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mardi 25 février 2025

Bienvenue sur la Voie !

 Arnaud Desjardins a, selon moi, été un des rares occidentaux à avoir authentiquement endossé le rôle de maître tel qu'il est pensé en Orient. Dans ce Dialogue, Véronique, qui fut son épouse et son étudiante, qui est également autrice, nous parle d'Arnaud et plus largement de la Voie.

Par Fabrice Midal


Cliquez ici pour écouter

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en vidéo :


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lundi 13 janvier 2025

La parole retrouvée

 Je viens de terminer la lecture de La Parole Retrouvée, un voyage avec Lee Lozowick, le dernier livre de Véronique Desjardins

Je cite ici la présentation qui en est faite en 4ème de couverture avant de donner mes impressions de lecture : 


« Deux maîtres spirituels, deux écoles, deux sanghas Tout semble les séparer : leur éducation, leur style, leur cheminement, leurs méthodes : l’un est adepte d’une voie de dévotion , l’autre est disciple d’une voie non dualiste. Et pourtant, du jour où ils se rencontrent, naît entre eux et leurs élèves une profonde amitié. L’auteur relate ici le rôle qu’il joua dans son propre parcours durant le long séjour qu’elle fit auprès de lui en Arizona et en Californie. Et, au delà de son histoire personnelle, comment les deux écoles se sont fécondées l’une l’autre »

On devinera toutes mes raisons d’avoir hâte de lire ce livre. Attente récompensée car j’en ai reçu une nourriture de grande qualité. 

Avant tout, j'y ai vraiment senti et retrouvé Lee tel que je l'ai connu et c'est à mes yeux la plus grande réussite du livre. 

A partir de son témoignage personnel , à maints égards intime, Véronique parvient à évoquer et je dirais même invoquer Lee dans sa dimension de serviteur de l'essentiel, avec toutes ses facettes hors norme. Si bien que, tout en lisant un témoignage de Véronique Desjardins au plus près de son vécu intérieur, j'ai avant tout eu l'impression de lire un livre consacré d'abord à Lee Lozowick. 

C'est une alchimie dont la formule n'était a priori pas évidente mais que à mon sens Véronique a maitrisée. Du coup, tout en étant invité à partager des aspects du parcours sur la voie d'une femme avec ses questionnements, déchirements, difficultés, qui plus est d'une femme dans la position bien particulière de disciple et épouse d'un maître, le lecteur rencontre cet autre maître Lee, le voit pour ainsi dire en action... 

Le plus beau compliment que j'ai à faire sur ce livre est que, d'un bout à l'autre de sa lecture, j'ai eu le sentiment de me trouver en présence de Lee. Je l'ai senti là, ai retrouvé des impressions subtiles familières, me suis trouvé connecté à sa longueur d'onde. 

C'est donc à mon sens un beau, fidèle et sensible portrait de maître, à travers le prisme d’une femme profondément investie sur la voie. 

Il me semble que tous les principaux aspects de Lee tel que nous l'avons connu et ses "moyens habiles" sont évoqués : notamment sa manière de faire travailler celles et ceux qui se mettaient dans son orbite sur les dimensions primales : sommeil, nourriture, habitudes, confort, de les pousser dans leurs retranchements sur  quantité de petits attachements. 

Les différents exemples que Véronique donne de "leçons" reçues sur le vif en sa présence sont représentatifs de sa manière de transmettre, de créer autour de lui et en groupe des conditions propices à voir et à se voir... 

Elle rend aussi très bien la dimension avant tout énergétique de sa transmission. Les repas, concerts de rock, périples épiques, sont évoqués avec justesse et acuité. Elle donne aussi à sentir ce que pouvait être une « chamber », ces espaces sacrés qui parfois se créaient, en général dans des contextes intimes en présence de Lee et en la présence conjuguée d'Arnaud et Lee.

 Oui, ce même Lee qui dans ses conférences publiques, au mépris de son image et de sa réputation, s’acharnait à faire fuir les touristes spirituels à grand renforts de provocations et d’outrages frisant l’ absurde , ce même Lee,  donc , se muait souvent en un réceptacle et véhicule de présences subtiles , instrument d’une compassion palpable mais dépouillée de tout romantisme. 

Les passages consacrés au « bazar sacré « , soit l’exposition et la vente par Lee d’objets d’art sacré de diverses origines sont également fort pertinents. Ils restituent bien ce que beaucoup d'entre nous ont vécu  et donnent un éclairage certainement précieux pour celles et ceux qui seraient gênés et perplexes vis à vis de cette facette de son "travail".


Un autre aspect important de ce livre est évidemment ce qu'il transmet de la relation si rare et étonnante entre Lee et Arnaud, deux êtres humains comme Véronique le souligne tellement différents , et pourtant devenus si proches dès leur première rencontre ... Et ce qui, à partir de cette relation, a trait au cousinage spirituel des deux écoles, là aussi une occurrence si on y réfléchit très rare. 

De manière vivante, à partir de ses souvenirs,  l’auteur cerne au delà des anecdotes et cas particuliers la dimension de ce cousinage, en pose en quelques paragraphes les enjeux, la richesse et aussi les possibles pièges (le mélange des influences, la fascination) 

La survenue de Lee et de son école dans la vie des élèves d'Arnaud a apporté non pas un élément manquant mais une dimension dont pourtant nous avions besoin ( et vice versa). Véronique souligne bien aussi la manière exceptionnelle dont Lee s'est mis au service d'Arnaud et de sa transmission sans pour autant cesser un instant d'être lui même avec son style si inhabituel et déconcertant pour beaucoup. 

