un humain n’est pas simplement
parce qu’il existe existe
vaguement
pour un temps
l’existence
la naissance
n’octroie pas la présence
la respiration
ne confère pas le souffle
pas plus que la vue ne dispense
la vision
l’humain
ne naît pas humain
mais le devient
l’être
produit transformé de l’existence
l’être n’est pas un état
mais un acte
un geste
de la conscience
un humain
est ce qu’il a fait
comme ce qu’il n’a pas fait
ce qu’il a osé
comme la somme des peurs auxquelles il a cédé
ce qu’il a écouté
de sa profondeur
la somme de ses ferveurs
comme de ses tiédeurs
un humain est
ce qu’il a continué
ce qu’il a préservé
ce qu’il a achevé
comme tout ce qu’il a abdiqué
négligé
laissé
un humain est
ce qu’il a regardé
comme ce qu’il a évité
ce qu’il a reconnu
comme ce qu’il a nié
et alors
au mitan
de son avancée
il commence à récolter
ce qu’il a semé
de plus en plus rassasié
ou de plus en plus affamé
s’il n’a rien cultivé qui vaille
car avec le temps
avec le temps va tout s’en va
de ce qui de toutes façons ne pouvait demeurer
avec le temps viens tout advient de ce qui a authentiquement été
de son pas si léger la jeunesse s’en va
et avec elle
tout ce qui faisait écran
jusqu’à ce que ne reste que toi
et le Plus Grand
Gilles Farcet - Dernière pluie
------------------------------