dimanche 31 juillet 2011

La vie infinie par Joshin Luce Bachoux


 Cet homme est assis devant moi ; nous prenons le thé et il me parle depuis près d’une demi-heure maintenant mais il ne me regarde pas, il ne voit rien de ce qui l’entoure, ni cette belle journée d’été, vibrante de lumière, ni le bois poli de la table, ni les grands iris bleus qui emplissent la pièce de leur parfum. Il ne voit que lui-même, enfermé en lui-même par l’étiquette – qu’il a reçue ? Qu’il a saisie ? – et qui a été son premier mot : « Depuis toujours, je suis une victime. » Peut-être que ce mot l’a aidé un jour à surmonter une situation trop difficile, à passer un cap vers une autre histoire ; mais il semble aujourd’hui enfermé dans ce rôle, coupé de toute autre part de lui-même.
Il est difficile de se débarrasser d’une définition, qui nous soutient, sans doute, mais aussi nous clôture. Ce qui a été un jour un abri nécessaire devient imperceptiblement une souffrance. C’est alors comme une écharde dans notre chair, enfoncée si profondément en nous qu’elle en est impossible à atteindre, mais dont chaque mouvement ravive la douleur. Alors, on bouge de moins en moins. La vie se réduit et, petit à petit, il nous semble qu’il ne reste plus de nous que cette étiquette, et nous nous enfermons : « Je suis ceci. »


Nous ne sommes pas, il me semble, si faciles à définir, et heureusement ! Je suis, certes, composée de tous les instants que j’ai vécus, des joies ­immenses et des grands chagrins, des jours de solitude et des jours de soleil, de chaque trace sur mon corps et de chaque souvenir dans mon cœur. Tous ceux qui m’ont entourée, les personnes que j’ai rencontrées font partie de moi. Les situations dans lesquelles je me suis trouvée, plaisantes ou déplaisantes, m’ont appris la confiance ou le retrait, l’audace ou la tranquillité.

Je suis – nous sommes – l’enfant, attendu ou pas ; aimé ou tout juste accepté ; celui qui a grandi sans heurts, ou celui qui a appris trop tôt le chagrin. Ombre et lumière, nos origines et notre histoire nous marquent et nous modèlent : je suis cette femme née dans un certain lieu, à un certain moment, dans une relation qui s’est déroulée avant ma naissance, sur laquelle je n’ai pas de prise.


Mais je ne suis pas seulement la somme de ce que je suis. Je suis – nous sommes – bien plus que tout cela : nous sommes insaisissables, sans limite. Je suis la vie sous toutes ses formes, de la nuit la plus noire au ciel étoilé, de la pâleur de l’aube aux grondements de l’orage. Je suis cet oiseau qui s’élance, et la source qui chante au creux de la prairie ; je suis l’arbre éclatant, et le sombre sapin. Je suis l’autre, et tous les autres : mon voisin, l’inconnue qui me croise, l’étranger en détresse ; cet homme affairé qui passe, ce nouveau-né qui hurle et soudain sourit, cette femme joyeuse portant son enfant dans ses bras et tous ceux que je ne rencontrerai jamais. Je suis aussi la guerre, et le bourreau, et la victime, et la terreur. Je suis le regard clair qui se pose sur le jour nouveau, et je suis le pas qui pose la fatigue dans la brume du soir. Comme chacun d’entre nous. Transformée par chaque respiration, par chaque moment, par chaque infime changement dans une de mes cellules.

Je suis – nous sommes – l’espoir, et la peur, et la joie. Et l’amour, plus grand que chacun de nous.




Joshin Luce Bachoux, nonne bouddhiste, anime la Demeure sans limites, temple zen et lieu de retraite à Saint-Agrève, en Ardèche.

samedi 30 juillet 2011

Obscurité intérieure...


Autant que je puisse en juger, le seul but de l’existence humaine est d’allumer une lumière dans l’obscurité de l’être. 
Carl Gustav Jung

jeudi 28 juillet 2011

Roland Yuno Rech... Zen et quête de sens (3)

Laisser zazen faire zazen
Notre force de vie ne doit être ni relâchée ni trop tendue. Ce qui importe, c’est qu’elle reste entièrement en état d’éveil. La méditation zen est un effort sans effort: accepter de ne rien faire de spécial, ni physiquement ni mentalement, pour que l’esprit rencontre l’esprit. Dans nos vies, selon les circonstances, on est toujours prêt à faire beaucoup de choses; se dépouiller de tous les “faire”, c’est retrouver la condition normale de l’esprit.