Et bien sûr, il y a un peu en filigrane mais naturellement très présente, une évocation d'Arnaud, de sa perspective. Là aussi, en lisant ce livre, je l'ai senti vivant. 

C'est un témoignage important sur une rencontre relevant d'une magie, complètement improbable et défiant les lois linéaires. 

Enfin, les passages autour de la fin de vie de Lee , sa manière de se situer vis à vis de la maladie, reflètent à mon sens parfaitement l'enseignement inoubliable transmis dans ce contexte. 

L'évocation de ce qu'il faisait passer sur "les temps qui viennent " et les technologies ont aussi leur  juste place.

Gratitude donc pour ce livre que je classe parmi les témoignages de disciples précieux et intemporels. Je le  relirai comme je relis certains livres évoquant M Gurdjieff  ou d’autres maîtres.

Gilles Farcet

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mercredi 15 mars 2023

La connaissance de soi (1) avec Véronique Desjardins

(vous pouvez passer les 6 premières minutes)

Voici quelques personnages de l'éventail : l'homme social, le raciste, l'ambitieux, l'obsédé sexuel, le vaniteux, le romantique, l'angoissé financier, l'enfant perdu, le mystique, le tyran, l'optimiste, l'idéaliste, le meurtrier, l'artiste, le désespéré.


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vendredi 21 janvier 2022

Ego menacé

Pour l'instant, l’ego ne se sentait pas menacé par ces réunions hebdomadaires. Mais le jour où nous serions vraiment remis en cause, il y aurait trois attitudes possibles : ceux qui resteraient, ceux qui partiraient puis reviendraient, et enfin ceux qui ne reviendraient pas et commenceraient à critiquer Arnaud et le Bost. Le lendemain, une des dames présentes - l'ancienne assistante sociale - lui écrivit, non sans emphase : « Maître, s'il n'en reste qu'une, je serai celle-là !» Par la suite, elle fréquenta le Bost pendant quelques années puis, un beau jour, disparut pour ne plus jamais revenir.

C'est une loi que nous devions apprendre auprès d'Arnaud : chaque fois qu'il y a over-emphasis, un accent exagéré pour affirmer une chose, c'est qu'il y a, à l'arrière-plan, totalement refoulé, un aspect de nous que nous refusons de laisser affleurer à la conscience et qui, tôt ou tard, se révélera avec d'autant plus de force qu'il aura été nié longtemps.

Une autre fois, le bruit circula parmi nous qu'un des participants portait un jugement sans appel sur ces réunions autour d'Arnaud: « C'est de la métaphysique de cours du soir pour ouvriers portugais... ». Quelle ne fut pas ma stupeur, quelques années plus tard, d'apprendre que l'auteur de cette remarque cinglante n'était autre que mon père !

Dans l’intime d’un chemin/Véronique Desjardins


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jeudi 20 janvier 2022

La pratique toujours...

 Les exemples puisés dans sa propre sadhana montraient l'acharnement dont il (Arnaud) avait fait preuve pour tirer la substantifique moelle de la voie sur laquelle il était engagé. Il préparait longuement ses entretiens avec Swâmiji puis, après I’entretien, prenait des notes pour reconstituer l'entretien dans son intégralité. Quand il rencontrait Swâmiji, il abordait un sujet précis - il nous disait qu'il pouvait avoir un entretien avec Swamiji portant sur une seule phrase- et ressortait avec une compréhension claire.

L'intensité de présence de Swamiji, la clarté de ses réponses aiguisaient son intelligence. Le reste de la journée, seul avec lui-même, il réfléchissait et, s'il sentait que sa compréhension devenait moins percutante, il reposait sa question le lendemain et Swâmiji reprenait son explication. « Make it your own ! » lui disait son maître, faites-en votre propre substance. »

À nouveau, une fois seul, Arnaud reprenait l'entretien, trouvait ses propres exemples, tirait ses conclusions et apportait son butin le lendemain à Swámiji qui concluait : « You have got it, Arnaud ! Vous avez compris !» Au sortir de ce type de sitting, Arnaud n'était plus le même que celui qui était entré dans la pièce de Swâmiji. Quand il avait fait son bien propre d'un point précis après plusieurs entretiens, il avait franchi une étape, sa compréhension s'était définitivement établie.

Véronique Desjardins


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Aucune description de photo disponible.

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vendredi 23 octobre 2020

En communion avec vous...


Je voudrais remercier les éditions Accarias L'originel pour la qualité de leurs publications. 
A la manière de l'agroécologie qui nous offre de voir le rapport à la nature différemment, elles nous offrent une "cerveauécologie", une approche différente de notre façon de penser et d'aborder le réel.
Enraciner notre être dans la nature et déraciner les pensées créées par le mental...
Voici un nouveau livre qui peut nous aider précieusement sur ce chemin de communion, avec Arnaud Desjardins.


