mercredi 11 janvier 2023

Bienvenue dans le séjour.

 Il y a quelques années, j'ai eu la chance de rencontrer Jacques Goorma à la sépulture de Catherine Harding, l'épouse de Douglas Harding. Jacques était un bon ami de Catherine. Elle appréciait beaucoup sa poésie.

Nous avons partagé, comme si nous nous connaissions depuis toujours. Quand l'essentiel est partagé avec quelqu'un, une intimité fleurit, car nous savons que nous sommes reliés, même si Cela est impalpable.

Ce que nous sommes vraiment, vraiment, vraiment, cet essentiel, est apparu très clairement à Jacques Goorma. Il en parle de façon poétique. Il appelle Cela "le Séjour".

Voici quelques extraits de son livre "Le Séjour"

Je vous souhaite à tous une très belle soirée, sans quitter le séjour. Comment d'ailleurs pourrait-on le quitter ?

Philippe


"On ne peut sortir du séjour, mais on peut l’oublier, l’ignorer, être dans la confusion. Personne ne peut l’obtenir, car il réside où il n’y a personne, mais on peut disparaître et naître dans sa lumière. On ne peut qu’être le séjour. On ne peut l’évoquer sans le placer hors de soi, hors de lui-même, dans un mot, un concept, sans le convertir en une pensée. L’homme parvient à accomplir ce tour de force de quitter, de façon illusoire, sa demeure primordiale. Il se chasse du paradis. Par ce mouvement, il devient chasseur et ne trouve comme seule proie que le mirage d’une ombre fugace. Il cherche dehors ce qu’il a quitté dedans. Il parvient à franchir l’incomparable frontière par une usurpation d’identité. Se lie à l’imposture par un inextricable serment."

...

"Du séjour s’écoulent les prés ; les arbres, les collines, jusqu’à ton visage dans la coupe de mes paumes. Car le séjour est rivière aussi, rivière invisible et rêveuse, éclairant tout ce qu’elle caresse de son aube lustrale."

...

"Ce n’est pas à travers les trous oculaires que je vois. C’est à travers un œil qui est derrière et au-dessus. Un œil qui est chez moi et fait comme chez lui. Comme chez toi. C’est un regard impersonnel. Ce qu’il voit au-dehors, est personnel. Ce qui est dehors, apparaît et disparaît. Mais cet œil qui voit tout n’est jamais apparu, c’est simplement une ouverture qui laisse sa place au monde."

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