Troisième et dernière partie :



source : France Inter

mercredi 27 juillet 2011

Roland Rech... Zen et quête de sens (2)

‎"Ce corps impermanent est constitué d’éléments appartenant à tout l’univers : poussière d’étoile il n’appartient à personne. Réaliser cela aide à se déprendre de ses attachements et à voir l’ultime réalité de notre non-naissance et donc de notre non mort, car qu’est-ce qui naît et qu’est-ce qui meurt ?"
Roland Rech
Deuxième partie :



source : France Inter

mardi 26 juillet 2011

Roland Rech... Zen et quête de sens (1)

Roland Rech, un moine qui a décidé de vouer sa vie à la transmission du Zen. Il enseigne le zen dans des sesshin en Europe et au temple de la Gendronnière et quotidiennement au dojo zen de Nice. Il a publié ses enseignements dans des livres comme « Zen, éveil au quotidien » chez Acte Sud en 1999 et « Moine Zen en occident » chez Albin Michel en 2009.

Première partie :



source : France Inter

lundi 25 juillet 2011

A l'extérieur de nous-même ? par Andrew Cohen

La seule chose qui nous maintient en esclavage est la croyance, non mise en question, que quelque chose de fondamental nous manque. Donc, par ignorance de notre état naturel, nous nous attachons aux gens et aux choses, convaincus que grâce à ces liens nous trouverons le bonheur et la satisfaction. 
Mais cela ne marche jamais ainsi. Car là où il y a attachement, il y a peur de perdre. Et là où il y a la peur, il ne peut jamais y avoir de véritable bonheur ou de satisfaction profonde. C'est la révélation de l'Éveil elle-même qui nous montre tout ceci directement — la vérité pérenne que le véritable bonheur et la seule satisfaction durable sont en nous-mêmes en tant que notre Vrai Soi, notre état naturel, déjà plein et intègre tel qu'il est. 
Mais dans ce monde d'obscurantisme, nous sommes tous profondément conditionnés à croire que le bonheur et la satisfaction se trouvent quelque part en dehors de nous-mêmes. Quand nous voulons véritablement être libres, nous renonçons à cette façon de penser. Nous la laissons tomber parce que nous avons eu des aperçus du bonheur profond qui est déjà présent au fond de notre conscience, un contentement continu qui ne sera nôtre que lorsque nous aurons enfin cessé de chercher à l’extérieur de nous-mêmes.

Extrait de Vivre l'Eveil, de Andrew Cohen, Ed. Le Club

dimanche 24 juillet 2011

Alexandre Jollien : Éloge de l’abandon

Handicapé, le philosophe s’est battu pour donner sens à sa vie puis trouver, par la méditation et la prière, sa liberté intérieure.
La vie d’Alexandre Jollien, 34 ans, ressemble à une course d’obstacles, à un combat pour vivre et donner sens à l’existence. Né avec le cordon ombilical autour du cou, privé d’oxygène à la naissance, il est infirme moteur cérébral. On prédit à ses parents qu’il ne marchera pas, ne fera pas d’études. Or, à 8 ans, il marche, à 16 ans, fait du vélo, et à 23 ans, se lance dans des études de philo. Alexandre Jollien est aujour­d’hui écrivain et père de famille. Une farouche volonté, une réflexion lumineuse, un humour imparable, une foi exigeante, l’homme a beaucoup d’atouts. Mais il s’interroge encore. Comment dépasser le combat pour découvrir la vraie joie, s’abandonner à ce que lui offre la vie ? Dans le Philosophe nu (Seuil), son quatrième livre, il tient le journal de ses passions et explore le chemin intérieur qui rend plus libre.

Votre vie est un chemin de transformation. Quel en a été le déclencheur ?
D’abord le handicap, qui m’a poussé à donner du sens à ma vie et à lutter, puis ma conversion à l’intériorité, vers l’âge de 15-16 ans, grâce à la philosophie et à la lecture de Platon. La prise de conscience qu’il me fallait travailler à devenir meilleur plutôt qu’à mieux vivre. Jusque-là, j’avais dû me battre contre le handicap, contre la solitude et, en lisant ces pages, j’ai vu une nouvelle vocation se dessiner. À l’Institut médicalisé où j’ai vécu pendant 17 ans, il y avait un aumônier, un philosophe qui a changé ma vie. Avec cet homme, j’ai poursuivi un dialogue sur la façon d’être et de vivre qui m’a ébloui.