Les Lettres d’Arnaud Desjardins à ses élèves est le premier ouvrage posthume de l’auteur, mort en 2011. Ces correspondances suivies permettent d'entrer dans l'intimité de la relation maître à disciple et de voir comment l’élève est guidé pas à pas au travers des situations existentielles qu’il rencontre dans son quotidien. Arnaud ne répond pas seulement à l’élève dont il a le courrier sous les yeux, c’est à chacun de nous qu'il parle directement, de cœur à cœur.
Ce livre apporte des réponses concrètes aux questions que toute personne se pose face aux difficultés qu'elle rencontre dans sa vie, que ce soit dans les domaines professionnel, affectif ou familial. Toutes les circonstances qui jalonnent une existence humaine, avec ses joies et ses épreuves, y sont ainsi abordées, en étant chaque fois resituées dans une perspective spirituelle.
C’est un ouvrage tout public mais le lectorat d’Arnaud Desjardins sera particulièrement intéressé par ce livre posthume qui permet de découvrir cet auteur sous un jour nouveau.


« Pour Arnaud, la découverte de la conscience infinie et éternelle, c’est la réalisation de la communion, de l’unité. Découvrir le Soi, Dieu en nous, c’est être en communion avec tout ce avec quoi nous entrons en relation, c’est être “ un ”avec tout ce dont nous prenons conscience. » 
Geoffroy d’Astier

« Puissent ces lettres, intemporelles et universelles, nourrir notre démarche, éclairer notre quotidien et nous rappeler que la réponse ultime se découvre dans l’intime de notre être. » 
Véronique Desjardins 

 232 pages. 18 € / Editions Accarias - L’Originel 3 allée des Œillets 40230 Saint Geours de Maremne.

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Un extrait :

François,

Tout ce que vous avez écrit est juste, parfaitement juste. Ne vous faites pas à l’avance d’idée trop précise sur ce qui vous attend en progressant vers le grand but. Mais vous avez compris comment faire un pas, puis un pas, puis un pas. 

Voir = ici, maintenant, ce qui est -> la paix inconditionnelle.

Discriminer entre voir et penser.

C’est en moi (dans la conscience) que tout se passe : « namarupa », les noms et les formes (sensations, émotions, pensées).

Je suis en communion avec vous.

Arnaud

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mardi 25 février 2020

Rencontre avec Véronique Desjardins


Véronique Desjardins anime des groupes "Femmes en chemin". C'est lors d'un de ces groupes à l'Université A Ciel Ouvert que nous lui avons posé des questions sur son travail actuel. (Alain Chevillat - Août 2018)


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mardi 7 janvier 2020

La vigilance est conscience...


La vigilance est un état de conscience, d’ouverture et de disponibilité à ce qui advient. Etre vigilant, c’est regarder défiler les trains de pensées et d’émotions, sans vouloir les retenir ou chercher à les faire disparaître, sans se laisser captiver par un wagon ou un autre, sans courir derrière. C’est demeurer sur place, tranquille, et les laisser passer. Être vigilant, c’est être conscient de tout.

La vigilance peut se définir comme le fait d’être conscient de ce qui se passe, d’être « présent ». Elle doit s’étendre à tous les domaines de l’existence sans exception. Il n’y a d’ailleurs pas de préhension du réel sans vigilance, celle-ci nous permet précisément de prendre conscience de nos mécanismes intérieurs de refus et de revenir au réel. D’ordinaire, ceux-ci se déroulent dans l’ombre ; nos habitudes, le poids du passé, perpétuent à notre insu un conflit avec l’instant tel qu’il est. Nous ne sommes alors même pas conscients de notre coupure avec le réel.

La vigilance de l’homme en chemin et celle de celui qui est parvenu au terme de sa quête ne peuvent pas être la même. La vigilance de l’être réalisé, entièrement spontanée, est simple vision de ce qui est, la vigilance du débutant est aussi vision de ce qui est, mais celle-ci englobe nécessairement les émotions, les associations d’idées, les humeurs diverses auxquelles il est encore soumis.

Véronique Desjardins


Marie Chantale Forest
Anthologie de la vigilance
Editions Accarias l'Originel

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vendredi 11 août 2017

La voie spirituelle avec Véronique Desjardins (3)


Et après, est-ce qu’il n’y a pas le besoin de rembourser la dette spirituelle contractée auprès du maître ?

Absolument ! D’abord on est redevable de la vie, ce que les bouddhistes appellent ce précieux corps humain. Mais surtout, si on a la chance de croiser un maître et de vivre une transformation, on est dépositaire d’une richesse qu’on ne peut pas garder pour soi seul. Vient le moment de partager ce trésor. Il y a différentes façons de le faire. Cela peut être une nouvelle manière d’entrer en relation avec les autres, d'être une lumière dans leur destin. J’ai un souvenir très fort à cet égard. Un jour, dans le centre tibétain de Karma Ling, nous étions nombreux dans le temple à attendre le dalaï-lama qui devait donner des enseignements. Soudain, il est arrivé et par la simple manière dont il est entré, dont il s’est tourné avec chaleur vers chacun, toute l’atmosphère a été changée. Voilà un être qui a le pouvoir, simplement en apparaissant, d’ouvrir les cœurs, de vous remplir de joie. Nous ne sommes pas des dalai-lamas mais, chacun à notre niveau, que pouvons-nous faire, dans notre sphère d’action, pour être des facteurs de guérison du monde et non pas d’aggravation de la maladie du monde ? Ce critère, cher à Arnaud, est tellement simple.

