dimanche 30 mai 2010

La déesse mère... avec Jacques Vigne

BONNE FETE A TOUTES LES MAMANS !

Nature et déesse sont intimement liées: la terre, très concrètement, est considérée comme « les reins de la déesse ». La déesse Shri des Védas est associée au lotus, symbole à la fois de l'épanouissement de l'univers, de la fécondité et aussi de la pureté, puisqu'il reste immaculé même quand il pousse sur des eaux boueuses. On dit qu'elle change souvent de mari, ce qui évoque les saisons de fécondité de la nature, et les variations de la fortune également. Un de ses maris est Kubera, le roi des esprits végétaux. À la période classique, Shri est assimilée à Lakshmi, déesse chargée, comme son mari Vishnou, de la conservation et de la protection de l'univers. Traditionnellement, la Mère divine est associée à la fécondité - facteur essentiel dans des civilisations entièrement dépendantes de l'agriculture et dont les enfants étaient en bonne partie décimés par des maladies. Une bonne fécondité était donc fondamentale pour la survie. Dans notre civilisation moderne où l'on connaît un problème de surpopulation et où la femme a la maîtrise de sa fécondité, cette dernière devient un aspect moins inséparable de la féminité qu'auparavant. L'univers lui-même est considéré comme androgyne. L'aspect de conscience pure est assimilé au masculin (Purusha) et la nature (Prukriti) au féminin. Il est intéressant de remarquer que ceci ne signifie pas que le féminin soit réduit au manifesté et à la matière. Il y a dans la nature une partie non-manifestée, mais néanmoins dynamique et en cela différente du Purusha, qui est statique. Pour l'ermite comme pour le poète, le contact avec la nature est à la fois une rencontre de la mère et un moteur de transformation intérieure; Milosz n'écrivait-il pas: « Solitude, ma mère, redis-moi ma vie » ?

Je vis en Inde auprès de Vijayananda, un Français qui a été pendant trente ans le disciple de Ma Anandamayi, jusqu'à la mort de cette dernière en 1982. Il s'agissait de la femme maître spirituel la plus connue à son époque et, pour de nombreuses personnes, elle a incarné pendant plus d'un demisiècle d'enseignement l'aspect féminin de l'être Le fait qu'elle ait été femme et mère spirituelle facilitait grandement le transfert affectif de la part de ses disciples, transfert si important pour établir une relation solide, profonde et durable. L'aspect maternel met en avant la notion d'amour et d'acceptation inconditionnels, et une qualité de relation capable de transcender les conditionnnements sociaux qui lui resteront extérieurs quoi qu'il arrive. Elle pouvait passer d'un moment à l'autre du rôle de mère à celui d'enfant, ce qui permettait à ses disciples de développer eux aussi, simultanément, les deux pôles de cet axe: enfance spirituelle et compassion maternelle envers ceux qui en ont besoin. Pour ceux qui connaissent les archétypes de l'Inde, elle pouvait entre autres évoquer Durga, la vierge guerrière créée par les pensées réunies des dieux pour tuer le démon que ceux-ci n'arrivaient pas à détruire.
Jacques Vigne

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SATSANG de Mâ Anandamayi

L'ARBRE-GURU 
De nombreuses personnes approchent Ma et lui demandent souvent : 
« Je ne sais pas comment méditer, ni ne me sens incliné à cela. J'ai peine à trouver de l'intérêt pour les choses spirituelles, mais l'agitation mondaine a aussi peu d'intérêt. Quelle est la solution ? » 
— Ce que cette petite fille vous conseille, répondit Mâtâji, est de vous asseoir sous un arbre. 
Mais là où j'habite, il n'y a pas d'arbre, lui dit une fois une femme, et une autre : « Sous un arbre? Quel genre d'arbre ? Un pîppal ? » [figuier-banian] 
— Oui, un pippal. Par « arbre », nous voulons dire un vrai sage. Un sage est semblable à un arbre. Il n'invite ni ne repousse personne. Il donne une ombre bienfaisante à quiconque vient près de lui, qu'il soit un homme, une femme, un enfant ou un animal. Si vous vous asseyez à ses pieds, il vous protégera des intempéries, du soleil brûlant comme des trombes d'eau, et il vous donnera des fleurs et des fruits. Qu'un homme ou un oiseau les goûtent lui importe peu ; ce qu'il produit, il le donne à qui vient à lui. 
(Satsang rapporté par Âtmânanda dans Ânanda hârtâ, février 1955, vol. 2, n° 4.)