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vendredi 23 février 2024

L'écran vierge de la conscience

Mes chers amis,


A la méditation, nous avons employé une image pour parler de ce qu'est l'esprit, la conscience.

Nous pouvons comparer la conscience à un écran sur lequel est projeté un film, le film de notre vie, le film de tout ce que nous percevons. Bien que le film n'ait aucune substance, il existe et peut être vu.

Le film n'est pas l'écran et pourtant il n'est pas séparé de lui. De même notre vie n'apparaît nulle part ailleurs que dans notre conscience et n'est pas séparée d'elle. Sans écran, la projection du film n'est pas visible.

L'écran lui ne peut pas être vu quand le film est projeté, et le film est projeté en permanence. 

Sans être vu, l'écran est connu. L'esprit, sans substance, immatériel, ne peut être vu, mais il peut être connu.

L'écran n'est pas affecté par le film qui est projeté. On ne retrouve pas dans l'écran de traces de balles après un film de guerre ; de même l'esprit n'est pas affecté par les phénomènes qui apparaissent au sein de la conscience.

Le film est vu sur l'écran, mais en réalité il est dans la bobine de film qui est dans le projecteur.

Toutes nos empreintes karmique sont engrangées dans ce que les bouddhistes appellent la "conscience base de tout". C'est elle qui conditionne notre vision du monde. Nous avons besoin de notre précieux corps humain pour que la lumière prenne la forme d'un film  en "traversant" nos empreintes.

L'écran n'attend pas un film particulier, ne préfère aucun film, n'est déçu par aucun film, n'est jamais triste qu'un film s'arrête, parce qu'il y en a toujours un autre qui commence…

A la différence de l'écran, notre esprit à la capacité de se connaître lui-même, c'est le miracle de l'auto-connaissance, un caractéristique que seul possède l'esprit.

Nous pourrions donc dire que nous sommes à la fois l'écran, le film, le projectionniste, la bobine de film et le spectateur et que c'est cela la vie…

Mais tout cela n'est qu'une image, nous avons juste besoin de méditer en silence pour reconnaître ce que nous sommes, pour le réaliser.

Avec ma profonde amitié pour vous tous, je vous souhaite souhaite un bon film, le film de votre journée.

Philippe 

jeudi 21 décembre 2023

Partage de connaissance

 — Zen, Yoga, Taï-Chi-Chuan, Aïkido —

Il ne s'agit pas d'enseigner un savoir-faire ; il s'agit de partager sa connaissance.

C'est pourquoi je refuse absolument d'enseigner la voie tracée par Graf Dürckheim à distance par un réseau informatique. Pourquoi ? Parce que dans le face-à-face à distance que permettent les écrans il est impossible de se donner la main ... !

Est-ce vraiment raisonnable ? Ce qui ne serait pas raisonnable est d'imaginer ou de penser qu'à l'occasion de ce contact fictif, virtuel, que permet ce qu'on appelle le progrès dans le domaine de la communication, nous faisons l'expérience d'une rencontre réelle de personne à personne.

L’image de ces deux mains qui se donnent concrètement réanime un souvenir à la fois affligeant et stimulant.

Rütte 1969 — J'entre dans le bureau de Graf Dürckheim. Ce doit être notre troisième rencontre. Il se lève et tend la main. Nous nous donnons la main. Aussitôt ma main en contact avec la sienne, il me dit : « Jacques, ne bougez pas ! Sentez ce qu'on désigne par l'expression se donner la main. Vous sentez ? On pourrait mettre un œuf de pigeon entre votre main et la mienne. Ce qui signifie que vous manquez de contact ; vous manquez de contact humain ».

Tout en maintenant ma main dans la sienne, Graf Dürckheim m'a invité à métamorphoser ce geste, à le libérer de ce qui entravait le contact humain souhaité.

« Voilà ! Vous sentez la différence ? La main n'est pas quelque chose ; la main, c'est l'homme dans sa globalité et son unité. La main, c'est l'homme qui donne, c'est l'homme qui reçoit. Dans le travail que nous allons entreprendre et qui a pour sens l'éveil de l'homme à sa vraie nature, passer de l'idée que "l'homme A un corps, à l'expérience du corps que l'homme EST" ("Leib" dans la la langue allemande) est inéluctable ».

Je n'ai pas pris cette remarque — vous manquez de contact humain, — comme étant un jugement mais comme étant l'implacable diagnostic d'une manière d'être au monde qu'il est possible d'engager dans un processus de transformation.

C'est en contact avec le maître qui propose un chemin d'expérience et d'exercice que j'ai non pas compris mais fait l'expérience sensible, phénoménale du corps que l'homme EST. Leib, le corps vivant, n'est pas la somme des objets qui le composent, parmi lesquels : la main. Leib, le corps-vivant que nous sommes, est l'ensemble des gestes à travers lesquels chacun se présente, devient celui qu'il est au fond ou se manque.

Une telle expérience serait-elle possible lors d'un échange avec le maître par Face Time ou Skype ?

De l'expérience à l'exercice ; de l'exercice à l'expérience !

"Ne tirez pas, laissez cela tirer ... ".

Dans les années 1970 Graf Dürckheim m'a invité à proposer, aux personnes qui séjournaient à Rütte, les quelques exercices qui sont la base de l'Aïkido et les bases du Karaté Shotokan. Je pourrais comparer ces exercices au travail de la barre auquel se soumet tout danseur et toute danseuse dans le domaine de la danse classique. La condition que m’avait imposé Graf Dürckheim était de ne pas enseigner un savoir-faire mais de partager ma connaissance acquise grâce à des années d'entrainement dans ces voies tout à la fois artistiques, artisanales et martiales.


En parallèle, j'ai commencé la pratique du Kyudo, le tir à l'arc traditionnel. Entre les stages dirigés par le Maître Satoshi Sagino s'impose l'entrainement quotidien qui consiste à renouveler deux tirs chaque matin.

Le tir étant un rituel composé d'une séquence de huit gestes qui permettent d'encocher la flèche pour ensuite la décocher.

Lorsqu'on pratique le Kyudo, il est fréquent d'entendre ce rappel prononcé par le Maître de l'art : « Ne tirez pas, laissez cela tirer ! ». Injonction agaçante (si je ne tire pas, l'arc ne va pas le faire pour moi).

Injonction irritante, exaspérante et en même temps provoquante.

"Ne tirez pas, laissez cela tirer ... !".

Participant à un stage de Kyudo, je m'apprête à exercer un tir. Maître Sagino s'approche et prend l'arc en posant ses mains sous les miennes. Expérience inattendue : un tir à quatre mains ! C'est dans ce face-à-face - qui ressemble à celui d'un couple qui valse - que la séquence des gestes est engagée. D'une telle manière qu'il m'est difficile de dire lequel des deux partenaires conduit l'autre ou le suit ?