Et pour vous, le décès d’Arnaud a mis l’accent sur cet aspect dette par rapport à lui ?

Oui, bien sûr, mais pas par rapport à lui. Non, ça, ce serait terrible. Une des plus belles choses qu’Arnaud m’ait dite à la fin de sa vie, c’est : « Tu ne me dois rien et tu ne dois rien à Hauteville (1) ». Cela a eu un effet libérateur et, du coup, la dette dont vous parlez n’est pas une dette imposée de l’extérieur, comme une contrainte, mais quelque chose qui vient de l’intérieur. C’est à partir d’une grande liberté que je ressens, tout naturellement. « Je ne peux pas ne pas donner ce que j’ai reçu ». Cela participe d’une circulation énergétique. Le maître nous a donné en abondance et, à notre tour, nous redonnons, à notre mesure, ce que nous avons reçu mais dans une forme qui est la nôtre.

C’est ce que vous vivez actuellement ?

Oui, j’ai une gratitude immense pour ces paroles-là, « tu ne me dois rien ». C’est un cadeau qu’il m’a fait et, en même temps, il savait parfaitement qu’en libérant ainsi tous ceux qui lui étaient redevables, il allait leur permettre de donner le meilleur d’eux-mêmes.



1 - Hauteville est le centre fondé par Arnaud Desjardins en Ardèche. Véronique, étant l'épouse et la collaboratrice d’Arnaud, a beaucoup œuvré pour Hauteville du vivant d’Arnaud.

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jeudi 10 août 2017

La voie spirituelle avec Véronique Desjardins (2)


Peut-on suivre une voie sans accompagnement ?

Il semble que non, sauf pour de rarissimes exceptions : les traditions sont unanimes à cet égard. Parce que sinon on bricole sa voie à sa façon : je prends ce qui m’arrange et j’élimine ce qui me déplaît. Le maître est là précisément pour nous remettre en cause. Au début, il commence par nous apprivoiser. Puis au bout d’un moment, il va nous montrer certaines choses sur nous-mêmes qu’on ne veut pas forcément voir. Impossible de le faire seul. Il faut le regard neutre, bienveillant et en même temps ferme d’un être en qui on a profondément confiance. Car seule cette confiance peut nous permettre d’intégrer le choc de la remise en cause, d’accepter de regarder comment nous fonctionnons. Après tout, nous venons là pour changer, pas pour être indéfiniment bercés.

Quels sont les degrés de l’accompagnement ?

Je crois que dans toute école, un élève goûte l’indispensable lune de miel. Pour commencer, il y a un énorme transfert sur le maître, encore plus que sur un thérapeute, et peu à peu une relation de confiance s’établit à un niveau très profond. Cette lune de miel dure plus ou moins selon l’élève, par exemple s’il est très blessé psychologiquement, elle peut durer un peu plus longtemps. S’il est assez solide, le maître pourra intervenir plus vite. Cela dépend donc de la maturité de l’élève. Mais si on veut entrer dans le cœur du sujet, il faudra accepter d'être secoué, mis au défi. On entre alors dans une autre phase d’accompagnement dont la durée dépend de la force de notre mental, de notre déformation psychique. Plus cette déformation est puissante, plus il faudra éroder en donnant certains chocs, ce qui peut prendre du temps. Il n’y a pas d'accompagnement stéréotypé, c’est ce qui en fait la beauté. Je l’ai beaucoup vu auprès d’Arnaud. De l'extérieur, on pouvait se demander pourquoi il se comportait ainsi avec telle personne ? Nous - certains membres de l’équipe qui l’entourait - , nous aurions voulu être fermes et lui se montrait, au contraire, d’une patience à nous faire bouillir. Il laissait une situation perdurer, regardant les choses mûrir tranquillement jusqu’au point critique et là, il pouvait intervenir comme la foudre. Un maître est le roi du timing, le roi du moment opportun, il sait intuitivement quand ne pas intervenir et quand intervenir, alors que nous intervenons à partir d’une compulsion intérieure : il faut remettre de l’ordre là-dedans, c’est inadmissible, scandaleux ! C’est nous que cela dérange. L’accompagnement est un art qui suppose une réelle liberté.

Y a-t-il encore un autre stade après celui-là pour l’élève ?

Oui, quand on commence à être dégagé de la gangue du mental, c’est-à-dire de notre distorsion fondamentale, qu’on cesse d’en être dupe et qu’on devient vraiment soi-même et non plus une caricature, alors vient l’étape des questions fondamentales. Qu’est-ce que l’existence ? Entre le moment où je suis né et le moment où je mourrai, qu’est-ce que je veux avoir parcouru ? Au moment de mourir, serai-je prêt à tout lâcher ? Nous devons nous préparer. Les temps d’épreuves sont une excellente occasion de mûrissement. Quand on est touché en plein cœur, parce qu’on a perdu quelqu’un d’essentiel ou parce qu’on est confronté à une maladie grave, là on est obligé d’intégrer la dimension souffrance de l’existence, acculé à sortir d’une vision étroite « je veux l’agréable mais pas le désagréable ». Notre regard s’élargit alors, car la vie c’est l’ensemble, les hauts et les bas, les joies et les souffrances. Nous apprenons en quoi consiste le samsara, le fait d’être plongé dans l’existence et d’être confronté à l’impermanence, avec son lot inévitable de souffrances. La troisième étape concerne les questions existentielles. Un goût réel naît pour l’essence de la vie spirituelle, qui prendra des formes différentes pour chacun.


