se passe au Japon. Akinori Kimura est très peu connu et pourtant, quel courage !

Il est né en 1949 au Japon, au nord de l’île de Honshu, dans une famille de paysans où la pénurie était présente et où il fallait se battre pour survivre. Les perspectives d’avenir pour lui étaient assez limitées : travailler dans une rizière ou dans un verger, cultures dominantes dans sa région. Fort en maths, Akinori adorait démonter des trucs, comprendre comment "ça marche" et de fil en aiguille, il obtient un diplôme et un travail de contrôleur de budget à Kawasaki.

Mais au bout d’un an et demi de cette vie citadine qui lui plaît bien, il apprend que son grand frère intègre l’armée et il est sommé de rentrer immédiatement pour reprendre l’exploitation familiale. Résigné, il rentre et, tout en rêvant de mécanique, il s’applique au travail dans le grand verger. C’est alors qu’il rencontre sa future épouse, Mieko, elle aussi fille d’agriculteurs.

Ils travaillent ensemble, protégeant leurs cultures de pommes et de maïs des insectes avec des produits phyto-sanitaires innovants, présentés à l’époque comme des "solutions miracle" pour augmenter les rendements… On les appelle aujourd’hui des pesticides et hélas, ou heureusement, Mieko se révèle très sensible à ces produits.

Affolé par l’état de santé de sa femme, il décide de chercher une solution et la trouve dans un ouvrage sur l’agriculture naturelle emprunté à la bibliothèque : ainsi, il serait possible de cultiver la terre sans pesticides ? Oui, mais personne ne l’a encore fait avec des pommes, fruits fragiles et très appétissants pour des tas d’insectes. Qu’à cela ne tienne, il se lance.

Sauf que… si ces essais fonctionnent bien au potager, c’est la catastrophe avec les pommes. Un pommier après l’autre, les fruits sont dévorés par les insectes ou poussent mal, peu, voire pas du tout. Les récoltes se perdent les unes après les autres, les économies de la famille sont englouties, Akinori est la risée de tous ses confrères et ses enfants souffrent de cette pauvreté.

Un jour, désespéré de voir ses pommiers dépérir, pétri de honte et usé par tant d’efforts, il décide de se suicider et part en forêt pour se pendre. Mais la corde casse et sa chute le laisse sonné, sur le sol, à regarder les choses depuis là… et ainsi se fait sa révélation : ce ne sont pas les arbres qu’il faut bichonner avec des produits naturels, c’est le sol !!

Revivifié par cette perspective, il se remet au travail, vend ses derniers biens et... un beau jour ses pommiers fleurissent !! Il décide alors d’aller les vendre lui-même sur un coin de rue et le goût de ses pommes miraculeuses était si fin que les clients commencèrent à affluer. C’est ainsi qu’en 2006, la grande chaîne de télévision NHK a pu raconter son histoire et qu’Akinori est, depuis, invité régulièrement en tant qu’expert en arboriculture sans pesticide car il a réussi à retrouver la connaissance d’avant l’ère industrielle et à faire pousser des pommes sans pesticide alors que tout le monde disait que c’était impossible.

Il a donné une conférence TED en 2013 (non sous-titrée).
On peut lire le récit de la vie de Akinori Kimura traduire en français, Les Pommes Miracles, éd. Akata.

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dimanche 27 septembre 2020

Conscience tragique.

"Le rêve est fascinant : il concerne tout le monde et on en sait si peu..." 

Et dans le cerveau, que se passe-t-il quand on dort?


"Il ne faut pas voir le cerveau endormi comme au repos, encore moins éteint. Il travaille tout autant qu’à l’éveil : il garde les informations utiles et supprime les autres, fait des synthèses et des rapprochements entre des souvenirs identiques, les distribue dans le cortex pour qu’ils deviennent pérennes, fait de la régulation émotionnelle…
Il procède à un gros tri destiné à faire de la place et du sens pour le lendemain. Et pour cela, il a besoin de se mettre en veilleuse. Il ne conserve que la capacité à identifier s’il y a besoin de se réveiller ou non. Et tout cela, il l’accomplit de façon totalement différente de l’état de veille, ce qui permet un équilibre entre une pensée rationnelle et une pensée associative, émotionnelle. La nuit, les modes de raisonnement ne sont pas linéaires ou logiques - les contraires sont possibles. Cerveau éveillé, cerveau rêvant… Nous avons besoin des deux.
Ce monde qui n’accorde de la valeur qu’à la conscience, à la logique et pas du tout à l’inconscient, à la rêverie, c’est dramatique."

Perrine Ruby
Chercheuse en neurosciences
source : Sciences et avenir 2020


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samedi 26 septembre 2020

Je suis positif !

 


J'ai fait le test. Je suis positif. J'ai hésité à l'annoncer à ceux qui me sont proches, mais je leur dois la vérité. S'ils craignent de le devenir, ils devront se protéger de moi : je n'ai aucune envie de les éviter ! Je ne sais pas bien comment j'ai pu attraper ça. J'ai dû croiser quelqu'un qui était contagieux ou séjourner dans un cluster sans le savoir. Je suis positif : il va falloir que l'on fasse avec. Il faudrait - pour un bien ? - que je me mette en quatorzaine, comme on dit aujourd'hui : c'est ce qui est recommandé, pour ne pas dire obligatoire. Mais si je suis positif, je dois dire que j'en suis plutôt heureux : j'espère de tout mon cœur que je n'en guérirai pas !