Que vous a apporté la philosophie, fondamentalement ?
Ce « détour » par la rationalité m’a été utile comme première étape pour me construire, me redresser. J’ai trouvé chez Aristote et Spinoza des outils qui m’ont guidé pour cesser de refuser le monde et apprendre à cheminer dans la joie. Grâce à la philosophie, j’ai commencé à aimer les livres, vers 14 ans. Cela m’a donné une rigueur, de l’analyse, des connaissances, même si je cherchais déjà de la nourriture spi­rituelle, pas de la théorie. Surtout, je voulais changer, m’améliorer, et la pratique de la philo m’a donné un autre combat : celui contre l’ignorance, les préjugés et aliénations.


Qu’est-ce qui vous a donné cette force de repousser les limites ?
Je n’avais pas le choix. Jamais il ne m’était permis de baisser les bras. Il fallait à tout prix diminuer les séquelles du handicap pour entrer dans la vie « normale ». Tous les ingrédients étaient réunis pour m’y conduire : une famille aimante, une détermination à m’en sortir et beaucoup de chance. Mais cela m’a fragilisé en m’interdisant de goûter le repos.


Après avoir lutté pour vivre debout, vous dites aspirer à l’abandon…
Oui, et c’est l’acte le plus difficile à faire pour quelqu’un comme moi qui a été nourri par la lutte, l’effort et le combat. J’ai de la volonté mais, justement, cette volonté est à double tranchant lorsqu’elle finit par vous arracher au réel : on veut toujours réussir quelque chose de plus et on finit par tourner à vide, épuisé. Ma nouvelle ascèse, c’est le repos, la rémission, le détachement. Paradoxalement, c’est ce qui exige le plus d’effort ! Pour cela, je me recentre sur mes grands chantiers, mes trois vocations de père de famille, personne handicapée et écrivain.


Qu’est-ce que cela a changé pour vous d’être père ?
Ce fut précisément comme une invitation urgente à m’abandonner, à déposer les armes. Le bonheur d’avoir un enfant n’est pas issu d’un combat, mais est donné gratuitement. La naissance de Victorine, en 2004, puis celle d’Augustin, deux ans après, m’ont fait découvrir la fragilité et la force de ce bonheur gratuit. C’est la première fois qu’il m’était donné comme cela, sans me battre, sans que j’aie aucune prise sur ce don, et c’était très déconcertant. Quand on met le sens de sa vie dans la lutte et qu’il n’y a plus de lutte, il faut chercher le sens autrement.


Et c’est par la voie spirituelle que vous cherchez un nouveau chemin de transformation ?
Oui, et c’est un abandon beaucoup plus profond et difficile que la recherche d’outils ou de techniques pour vivre. Ce matin, je relisais Etty Hillesum, cette jeune femme juive dont on a retrouvé les lettres et le journal intime tenu en camp de concentration. Elle parle de « s’agenouiller » en disant que, face aux difficultés psychologiques, il ne sert à rien de lutter par la raison, mais qu’il faut rentrer en soi, pour trouver un nouvel élan. Elle évoque une belle allégorie : nous sommes un puits plein de cailloux et, au fond, il y a Dieu. Tout est déjà là et, pour voir la source, il faut d’abord écouter en soi, écarter les cailloux. Faire acte de rémission, s’abandonner.


Vous parlez de Dieu, êtes-vous croyant ?
Oui, j’ai été baptisé, confirmé dans la foi catholique, mais cette foi reçue de mes parents, je ne l’avais jamais remise en question et donc pas intégrée dans ma vie. Elle me portait, mais restait « exportée du dehors », comme souterraine. J’ai donc fait une retraite et j’ai commencé à pratiquer avec assiduité, pendant trois ans, trois fois par jour, les exercices ignatiens : l’examen de conscience et la prière de fidélité. Cela m’a donné un cadre. Ma femme, Corine, dit d’ailleurs qu’elle a vu chez moi un « avant » et un « après » les exercices ! Mais le danger, c’était, là encore, d’en faire une recette de bien vivre, de vouloir trop bien faire. Le risque d’une prière maîtrisée est que cela se transforme en introspection. On se coupe de ses émotions et de son affectivité, on devient une belle machine à penser, détachée du corps, de l’être et de la vie quotidienne.