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mercredi 9 août 2017

La voie spirituelle avec Véronique Desjardins (1)


Véronique Desjardins a été l’épouse et la collaboratrice d’Arnaud Desjardins pendant 25 ans. Parallèlement, elle a dirigé la collection des Chemins de la Sagesse à La Table Ronde. Ecrivain et conférencière, elle exerce à présent ses activités dans la ligne de ce qu’Arnaud Desjardins lui a transmis.

Qu’est-ce qu’une voie spirituelle ?

On ne peut parler de voie spirituelle sans parler du maître qui l’incarne : quelqu’un qui a lui-même reçu un enseignement, l’a mis en pratique et à son tour le retransmet. Quelle est la particularité d’un maître ? Il tranche complètement par rapport à toutes les relations que nous avons pu connaître auparavant car il n’a envers nous aucune attente, pas de projections ni de contre-transfert. Il est là juste pour notre bien, notre transformation, notre bonheur. La rencontre avec un maître nous guérit peu à peu, au plus intime de nous-mêmes, parce que, pour la première fois, nous sommes non seulement aimés de façon inconditionnelle par quelqu’un qui croit en nos potentialités mais nous sommes vus dans notre essence.

Qu’est-ce qu’un chemin spirituel ?

On ne peut pas dire : « Je suis une voie spirituelle » en accumulant les stages, un séjour en Inde, ou quelques week-ends avec un chaman. Une voie, c’est vraiment s’engager avec un maître particulier sur une voie précise. Il existe des voies dévotionnelles, des voies de la connaissance, des voies de l’action qui correspondent aux différents tempéraments des disciples. Le choix se fait en fonction de notre affinité avec telle ou telle voie mais surtout par rapport au maître. Là, s’opère une rencontre de cœur à cœur qui nous touche dans la profondeur, comme si quelque chose était déjà inscrit. Je pense à Matthieu Ricard qui, du jour au lendemain, a vu sa vie basculer en voyant dans une salle de montage un film d’Arnaud, Le Message des Tibétains. Il a croisé le regard de Kangyur Rinpoché sur ce montage et il a décidé de partir rencontrer ce maître. Toute sa vie a été orientée différemment. On reconnaît le maître - on pourrait employer l’expression coup de foudre car il y a quelque chose de cet ordre, de non rationnel.

La différence entre religion et voie spirituelle ?

On peut dire qu’une religion - le christianisme, le bouddhisme, le judaïsme ou l’islam - est le socle qui permet au plus grand nombre de recevoir, dès l’enfance, une éducation et des valeurs qui donnent un sens à l’existence et les relient à une dimension plus vaste qu’eux-mêmes. Mais la spiritualité est réellement une voie de transformation : certains êtres humains ressentent un appel intérieur : ils ne sont pas sur terre juste pour avoir une famille, faire carrière et cumuler toutes sortes d’expériences. L’avoir ne leur suffit pas, ils sentent un besoin de croissance intérieure et se mettent en quête d’un maître qui puisse les guider - un directeur de conscience dans le christianisme, un maître soufi dans l’islam. En fait, on trouve des maîtres spirituels dans chaque tradition mais la quête intérieure concerne quelques individus, moins nombreux que les fidèles d’une religion. Aller à la messe le dimanche est très différent de suivre un chemin dans une voie au long cours, nous accompagnant toute notre existence. Il ne s’agit pas de sombrer dans une approche élitiste opposant la religion pour le peuple et le chemin spirituel pour les élus. Simplement, chacun n’a pas la même soif. Chaque religion engendre d’ailleurs des mystiques remarquables (comme par exemple Thérèse d’Avila, Jean de la Croix, Hildegarde de Bingen au sein du christianisme). En leur temps, on les considérait comme des maîtres pour leur communauté ; mais il y a aussi celui qui se nourrit des préceptes de l’Evangile avec une telle consécration, un tel amour de Dieu, un tel abandon à la Providence divine - c’est ce qu’on appelle la foi du charbonnier - qu’il en sera peu à peu transformé.


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jeudi 29 décembre 2016

La profondeur de la souffrance avec Véronique Desjardins


Extrait d'une plénière du forum à Ciel Ouvert : 
Imparfait mais debout (nov. 2015 - 15 min.)




Ecrivain, directrice de la collection Les Chemins de la sagesse aux éditions de la Table ronde, épouse et collaboratrice d’Arnaud Desjardins, Véronique Desjardins contribue actuellement aux activités du centre de Hauteville, en Ardèche.



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mercredi 29 octobre 2014

Transmission avec Véronique Desjardins...

• Comment vous présenteriez-vous ?

Dès l’adolescence, ma vie a été dominée par la recherche spirituelle. Je me suis mise en quête d’une voie de transformation, ce qui m’a conduite à Arnaud Desjardins (1) dont je suis devenue l’élève à l’âge de vingt et un ans. Ce que je n’avais pas prévu, c’est que cette recherche concernerait également ma vie affective et professionnelle. À partir de l’âge de trente-trois ans, je suis devenue la collaboratrice d’Arnaud puis sa compagne et son épouse en 1996. Parallèlement, et pendant dix-sept ans, j’ai dirigé la collection « Les Chemins de la Sagesse » aux Éditions de la Table Ronde, qui publiait les ouvrages de représentants des différentes traditions spirituelles, entre autres le best-seller de Sogyal Rinpoché, Le Livre tibétain de la vie et de la mort. 

