lundi 19 novembre 2018

A la source de l'instant avec Thibault de Montalembert


Quelque chose à l'intérieur de moi me disait de faire confiance à mon « instinct spirituel ». De ne pas avoir peur de m'aventurer sur de nouvelles voies, quitte à me tromper. Je ne voulais pas embrasser une autre religion ni rejoindre une autre église – je n'en ai jamais eu la tentation –, mais partir en quête du vivant. De la Vie. Je me suis alors tourné vers différentes traditions spirituelles : hindouisme, bouddhisme, ou taoïsme, orthodoxie russe et plus tard soufisme et même physique quantique. Quand je lisais les écrits du starets Silouane, de Maître Eckhart, de Lao Tseu, Rumi ou la Bhagavad-Gita, j'étais bouleversé de voir que tous ces écrits mystiques se rejoignaient dans une expérience unique.

Au-delà des formes, des rituels ou des croyances, des époques ou des cultures, il y avait la même illumination intérieure. J'ai donc continué à chercher dans cette direction-là. Et ce n'est que peu à peu, à la faveur de rencontres et de lectures, grâce aussi à mon métier de comédien, que j'ai pu approcher et verbaliser l'intuition spirituelle qu'enfant je portais déjà. Je crois que l'homme est appelé à une véritable « conversion chimique ». Sa vocation, sa raison d'être est de faire descendre l'esprit dans la matière et de faire monter la matière dans l'esprit. Autrement dit, de transformer la matière en ce qu'elle est vraiment : une pure lumière ! Chemin d'incarnation où la personne doit se vider d'elle-même pour se laisser envahir par l'Au-delà de tout.

À 19 ans, pétri de certitudes, je croyais pouvoir dire qui était Dieu. Aujourd'hui, je suis incapable de le définir. Par contre, j'en ai beaucoup plus l'expérience. Et pour preuve : ce vide à l'intérieur, cette inquiétude existentielle qui, pendant de longues années, a pu me jeter dans des abîmes de solitude et d'angoisse, oui, cette absence est devenue une présence qui me remplit et m'élargit. Qui m'illumine. Fort de cette lumière qui m'habite, de cette Source à laquelle je m'abreuve à chaque instant, je crois pouvoir être, en tant que comédien, un vecteur du Vivant.

Thibault de Montalembert 
(source : La Vie)


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