Etrange sensation de parfaite unité. Comment conceptualiser ce que j'éprouve ?

Le concept contact s'impose. C'est autre chose qu'un effleurement, une proximité ou un rapprochement.

C'est ce non-deux que je sens et ressens lorsque je pratique zazen et que je sens que je inspire. Non, si je conceptualise au plus près ce que je sens, il me faut écrire JEINSPIRE en un mot, parce qu'il n'y a ni distance ni écart de temps entre ce que je nomme "Je" et ce que je nomme "Inspire".

De même, à l'occasion de ce tir à quatre mains, l'action conciliée à celle du maître de la technique me libère de l'ego qui habituellement fait les choses et pense que s'il ne les fait pas, rien ne peut se faire. Et voilà qu'à mon insu ... Cela a tiré ! Maître Sagino s'est éloigné, sans rien dire, me laissant digérer ce que je venais d'avaler et qui doucement entreprenait la transformation si souvent souhaitée : un grand calme intérieur, une manière d'être en ordre inaccoutumée et en contact avec tout ce qu'il est possible d'approcher grâce aux cinq sens.

Les tirs suivants, à deux mains, me semblaient absolument différents ! L'union avec le maître devenait l'union avec la technique. Une telle expérience serait-elle possible lors d'un échange avec le maître de la technique, le maître de l'art, par Face Time ou Skype ?

Je vous suis reconnaissant de ne pas attendre de ma part un enseignement ... à distance.

Je me réjouis de bientôt avoir la chance de vous donner la main.


Jacques Castermane


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samedi 28 octobre 2023

mercredi 25 octobre 2023

Cherchez à mieux vous connaître

 


Le chemin vers le bonheur véritable est un chemin vers notre propre profondeur. Il n’est pas possible d’y parvenir en faisant abstraction de ce qu’il y a en nous. Cheminer vers la profondeur, c’est plonger de plus en plus profondément et traverser toutes les couches qui se superposent en nous, jusqu'à parvenir tout au fond de notre être. Les pensées, les émotions, les désirs, les sensations. internes, les structures inconscientes qui nous conditionnent... Peu à peu, il nous faut mieux comprendre qui nous sommes, comment nous fonctionnons.

Avec enthousiasme et innocence, ce travail de découverte de soi peut avancer rapidement. Voici deux exemples soulignant la nécessité de la connaissance de soi.

• Certains sont en quête de transcendance, ils sont motivés par le but spirituel ultime, le bonheur parfait, et pensent pouvoir passer directement de là où ils sont aujourd’hui à ce but ultime. Il est vrai que le bonheur parfait nous attend en nous-mêmes, déjà maintenant. Certains peuvent d’ailleurs avoir, à travers une expérience spirituelle, un aperçu temporaire du fond heureux de l'être ; pour autant, un état intérieur heureux, stable et résistant dans le temps nécessite que les différents aspects de notre vie intérieure soient connus et harmonisés, au moins dans une certaine mesure. Sinon, le flux de la vie aura vite fait de nous replonger dans ses hauts et ses bas.

• Certains se sentent particulièrement portés vers les autres, et pensent que c’est uniquement en rendant les autres heureux que l’on peut être heureux, et que la connaissance de soi est secondaire, facultative. Il est vrai que servir les autres, les rendre heureux, est en soi une pratique spirituelle très puissante, contribuant aussi à notre bonheur. Or, le service des autres devient d’autant plus puissant lorsqu’il s’accompagne d’un travail parallèle de connaissance de soi, car on est alors mieux à même de servir les autres selon leurs besoins, et non selon nos projections. En cherchant à mieux nous connaître, nous évitons aussi que le service des autres ne devienne une fuite de soi-même, qui tôt ou tard nous posera problème.

"Connais-toi toi-même." Socrate

Carl de Miranda (100 conseils spirituels pour être heureux)
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lundi 11 septembre 2023

Je, ne sait pas...

 Paraît ce mois-ci un livre décapant de Daniel Morin « Je, ne sait pas ».


   Le sens commun de la séparation fausse toutes les recherches même les plus intéressantes, qu’elles soient d’ordre scientifiques ou religieuses. L’Absolu et le relatif sont inséparables, et sont toujours coexistant.

   Ce livre insiste sur l’évidence de la non-séparation. On comprend mieux que l’homme n’est pas une entité séparée autonome lorsqu’il est vu qu’aucune chose, grossière ou subtile, n’est séparée de son environnement - et cela à l’infini - et qu’elle est en échange d’équilibre constant avec son environnement.

   Cette loi fondamentale d’équilibre, unificatrice, gouverne l’univers entier tel que nous le percevons. Elle peut être une aide réelle pour appréhender la vie d’une façon nouvelle.

Tant que nos connaissances ne coexisteront pas avec le Grand Je ne sais pas ou « Je, ne sait pas », toutes nos théories les plus avancées seront fausses car basées sur l’identification du moi. Quand on admet notre limite, on est en relation avec le « je ne sais pas ». Je ne sais pas est impersonnel, on ne peut ni le saisir, ni le maitriser.

   Ce livre n’est pas une méthode de mieux-être ni un enseignement d’une amélioration à venir. En-dehors de tout dogme, il s’adresse à ceux qui ont le goût de la recherche de vérité, c’est-à-dire voir le faux comme étant faux. Il peut cependant permettre à certains de vivre le monde relatif d’une façon tout à fait différente. Non pas sur la conviction que nous sommes une partie autonome toujours en attente d’un jour meilleur, mais sur l’évidence indiscutable que nous sommes un élément relié et inséparable du Cosmos.

Aux éditions Accarias L'originel


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vendredi 1 septembre 2023

Un appétit sauvage...

 Je vous propose de changer d'alimentation en cette rentrée. C'est intéressant pour la santé et la nature...


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jeudi 24 août 2023

Connaissance épanouie

 Les fleurs ont la connaissance de l'instant et du cosmos.


Beaucoup de gens sont prisonniers de leur mental à un point tel que la beauté de la nature n'existe pas réellement pour eux. Même quand ils disent : « Quelle belle fleur ! » il s'agit seulement d'un étiquetage mental automatique. Étant donné qu'ils ne connaissent pas le silence intérieur et ne sont pas présents, ils ne voient pas véritablement la fleur, n'en sentent pas l'essence, l'aspect sacré, de la même façon qu'ils ne se connaissent pas eux-mêmes, ne sentent pas leur propre essence ou leur propre aspect sacré...