• Avez-vous vécu une expérience déterminante qui a modifié, changé votre parcours de vie ? Cette expérience vous a-t-elle amenée à prendre des décisions qui orientent encore votre vie ?
J’ai ressenti très tôt le désir de me transformer. Je savais que si je ne changeais pas, j’allais manquer quelque chose d’essentiel. La parole de Gurdjieff, « Votre être attire votre vie », m’avait profondément marquée. La rencontre, le travail, puis la vie en commun avec Arnaud Desjardins ont infléchi toute mon existence. Son décès en 2011 a également été une étape déterminante dans mon propre parcours – étape à la fois très douloureuse mais aussi salutaire. Dans maintes traditions, il est dit que l’ultime cadeau que le maître fait à l’élève, c’est de mourir, car alors l’élève est acculé à tenir sur ses propres jambes et à faire fructifier comme jamais auparavant ce qu’il a appris de son maître. Donc, oui, aussi bien la rencontre d’Arnaud en 1973 - qui m’a amenée à me structurer peu à peu et à envisager l’existence dans une toute autre perspective - que son décès, presque quarante ans plus tard, m’ont conduite à prendre la plupart des décisions qui ont orienté ma vie, entre autres celle de quitter Paris en 1984 et de me rapprocher du centre qu’Arnaud (2) venait de fonder dans le Gard .
Quand nous abordons l’existence, la plupart du temps nous ne savons pas qui nous sommes vraiment, ni ce que nous sommes appelés à devenir. Nous sommes le plus souvent, exilés de nous-mêmes. Si nous ne voulons pas passer à côté de nous-mêmes, et souhaitons que notre vie prenne toute sa dimension, nous devons peu à peu apprendre à nous connaître, à sortir de notre division, à nous structurer. Ce que nous sommes réellement et ce à quoi nous sommes appelés – notre vocation, si l’on peut dire - se précisent avec le temps. C’est quelque chose à découvrir. Cela ne se fera pas sans passer par certaines crises, ne serait-ce que les inévitables épreuves que chacun rencontre tôt ou tard. Mais nous pouvons développer une nouvelle attitude intérieure nous permettant de faire face aux aléas de l’existence. La vie est une succession d’expériences mais c’est à nous d’en faire quelque chose ou non. Le maître d’Arnaud Desjardins, Swâmi Prajnânpad, avait une formule à cet égard : « Tout ce qui vient à vous, vient à vous comme un défi et une opportunité ». 


Quelle est votre vision du monde actuel ?
Il est bien difficile de répondre à cette question car une réelle appréciation de l’état du monde actuel supposerait d’être suffisamment libre de ses préjugés, des idées de toutes sortes circulant à ce sujet, et surtout de ses propres peurs et projections qui déforment inévitablement notre vision. Il faudrait prendre tant de facteurs en compte et avoir un recul qui permette d’évaluer à la fois les raisons de s’inquiéter et les raisons d’espérer. Personnellement, je déplore la perte des valeurs spirituelles, le manque d’intégrité qui sévit un peu partout, sans oublier la désintégration de la famille et l’absence de repères dont souffrent tant de jeunes. Nous vivons dans un profond climat d’insécurité engendrant beaucoup d’incertitude et de peur. En même temps, des initiatives très positives voient le jour un peu partout dans le monde, un réveil des consciences semble faire peu à peu contrepoids à la dégradation générale. Si nous devons traverser une crise majeure, comme tant d’experts s’accordent à le dire, chacun dans leur secteur, celle-ci nous obligera à développer une autre manière d’être ensemble, fondée sur l’entraide et la solidarité, pour pouvoir affronter d’éventuels temps difficiles. Nous serons obligés de fonctionner différemment, de redéfinir nos valeurs et nos priorités et sans doute de revenir à un mode de vie beaucoup plus simple et authentique.
Mais, outre ces considérations générales, ce qui me paraît important au niveau individuel, c’est de savoir si nous augmentons la souffrance déjà présente dans le monde par nos comportements ou si au contraire nous contribuons à répandre plus de paix et d’harmonie. Est-ce que nous agissons avec une certaine sagesse ou est-ce que nous cédons à des impulsions destructrices – la colère et la violence, par exemple ? Si nous ne choisissons pas nos états d’âme, nous pouvons au moins veiller à ce qu’ils ne polluent pas l’environnement.