C’est là, nouvelle étape sur votre chemin intérieur, que vous expérimentez la méditation zen…
J’ai compris en effet que la spiritualité, pour moi, devait aussi passer par le corps, ce corps que j’ai fui pour ne pas souffrir en me réfugiant dans le conceptuel. Le zen, que j’ai découvert avec Jacques Castermane, m’apprend à faire les trois silences : le silence du cœur, de l’esprit et du corps. À être pur accueil. C’est le plus difficile à atteindre. Matin et soir, allongé, je pratique la méditation, parfois aussi dans les moments d’inaction, en attendant le bus, par exemple, ou un rendez-vous. Je me cale sur ma respiration pour quitter la pensée spéculative. Il ne s’agit pas d’« absolu­tiser » une voie ou l’autre, mais sim­plement de pratiquer. Le zen est pour moi une porte ouverte vers le silence intérieur. On y prend conscience qu’on s’appartient peu, qu’on est sans cesse traversé par l’agitation. Le premier pas, c’est d’observer et de laisser tout l’être, et pas seulement l’esprit, se convertir.


Faire du zen, est-ce conciliable avec le christianisme ?
C’est l’intériorité qui compte, peu importe les voies. Le syncrétisme, ce serait faire un peu de tout : du zen le matin et une prière chrétienne le soir. L’exercice spirituel, c’est pour moi une manière d’être tout entier au monde. Les chrétiens qui pratiquent le zen constatent que le silence intérieur conduit à la prière. Dans l’un comme dans l’autre, il s’agit de se taire et d’écouter intérieurement. Saint Benoît parlait de « s’établir en soi ». Quand on lit aussi les mystiques rhénans, Maître Eckhart ou Jean Tauler, il y a cette même invitation au détachement, au dépouillement, à l’abandon. La disponibilité, c’est une approche chrétienne de la vie. Je cherche d’ailleurs comment concilier les deux avec un maître zen chrétien. Et cela ne m’empêche pas d’aller le dimanche en famille à la messe. J’aime les homélies, les rites et la communauté. C’est un tout pour moi.


Restent vos passions indomptables. Pendant quelques mois, vous en avez fait un journal, et un livre maintenant. À quelles passions vous affrontez-vous chaque jour ?
À ma jalousie et à ma fascination pour les beaux garçons normaux que je croise dans la vie et qui me montrent que je n’ai pas tout réglé. Qu’il me faut redécouvrir une « ascèse » pour vivre mon affectivité plus librement, sans me comparer aux autres. La réalité est parfaite dit Spinoza, et c’est la comparaison qui crée la privation. C’est tout le propos de mon livre le Philosophe nu : traduire en actes ce que l’intuition et la raison perçoivent et devinent. Je sais qu’un corps ravissant et valide ne résoudrait pas toute la difficulté à vivre mais comment m’en persuader ? D’où la nécessité d’exercices spirituels, et notamment de la méditation, pour enraciner ce détachement dans le corps. Avec l’humour qui permet, dans certains cas, de mettre à distance la réalité et de rire un peu de soi et du personnage qu’on joue. Par exemple, les moqueries que je devine certains jours derrière moi quand je marche dans la rue. Eh bien, je peux me demander : en quoi cela m’apprend-il l’être humain ? Je n’y arrive pas toujours !


Au détachement, vous associez la joie indispensable.
C’est parce qu’on a la joie et non la privation qu’on peut se détacher. Au fond de toute grande joie, il y a un cœur qui s’élargit. Plus on va vers l’intérieur, plus on peut trouver la paix profonde. C’est une façon de voir qui congédie la culpabilité. Le pécheur, c’est peut-être celui qui se trompe de cible, qui cherche le bonheur en le cherchant par la volonté, au risque de verser dans l’orgueil. Ainsi, je n’ai pas choisi mon handicap, mais je peux choisir d’en faire quelque chose, de partager avec l’autre cette douleur que j’éprouve ce matin. Et ça, ce n’est pas une histoire de volonté. On dit qu’il faut se blinder, mais je crois, au contraire, qu’il faut s’ouvrir. Quand je regarde mes enfants : ils ne sont pas blindés, ils sont disponibles, innocents. Il y a chez eux cette confiance primitive et nourricière que je protège. Oser la confiance, c’est essentiel, rencontrer l’autre, c’est comme une prière. Et le christianisme, c’est justement ce chemin qui rend disponible à l’autre.


Oserais-je dire qu’être handicapé a pu être une chance pour vous, celle de vous mettre sur un nouvel itinéraire d’évolution ?
Oui... pour moi ! Mais je me refuse à généraliser. Car à quel prix ! Je sais aujourd’hui, quand je croise un beau garçon dans la rue et que j’ai l’illusion de croire que la vie aurait été plus simple à sa place, que c’est bien une illusion ! Mais c’est le résultat d’un chemin. En quelque sorte, mon handicap a été comme une obligation à la spiritualité, un impératif à chercher du sens. J’ai été contraint à m’attaquer à l’essentiel. Je n’aurai peut-être jamais une vie insouciante, une normalité parfaite… mais j’ai l’essentiel !




