samedi 7 mars 2020

A quoi bon zazen ? A rien pour l'égo !


À rien pour l’ego !
Je suis conscient que cette indication n’est pas la meilleure qui soit pour convaincre de la valeur et de l’intérêt de l’exercice appelé zazen pour l’homme actuel. D’autant moins que la plupart des personnes qui s’orientent vers la pratique d’un exercice qui a ses racines en Orient ou en Extrême-Orient ont pour but le maintien ou le rétablissement de la santé, l’exigence du confort et l’augmentation de leur efficacité fonctionnelle dans le monde. Chacun est prêt à engager un travail sur lui-même à la condition d’y trouver une augmentation de ses capacités. On pourrait dire qu’un exercice n’a de sens que dans la mesure où il permet et favorise le passage d’un EGO de taille XXL à un EGO de taille XXXL ! Peut-être est-ce utile ? Mais ce n’est en aucun cas le but de l’exercice appelé zazen.

Nous devons distinguer les exercices pragmatiques mis au service du moi existentiel et les exercices qui tendent à la réalisation d’une vie intérieure apaisée. La finalité de tous les exercices proposés dans le monde du zen est l’éveil de l’homme à sa vraie nature en tant qu’être humain.
La formule proposée par K.G. Dürckheim est très claire : « Je ne pratique pas zazen pour guérir LE moi qui souffre mais pour guérir DU moi qui est la cause majeure des souffrances propres à l’être humain. »
Il ne s’agit donc pas de voir dans la pratique de l’assise silencieuse appelée zazen, un moyen de vivre comme d’habitude mais en étant plus détendu. Zazen est une rupture avec notre manière de vivre habituelle, une rupture avec notre manière d’être habituelle.

Zazen ? Ne rien faire, mais à fond !
Être là, assis, dans le retrait du moi et donc de toute activité objective.
L’exercice du — rien faire — ouvre sur l’émergence de l’infaisable.
L’infaisable ? Ces actions qui ne sont pas du ressort du moi mais du ressort de l’être.
Par la pratique inlassable de zazen, chacun peut ainsi s’affranchir de son moi inquiet, anxieux, sans cesse préoccupé par le désir d’avoir plus, de savoir plus, de pouvoir plus. Exigences qui peuvent conduire au burn-out ou à la dépression.
En se laissant transformer par l’infaisable, dont le souffle (la respiration) est l’expression la plus intime, l’homme retrouve son état de santé fondamental dont les symptômes sont le calme intérieur, la paix intérieure, la confiance et la simple joie d’être.
Jacques Castermane
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