Quelles sont les valeurs auxquelles vous êtes attachée ? De quelle manière les rendez-vous vivantes ?
La détermination. Nous ne faisons rien sans elle. Elle est un fil conducteur, à l’arrière-plan de notre existence, une certitude qui nous permet d’avancer, quelles que soient les épreuves que nous rencontrons. Elle est l’orientation donnée à notre vie, une force qui nous pousse de l’intérieur. La vérité, qui commence par l’honnêteté envers soi-même. Cesser de se mentir et oser voir en face ses contradictions et ses ambivalences. Le sens des responsabilités, qui s’allie à l’intégrité, et nous permet d’assumer notre existence dans tous les domaines, entre autres familial et professionnel. Nous devons avoir la force de ne pas succomber à une certaine mentalité moderne, souvent cynique et désinvolte, quand celle-ci va à l’encontre des valeurs qui nous sont chères. Le respect et l’amour des autres. Je suis sûre que c’est à l’aune de notre capacité à avoir pu aimer que se fera le bilan de notre existence. Je veux parler d’un amour vrai, un amour qui voit au-delà des apparences et qui ne fluctue pas au gré des circonstances. Aimer vraiment requiert beaucoup de force et de courage. C’est au quotidien que j’essaye de rendre ces valeurs vivantes, par exemple en m’interrogeant sur la manière dont je suis située quand j’aborde une difficulté : « Est-ce la meilleure part de moi ou une part réactive qui agit en cet instant ? » Nous possédons un certain pouvoir nous permettant de sortir de notre vieux monde de blessures, de notre infantilisme, mais c’est un travail que nous devons chaque jour recommencer, inlassablement.


À ce jour, que désireriez-vous transmettre ?
Je désire transmettre ce que j’ai reçu d’une pratique spirituelle qui, avec le temps, nous permet d’affronter de mieux en mieux les défis de l’existence et de vivre plus consciemment. Transmettre ne peut se faire qu’en rejoignant chacun exactement là où il en est. Après le décès de mon mari et maître spirituel, j’ai senti le besoin d’un temps de retrait non seulement pour vivre le processus de deuil mais aussi pour digérer et intégrer tout ce qui m’avait été transmis depuis presque quarante ans. Mais il est devenu clair que je devais témoigner dans mon style propre. Pour ma part, j’anime des groupes de femmes dans l’optique d’aider celles qui y participent à devenir plus pleinement elles-mêmes, afin d’assumer qui elles sont et de donner leur véritable potentiel. Il ne s’agit pas seulement d’une réalisation personnelle mais d’une autre manière d’être dans leurs environnements respectifs, avec toutes les personnes qu’elles sont amenées à côtoyer. La plupart d’entre elles ont des blessures particulières qu’il est nécessaire de panser pour qu’elles puissent dépasser certaines de leurs inhibitions et retrouver leur pleine stature. Mon activité d’écrivain fait aussi partie de cette transmission. 


À la lumière de votre expérience, que vous inspire cette déclaration : « Nous sommes tous des compagnons de voyage » ?
Qui pourrait prétendre le contraire ? Mais comment faire pour que ces mots ne soient pas juste une jolie formule et qu’ils s’incarnent vraiment dans notre vie ?
Je me souviens d’une expérience toute simple que j’ai vécue il y a une douzaine d’années, et qui m’a fait prendre conscience que nous partageons tous la même humanité. En l’an 2000, à la suite d’un œdème pulmonaire aigu, Arnaud a été transporté d’urgence à l’hôpital. Durant son transfert, je suivais l’ambulance avec ma propre voiture, dans un certain état de choc. À un moment, l’ambulancier tourna à un carrefour, son regard croisa le mien et il me sourit avec gentillesse. Dans l’état de vulnérabilité où je me trouvais alors, ce contact d’être humain à être humain eut un grand impact sur moi. Arnaud a survécu onze ans après cet œdème mais je n’ai jamais oublié cette expérience qui fut un avant-goût de ce qui me soutiendrait le jour où Arnaud disparaîtrait. Depuis sa mort, je pourrais dire qu’en le perdant, j’ai trouvé l’humanité et j’ai découvert, à maintes reprises, ce que signifiait être compagnons de voyage. C’est une réalité vivante dont nous pouvons faire l’expérience au quotidien. Nous sommes tous très différents et, en même temps, nous sommes tous faits de la même pâte humaine, nous connaissons tous la gamme des émotions qu’un cœur humain peut éprouver : espérances, peurs, attentes, désirs … Nous découvrons à quel point nous sommes semblables, le plus souvent grâce aux épreuves qui nous amènent à sortir d’une certaine arrogance, d’un élitisme. L’épreuve nous rassemble, nous fait comprendre que nous partageons une même humanité et que nous sommes tous des compagnons de voyage.


(1) : Arnaud Desjardins (1925 – 2011) était auteur, réalisateur à l'ORTF et l'un des premiers occidentaux à faire découvrir aux Français, au travers de documents télévisés, quelques grandes traditions spirituelles méconnues des Européens : l'hindouisme, le bouddhisme tibétain, le zen et le soufisme (mystique de l'Islam) d'Afghanistan, et ce dès le début des années 1970. 


(2) : Actuellement, association « Les Amis d’Hauteville » connus aussi sous le nom d’ashram d’Arnaud Desjardins, à Saint Laurent du Pape en Ardèche. 
Note : L'intégralité de cette interview peut être lu dans le livre L'avenir est en nous (Ed. Dangles) - Février 2014.

dimanche 9 juin 2013

L'action dans le monde avec Véronique Desjardins

...Tout dépend, bien sûr, de la position que vous occupez dans la société : on ne conçoit pas qu'un homme ou une femme politique ne soit pas très bien informé de ce qui se passe dans le monde. Mais. pour la plupart d'entre nous, c'est une perte d'énergie de nous passionner pour des problèmes de société face auxquels nous sommes totalement impuissants. Mieux vaut nous concentrer sur notre sphère d'action. les relations quotidiennes qui tissent du lien avec notre voisin de palier ou le commerçant du quartier. On peut très bien vivre avec peu d'informations, sans pour autant se sentir isolé : il y a tant de gens qui sont au courant des nouvelles que l'on finit par avoir celles dont on a vraiment besoin. Je pense qu'il est important de développer une certaine résistance au climat ambiant. Si nous ne sommes pas vigilants, nous ne nous rendons pas compte que nous vivons dans un état de distraction permanent, coupés de nous-même et des autres. Être happé par tout un tas de gadgets et de sollicitations constantes devient pernicieux pour notre vie intérieure. Il faut veiller à ce que nous ingurgitons au niveau psychique, et nous tourner vers ce qui nous nourrit vraiment, nous ouvre le cœur et nous redonne l'espérance. 

