Et si le cœur du couple battait ailleurs que là où on le cherche habituellement ?
Dans les débuts d’une relation, tout semble simple : la passion fait vibrer, l’engagement rassure, et l’intimité semble couler de source. Mais avec le temps, les priorités changent, les rythmes s’installent, et souvent, sans qu’on le voie venir, quelque chose s’éloigne. On parle de routine, de fatigue, de manque de désir… mais si le vrai manque était ailleurs ?
Dans ma propre exploration — et dans tant de confidences reçues — j’ai remarqué un fil rouge : ce n’est pas tant l’amour qui meurt, mais l’espace pour le vivre pleinement. Et cet espace, c’est l’intimité.
C’est là que le modèle du triangle de l’amour de Robert Sternberg nous offre un éclairage précieux. Il nous rappelle que l’amour durable repose sur trois piliers : la passion, l’engagement… et l’intimité. Or, c’est souvent cette dernière qui se fragilise en premier, sans bruit. Comme une pièce manquante qu’on oublie de chercher, croyant que le reste suffira.
Selon le psychologue Robert Sternberg, l’amour se compose de trois dimensions fondamentales : l’intimité, la passion et l’engagement. Comme les trois côtés d’un triangle, elles forment ensemble la base d’une relation amoureuse épanouissante. Mais souvent, ce qui flanche en premier, c’est l’intimité. Et c’est là que bien des relations perdent leur souffle.
La passion, c’est l’étincelle. C’est l’attirance physique, l’élan du désir, cette énergie brute qui nous électrise. Elle a le pouvoir d’allumer le feu… mais pas de le maintenir. La passion est vitale, mais instable. Elle va et vient, comme la marée.
L’engagement, lui, c’est la décision consciente de rester. C’est le « oui » qu’on se donne, le choix de bâtir ensemble, même quand c’est difficile. C’est une structure solide… mais elle peut devenir rigide si elle n’est pas nourrie.
Et puis, il y a l’intimité. Ce lien profond qui naît dans la confiance, la transparence, la vulnérabilité. C’est la qualité de présence qui fait qu’on se sent vu, entendu, accepté dans notre vérité. C’est là que tout commence… et que tout peut s’effondrer.
Pourquoi ? Parce que l’intimité demande plus que du temps ou de la cohabitation. Elle demande du courage émotionnel. Celui de se dire : « Voici ce que je ressens maintenant. Voici ce qui est vivant en moi. »
Mais trop souvent, on évite. On se protège. On s’anesthésie. Et petit à petit, le lien s’amincit. La passion peut encore briller un moment. L’engagement peut tenir la structure. Mais sans intimité, la relation devient une coquille vide.
C’est là le défi du couple — ou de toute relation profonde : oser continuer à se rencontrer dans l’espace nu de l’intimité. Ne pas présumer qu’on se connaît. Continuer à s’étonner l’un de l’autre. À s’écouter comme si c’était la première fois.
Car c’est dans cette qualité de présence que l’amour cesse d’être une idée, un passé ou un projet, et devient un acte vivant, ici et maintenant.
Claude Legendre
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