Philosophe, père et écrivain
1979-1991 Institution spécialisée pour IMC (infirmes moteurs cérébraux).
1993 École supérieure de commerce.
1999 Publie Éloge de la faiblesse (Cerf).
2001 Études de philosophie et de grec ancien (Dublin).
2002 Publie le Métier d’homme (Seuil).
2004 Mariage avec Corine. Naissance de Victorine. Licence de philosophie (université de Fribourg).
2006 Naissance d’Augustin. Publie la Construction de soi (Seuil).
Août 2010 Publie le Philosophe nu (Seuil).

Source : La Vie

samedi 23 juillet 2011

Un appel à l'amour animal

Danses et chants de la nature... Sentons-nous cet appel intérieur de la vie ?

jeudi 21 juillet 2011

La résolution de l'amour par Eric Baret

«Quand on réalise que l’amour est l’ultime résolution, cela s’exprime sur tous les plans. Sur le plan humain, l’amour devient silencieux et sans attente, il dissout le processus mental. Sans habitude ni analyse, il lie sans être lié. La pensée n’y a pas sa place car, lorsqu’elle s’y insinue, elle introduit le sens de la séparation et en détruit la beauté. La réflexion chasse la magie comme le parfum se dérobe à la possession. Cette évidence n’est possible que lorsque l’immensité de la solitude s’est installée. Dans cet espace où seul règne l’amour, se sentir seul est impossible, car seule la non-différence règne en maître. Cette totalité sans manque est l’espace où la « relation » peut apparaître comme célébration, intensité légère qui ne fait jamais quitter l’arrière-plan. À ce moment-là, la résonance avec un être ne connaît plus la distance et l’intimité y est intensité invisible aux yeux du monde.»
Éric Baret

mercredi 20 juillet 2011

Il y a quelques années... lumières avec Hubert Reeves (2)

Deuxième partie de notre rencontre avec le scientifique Hubert Reeves qui nous parle des limites de l'esprit humain... plutôt que celles de l'univers :

Hubert Reeves, astrophysicien canadien et auteur du livre "Patience dans l'azur : l'évolution cosmique", paru en 1981, rencontre Marcel Brisebois pour l'émission Rencontres.

Date de diffusion : 12 octobre 1982
Le scientifique, directeur de recherches au Centre national français de recherche scientifique depuis 1965, parle de sa vision du développement de l'Univers, du recours métaphysique et religieux de l'homme face aux mystères de la vie et du rôle de l'homme dans la nature. Ce grand spécialiste des éléments légers que sont l'hélium, le deutérium et le lithium, est surtout reconnu pour sa grande capacité à vulgariser la complexité de l'Univers et son fonctionnement.

mardi 19 juillet 2011

Il y a quelques années... lumières avec Hubert Reeves (1)

Je lis actuellement "Chroniques du Ciel et de la vie", ce qui n'annonce rien de bon dans le ciel... mais qui permet d'admirer la vie !
Revenons en arrière pour écouter Hubert Reeves en 1982.

lundi 18 juillet 2011

Psychologie et Spiritualité par Arnaud Desjardins

Arnaud Desjardins nous parle de la psychothérapie, une part de la voie qui est proposée par Swami Prajnanpad. Cette voie du quotidien développe la présence à soi-même, la vigilance de l'instant...

dimanche 17 juillet 2011

Un goût d'éternité... la sérénité par Christophe André

Bzzz... Tout a commencé avec le bruit d'une mouche. D'habitude, c'est agaçant, et là, non : c'est apaisant. C'est juste la vie. Comme le petit nuage qui passe dans le ciel. Comme les miettes sur la table de la cuisine déserte. Le bourdonnement dure quelques secondes, puis disparaît : la bestiole a trouvé la sortie. Dans le sillage de son vol, un silence tranquille. Et une drôle d'impression. Comment ça s'appelle, cette douceur sans cause précise, ce sentiment que tout est à sa place, et que nous n'avons besoin de rien. C'est ça, la sérénité.