Positif à l'espérance

Je n'évoque pas ici le Covid, vous l'aurez bien compris. J'évoque ici un certain regard sur la vie, une façon de me tenir dans l'existence qui me fait oublier ou au moins traverser - je vous l'assure - le sombre inévitable des jours, des mois et des années. Une façon, ces temps-ci, d'aborder autrement la rentrée que d'aucuns prédisent infiniment morose. À vrai dire, « positif » n'est pas vraiment le mot juste. Pas plus qu'« optimiste ». Et pas béat non plus. Aucunement naïf - qu'on m'avertisse, si c'est le cas ! Et pas non plus « béni oui-oui » ... Les événements économiques, écologiques et pandémiques qui secouent la planète, du bout du monde jusque dans nos intérieurs, ont de quoi troubler et inquiéter. Ce serait sot de ne pas le reconnaître !

L'espérance ne s'achète pas. Elle ne se décide pas. Elle se transmet sans crier gare, comme un virus.

Plutôt que testé « positif », c'est « positif à l'espérance » qu'il faudrait plutôt dire. Cette espérance, qui n'a pas de point commun avec la méthode Coué, ne consiste pas à dire à qui mieux mieux que tout ira bien demain, mais à croire que chaque chose qui arrive a un sens. Il reste à le trouver. Il n'est rien, dans tout ce qui touche l'homme et notre humanité, qui ne soit un appel à des audaces nouvelles, à un tremplin pour accueillir ou inventer un « à-venir », à un chemin nouveau à défricher et à risquer. Même les plus terribles des déroutes.

L'espérance ne s'achète pas. Elle ne se décide pas. Elle se transmet sans crier gare, comme un virus, au contact de ceux qui s'étonnent chaque matin de la vie qui est donnée, qui discernent les possibles, font le choix de se réjouir d'abord de ce qui va bien, s'émerveillent des petites choses. Elle se reçoit dans l'attention à ceux qui s'aventurent sur les sentiers de justice, de partage et de fraternité. Elle se greffe dans l'intime à la lecture de paroles fortes qui élèvent le coeur. Ils sont nombreux, autour de nous, ceux qui portent les symptômes bienfaisants de l'espérance. Et plus nombreux encore ceux qui n'en savent rien, mais sont déjà atteints et contagieux de cette heureuse « maladie ».

Apprendre à déchiffrer la vie

Il ne faut pas lutter. Pas résister. Ne pas se prémunir d'eux. Tant mieux si le virus de l'espérance se propage dans ce monde qui en a tant besoin. Il faut refuser aux crieurs de mauvaises nouvelles leurs soi-disant vaccins d'information et de recettes consuméristes qui nous entraînent du côté de l'obscur. L'espérance, la « petite fille espérance » comme la nommait Charles Péguy, entraîne notre foi et notre charité du côté où la vie est possible (le Porche du mystère de la deuxième vertu). Sans elle, elles ne seraient rien que « deux femmes d'un certain âge. Fripées par la vie ».

L'espérance soutient tout. Elle donne de comprendre, comme l'écrit Madeleine Delbrêl, que « comme l'arabe, les vrais signes de Dieu sont écrits à l'envers de notre écriture à nous. C'est pourquoi nous voyons si souvent une tentation de désespoir là où il y a un signal d'espérance, une destruction là où il y a une fondation » (Œuvres complètes, volume 3, Nouvelle Cité). Elle donne d'apprendre à déchiffrer la vie. Nos livres spirituels et nos rites religieux ne serviront à rien si nous n'apprenons pas à déchiffrer notre vie et les signes des temps. L'espérance se plaît à dilater en nous des « yeux de chouette » capables de nous faire avancer à temps et à contretemps. Plaise à Dieu que nous nous laissions toucher.


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vendredi 25 septembre 2020

Hommages

 


Et Dieu dans tout ça, celui qui attend dans la chanson « J’arrive », de Jacques  Brel ? (extrait d'une interview de Juliette Gréco dans La Croix en 2009)

Dieu le Père, ça ne marche pas. Moi, j’aime la Mère et le Fils, Marie et Jésus. Je n’ai pas rencontré beaucoup de prêtres et de religieux dans ma vie. En revanche, j’ai échangé avec des croyants, ceux qui n’avaient pas perdu la foi. Ils ont bien de la chance. Ce monde devient si étrange que la foi devient à la fois difficile et exotique. Mais j’exagère. J’ai beaucoup aidé le curé du village où je vis, dans l’Oise. C’était un vrai soldat du Christ, au sens noble. Quand j’y suis arrivé, il y a cinquante ans, il n’avait pas le sou. J’ai acheté des bancs pour l’église du village et j’ai participé à la réparation des cloches. J’habite dans son ancien presbytère. C’est là que le nouveau disque a été enregistré. Cette vielle maison respire, par certains côtés, la misère et le dévouement des curés de campagne de jadis et garde une jolie atmosphère.