Une autre façon d'accéder au non-manifesté, c'est de cesser de penser. Vous pouvez commencer très simplement en prenant une inspiration consciente ou en regardant une fleur dans un intense état de vigilance, de manière qu'aucun commentaire mental ne se produise en même temps. Il existe de nombreuses façons de créer une discontinuité dans l'incessant flot des pensées. La méditation en est une. La pensée appartient au monde du manifesté. L'activité mentale continue vous maintient prisonnier du monde de la forme et constitue un écran opaque vous empêchant de prendre conscience du non-manifesté, de l'essence divine intemporelle et sans forme qui est en vous et en toute chose et toute créature. Quand vous êtes intensément présent, vous n'avez plus besoin de vous préoccuper de cesser de penser, bien entendu, puisque le mental s'arrête automatiquement. C'est pour cette raison que j'ai affirmé que le présent constituait un aspect essentiel de chacune des autres portes d'accès au non-manifesté.

Le pouvoir du moment présent - Eckhart Tolle

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dimanche 6 août 2023

Mondes obscurs

 S’il reste dans notre vie une zone importante qui n’a pas été examinée, il est beaucoup plus difficile de s’abandonner au Divin. Nous voulons tous réaliser l’aspect lumineux de la nature humaine, mais personne ne veut voir la partie d’ombre. 


Parce qu’ils représentent la dimension transformatrice du psychisme, nous avons besoin, pour devenir des êtres humains à part entière, que les mondes obscurs se marient aux mondes supérieurs. Etre entier, c’est être complet. D’un point de vue holistique, la vie n’est pas parfaite, mais en revanche, elle est complète. L’expérience humaine n’est pas un registre de voix ou un climat unique, une saveur neutre et homogène, elle inclut tout l’éventail des possibles. 

Comme une symphonie précisément orchestrée, la vie est une polyphonie complexe qui comprend de nombreuses mélodies et atmosphères aussi bien harmonieuses que dissonantes.

Sans l’expérience complémentaire et équilibrante des mondes obscurs, les mondes lumineux nous entrainent dans l’illusion, la dilatation de l’ego et la grandiloquence. Dans notre culture occidentale, nous avons tendance à nous sentir plus à l’aise dans ces mondes-là. Le travail du shaman contemporain va donc consister en grande partie à se focaliser sur la rédemption et la conquête des mondes obscurs.

Les mondes obscurs sont le domaine d’expression des esprits et des pouvoirs psychiques, de l’extase, de la révélation, du chaos créatif, de la passion, des énergies sexuelles, de la guérison et de la transformation. Chargé des pouvoirs de vie et de mort, c’est un domaine formateur où se retrouvent les schémas originels des semences de la Création, ce que Gregory Bateson appelle « les schémas qui connectent ». C’est là que sont nos racines, qu’est l’unité primordiale de toute chose. C’est ce pouvoir guérisseur fondamental des mondes obscurs que nous avons besoin de reconquérir.

Les mondes obscurs sont le lieu où résident ces fragments de nous-mêmes qui sont niés, réprimés, éclatés et constituent ce que Carl Jung appelle « l’ombre ».  Jung était convaincu que cette ombre possède un pouvoir et une vie propres. Autrement dit, si nous ne reconnaissons pas ces parties de nous-mêmes en toute conscience, elles agissent de leur propre chef à partir d’une source inconsciente -souvent dans le but de déstabiliser notre attention, toujours dans celui de l’accaparer. Pour utiliser le langage des shamans, ces fragments, qu’on appelle des « alliés », des « esprits » ou des « démons », ont le pouvoir de guérir ou de tuer et peuvent s’emparer de l’âme.

Nous avons perdu notre connexion avec les pouvoirs de guérison et les passions du domaine des mondes obscurs. Pour l’Occident, ces mondes équivalent à l’enfer, à l’abîme de feu du Diable. On peut traduire ce phénomène en termes psychologiques, à savoir que les mondes obscurs contiennent toutes les énergies refoulées de l’humanité, ainsi qu’un potentiel inconnu de croissance chez l’être humain.

Ces énergies refoulées comprennent la sexualité, l’extase, le chaos de la créativité, la naissance, la mort, d’autres aspects de la vie aussi et plus particulièrement la dimension féminine, laquelle fut dénaturée par une culture répressive et une vision du monde religieuse dans son sens restrictif. Il n’est pas étonnant que la peur de l’enfer pousse les intégristes chrétiens à condamner et à refouler le rock et d’autres formes artistiques, en particulier le théâtre, qui ne cessent de nous rappeler l’existence des mondes obscurs, nous y transportent même.

Parce que la peur et le refoulement des forces de l’ombre sont profondément ancrés dans notre culture, leur irruption dans le monde du milieu, le monde de la vie quotidienne, peut s’avérer désagréable. Au pire, elle est choquante : violence, vengeance, viol, torture, meurtre, génocide, guerre, ce sont là quelques démons hideux qui appartiennent aux mondes obscurs. Et puis il y a ces expressions habituelles que nous acceptons comme faisant tout simplement partie de la vie de tous les jours : la culpabilité, la honte maladive, les abus sexuels, la colère, le vice, l’avidité, le sadisme, le perfectionnisme, le racisme, la misogynie, l’autoritarisme, la tyrannie, les dépendances multiples, etc…


Parce que nous nions ou réprimons les mondes obscurs, ils font partie de notre univers inconscient. L’inconscient humain peut être comparé à une cocotte-minute. Quand le couvercle est très serré trop longtemps et que la vapeur ne peut s’échapper, la cocotte vous explose à la figure. Mais si vous laissez la soupape se dégager naturellement et progressivement, alors la pression diminue et vous pouvez enlever le couvercle facilement. A ce moment-là seulement, vous avez la possibilité de remuer ce qu’il y a à l’intérieur, de l’assaisonner et de le manger.

C’est à ce type de nourriture pour l’âme que Socrate fait référence lorsqu’il dit : « connais-toi toi-même ». Il faut reconnaitre et intégrer chaque partie de soi et rester ouvert à toutes les possibilités humaines. Le refoulement et le rejet de la vie génèrent les cruautés et les maladies de l’humanité. C’est ce principe psychologique fondamental que l’on retrouve dans les évangiles apocryphes (gnostiques) :

Si tu fais naitre ce qui est en toi, / Ce que tu fais naitre te sauvera. / Si tu ne fais pas naitre ce quoi est en toi, / Ce que tu ne fais pas naitre te détruira.

Evangile de Thomas, 14.29-33

Nous pouvons nier la part d’ombre en nous (et la vie en général) autant que nous le voulons, mais elles ne disparaitront pas pour autant. Plus nous réprimons et nions les pouvoirs des mondes obscurs, plus ils deviennent « infernaux » et « malveillants ». En termes psychologiques, ces mondes sont peuplés de puissantes énergies vitales réprimées et dénaturées, qui se retrouvent tordues, malades et coupées de notre conscience…

Des véritables profondeurs de l’ombre naissent les révélations et la guérison. C’est en y descendant que l’on découvre ses propres potentiels de guérison. On peut alors réintégrer ces aspects à la totalité. Par un processus de démembrement et de mort psychique, une porte s’ouvre sur la vacuité des mondes souterrains. [S’ensuit une union avec la forme originelle.]