Oui, c'est ça. C'est infiniment agréable. Un peu différent du bonheur : il n'y a pas ce sentiment de satisfaction ou d'accomplissement. Ce n'est pas de la joie, non plus : pas d'excitation, pas d'envie de bouger, de chanter, d'aller se jeter dans les bras des autres. Non, c'est juste la perception d'une harmonie entre le monde et nous. Qui vient à la fois du dedans et du dehors, qui concerne le corps et l'esprit. Comme dans ce passage étrange de Fernando Pessoa, dans son Livre de l'intranquillité : « Un calme profond, aussi doux qu'une chose inutile, descend jusqu'au tréfonds de mon être. » Envie de s'arrêter et de savourer. Certitude calme et silencieuse. Abolition des frontières entre nous et le monde : plus de limites, que des liens. Liens de douceur. Plus envie de rien, plus peur de rien. Plus de besoin, tout est là, déjà là. C'est comme le passage d'une grâce.


D'où émerge la sérénité qui, par moments, nous enveloppe ? Peut-être de ces ingrédients souvent propres aux vacances : de ces moments où nous recevons enfin notre dose de calme, de lenteur, de continuité. Où nous n'avons plus d'obligation de faire quoi que ce soit, ou la liberté de le faire quand nous voulons, maintenant ou tout à l'heure, ou demain. Et peut-être aussi de ces instants de solitude à contre-courant : rester seul à la maison quand tout le monde est à la plage. Et se rendre à la plage quand tous sont rentrés pour se doucher, pour dîner. On les rejoindra tout à l'heure.


Ressentir, éprouver, ne pas penser, ne pas analyser. Ne pas bouger, bien sûr, ne rien faire. Juste regarder autour de soi. Rien de différent, tout est comme d'habitude. Nous aussi, nous sommes comme d'habitude. Sauf que... il s'est passé un truc inexplicable. Une bouffée d'éternité, qui vraisemblablement ne va pas durer. Mais on en savoure chaque seconde.


Bzzz... Tiens, revoilà la mouche. Et des voix qui s'approchent. On va passer à autre chose. Ce sera agréable, mais différent. Moins éthéré, moins céleste. Nous allons revenir dans notre monde (qu'on aime aussi !). C'est Christian Bobin qui écrivait : « À chaque seconde nous entrons au paradis ou bien nous en sortons. » C'est ça, c'est exactement ça : dans quelques secondes, nous allons sortir du paradis. Sans chagrin : nous y reviendrons.

Source La Vie
Christophe André est psychiatre et psychothérapeute. Il a publié "Les Etats d'âme : Un apprentissage de la sérénité" chez Odile Jacob

vendredi 15 juillet 2011

Mystique et Erotique avec Jacqueline Kelen (3)

Aller à contre-courant, cela semble être le mot d’ordre que s’est donné Jacqueline Kelen. Auteure prolifique, elle a signé plus d’une trentaine de livres. Solitude, secret, sommeil, désir sont autant de thèmes qu’elle aborde.


Troisième partie



source : France Inter

jeudi 14 juillet 2011

Mystique et Erotique avec Jacqueline Kelen (2)

Licenciée en lettres classiques, productrice à France Culture, Jacqueline Kelen explore depuis sa jeunesse la soif d’absolu qui la taraude et restitue ses recherches et son expérience flamboyante dans des ouvrages où vibre sa mystique intime. L’essentiel de son écriture se coule dans les grands mythes de l’humanité...


Deuxième partie
avec une lecture d'un texte de Christiane Singer :



source : France Inter

mercredi 13 juillet 2011

Mystique et Erotique avec Jacqueline Kelen (1)

Jacqueline Kelen est écrivain, elle a été productrice d’émissions à France Culture pendant 20 ans et a publié une trentaine d’ouvrages, dont « Marie Madeleine, un amour infini » et « L’Esprit de solitude » chez Albin Michel. Elle vient de publier : « Un chemin d’ambroisie amour, religion et chausse-trappes» aux éditions de la Table Ronde ou il est question de la relation entre Eros et les religions.


Première partie


source : France Inter

dimanche 10 juillet 2011

La cathédrale de verdure avec Philippe Mac Leod

La montagne luit comme une lampe, une flamme ou un chant qui s'élève. Midi la fait vibrer, en son vert tendre qu'un souffle puissant porte haut dans le bleu. L'altitude aussi a ses constellations, ses abîmes, ses monumentales démesures. Sous cet immense déploiement, cette prodigieuse effusion du vivant, comment ne pas ressentir avec joie le premier mouvement de la terre, qui est de s'élancer vers le haut, du plus obscur vers le plus clair, du plus dense vers le plus léger, un mouvement ascendant qu'ont suivi les plantes, les arbres, jusqu'à l'homme debout ?