“Je suis un enfant naturel, né hors mariage de l’amour de ma mère et de son amant, un enfant considéré comme une « honte » par sa famille. Quel long chemin depuis ce départ si difficile jusqu’à aujourd’hui, où je suis habité de paix et de confiance !

Cela aurait pu mal finir, mais Dieu m’a sauvé. À des moments importants de ma vie, j’ai écouté Ses appels et j’y ai répondu. Nous sommes tous appelés. Dans un monde si dur, marqué par le chômage, la violence, la pauvreté, les familles disloquées, la solitude…, l’amour de Dieu est pour nous la plus belle des espérances

J’ai voulu écrire ce livre car on me pose tant de questions sur mon chemin spirituel, ma foi, ma prière, mon lien d’amour avec Dieu. J’ai souhaité raconter et partager. Admirer aussi les êtres qui m’ont guidé et inspiré.

Dieu est si présent, si actif dans nos vies que tout est possible. À n’importe quel moment, à n’importe quel âge, qu’on soit riche ou pauvre, homme ou femme, pratiquant ou pas, bien portant ou malade, oui, tout est encore possible. Il nous faut juste nous ouvrir, nous offrir à Lui.

Il n’est jamais trop tard pour le plus grand Amour. “

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mercredi 23 septembre 2020

Chute silencieuse...

 Désolé je n'ai pas pu faire d'article pour aujourd'hui. Je suis tombé d'une échelle et j'ai passé ma nuit et la journée à l'hôpital. Je reviens avec deux broches et un plâtre sur le poignet droit.

C'est plus long d'écrire à une main...

Allez on continue le chemin...



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mardi 22 septembre 2020

Les 5 étapes pour transformer vraiment

 

Voici quelques jalons permettant de passer du désir ou du souhait, à la transformation. Ces étapes peuvent s'appliquer à presque n'importe quel processus de changement profond.

1) Zhi 知 Savoir: ce premier pas semble évident, pourtant, il ne l'est pas tant que ça. Pour pouvoir changer, la première chose, c'est de savoir qu'il y a quelquechose à changer. Cela demande d'avoir le courage de regarder en soi-même, plutôt que de projeter tous nos problèmes à l'extérieur: structures, réseaux, jobs, partenaires, famille, etc... Savoir, c'est aussi comprendre qu'une solution existe, qu'une méthode est à disposition, qu'une aide est disponible, et avoir l'humilité d'y faire appel le cas échéant. Mettez ensemble cette capacité d'introspection couplée à cette humilité, et vous comprenez pourquoi ce premier pas est bien moins simple que prévu.
2) Ming 明: Comprendre, éclairer. Après le point 1, il va s'agir d'observer les différentes pièces de notre échiquier intérieur. De voir comment elles sont liées et interagissent. On appuie sur ce bouton, voici celui-ci qui s'allume automatiquement. On appuie sur celui d'à côté, et voici un autre bouton qui s'allume, etc...Cette période peut durer longtemps, et son principal danger, c'est de s'y complaire. On n'a jamais vraiment fini d'éclairer et il n'est pas nécessaire d'avoir le sentiment d'avoir terminé pour passer au point suivant.
3) Wu 梧: Réaliser. Ici, réaliser veut dire: entendre la pièce tomber. Tilter. Se dire "bon sang mais c'est bien sûr" et "Euréka!". Dans cette troisième étape, l'éclairage de Ming, qui était large et diffus, se focalise soudain sur un élément particulier. Bang, c'est ça. A partir de là, un choix doit se faire, car pour changer un effet, il faut tomber amoureux de sa cause, et décider, en son âme et conscience, que l'on va la changer. Cause changée: effet différent. Simple, non?
4) Xiu 修: Cultiver. C'est à cette étape que beaucoup de gens s'arrêtent. Les trois premières étapes peuvent avoir quelquechose d'intéressant, elles occupent l'attention, éveillent un peu, voire excitent. La 4ème étape est longue et monotone. On échoue, on recommence, on échoue, on recommence, on échoue, on doute, on recommence. Ou on abandonne. Ou pas. Ici, le sentiment est subtil, se joue dans le rien, dans le vide, en funambule sur une corde au sol. Pas d'excitation du grand vide, juste le vide de l'excitation et la persévérance. Et la patience.
5) Xing 行 Agir. Cette dernière étape est fondamentale. Sans elle, le cycle ne se complète pas et on ne peut pas retourner au point 1 pour traiter un autre point. De ce fait, les étapes 4 et 5 se rencontrent en dansant en permanence. L'action permet d'enlever les couches du Samskara, de nettoyer les impressions laissées dans nos corps subtils, de traverser d'autres dimensions du réel pour libérer notre Nature intime ou notre Esprit originel. Pour atteindre notre plein potentiel et mettre au monde une nouvelle façon d'être, au moins sur un point particulier. L'action crée et rend réel, matérialise ce qui flottait auparavant en vague souhait légèrement culpabilisant. L'action ECLATE, au sens premier de son étymologie: "fait apparaître de façon manifeste".

Cela en vaut la peine.
Bonne pratique!
Fabrice
Lac Bleu d'Arolla


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lundi 21 septembre 2020

Méditer au bureau

 


Rien de tel que prendre le temps de méditer pour prolonger la relaxation des vacances. Pour ressourcer votre mental sur votre lieu de travail, quelques astuces suffisent.