Concernant notre action dans le monde, les petits gestes que nous posons ont un retentissement dont nous ne pouvons pas toujours mesurer la portée. Un petit geste qui va dans le bon sens fait boule de neige et rayonne sur l'extérieur. Un souvenir me revient, à cet égard. Nous étions dans le centre tibétain de Karma Ling, en Savoie, avec quelques centaines de personnes qui attendaient l'arrivée du Dalaï-lama lama. Lorsqu'il est entré, il a traversé le temple en souriant, se tournant à droite et a gauche avec un bon regard pour saluer chacun d'entre nous ; en quelques instants, toute l'atmosphère du temple a été changée. Il est probable que chacun des membres de l'assistance est reparti chez lui un peu plus conscient et un peu meilleur. Même si nous ne sommes pas le Dalaï-lama, nous avons toujours la possibilité, dans l'environnement où nous nous trouvons, d'apporter une certaine harmonie, de dissoudre une tension, d’œuvrer pour ce qu'Arnaud appelait la guérison du monde. 


Dans un monde corrompu, qui a perdu le sens des valeurs élémentaires comme l'éthique, le respect, l'authenticité, nous devons agir avec intégrité et dignité. Il est important de ne pas magouiller, de ne pas accepter de tremper dans des situations douteuses. Nous pouvons être parfois tentés d'accepter certains compromis pour gagner un avantage à court terme. Mais, par expérience, je peux dire que, dans une vision à long terme, l'intégrité est toujours payante, non seulement pour nous mais aussi pour les autres, car elle fait tache d'huile. Nous avons tous un sens inné de ce qui est juste et de ce qui ne l'est pas, et nous devons nous fier à ce ressenti intime qui nous suggère d'agir tout simplement avec droiture. Si, un peu partout dans le monde, des personnes osent agir en ce sens, le monde aura une chance de guérir.


Véronique Desjardins
Revue Source n°22

samedi 14 juin 2008

Véronique Desjardins ouvre nos portes...


Détendre, laisser sortir, faire confiance, lâcher-prise, aller avec le mouvement... Véronique Desjardins à travers son nouveau livre nous offrent des clefs qui ouvrent des portes sur notre chemin.




"[...] "En vous empêchant de dire et de faire sous prétexte que votre parole ou vos actions risquent de ne pas être complètement justes et en place, non seulement vous vous privez de votre propre expression mais vous privez les autres de quelque chose qui aurait peut-être pu leur être utile. Le fait que nous soyons chacun unique dans notre spécificité – tous différents – ne vous a-t-il jamais interpellé ? Nous faisons tous partie d'un vaste ensemble dont nous sommes, chacun, une piéce irremplaçable, le temps que dure notre existence. Et nous avons notre rôle à jouer, unique, dans cet ensemble.
Quant à la naïveté, tout dépend de ce que vous entendez par là. Il y a une naïveté qui est certes à proscrire, c'est celle qui provient d'un refus de grandir et de voir en face les réalités de l'existence ; et il y en a une autre à cultiver, celle qui regarde le monde à l'état brut, d'un oeil neuf et innocent, avant que trop de conceptualisations ne nous en aient exilés."

(extrait du livre de Véronique Desjardins, Porte donnant sur la voie.)

lundi 24 mars 2008

"Porte donnant sur la voie" de Véronique Desjardins

Voici le nouveau livre de Véronique Desjardins, intitulé "Porte donnant sur la voie" et un extrait de son interview dans le magazine "Nouvelles Clés", n°57 :
Nouvelles Clés : Est-ce que ces histoires illustrent des moments existentiels que nous pouvons, toutes et tous, traverser ?
Véronique Desjardins : Bien sûr, et notamment les moments charnières où la vie semble nous acculer : des passages de crise. Ces moments ont ceci d'intéressant qu'ils existent pour déboucher quelque part. Parfois, on a l'impression que cela ne donne nulle part : mais si on a vraiment en soi une détermination pour traverser cette crise que l'on est en train de vivre, celle-ci aboutira à une prise de décision. L'étymologie du mot crise signifie d'ailleurs cela, car le mot vient du grec krisis : décision, jugement, choix. C'est une situation qui exige de décider où va sa vie. La crise nous invite à mettre fin à l'ancien système pour déboucher sur quelque chose de nouveau, qui nous oblige forcément à sacrifier l'ancienne façon de procéder et d'exister. Le nouveau ne peut pas émerger s'il n'y a pas un certain abandon. La crise bien vécue aide à dénouer des noeuds intérieurs et la problématique du moment mais pour cela il faut avoir la lucidité d'un but, une visée.

(voir l'article)