C'est cela qu'il faut faire : accepter intelligemment "ce qui est". (...)
L'intensité de l'attention donne la force de voir clairement : vous verrez, cela viendra. Il faut agir. (...)
Bien peu se rendent compte de leurs changements intérieurs, de leurs échecs, de leurs conflits. (...)
Ne refoulez pas vos pensées, vos sentiments ; laissez-les se manifester, qu'ils soient doux ou violents, en en ayant conscience.
Vers quoi vont vos désirs, si vous en avez ? Il fait bon vivre dans le monde, et pourtant nous faisons notre possible pour le fuir par la dévotion ou la prière, par nos amours ou par nos peurs. Nous ne savons pas ce que nous sommes, faute d'aller profondément en nous-mêmes et d'y découvrir "ce qui est". Nous vivons à la surface, occupés par de petites choses. Un rien suffit à nous réjouir ou à nous attrister. Nous passons ainsi nos journées : petits esprits occupés de petits problèmes. Nous n'aimons pas, ou si nous aimons c'est toujours dans la peur, la frustration, la peine ou la nostalgie.
Je me disais combien il est important d'être innocent et simple. On ne peut éviter les expériences de la vie, car c'est de cela qu'elle est faite. Mais l'esprit ne doit pas en accumuler le poids. Il doit effacer les expériences au fur et à mesure, éponger les jours et rester intact, léger. Sans cela, l'esprit ne pourra jamais être frais, dispos, souple. Le problème n'est toutefois pas de savoir comment garder cette souplesse, car chercher le "comment", c'est chercher une méthode, or une méthode ne peut jamais donner l'innocence : elle rend méthodique et non pas pur, créateur.
Pupul Jayakar, Krishnamurti, une vie
p. 266 à 269
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