jeudi 4 août 2016

Pensez avec votre peau


Selon la façon dont vous considérez les choses, la peau est la surface extérieure du cerveau, ou bien le cerveau est la couche la plus profonde de la peau.
Cette affirmation, bien qu’elle semble à première vue absurde, peut pourtant être facilement prouvée en observant attentivement le développement de l’embryon. Comme vous le savez, vous commencez par être un petit groupe de cellules blotties tout au fond de l’utérus de votre mère. Dès les premiers jours après la conception, ces cellules commencent à se diviser en trois couches distinctes qui constitueront plus tard votre corps. L'endoderme produira vos organes internes (appareils digestif et respiratoire), le mésoderme formera les muscles et le tissu conjonctif, et l'ectoderme formera le système nerveux et l’épiderme.

Au fur et à mesure que les cellules de l’ectoderme se développent, elles se transforment petit à petit en votre cerveau, votre moelle épinière, vos nerfs et votre peau, qui forment donc véritablement un tout. Votre peau « pense » autant qu’elle sent, et votre cerveau « sent » autant qu’il pense. Ce sont deux parties du même tout. 
Et ce tout se développe dès un très jeune âge : à six semaines, avec une taille inférieure à 2 cm, le petit embryon peut déjà « sentir » la lumière, toucher sa lèvre supérieure.

Sentir = penser

Imaginez la séquence suivante :

1. Imaginez une piqûre d’aiguille sur un certain point de la peau (point A).

2. Imaginez la sensation qui voyage en remontant depuis je récepteur sensoriel proche de la surface de la peau au nerf, puis vers la moelle épinière, qu’elle atteint au point B. De là, elle continue jusqu’au cerveau.

3. Imaginez votre cerveau en train de traiter cette impulsion quelque part près du point C, et envoyant une autre impulsion à la bouche qui crie alors « Aïe ! ».

Essayez maintenant de répondre à la question suivante : quel est le point qui, lorsque la sensation de la piqûre d’aiguille l’atteint, commande le mouvement qui vous fait retirer votre peau de l’aiguille ?

A. Le point A, au moment exact où l’aiguille pique la peau.

B. Le point B, une nanoseconde plus tard, lorsque la sensation entre dans la moelle épinière.

C. Le point C, à l’intérieur du cerveau lui-même.

D. Aucun des points ci-dessus.

Cette question est délicate. La plupart des gens supposent que la réponse est C, à l’intérieur du cerveau, parce que c’est là qu’ils croient avoir la pensée « Ça fait mal ». Mais la bonne réponse est en fait la réponse B, au moment de l’entrée dans la moelle épinière, pour la raison suivante :
Vous retirez votre doigt de l’aiguille en raison d’un arc réflexe au point B, qui est une impulsion qui entre dans la moelle épinière puis qui est directement renvoyée sous la forme d’une réaction. Vous sentez en fait le retrait avant que votre cerveau ne comprenne ce qui est en train de se passer et que vous ne criiez le mot « Aïe ! ». L’aviez-vous déjà remarqué ? 
C’est pour la même raison que votre genou produit une secousse lorsqu’il est frappé avec un petit marteau en caoutchouc avant même que vous n’ayez le temps d’y penser.

Dans ce cas, c’est votre peau, vos nerfs et vos muscles qui effectuent le « travail de pensée » pour vous. 


 Note : n’essayez pas l’expérience de la piqûre d’aiguille chez vous sur des amis ou des membres de votre famille. Je vous garantis qu’ils n’apprécieraient pas ! 

 (extrait de "Les massages pour Les Nuls")