Les voyages dans ces dimensions ne sont utiles que si l'on a la capacité de rapporter ce que l'on a appris dans le monde relatif. Le monde relatif c'est la vie quotidienne, ce dont l'ego a conscience, la réalité physique ordinaire de la terre... l'activité concrète, le progrès, le fait d'apprendre, d'agir, de construire. Pour la plupart des gens ce monde est coupé, inconscient de sa connexion à la réalité non ordinaire (même si la vie intérieure, la vie intime finit toujours par faire irruption dans le monde ordinaire, malgré tous nos efforts pour la nier). Le monde relatif n'a pas grande signification sans cette connexion avec les mythes. Sans la riche expérience intérieure des mondes inférieurs et supérieurs, nous sommes inconscients, somnambules, de simples machines. Nous nous transformons en robots, ignorants du mystère sous-jacent à tout ce qui nous entoure. 

Le cœur éternel de la voie (tome V) - Lee Lozowick

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lundi 31 juillet 2023

Cette vie... et au-delà (7)

 L’union de la connaissance-sagesse et de l’amour-compassion


Une vie marquée par la recherche de la connaissance-sagesse et l’exercice sans cesse renouvelé de l’amour-compassion ; l’union de deux mouvements intérieurs afin de nous mettre en intime connexion avec l’essence même de notre conscience, l’essence même de notre être : il y a là la promesse de trouver enfin cette paix à laquelle nous aspirons depuis toujours, sans même nous rendre compte qu’à travers tout ce que nous accomplissons dans notre vie nous sommes, en vérité, sans cesse à sa recherche. Cette paix fondamentale dont nous avons tous l’intuition, nous la connaissons déjà. Certes, elle nous semble masquée par les nuages de nos pensées, de nos émotions, de nos tourments, mais comme la glorieuse brillance du soleil n’est jamais affectée par les nuages qui parfois l’obstruent, elle est toujours présente, accessible, immuable, calme, éternelle, inaltérable. Nous sommes déjà, intrinsèquement, cette paix, cette conscience. Elle est notre nature, le point de départ de toute vie et sa destination ultime. Et, de façon peut-être un peu difficile à comprendre, cette paix est, par elle-même, le chemin que nous devons emprunter pour qu’il nous mène à elle. Elle est ainsi le point de départ, le point d’arrivée et le chemin lui-même...

Dé-couvrir notre paix fondamentale, retirer ce qui couvre cette paix naturelle, comme se dissipent les nuages pour révéler l’immensité du ciel et la clarté du soleil : n’est-ce pas un magnifique projet de vie, en dépit de toutes les épreuves et difficultés passées, présentes et à venir au cours de notre existence ? Ne pourrions-nous pas nous donner la chance d’expérimenter concrètement, par nous-mêmes, cette voie afin de vérifier si elle est bonne pour nous, si c’est un chemin qui nous donne ce sentiment profond de sens et d’accomplissement dont nous avons tant besoin ? Nous seuls pouvons le décider, en connaissance de cause.


Alors quelles décisions prendre ? Allons-nous saisir la perche qui nous est tendue à travers les récits extraordinaires que nous avons abordés dans ce livre ou allons-nous nous contenter d’être fascinés par eux, sans chercher à en comprendre et à en faire quoi que ce soit ? Ne serait-ce pas là la raison fondamentale de l'oubli de ce que nous sommes vraiment — l’oubli de l’inconcevable grandeur de notre être, l’oubli de ce qui a été vécu « avant », l’oubli de ce que nous avons « décidé » de vivre sur cette terre ? Prendre la décision, en tant qu'hommes ou femmes fondamentalement libres, de choisir ou non l’amour, en étant totalement responsables de ce que nous sommes, assumant tout ce que nous faisons, tout ce que nous disons. Peu importe si, en retour, les autres n’assument pas la responsabilité des actes qu’ils posent. Oui : choisir l’amour, le laisser rayonner en nous et autour de nous, quels que soient les obstacles, quelles que soient les difficultés, profondément ancrés dans la certitude que c’est cela qu’il nous est demandé d’apprendre dans cette existence, afin de pouvoir vivre, puis de mourir en paix. Et continuer encore et encore, après cette existence, à explorer les insondables dimensions de la conscience...

Telle serait l’essence de notre mission de vie : la sagesse et l’amour, en totale harmonie avec les enseignements de ces incroyables expériences humaines qui, sans l’ombre d’un doute, nous montrent cette voie sacrée à laquelle tout en nous aspire. Une voie de joie, de courage, de dignité, d’amour et de sagesse pour apprendre à vivre pleinement cette vie.

Cette vie... et au-delà !

livre de Christophe Fauré - Cette vie et au-delà : enquête sur la continuité de la conscience après la mort.

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vendredi 28 juillet 2023

Cette vie... et au-delà (4)

 La connaissance-sagesse


Nous pouvons ainsi grandir dans la connaissance de nous-mêmes tant psychologiquement que spirituellement. L’auto-introspection peut être un premier pas pour clarifier nos valeurs, nos objectifs de vie, en étant sans cesse vigilants pour nous assurer que nos actes, nos paroles sont toujours en phase avec nos priorités de vie. Nous pouvons nous inspirer de livres, de conférences, de podcasts, de vidéos désormais si facilement accessibles. La connaissance de soi amène de la clarté là où il y a de la confusion sur les véritables raisons qui dictent nos choix et nos décisions. Dans la revue de vie, les personnes ne soulignent-elles pas que ce sont les motivations profondes de nos actions qui comptent le plus ? C’est une invitation à être cohérents avec nous-mêmes et avec les autres. Une invitation à ne pas « être à l’ouest », alors que nous aspirons à garder le cap que notre nord nous propose.

La psychothérapie ou toute forme de recherche intérieure de ce type peut être un autre allié de choix dans cette connaissance de soi, en permettant d’identifier nos potentiels, nos richesses, nos talents cachés, mais également en levant en nous les obstacles psychiques qui font barrage à l’accomplissement de soi, en remettant en question les croyances et les schémas de pensée limitant qui inhibent l’expansion de notre être. De même, les récits d’EMI ne cessent d’insister sur l’importance de la qualité des relations qu’on entretient avec autrui. Cela invite à développer une intelligence émotionnelle à l’égard des autres, afin d’être plus conscients, plus attentifs aux enjeux relationnels auxquels nous sommes confrontés : quelles relations nous élèvent et nous font du bien ? Comment les cultiver? Quelles autres, au contraire, nous sont toxiques et nous tirent vers le bas ? Comment les identifier et les éliminer de notre quotidien ?

