mercredi 10 décembre 2014

Nouvelles façons de donner (3)


5. L’arrondi en caisse
Faites vos courses en solidaires

L’idée vient tout droit du Mexique. En 2013, l’entreprise solidaire MicroDon a lancé un programme national d’arrondi solidaire dans les supermarchés Franprix. Le principe est simple : lors de leur passage en caisse, les clients ont la possibilité d’arrondir leurs achats à l’euro supérieur. La différence est reversée à des associations pour financer des actions de solidarité locales. Au total, 340 points de vente se sont déjà convertis à travers toute la France.


6. Le café suspendu 
Payez un petit noir à un inconnu

Passe un café à ton voisin. Le message commence peu à peu à faire son chemin dans les bars de France et de Navarre. Dans le sillage de leurs homologues napolitains, de plus en plus de consommateurs français prennent l’habitude de payer deux petits noirs au comptoir : l’un pour eux et le second, « en attente », pour une personne moins fortunée. Pour connaître les établissements partenaires, rendez-vous sur le site www.cafe-suspendu.com

7. Les produits financiers solidaires 
Développez votre coopération

Non, la finance et l’altruisme ne sont pas forcément antinomiques ! La preuve. Depuis la crise de 2007-2008, de plus en plus de livrets d’épargne, contrats d’assurance-vie et autres fonds communs de placement se déclinent à la mode solidaire. Et ça marche ! 
En 2013, 6,02 milliards d’euros ont ainsi été déposés sur des produits d’épargne solidaire, en hausse de 28,3 % en un an. Cela a permis de soutenir des projets à vocation sociale et/ou environnementale à hauteur de 1,02 milliard d’euros. « Aujourd’hui, les Français cherchent plus volontiers des placements qui ont du sens. Nous nous efforçons de répondre le mieux possible à leurs attentes en mettant notre métier de banquier au service de l’économie réelle et non de la spéculation », souligne Jean-Marc Pautras, responsable de développement des secteurs philanthropie, fondations, enseignement et recherche au Crédit coopératif, l’un des acteurs majeurs de l’économie sociale.




A propos du don (3) avec Alain Caillé



Vous écrivez que « le don est un opérateur politique ». Que voulez-vous dire par là ?

Depuis la nuit des temps, le don transforme les ennemis en alliés. Il crée des obligés, avec toute l’ambivalence que cela produit, puisqu’il y a une obligation de rendre. Et ce que montre très bien l’anthropologue Marcel Mauss dans Essai sur le don, c’est cette ambiguïté du don. Un don qui ne peut pas être rendu transforme celui qui l’a reçu en obligé et le rend inférieur à celui qui l’a donné. Donc à certains égards, le don, s’il devient asymétrique, devient un instrument de pouvoir et de la domination.


Faut-il retenir de cet entretien que le don est toujours intéressé ?

Le premier mobile du don, c’est l’intérêt pour soi. Cela correspond à une pulsion de survie. On le voit dès la naissance, dès les premiers jours. Mais il y a aussi de l’intérêt pour autrui, ce n’est pas contradictoire. Dans tous les dons que nous accomplissons, il y a une part d’obligation sociale et une part de liberté créative. Par exemple, à Noël ou lors d’un anniversaire, on est bien obligé d’offrir un cadeau à ceux qu’on aime. Mais ces cadeaux peuvent être plus ou moins élaborés, ils peuvent être offerts avec plus ou moins de talent ou de grâce. Dans ce domaine, chacun est amené à faire preuve de créativité. Ce qui veut dire que dans le cadre de l’obligation sociale il y a de la place pour la liberté et pour l’inventivité. Ce qui compte, finalement, ce n’est pas seulement la nature du don, c’est aussi la manière dont nous l’accomplissons. 

 source : La Vie