En cette rentrée automnale, beaucoup d’entre nous se trouvent soumis à de fortes doses de stress. Même dans ce contexte, il est possible de vivre des moments de méditation à toute heure de la journée, dans le cadre de nos activités quotidiennes.

Pour cela, il faut observer deux règles : d'abord, avoir conscience que l’on a un corps. Par exemple, assis à une table de travail, redresser sa colonne vertébrale sans l’adosser au siège, mettre ses mains bien à plat, soit sur ses cuisses soit sur le bureau, ressentir la présence de ses pieds, eux aussi à plat sur le sol. Arrêter de fixer l'ordinateur ou ses papiers en mettant ses yeux en position mi-close ce qui donne un regard centré à la fois sur l'intérieur de soi et sur l’extérieur, qui devient flou.

Ensuite, prendre conscience de sa respiration. C’est la clé de toute méditation réussie.

Remarquez une chose évidente : la plupart du temps, sauf lorsque nous faisons un effort assez violent créant un essoufflement, nous ne sommes pas conscients du fait que nous respirons. Notre respiration est faible, elle se situe en haut des poumons, elle nous fait survivre sans plus. Il s’agit à la fois d’amplifier et d’inverser ce processus. Pour cela, il faut passer à un mode d’expiration profonde, une expiration lente et longue, dont la fin se situe dans l’abdomen, sous le nombril. L'inspiration revient alors naturellement, d’un coup, sans décision volontaire. Cette respiration est le meilleur outil qui soit, pour s’oxygéner certes, mais surtout pour mieux canaliser notre univers mental. La respiration consciente se confond en effet avec la conscience tout court : quand vous respirez ainsi, vous vous mettez en état d’attention lucide ; dès que vous sortez de cette vigilance, de cette présence à votre expir et à votre inspir, la sarabande des pensées reprend. A l’inverse, dès que vous y revenez, vous sortez du tourbillon.

Cette pratique peut s'effectuer n’importe où, au bureau, dans le métro, en marchant dans la rue : dès que l’on s’aperçoit qu’on perd le contact avec la réalité et que l'on engloutit corps et âme dans ses pensées, il suffit de revenir à la respiration profonde - en expirant volontairement et en laissant l’inspiration se faire d'elle-même - et très vite, on se retrouve dans l’état de conscience qu’elle développe si l’on y est attentif. C’est tout et c’est immense : tout le b.a. ba de la méditation se trouve dans cette simple pratique-là. ■

A MÉDITER :

« Quand j’inspire, je sais que j’inspire, quand j’expire, je sais que j’expire. » Le Bouddha

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Sources : Marc de Smedt pour Nouvelles Clés (2010) 


samedi 19 septembre 2020

Une particule d'humanité avec Edgar Morin



La crise nous sépare-t-elle avec les gestes barrières et la distanciation physique qu'elle implique ? Ou au contraire ne crée-t-elle pas de nouvelles solidarités, et une communauté de destin ?

La communauté de destin a commencé en 1945 avec la menace nucléaire sur l'humanité, puis s'est approfondie et élargie avec la menace écologique sur toute la vie terrestre en 1972, puis avec les problèmes et périls communs créés par la mondialisation en 1990 et à nouveau révélée par la grande crise de 2020. La distanciation physique et les masques sont des problèmes secondaires, parce que temporaires. Nos mœurs bien enracinées ne peuvent intérioriser leurs contraintes ; nous n'avons pas une culture japonaise fondée sur la distanciation. 

La crise semble cliver les générations, susciter de la méfiance. On va parler de « génération sacrifiée » pour les jeunes, les personnes âgées ne peuvent plus voir leurs petits-enfants. N'est-ce pas un déclin pour notre humanité ?
Le clivage entre générations chez les uns est une nouvelle union chez les autres. Bien des vieux oublient qu'ils ont été jeunes et bien des jeunes n'imaginent pas qu'ils deviendront vieux. La crise a réveillé les solidarités endormies, mais de façon provisoire. Il me semble évident que nous devrions retrouver des convivialités et ralentir. Mais nous subissons d'énormes pressions des forces qui ont pris les commandes dans notre civilisation et qui nous en empêchent.

Les nouvelles technologies, qui ont pris une place prépondérante dans nos vies, sont-elles porteuses de lien ? Ont-elles même régénéré le lien, ou au contraire créent-elles une nouvelle distance ?
Elles sont ambivalentes, elles libèrent et elles aliènent. Toutes les technologies sont ambivalentes, depuis la première, qui a créé l'outil en même temps que l'arme, puis les machines, qui ont asservi les énergies au bénéfice des humains, puis asservi les humains dans le travail industriel. Prenez le télétravail, il est ambivalent lui aussi : il permet de travailler en restant chez soi avec les siens, et en même temps il isole en supprimant les convivialités avec les collègues.