La connaissance de soi passe aussi par une quête spirituelle. La démarche psychologique n’est en rien antinomique avec une telle quête, les deux sont parfaitement complémentaires. Comme le disait le psychanalyste Carl G. Jung, «psychologie et spiritualité sont deux directions de notre psyché». La méditation trouve bien évidemment une place de choix dans cette quête intérieure. C’est, depuis des millénaires, le moyen privilégié d’exploration de la conscience. On peut par exemple commencer par la méditation de pleine conscience (qui ne sont que les premiers pas sur le chemin) pour tendre vers une méditation plus «authentique» où est restaurée la dimension spirituelle qui a été, à tort ou à raison, volontairement retirée de la méditation de pleine conscience. 
La « véritable » méditation, quand elle est nourrie d’enseignements spirituels qui en expliquent les fondements, ouvre pleinement à la dimension de sagesse.

L’expression artistique - écriture, dessin, peinture, chant, danse... -, quand elle ne se met pas uniquement au service de l’ego de l’artiste, peut également contribuer à la connaissance intérieure. On peut toucher au sublime en écoutant une symphonie, en créant ou en contemplant une œuvre d’art. En nous mettant en phase avec la subtile et méconnue beauté de notre être, la créativité, sous toutes ses formes, nous prend par la main pour nous mener à nous-mêmes et inspirer autrui.

La connaissance de soi passe aussi par une communication intime et sacrée avec la nature, avec le vivant. Cela fait jaillir en nous l'ardent désir de le protéger, de le préserver, d’en prendre soin, conscients que l’écologie extérieure est à l’image de l’écologie intérieure où on ne se laisse plus polluer par les négativités de l’existence.

En suivant ces voies de connaissance, il y a fort à parier que notre vie prendra un essor jusque-là méconnu, s’enrichira d’une manière que nous ne soupçonnons pas. Tout cela demande incontestablement des efforts. C’est sûrement plus facile de ne rien faire, de vivre sans se poser la moindre question, de ne se nourrir que de Netflix ou de chaînes d’info en continu. Mais je garde toujours en mémoire les paroles désolées de certaines personnes en fin de vie que j’ai accompagnées : «J’ai perdu mon temps dans tant de choses inutiles... J’ai gaspillé ma vie, je n’en ai rien fait... et maintenant, je meurs... » Avez-vous envie d’avoir de tels regrets au seuil de votre mort ? Si le jugement que nous porterons sur notre vie au moment de la quitter repose en partie sur ce que nous avons acquis en termes de connaissance de soi, des autres, du monde, ne serait-il pas important d’y consacrer dès maintenant un peu de notre temps, d’y investir un peu de notre énergie ? Pourquoi alors ne pas chercher à vivre le plus pleinement possible, avec enthousiasme et curiosité ? La décision nous appartient. Personne ne peut la prendre à notre place.

livre de Christophe Fauré - Cette vie et au-delà : enquête sur la continuité de la conscience après la mort.

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jeudi 27 juillet 2023

Cette vie... et au-delà (3)

 L 'absence de jugement extérieur


En dépit de ces prises de conscience parfois un peu rudes, aucun récit d’EMI ne parle de jugement extérieur à celui que la personne porte sur elle-même. Quelle que soit la nature des actes dévoilés durant la revue de vie, il est étonnant de remarquer qu’il n’y a jamais la moindre notion de condamnation par une entité extérieure. C’est la personne — et elle seule — qui évalue et juge ses propres actes. On est très loin de l’idée d’un Jugement dernier où on serait soumis à la volonté d’une instance divine extérieur à soi!

« Il n’y avait personne pour me condamner. Il n’y avait que moi. Je sentais que la Lumière ne me jugeait absolument pas. J’étais le seul à le faire. Elle, elle n’était qu’amour et compréhension ! »

« Dans ce défilé de ma vie, il n’y avait que moi qui jugeais mes actes. Je ressentais intimement ce que les autres avaient ressenti suite à mes actions ou à mes paroles. Je sentais leur amour, leur douleur, leur peine, leurs blessures par rapport à ce que j’avais pu dire ou faire. Je vivais également leur bonheur quand j’avais agi pour leur bien ou pour les rendre heureux. À chaque fois, je me disais : “Oups, j’aurais tellement pu agir différemment à ce moment-là” ou encore : “Je regrette tellement ces paroles.” Le moindre détail comptait, l’événement le plus anodin avait son importance. J’étais l’unique juge de mes actions, un juge lucide et sans concession pour moi-même, mais tout en étant complètement submergé par l’amour que l’être de lumière irradiait vers moi. »


L'accès à la connaissance ultime

Un autre aspect important qu'on relève dans les récits d'EMI est la sensation d'avoir eu accès, lors de cette expérience, à une dimension ultime de connaissance et de sagesse :

« Mon champ de conscience semblait beaucoup plus large qu’ici, dans cette vie. Soudain, je SAVAIS ! Je n’en ai gardé aucun souvenir mais je sais que je comprenais des choses... que je n’aurais jamais pu savoir !

«Tout ce que je peux dire, c’est qu’à ce moment-là je savais mille fois plus de choses que je n’en sais maintenant. C’est comme si j’avais eu accès à la totalité de la connaissance universelle. Toutes les réponses étaient là. Tout était limpide. »
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Christophe Fauré parle ensuite de : 
- Le retour dans le corps 
- La difficulté à partager l'EMI

Les changements de vie à la suite d’une EMI

Impossible de terminer cette présentation des EMI sans parler des étonnants changements qu’elles induisent. Ceux-ci me semblent du reste représenter la dimension la plus inspirante de ces expériences.

Des changements liés à la conception de la vie et de la mort

On observe une diminution nette, voire une disparition de la peur de la mort. S’installe la certitude que la conscience survit à la mort du corps physique, associée à la conviction de l’existence d’une réalité spirituelle en parallèle à notre dimension terrestre. Les personnes se disent moins enclines à suivre lès dogmes religieux mais deviennent au contraire plus spirituelles. La recherche d'un éveil intérieur prend davantage de place au quotidien.

Il résulte de l’intégration complète de l’EMI davantage de sérénité, de joie de vivre, de capacité à vivre plus intensément dans le présent, en relativisant les petits tracas du quotidien.

La notion d’une « mission de vie » peut s’imposer avec force, accompagnée d’un puissant sentiment d’urgence à trouver la raison précise de son retour sur terre.

Des changements liés à la reconnaissance et à l’acceptation de soi

Du sentiment d’avoir eu accès à la connaissance universelle émerge souvent une extraordinaire soif d’apprendre, conjointement à une aspiration au développement personnel.

La confiance en soi et l’estime de soi se retrouvent souvent accrues.