Par son irrésistible élan, la montagne nous communique grâce et élévation. Cette masse énorme, soulevée comme une pâte, ne cesse de nous clamer ce pour quoi nous sommes faits. De ses innombrables flèches, elle nous indique la direction, l'axe, le sens qui nous anime du dedans. Malgré une apparente inertie, tout est mouvement dans ces reliefs déployés, tout est air, espace, comme un aboutissement du sensible, une sorte d'élargissement du monde, une ouverture radieuse avant de rejoindre l'infini qui nous appelle à travers un voile d'azur.


Au fond de l'étroite vallée où je progresse de merveille en merveille, un cirque dessine une abside aux puissantes nervures. Les derniers névés déroulent sur la pierre nue de longues nappes aux plis profonds. Le ciel s'accroche aux becs flamboyants comme des festons au soleil. Au bas de la muraille, d'immenses tentures colorées dégringolent de l'ombre froide. La flore à profusion s'y imprime, d'un trait fin, avec tous les animaux rassemblés, délicatement posés sur l'herbe, avant que la forêt ne recommence à bruire. Ils habitent ces montagnes comme un psaume de louange : ils chantent la vie, la lumière, les couleurs, l'air qui nous grise et vibre jusque dans nos chairs.


Parce que l'espace, ici, reste ouvert, à peine captif de la dentelle des crêtes, on a l'impression de mieux le saisir, vaste et tout proche à la fois, l'immense toit d'ardoise bleue nous ouvrant à la transparence la plus pure, celle qui nous habite, celle qui étincelle comme un faîte, un terme, à la pointe de chaque herbe, chaque arbre, chaque sommet.
Le soir, la pierre se coule dans le bronze. Le petit jour la colore de rose, de mauve, légère et presque irréelle comme la clarté qui monte dans les tremblantes verrières. Une pluie d'étoiles étire les murs dans la nuit, loin, indéfiniment, jusqu'au mystère étourdissant que percent les pics.



Un sang d'argent traverse la nef par le centre, comme dans la vision d'Ézéchiel, un fleuve de cristal, de lumière et de joie jubilante, un chant pur, un cri de vie, tous les vertiges des sommets qui descendent laver la roche, féconder la terre où tout ce qui lève retourne au ciel.
Nul ne songerait à dresser une charpente. Les arbres qui peuplent les pentes n'y suffiraient pas. Et qui pourrait jusque-là hisser la tuile vernissée, le blason, l'angelot inanimé ? Dès les premières clartés, les rayons serrés du soleil couvrent l'édifice d'un or fin et frémissant, une paille soyeuse, un chaume aérien. Le bleu qui s'étend peu à peu devient si dense qu'on entend le silence sonner, un même écho à travers l'azur qui s'ouvre intensément. Clameur du milan qui s'élance ! Tout l'espace sur une aile ! Le cantique qui monte d'une seule voix, porté à bout de bras, à bout de branches, de ses milliers de notes vertes parsemées sur le bleu, retentit à la pointe des cimes étincelantes, où nous fait signe la blancheur d'un éternel éclat.

PHILIPPE MAC LEOD est écrivain, il a publié plusieurs recueils de poésie. Son dernier ouvrage, l'Infini en toute vie, est paru aux éditions Ad Solem.
Source : La Vie

samedi 9 juillet 2011

"Si tu crois que tu es trop petit pour changer les choses, alors passe une nuit avec un moustique"
Proverbe africain

vendredi 8 juillet 2011

Epreuves de l'arbre

"Seul l'arbre qui a subi les assauts du vent est vraiment vigoureux,
car c'est dans cette lutte que ses racines, mises à l'épreuve, se fortifient."
Sénèque


source photo : blog de Claire

mercredi 6 juillet 2011

Découvrir son vrai visage avec le Jeu des Miroirs

Cette vidéo présente le nouveau jeu de Sabine Dewulf, consacré à la connaissance de soi, paru aux éditions du Souffle d'Or en mai 2011.


Le livre a été sélectionné par Psychologies Magazine dans son numéro de l'été 2011.