La mondialisation est-elle antinomique du commun ? Vous dites qu'elle crée des interdépendances sans créer de solidarité...
La mondialisation a été un phénomène d'occidentalisation purement techno-économique, animé par le profit. Elle a suscité des résistances culturelles à cette occidentalisation ; aussi la pandémie, au lieu de créer un vaste mouvement de solidarité planétaire, a au contraire amené les États à se refermer sur eux-mêmes. Une époque régressive mondiale s'opère depuis quelques décennies, avec partout une crise des démocraties, l'hégémonie des puissances économiques, des poussées de fanatismes nationalistes ou religieux, des guerres locales avec des interventions internationales. Tout cela continue et tend à s'aggraver. Mais le pire n'est pas sûr, parce que l'avenir est incertain. Cette crise est unique par son caractère multidimensionnel qui affecte tous les aspects de la vie humaine, de l'individuel au planétaire.

Vous dites que la crise met en intensité la crise de l'humanité, qui ne parvient pas à se constituer en humanité. Qu'entendez-vous par là ?
L'humanité reste dispersée, compartimentée et n'arrive pas à devenir une réalité collective dotée d'une conscience et d'institutions communes. Les angoisses suscitées par un présent précaire comme par un futur incertain et inquiétant referment les esprits sur la nation ou l'ethnie, qui donnent la sécurité, la religion, qui donne l'espoir au lieu de réveiller le sentiment d'appartenance à la communauté de destin de l'humanité.

La crise peut-elle obliger les entreprises à privilégier la quête de sens, la résilience, ou les obliger à renoncer à une forme de croissance excessive ?
Certaines entreprises, notamment celles de l'économie sociale et solidaire, ne sont pas vouées à la recherche exclusive du profit. Il s'est créé quelques entreprises citoyennes ou « à mission », mais cela reste minoritaire. La remise en question du dogme de la croissance à l'infini, qui produit et aggrave le désastre écologique, nécessite une politique nationale qui détermine ce qui doit croître et ce qui doit décroître.


Tout au long de votre carrière, vous avez cherché à rapprocher le monde de la science de la société. Permettez-moi de citer des scientifiques pour parler de la crise. Nous renverra-t-elle vers la thèse de l'anatomiste Cuvier : on recommence comme avant ? Vers celle du naturaliste Lamarck : on s'adapte avec les mêmes solutions au nouvel environnement ? Ou encore celle du paléontologue Darwin, qui prônait l'adaptation aux variations de l'environnement ?
La crise nous pousse à retrouver une pensée cohérente et articulée, comme le fut celle de Marx, qui avait fait un diagnostic de notre siècle et proposait une voie nouvelle, mais insuffisante désormais dans sa conception de l'homme, de l'Histoire et du monde. Il s'agit de s'adapter au réel pour l'adapter à nous. Le réalisme n'est pas de s'adapter au présent, lequel est travaillé par des forces de transformation. C'est aussi de reconnaître les jeux de forces antagonistes dans un monde en mouvement et de travailler pour les forces d'union et de solidarité.

Vous parlez de « nouvelle voie » et pas de « nouvelle vie » ? Pourquoi ? Et que cela recouvre-t-il ?
La notion de voie s'oppose à la notion rigide de programme et à la notion statique de modèle de société alors que tout est en évolution. Il n'y a pas de but final à atteindre, mais un cheminement à aménager. La nouvelle voie est au service d'une nouvelle vie.

Cette crise va-t-elle permettre la reconnexion avec la nature, et notre nature ? Et mettre fin au dualisme nature/culture ?
La disjonction nature/culture, fortement implantée dans notre civilisation, mettra encore beaucoup de temps avant de régresser vraiment. Il faut pour la dépasser reconnaître la complexité humaine, qui est trinitaire : individu/société/espèce. Ce sont trois termes interdépendants qui s'entre-coproduisent. L'espèce produit l'individu, et un couple d'individus reproduit l'espèce, les individus produisent la société, qui, en leur apportant langage et culture, produit l'individualité humaine. Je vous renvoie à mon livre l'Humanité de l'humanité.

Certains disent que la révolution écologique sera spirituelle ou ne sera pas. Qu'en pensez-vous ?
Elle a besoin d'une réforme des esprits, et d'abord d'une prise en considération de notre réalité humaine, qui est biologique et animale. Nous sommes des primates, des mammifères, des vertébrés, des polycellulaires. Et en même temps, notre humanité est métabiologique, culturelle et spirituelle. Il lui faut comprendre que nous avons bien plus besoin de la nature que la nature a besoin de nous. Elle a besoin que nous ressentions des liens aimants avec non seulement nos animaux familiers, mais le monde animal et végétal. Elle a besoin de nos émotions poétiques devant les mers, les montagnes, les vols d'oies sauvages, la majestueuse sérénité des grands arbres. Nous ne devons jamais oublier que nous sommes des vivants au sein d'un monde vivant. Nous devons comprendre que les écosystèmes et la biosphère qui englobent les écosystèmes sont des merveilles d'auto-organisation spontanée et autorégulée.

« Que puis-je croire, que puis-je espérer ? » est l'une de vos phrases de prédilection, que répondez-vous ?

Je crois à la vérité de l'amour et à tout ce qui unit, contre tout ce qui divise et détruit. Autrement dit, je prends le parti d'Éros contre son ennemi permanent, Thanatos.