Des changements dans la relation à autrui

L’amour devient une priorité absolue. Les témoins affirment s’être sentis aimés de façon inconditionnelle en présence de l’être de lumière, avec parfois l’aspiration à être eux-mêmes capables d’une même intensité d’amour. Il peut en résulter une plus grande capacité d’amour et d’empathie.

Cet amour, perçu comme la nature même de leur être (et de tout être), constituerait la base de l’interdépendance entre les êtres, unis par une étincelle divine commune et mettant à bas l’illusion de la séparation des consciences.

Les relations interpersonnelles, la tolérance, la compassion, l’entraide et l’assistance à autrui prennent une grande importance. Parallèlement, le jugement des autres sur soi perd considérablement de son emprise.

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livre de Christophe Fauré - Cette vie et au-delà : enquête sur la continuité de la conscience après la mort.

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lundi 26 juin 2023

Présentation du jeu de Sabine Dewulf

Voici une personne qui a bien compris la portée et les grandes ressources offertes de ce jeu de connaissance de soi (à partir des lettres de l'alphabet).
Je l'utilise dès que j'en ai besoin et il me répond de façon surprenante... Je vous laisse avec cette présentation.


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mardi 11 avril 2023

Les six étapes du travail sur soi, selon Denise Desjardins


1e étape

Trouvez la cause de notre difficulté majeure [grâce à un travail sur l’inconscient].

2e étape

Acceptez ce qu'il en est, même si la situation intérieure se révèle cruelle. C'est ce que nous sommes en grande partie : une mécanique soumise à certains conditionnements dont l'origine se situe pour la plupart dans l'enfance (quelquefois plus avant). En exprimer la souffrance ou la révolte sans se juger ni se sentir coupable.

3e étape

Se désidentifier des traumatismes de l'enfance. Lesquels laissent des marques d'autant plus tenaces qu’ils se sont profondément gravés sur la cire encore neuve du psychisme d’un petit enfant, d’un bébé, parfois même du fœtus.

4e étape

Faire une sorte de bilan en établissant un tableau où sont mis en regard les causes et les résultats c'est-à-dire le passé et le présent.  Un tableau qui ne prend pas plus d’une demi page, à la rigueur une page, afin de pouvoir s'y reporter dans la vie quotidienne au cas où l'on ait oublié d'où viennent nos réactions émotionnelles les plus fortes : il est indéniable que les habitudes mentales reprennent vite le dessus.

5e étape

Aussi importante que longue : faire, chaque fois que les vieux automatismes reviennent avec leur cortège d'émotions, un travail de connexion, de remémoration de l'origine de ces comportements que l'on a retrouvés, vus, compris, mais que l'on a tendance à laisser de côté. Du coup, on se laisse reprendre par ses anciennes habitudes de penser, de réagir, de se comporter, vieilles de nombreuses années où l'on a cru naturel d'être ainsi, de vivre ainsi. 

6e étape

Elle s’insère au jour le jour dans la banalité des habitudes, à chaque conflit d’ego à ego au cours de sa vie professionnelle ou relationnelle. Plutôt que de se perdre dans ces conflits, il s'agira de les transformer en une multitude d'occasions de s'exercer : chaque fois une provocation ou un piège qui peut nous faire tomber - ou bien que l'on peut déjouer. Voyons-les comme un jeu avec la vie en guise de partenaire, qui nous envoie ces coups bas, ces piques et ses possibilités de s’en sortir.  On rate une balle, l’autre va se présenter rapidement, peut-être dans l’instant qui suit. Il est permis de trébucher, et… de se relever aussi sec. 

Cette vaste zone de chocs inattendus qu’est notre journée va provoquer à son gré ce que Swâmi Prajnânpad nommait "exciting causes" : les déclencheurs, les faits journaliers qui excitent nos points faibles, et nous font réagir à grande vitesse. 

S’en servir deviendra le but de cette étape : s’en servir comme d'une occasion d'entrer en relation avec nos émotions, donc d'en prendre une connaissance plus intime, plus directe.  Allez d'un mécanisme compulsif à la lucidité de l'acte, ou comment transformer la réaction en action. 

Denis Desjardins - Le Lying, 2001 (extraits)

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mercredi 15 mars 2023

La connaissance de soi (1) avec Véronique Desjardins

(vous pouvez passer les 6 premières minutes)

Voici quelques personnages de l'éventail : l'homme social, le raciste, l'ambitieux, l'obsédé sexuel, le vaniteux, le romantique, l'angoissé financier, l'enfant perdu, le mystique, le tyran, l'optimiste, l'idéaliste, le meurtrier, l'artiste, le désespéré.


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mercredi 4 janvier 2023

Méditer et connaître


— Cada vez que trato de meditar, imagino que un diablo me molesta ¿Qué puedo hacer
— Pon también ese diablo a meditar.


— Chaque fois que j'essaie de méditer, j'imagine qu'un diable m'énerve. Que puis-je faire ?
— Mettez aussi ce diable à méditer.








No busquemos delante lo que dejamos atrás. Demos todo lo que sabemos para saber todo lo que ignoramos. "Creer" es una cosa, "conocer" es otra.
Ne cherchons pas devant ce que nous laissons derrière nous. Donnons tout ce que nous savons pour savoir tout ce que nous ignorons. "Croire" est une chose, "connaître" en est une autre.


Alexandro Jodorowsky


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vendredi 29 juillet 2022

dimanche 5 juin 2022

Posture

 Pas un geste ! Notre façon de nous asseoir, de nous tenir debout ou de marcher dans la rue en dit long sur notre état d'esprit. Imaginez que votre corps soit suspendu dans le temps comme une sculpture, quel message vous enverrait-il ! Chacune de nos attitudes expression raconte l'histoire de notre personnalité et de notre état. Chaque posture que nous adoptons est un hymne à nos émotions. 

La pseudo science qui étudie le langage du corps nous enseigne que le corps ne ment pas. Mais cela ne veut pas dire que nous ne pouvons pas cacher les sensations physiques désagréables que nous ressentons. Par exemple si on souffre d'une migraine, on peut assister à une réunion sans grimacer de douleur à chaque fois que quelqu'un parle. Mais si on se sent nerveux, si on s'ennuie ou si on est émotionnellement mal à l'aise, des attitudes caractéristique de notre tension (comme tapotait nerveusement sur la table, se ronger les ongles ou jouer avec ses cheveux) commencent à envoyer des messages que notre tact et notre diplomatie nous empêchent de formuler ouvertement. 


Chaque attitude adoptée à un sens précis. Tapoter sur la table est un moyen de se retenir d'agir ouvertement, ce qui permet par exemple, de ne pas quitter une pièce lorsqu'on s'ennuie. On se ronge les ongles pour détourner ses instincts destructeurs. Lorsque l'on se sent puni ou quand on a besoin de réconfort, on peut jouer avec ses cheveux : c'est un comportement typique de l'enfance, qui est une période caractérisée par un niveau de responsabilité minimal. 

