lundi 7 septembre 2015

Conseils d'Eric-Emmanuel Schmitt



Pratiquez l'empathie

Quand une personne vous agresse, elle parle d'elle, pas de vous. Répondre par l'empathie est une manière de se débarrasser de la violence, mais aussi d'intervenir sur cette dernière en la faisant diminuer. Immédiatement, dépassez donc la situation en vous positionnant en tant que soignant et non en tant qu'agressé. Mettez-vous à la place de l'autre et demandez-vous ce qui a pu le conduire à cet état. Questionnez-le, écoutez-le, et dites-lui bien que vous comprenez. Lorsqu'un enfant pleure ou crie, on lui demande spontanément ce qu'il a. L'adulte, qui est censé être fait, fini, complet, se trouve souvent dans une grande solitude émotionnelle, car il ne sent en face ni compassion ni intérêt.

Acceptez la souffrance

Je crois que la clé du bonheur tient dans l'acceptation de nos malheurs et tristesses. Intégrez-les dans la trame de votre existence, en y consentant lorsqu'ils surgissent. C'est grâce à Mozart que j'ai compris cette leçon de sagesse. Écouter un adagio ou un andante, c'est réaliser que l'on n'est pas seul à souffrir, mais aussi qu'il nous faut aimer cette tristesse. Lorsque je perds un être cher, je n'essaie plus de nier ma douleur, de la recouvrir pour garder la face. Je me donne entièrement à cette souffrance : d'abord parce qu'elle est une dernière façon d'aimer, et ensuite parce c'est une manière de dire oui à la vie, à ma condition d'homme.

Cultivez la joie et l'étonnement

Ne stagnons pas dans la tristesse ! Comme tout, elle passe. Cultivez la joie par un décentrement. Le moi est haïssable ; éloignez-vous de vous-même et laissez-vous émerveiller. Cette joie et cet émerveillement sont les couleurs de ma foi. Mozart a mis toute une vie à retrouver un esprit d'enfance - que nous retrouvons dans la Flûte enchantée, composée alors qu'il est au bord de la mort -, dans un cheminement de simplification et de perfection. Cet esprit d'enfance n'est en rien régressif. Il est faculté d'étonnement, première vertu philosophique chez Platon. Il a l'humilité de savoir qu'il ne sait pas... et de questionner.
(source : La Vie)