Votre âge, avec l'approche de la mort, vous donne-t-il une vision particulière de ce qui se passe aujourd'hui ? Comment le vivez-vous ?
Je sais que tout étant un tout, pour moi, je suis une particule éphémère d'humanité. Je n'ai pas cessé de ressentir mon appartenance à l'aventure humaine, dont on ne sait où elle va. L'amour et la curiosité refoulent très souvent en moi les angoisses de mort.

Cette période vous fait-elle changer votre rapport à la religion ? Croyez-vous en Dieu, ou, à tout le moins, à une forme de transcendance ?
Je crois de plus en plus au Mystère, qui non seulement nous enveloppe mais est en nous. L'essentiel est invisible et inconcevable. Ce point de vue ne peut que se rapprocher - sans s'y identifier - de la théologie négative ou de la mystique d'un Maître Eckhart (théologien et dominicain allemand, 1260-1328, ndlr), pour qui Dieu est indicible et inconcevable.

Que dirait Héraclite, l'un de vos philosophes préférés ?
La même chose : « Concorde et discorde sont père et mère de toutes choses. » Ou bien : « Éveillés, ils dorment », et évidemment : « Panta rhei », toutes les choses passent.


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jeudi 17 septembre 2020

Quand les eaux furent changées (Conte soufi)

 


En des temps très anciens, Khidr, le maître de Moïse, avertit les humains qu’un jour prochain l’eau de la Terre disparaîtrait, hormis celle qui aurait été mise en réserve : elle serait remplacée par une eau différente qui rendrait les hommes fous.

  Seul un homme l’entendit. Il recueillit de l’eau en grande quantité et la conserva en lieu sûr. Puis il reprit le cours normal de sa vie en attendant le jour où l’eau de la Terre changerait de nature.

À la date fixée, les rivières cessèrent de couler, les puits se tarirent, et l’homme qui avait écouté, voyant cela arriver, gagna sa retraite et but l’eau qu’il avait recueillie. Quand il vit, de son refuge, les torrents se remettre à couler, il revint parmi les hommes, et constata qu’ils pensaient et parlaient désormais d’une façon tout à fait différente et ne gardaient aucun souvenir de ce qui s’était passé, ni de l’avertissement qu’ils avaient reçu.

Quand il voulut leur dire ce qu’il savait, ils le crurent fou. Il était en butte à l’hostilité des uns ; à d’autres, il inspirait de la compassion ; il ne pouvait se faire comprendre de personne.

Il ne but pas une goutte de leur eau : chaque jour il retournait à sa cachette et puisait dans ses réserves.

Puis il finit par se dire qu’il ferait mieux de boire l’eau nouvelle : il ne pouvait plus supporter l’impression de solitude qu’il ressentait à vivre, se comporter, penser différemment de tous les autres.

  Il but de l’eau nouvelle, devint semblable à eux, oublia tout de sa réserve d’eau originelle.

 Ses frères humains le regardèrent alors comme un fou qui aurait miraculeusement recouvré la raison.


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mercredi 16 septembre 2020

Un ami spirituel...

ON N’EN VEUT JAMAIS A SON AMI SPIRITUEL QUE D’ETRE SON AMI SPIRITUEL

Alors que comme souvent il méditait sur la relation à son Ami spirituel, quelque chose lui était apparu avec un parfum d’évidence : il n’en avait jamais voulu à son ami spirituel que d’être cela, précisément, son ami spirituel, et en tant que tel le miroir de son moi affolé.
Comme tous les élèves de tous les temps et sous toutes les latitudes, il s’était parfois senti incompris, injustement traité, avait piétiné dans son incompréhension, parfois sa rage et le déchirement que ces émotions suscitaient en lui.
L’évidence qui lui était apparue en examinant des décennies de relation (non interrompues par la mort physique de l’Ami spirituel) pouvait se formuler ainsi : il n’en avait jamais voulu à son Ami spirituel que d’être ce qu’il était : un miroir du réel ; non du réel « en général » mais du réel le concernant lui, autrement dit de sa réalité ; un projecteur braqué sur ce qui en lui (« moi ») était « en trop », ce qui relevait du « masque », du « faux », de l’ego du mental ; ce qui était donc appelé à disparaître. Il ne lui en avait jamais voulu que d’être, précisément, un Ami spirituel, son Ami spirituel, le révélateur, non seulement de sa vérité intrinsèque mais surtout de la fausseté recouvrant cette vérité ; laquelle vérité ne saurait se révéler tant qu’elle demeurait recouverte.
Il ne lui en avait jamais voulu que d’être cet irritant, que d’incarner cette fonction, la fonction qu’il lui avait pourtant demandé d’exercer à son égard. Il ne lui en avait jamais voulu que de jouer sans faillir et avec constance le rôle que, dans son inconscience mêlée d’innocence, il l’avait spécifiquement prié de jouer pour lui.