Il faut donc écouter les messages que notre corps envoie pour supprimer nos manies et en perdre l'habitude. La première étape pour se libérer de ses habitudes n'est pas, comme le prétend la croyance populaire, d'appliquer de la moutarde sur les doigts pour éviter de se ronger les ongles, mais de prendre conscience des circonstances qui déclenche notre malaise. Nous devons apprendre à devenir notre propre spectateur. Dès que l'on commence à  rechercher la protection de notre « couverture sécurisante », c'est que l'on est en face d'une des nombreuses situations à l'origine de notre anxiété. 

S'ouvre alors la voie de la connaissance de soi, c'est-à-dire le processus qui permet de découvrir, une à une, les origines enfouies de nos tensions.  

On peut, par exemple, après une rencontre qui nous a laissés mal à l'aise, visionner une vidéo imaginaire en nous mettant à la place d'une des personnes présentes (ce sont la plupart du temps les autres qui sont à l'origine de nos tensions). Quelle image de nous aurait eu ce témoin ? Nos premières  suppositions sont souvent les bonnes, même si nous hésitons à en reconnaître la validité. 

Identifier la cause réelle de nos tensions apporte une explication logique au problème. On peut donc ensuite essayer d'en déraciner l'origine et d'en évacuer les symptômes. A cours terme, des techniques comme le relâchement musculaire, le massage (shiatsu) et le yoga, peuvent s'avérer utiles pour atteindre une sérénité physique qui nous aidera à affronter les prochaines période d'anxiété. Une fois le corps détendu, nous sommes mieux équipé pour partir à la découverte de notre propre intériorité qui nous apportera le calme durable. 

Mike George 

Extrait de « La Relaxation » 

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vendredi 22 avril 2022

Chemin intérieur


On court à la rencontre des autres, on vole vers des lieux inconnus, on roule vers les expériences nouvelles. 

Mais il y a un chemin qu'on ne peut faire qu'à pied. Celui vers soi-même. 

Si la vie est un voyage, j'aimerais le faire à pieds. 

Partir léger, sans objectif précis.

Partir sans carte.

Et si quelqu'un me prête un plan - je refuserai, car où irai-je avec une carte toute prête? Elle m'amènera dans le sillage des autres, dans l'histoire qui n'est pas la mienne.

Partir sans charge, sans bagage. Et pas à pas, lettre par lettre, laisser la carte se dessiner, le bagage se former avec des découvertes, qui deviendront des connaissances.

Accélérer dans la passion, ralentir dans le doute, s'autoriser des pauses pour voir le chemin réalisé et celui qui fait rêver et reste à créer; et de nouveau, marcher vers d'autres pas, vers d'autres pages.

Et comme le dit le sage, la vérité est dans les talons - apprendre à chaque pas avec son corps, avec son cœur.

Partir d'ici au plus loin pour arriver un jour vers soi-même; trouver des mots à mettre sur le parcours qui se résumera en quelques pages, quelques phrases,  

ou juste trois syllabes vont suffire - c'est  ma vie. 

Elena Venel 

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jeudi 21 avril 2022

Du secret de l'escargot à l'éveil du chat...

 


Plus l'on se connaît, plus il y a de clarté. La connaissance de soi n'a pas de limites; elle ne mène pas à un accomplissement, à une conclusion. C'est un fleuve sans fin. Plus on s'y plonge, plus grande est la paix que l'on y trouve. Ce n'est que lorsque l'esprit est tranquille grâce à la connaissance de soi (et non par l'imposition d'une discipline) qu'en cette tranquillité, en ce silence, la réalité surgit. 

J. Krishnamurti ( extrait livre : "La première et dernière liberté")

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mercredi 13 avril 2022

Rencontre avec Emmanuel Desjardins (2)



MK : Comment se porte la spiritualité dans notre siècle ? Pensez-vous avec Malraux que « Le 21ème siècle sera spirituel ou ne sera pas », comme il le disait en 1972 ?

ED : La spiritualité se porte à la fois bien et mal. A l’époque où mon père s’est intéressé à ce sujet, la spiritualité était presque éteinte en Occident. On le prenait pour un demi fou dans sa propre famille. Par ailleurs, dans les années 80, lorsque j’étais à Sciences-Po, la spiritualité, comme l’écologie d’ailleurs, n’était pas du tout prise en compte. A cette époque, quand les médias parlaient de spiritualité, tout était confondu : le problème des sectes, la superstition, la religion, l’ésotérisme. Ce n’était pas clair. Aujourd’hui, les temps ont beaucoup changé. La spiritualité est devenue visible et légitime et suscite une abondante littérature, avec d’énormes succès de librairies. Dans les années 60, les gens qui voulaient changer le monde, qui se disaient « révolutionnaires », étaient absolument contre toute forme de spiritualité. Sans doute du fait des traces laissées par le matérialisme historique de Marx. Aujourd’hui, la spiritualité apparaît comme faisant partie des forces de guérison du monde. Les gens qui veulent faire bouger les choses et lutter contre la folle fuite en avant du monde actuel, associent la dimension spirituelle à la dimension écologique, sociale et humanitaire. Il est donc difficile d’avoir une représentation homogène de la spiritualité contemporaine car, oui, d’un côté, tout le monde s’y intéresse, mais de l’autre, on peut relever une part de dévoiement par effet de mode. La spiritualité actuelle émerge dans une société matérialiste, obsédée par la consommation et le divertissement et il y a forcément un appauvrissement. Cela dit, même une spiritualité authentique peut donner naissance à des formes plus ou moins dénaturées. Au Moyen Age, la foi, la religion, la spiritualité étaient très présentes mais avec en parallèle un degré très élevé d’intolérance, d’inquisition, de guerres de religion… De nos jours, il y a un risque de superficialité.

Donc que sera le 21ème siècle ? Sans doute beaucoup de choses à la fois. Il sera probablement spirituel et très douloureux. Mais lorsqu’elle est vécue consciemment, la souffrance nous ouvre les portes de notre propre profondeur.

MK : La spiritualité deviendrait-elle un super instrument de la société de consommation ?

ED : Oui ce risque existe en effet. Un maître tibétain, Chogyam Trüngpa, parlait même de « matérialisme spirituel », la récupération de la spiritualité pour le renforcement de l’ego. Mais par ailleurs il y a une forte recherche de sens. A Hauteville, le centre où je travaille, j’ose croire que nous faisons un travail sérieux et je constate que les personnes qui frappent à notre porte ont une vraie demande. Et nous ne sommes pas les seuls, évidemment. Les propositions foisonnent : il y a les mouvements spirituels authentiques, mais il existe aussi beaucoup de contrefaçons, des manifestations superficielles et d’autres carrément toxiques. C’est pour cela que tout repose sur le discernement de celui qui se met en recherche. Sans cela, le risque est grand de tomber sur des sectes ou autres impostures. Mais, aujourd’hui, dans l’ensemble, des enseignements de qualité existent. Et l’homme étant différent partout dans le monde, il ne peut y avoir une seule réponse. Chacun doit trouver celle qui correspond à sa quête profonde.