Le jeu permet de nombreux tirages (individuels et en groupe). Il comporte des exercices pratiques de visualisation et de retour à soi-même. La méthode originale de Douglas Harding (la Vision Sans Tête) a inspiré cet ouvrage.

lundi 4 juillet 2011

Les shisas ou les gardiens d'Okinawa

Les Shisas sont « les Gardiens d’Okinawa ». Ils sont l’essence même de la culture de l’archipel d’Okinawa au Japon. Ce sont des statuettes ou sculptures dont la forme « traditionnelle » se situe entre le lion et le chien. Ce sont à la fois des Talismans et des objets d’Art.
On rencontre aujourd’hui les Shisas en couple. Toujours à droite, le mâle garde la bouche ouverte afin d’éloigner les mauvais esprits. La femelle quant à elle garde la bouche fermée afin que le bonheur ne se sauve pas. (passer la souris sur l'image)
carte


dimanche 3 juillet 2011

A bonne distance avec Philippe Mac Leod

Ce n’est rien en soi : un chemin comme tant d’autres, qui monte parmi les herbes sous les noisetiers devant la maison, là où s’achève la route, un long chemin ondoyant, avec ce bleu entre les jeunes feuilles, qui tremble et miroite.


Je ne sais ce qui me parle à toute heure du jour, dès que le regard s’accroche aux frêles ramures – du bout incertain du sentier qui disparaît, comme une voix, comme une présence vaporeuse, un signe familier qu’elle m’adresserait avec constance mais sans insistance, avec une discrétion, une délicatesse désarmantes.
Dans la lumière du soir ou la clarté vive des matins, qu’il vente ou que rien ne bouge, hormis un chant d’oiseau, haut suspendu, je tends l’oreille vers un murmure à peine perceptible, une sorte d’appel tout bas ou très loin. J’écoute, je regarde, sans comprendre ce qui me retient, me captive tant. Peut-être la distance, ses tremblements, ses incertitudes, la magie des lointains, des chemins qui s’enfoncent, l’air plus proche et plus sensible sous le fin voilage des feuillages ou le regard qui se perd avec bonheur et douleur, se noie dans une épaisseur mouvante le prolongeant de ses formes vivantes – je ne sais, peut-être plus simplement ce mystère qui affleure dès que l’on prête attention aux moindres choses de ce monde.


Tout alors devient bouleversant : le caillou dans la lumière, la tige souple d’une fleur qui balance, comme si l’existence criait, hurlait de cette voix immense et muette qui fait tout l’espace. Nous imaginons mal les liens vivants qui existent entre les choses et notre cœur le plus intime, les échanges secrets, les rapports aussi profonds qu’imperceptibles qui se nouent dans le silence d’un regard attentif.
C’est à ces moments-là que l’on mesure avec émotion combien le monde est à entendre, à sentir, à goûter, et qu’une histoire commune nous attache au même horizon. Si nous savions méditer à partir de l’intime de nous-même, appréhender chaque chose de l’intérieur, penser avec notre intelligence bien sûr, mais en allant chercher le souffle dans le courant profond qui traverse le monde, oui, sentir, penser avec le cœur, à la surface bleue d’un regard large et libre, penser jusqu’au bout de nos mains frémissantes, penser avec notre âme, avec la vie qui court sous le vert des feuillages, qui étire la tige vers le haut et tremble avec la lumière, l’existence alors nous dévoilerait toute sa hauteur, sa longueur, sa largeur et sa profondeur.


De ce léger décalage de l’âme entre nous et le monde, de cet intervalle infime, comme entre l’azur et la cime, l’océan et ses horizons, quand nous en prenons plus fortement conscience et qu’il s’emplit d’une réelle présence, jaillit l’émerveillement de la vie. Il n’y a véritablement de contact avec le monde que dans la distance qui le révèle. Dans cet écart traversé d’un insaisissable courant, l’esprit et le vivant se rencontrent et s’entremêlent, révélant une intimité secrète entre le monde et l’homme qui le regarde et le pénètre jusqu’à sa source. Nous avons en quelque sorte décollé de la nature. Par la conscience, par le recul de l’âme, nous nous sommes écartés pour mieux voir et mieux comprendre, mieux sentir, plus spirituellement.


Trop près, c’est la chaleur animale, la cécité de la pierre, dure et ténébreuse en son centre. Trop loin, nous nous refermons sur l’espèce. Entre les deux, il y a l’espace de l’amour, le regard de l’esprit, la distance d’un grand souffle où l’étincelle de vie se déploie dans toute sa gloire.


Philippe Mac Leod est écrivain et a publié plusieurs recueils de poésie. Son dernier ouvrage, Sens et beauté, est paru aux éditions Ad Solem.

samedi 2 juillet 2011

vendredi 1 juillet 2011

Une saison avec Vivaldi

Se laisser porter par la musique... Frissons que je souhaite partager !