Au fur et à mesure que son engagement sur la voie avait mûri, l’Ami spirituel était devenu un mur contre lequel venaient buter, parfois se fracasser brutalement, chacune de ses prétentions, chacun de ses faux semblants, chacun de ses mensonges, chaque morceau de sa carapace. Au fur et à mesure que son cheminement se poursuivait, l’Ami spirituel était devenu un miroir grossissant en lequel lui étaient impitoyablement reflétées chacune de ses gesticulations, de ses postures, de ses attitudes, de ses stratégies d’évitement de sa propre dignité.
Il avait réalisé que l’Ami spirituel n’y pouvait rien, que cela n’avait rien de personnel, que la plupart du temps sans doute il ne le décidait pas, que parfois même cela devait se faire à son insu. En tant que serviteur du réel, d’instrument consacré, il n’avait pas le choix. Cela se faisait parce que cela devait se faire, à travers lui, libre ensuite à l’élève de l’accueillir ou de se crisper encore davantage et donc de prolonger ses souffrances.
Il avait réalisé que tout Ami spirituel authentique, ne pouvait qu’être facteur de souffrance pour l’élève, ou plutôt pour ce qui en l’élève refuse encore de rendre les armes. Que c’était ainsi et que cela serait toujours ainsi.

Et dans le même temps, il avait réalisé l’erreur fondamentale consistant à recycler ce processus dans une histoire linéaire, à tenter de le faire rentrer dans une boîte psycho-relationnelle , à réduire ce grand jeu à de petites anecdotes. Il avait réalisé que les raisons rationnelles et historiques qu’il pouvait nourrir d’en vouloir à son Ami spirituel n’étaient que des prétextes, des trompe l’œil, des leurres détournant son attention de ce qui se jouait réellement.
En tant qu’être humain, son Ami spirituel était il infaillible, dépourvu de toute aspérité, était-il toujours à l’abri de la moindre maladresse, d’un éventuel malentendu, d’une possible erreur d’interprétation ou de compréhension des informations qui lui étaient communiquées ? Sans doute pas. Et cependant, là n’était pas, là n’avait jamais été, là ne serait jamais la question. Et s’il y avait malentendu, c’était bien là qu’il se situait.

Son Ami spirituel était-il, oui ou non, un serviteur, un être humain certes humain mais dont l’humanité était consacrée au Plus Grand ? Oui, « consacrée » et « au service », pas seulement porteuse et témoin d’une expérience d’ « éveil » ?
Était-il un serviteur intègre du « réveil » de chacun dans la texture du quotidien endormi ?
Si oui, l’histoire de leur relation avec ses hauts, ses bas, ses mouvements et fluctuations n’était elle même lisible et intelligible qu’à la lumière de cette consécration, de leur consécration mutuelle : celle de l’Ami, non changeante, et la sienne , vacillante et résistante, toutes deux vouées à se fondre.

Oui, il avait réalisé qu’il n’en avait jamais voulu à son Ami que de ses propres résistances et que le piège diabolique consistait à se focaliser sur l’histoire d’une longue relation entre deux individus différents plutôt que sur le contexte essentiel et universel hors duquel la rencontre de ces deux individus perdait son sens et son fondement.
Il n’en avait jamais voulu à son Ami spirituel que de persister à lui pointer, directement ou indirectement, ce qui voilait sa liberté, la liberté de la personne qu’il était à se muer en parfait serviteur.
« L’esclavage complet est la liberté parfaite ».
Tant que subsisterait en cette forme un iota de faux, un morceau de masque, une miette de prétention, un semblant de posture, l’Ami spirituel serait là d’une manière ou d’une autre pour le lui pointer. Et sa souffrance serait à l’exacte mesure de sa résistance. Elle durerait autant que son incapacité à se rendre à ce qui lui était demandé, conformément à ce qu il avait prétendu demander.
Il avait réalisé cela, que pourtant il « savait », qu’on lui avait dit et que lui même avait sans doute pu dire. Et il avait remercié son Ami spirituel de s’être lui même rendu ; et il l’avait prié de bien vouloir continuer, sachant qu’il le ferait, selon l’ordre des choses.


Gilles Farcet

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Le changement du singe...

 

...symboliquement, le singe, dans la pensée orientale, est associé à nos innombrables pensées vagabondes. Il est l'archétype d'un mental non contrôlé. Le mental n'a-t-il pas un rôle de discrimination, de délimitation (symbolisé par le métal), d'étiquetage constant de notre lecture de la réalité?
Certaines études ont estimé que nous "sécrétons" chacun environ 70000 pensées par jour, dont plus de 60% sont des pensées négatives. On peut imaginer le résultat que cela engendre dans nos vies, si une telle propension n'est ni vue ni modifiée d'une manière ou d'une autre.
...

Ici, deux solutions. Soit on implémente une interprétation "positive" d'un événement habituellement taxé négativement, soit, mieux encore dans une perspective spirituelle, on essaye de ne pas interpréter ni catégoriser et de laisser la réalité être ce qu'elle est.
Evidemment, nous n'allons pas domestiquer notre singe fou une fois pour toute. Mais nous pouvons d'une part en prendre conscience, et décider, comme premier simple pas, de sélectionner un domaine particulier dans lequel nous interprétons souvent les choses de manière négative, pour essayer autre chose.
Par exemple, si quand vous cassez un verre, votre premier réflexe mental est de vous dire "putain je suis tellement maladroit(e)", essayez donc: "oh! comme la structure du verre est belle et complexe quand on le voit morcelé comme ça!". Je vous laisse inventer vos exemples opératifs, mais essayez de voir au moins un de vos fonctionnement à l'oeuvre et de le modifier. Tout commence toujours par un premier pas.
Bonne pratique!
Fabrice

mardi 15 septembre 2020

L'Esprit Bouddha


Voici un livre qui nous donne le goût d'entrer dans la vérité du Bouddhisme...