MK : La démultiplication de « l’offre de spiritualité » n’est-elle pas le signe d’une recherche élargie d’une « voie de guérison »?

ED : C’est certain. On a exploré de multiples voies, depuis le début du 19ème siècle. A cette époque, le progrès technique apparaît (la médecine, l’industrie, la technique…) comme la solution qui sortira l’humanité de la pauvreté, de l’insalubrité, de la famine, de la maladie et de la misère. Et pendant deux cents ans, cette dynamique génère un formidable espoir : on a trouvé la réponse à toutes les difficultés de la condition humaine. La perspective d’un monde meilleur était crédible et il semblait que c’était dans cette direction qu’il fallait chercher le sens et le bonheur. Mais il y a eu beaucoup de désillusions et d’espoirs déçus. Aujourd’hui, il est difficile de croire que le monde de demain sera meilleur et que, dans les années 2030, 2040, cela ira beaucoup mieux. C’est parce qu’on ne croit plus que le Progrès peut faire le bonheur de l’humanité que la spiritualité revient sur le devant de la scène. La question fondamentale qui reste donc posée est celle de savoir comment faire face et réduire l’étendue de la souffrance sur terre, qui reste immense. Car il y a toujours des tragédies, des guerres, des injustices, de la misère. On se dit alors que ce n’est pas seulement le monde qui doit changer mais aussi chacun de nous individuellement et qu’il nous faut apprendre à être heureux et en paix dans le monde tel qu’il est.


MK : Comment analysez-vous la crise que l’on traverse actuellement ?

ED : La crise actuelle révèle la fragilité d’un organisme malade dont les symptômes s’amplifient chaque jour. Si l’on se penche sur la littérature scientifique de ces dernières années, plusieurs experts annonçaient déjà le risque de la propagation de maladies contagieuses et de pandémies, notamment comme conséquence du réchauffement climatique. La crise d’aujourd’hui n’est donc pas totalement une surprise. Elle est le fruit d’un grand dérèglement. Un autre symptôme est la multiplications des dérives extrémistes de certains pays (Mexique, Brésil, Turquie…) et l’arrivée au pouvoir de candidats populistes en Europe ou aux États-Unis. La situation au Moyen-Orient n’est pas plus rassurante. Comment en est-on arrivé là ? Beaucoup de choses sont liées entre elles : la perte du lien spirituel mais aussi la toute-puissance, la coupure d’avec la nature, le fait de considérer le vivant comme un objet dont on peut faire ce que l’on veut, la fixation sur la croissance économique, l’urbanisation massive.

Nous arriverons sans doute à vaincre l’épidémie de coronavirus. Mais que sera l’après-pandémie ? L’union nationale a fonctionné, les sacrifices et le confinement ont été acceptés. Mais quand l’épidémie sera derrière nous l’heure des comptes et de la critique sonnera inévitablement. Il y avait déjà en France un front anti-gouvernement très fort et qui continue de couver. Va-t-on vraiment goûter durablement à la solidarité, au ralentissement imposé par cette pandémie ? Quel impact durable cela aura-t-il d’avoir constaté que la pollution avait diminué, qu’on entendait le chant des oiseaux, que l’eau des canaux de Venise redevenait claire ? Prendra-t-on vraiment conscience de la question du réchauffement climatique et des 50 millions de réfugiés qui en souffrent dans le monde. Quel sera l’avenir pour la jeune génération ? Ce que l’on partage aujourd’hui c’est surtout l’incertitude. Une crise, c’est toujours un mélange de forces très puissantes de destruction et de guérison qui créent une dynamique conduisant vers l’inconnu.

MK : Notre société peut-elle toujours fabriquer des vivants heureux ?

ED : C’est un grand mystère. Les gens heureux et ceux qui sont malheureux existent depuis toujours. Il y a deux mille cinq cents ans, le Bouddha disait déjà que « tout est souffrance ». De nos jours, très nombreux sont encore les gens très malheureux. Il y a beaucoup de misère de toutes sortes, matérielle ou affective. Ce qui fait qu’une société fabrique des gens heureux reste une question entière. Et d’ailleurs, est-ce le rôle de la société de « fabriquer » des gens heureux ? Est-ce en son pouvoir ? C’est aussi une responsabilité individuelle. C’est à chacun d’avoir le courage et l’honnêteté nécessaires pour cheminer vers la véritable joie.

MK : Quel sens a pour vous aujourd’hui « l’audace de vivre » dont parlait Arnaud Desjardins ?

ED : Swâmi Prajnânpad disait « soyez audacieux », Arnaud Desjardins parlait, lui, de « l’audace de vivre ». Plus que jamais cela me semble d’actualité. On associe facilement la spiritualité à une vie calme et retirée, à l’écart de l’agitation du monde, « Vivons heureux, vivons cachés » disait Épicure. La spiritualité peut aussi consister à prendre la vie à bras le corps, à assumer tous les aspects de la condition humaine (la joie, l’amour, la créativité, la peur, le désir). Plus le monde est agité et incertain, plus prendre la vie à bras le corps peut paraître difficile, et pourtant c’est nécessaire. « Accepter la vie dans ses aspects contrastés, sans jugement, c’est découvrir l’unité et la béatitude » disait Sawami Prajnânpad.[1] Pour lui, la connaissance vient après que l’on ait fait tout ce que l’on a pu pour agir, en connaissant la peine et le plaisir. « Assumer à 100% la condition humaine finie révèle l’infini qui la sous tend »[2]. Donc, oui, il faut vivre à fond. De la naissance à la mort, nous connaissons des succès et des échecs, nous traversons tous de grandes joies et de grandes souffrances. Vivre pleinement, c’est donc être assez grand pour arriver à embrasser la vie dans tous ses aspects. Les possibilités sont immenses. Aura t-on le cœur assez grand pour toute cette immensité ?

Emmanuel Desjardins est né en 1964. Après des études de sciences politiques et de sociologie, il commence à travailler dans le milieu de la culture à Paris. Depuis 1995, il travaille dans le centre spirituel d’Hauteville, fondé par Arnaud Desjardins, dont il assure aujourd’hui la direction. Il a publié  : « Prendre soin du monde », « Spiritualité, de quoi s’agit-il ? », et récemment « Vivre, La Guérison spirituelle selon Swâmi Prajnânpad. »

[1] Vivre, La Guérison spirituelle selon Swâmi Prajnânpad- Emmanuel Desjardins-Ed. du Relié 2019

[2] Ibid

Source : Rebelle(s)

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