 


Un moine demanda : « Maître, mon esprit est malade, je vous prie de bien vouloir le guérir. » Le maître répondit : « Apporte-moi ton esprit, et je le guérirai sans faute ! » « J’ai beau chercher partout, je ne le trouve pas... » « Voilà, ton esprit est déjà guéri ! »

« Le véritable esprit, c’est le non-esprit », dit un autre maître de méditation. « Absence d’esprit », aussi bien, qualifie mieux l’esprit, du fait de son omniprésence invisible, de son insaisissabilité.

L’esprit n’étant pas un objet, il ne saurait être purifié. Il resplendit depuis toujours. Où, quand, comment ? C’est quand on arrête tout qu’on le trouve.

Le Sûtra de l’Éveil parfait précise : « Ce n’est pas l’éveil qui s’oppose et résiste à ceux qui pourraient y accéder, mais l’existence d’un acteur susceptible d’y accéder qui empêche l’entrée dans l’éveil. »
Autrement dit, c’est le moi qui fait obstacle.

Source : L'esprit Bouddha 
de Antoine Marcel 
chez Accarias L'Originel

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lundi 14 septembre 2020

dimanche 13 septembre 2020

Une belle journée !

 Vous vous souvenez peut-être de ce matin-là : il fait frais, juste comme il faut, avec une petite brise qui s’élève de la vallée. Vous avez encore quelques courbatures de la veille qui vont très vite disparaître, rien de grave. Marcher, quelle joie ! Dans les Alpes, dans les Carpates ou sur le chemin de Compostelle, votre sac à dos bien calé, vos pieds bien à l’aise dans vos chaussures, la journée s’étend devant vous pleine de promesses de liberté et de merveilleux paysages. Vous échangez des regards joyeux avec vos collègues marcheurs. Allons-y, ne perdons pas de temps, le soleil réchauffe déjà la forêt, un doux parfum monte de la terre... Comme vous avez bien fait de venir !


L'ÉPREUVE DE LA MARCHE

En marche ! Premiers pas, c’est un matin de rêve, entouré de personnes merveilleuses, dans le plus bel endroit du monde.

Et on marche, et on marche, et on marche... Bien sûr, tout est grandiose, mais justement voilà, comment dire, un peu grand. On dirait que le col, ou le croisement des chemins, ou la sortie de la forêt, se font un peu attendre. C’est drôle, le sac n’était pas si lourd ce matin. C’est un sac tout à fait spécialisé, acheté dans un magasin spécialisé et pourtant les bretelles vous scient les épaules, vous allez avoir d’énormes bleus ce soir. Mais ce n’est rien comparé à vos pieds. Le talon droit est une mini-fournaise, et la chaussure gauche rétrécit d’instant en instant.

Et on marche... depuis combien d’heures ? Vous regardez autour : rien que de l’espace et des cailloux, absolument rien à l’horizon. Ah si, des nuages, de gros nuages noirs qui semblent foncer sur vous. Il ne va pas, en plus... ? Mais si ! Les premières gouttes s’écrasent sur votre front, puis c’est le déluge, grosses gouttes de pluie dures comme de la grêle, vous êtes trempé, pourtant vous aviez tout le matériel spécialisé dans votre sac. On marche...Vous en avez assez, il est temps que cesse cette plaisanterie. Vous voulez vous asseoir juste là et qu’on vous apporte une boisson chaude. Malheureusement vous êtes très exactement au milieu de nulle part, et il faut marcher. Vous grimacez chaque fois que vous posez un pied par terre, votre dos n’en peut plus. Enfin ! Au loin, l’ombre d’un abri, une promesse de repos. Vous vous traînez jusqu’à l’entrée, tant pis s’il n’y a pas de douche, tant pis si vous devez partager la chambre, ce que vous voulez, c’est vous arrêter.

UN ESPACE DE PAIX EN SOI-MÊME

Et puis... sac posé, chaussures enlevées, quelques litres de thé avalé, vous sentez monter en vous une chaleur, un sentiment, comment dire, de satisfaction, presque de fierté. Vous l’avez fait, vous êtes allé au bout, et même un peu plus loin, et voilà : vous êtes détendu, vous avez l’impression de refaire connaissance avec vous-même, d’avoir trouvé cet espace de paix à l’intérieur qui vous avait toujours échappé.

Souriant intérieurement a ces souvenirs, je les regarde, ces compagnons chercheurs, pèlerins de l’absolu qui m’entourent dans la salle de méditation : s’engager sur un chemin spirituel demande de partir avec joie et énergie, mais le chemin est ardu, le découragement nous guette parfois, on a envie de s’arrêter, de faire demi-tour. Tout semble aride, loin de nos consolations habituelles. Mais lorsqu’on continue, quelle joie ! Arriver dans cet endroit plus grand que nous-même, être libre et léger, sourire à ceux qui nous ont accompagné : la confiance nous emplit. Demain, on reviendra méditer sur son coussin, on s’ouvrira à nouveau au silence ; demain on continuera sur le chemin, demain la journée sera belle, ensemble.... 

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