vendredi 22 août 2025

Habillage naturel

 Un arbre mort peut encore accrocher les nuages.

Photo au parc Mosaïc - août 2025

La nature n'a pas besoin de libellé pour inscrire la beauté.

Photo parc Mosaïc 

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jeudi 21 août 2025

Demande intérieure


"Toute demande intérieure provient d’une dualité : « Je suis malheureux, je voudrais être heureux.» En cette aspiration : « Je veux être heureux » est un état malheureux, de même que lorsqu’on fait un effort vers le bien, en cette vertu est le mal. Toute affirmation contient son opposé, et tout effort renforce ce que l’on veut surmonter. Lorsque vous désirez l’expérience du vrai ou du réel, cette demande émane de votre manque de satisfaction au sujet de ce qui « est », et crée, par conséquent, son contraire. Et dans ce contraire se trouve ce qui a été. Nous devons nous libérer de ces incessantes demandes, autrement il n’y aurait pas de fin au couloir de la dualité. Cela veut dire se connaître soi-même si complètement que l’on ne cherche plus.

On a, en cet état, un esprit qui n’appelle pas l’expérience ; qui ne veut pas être provoqué ; qui ne connaît pas la provocation ; qui ne dit ni « je dois », ni « je suis éveillé » ; qui est complètement ce qu’il « est »."

« Se libérer du connu » - J. Krishnamurti

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mercredi 20 août 2025

Ombre dansante

Et je l'aimais comme j'aime ce son
Au creux duquel rajeunirait le monde,
Ce son qui réunit quand les mots divisent,
Ce beau commencement quand tout finit.
Syllabe brève puis syllabe longue,
Hésitation de l'iambe, qui voudrait
Franchir le pas du souffle qui espère
Et accéder à ce qui signifie.
Telle cette lumière dans l'esprit
Qui brille quand on quitte, de nuit, sa chambre,
Une lampe cachée contre son cœur,
Pour retrouver une autre ombre dansante.
Yves Bonnefoy - Les planches courbes
Poésie/Gallimard

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mardi 19 août 2025

"La Présence n'apparaît que lorsqu'elle est nécessaire."


Personne ne s'éveille dans sa zone de confort. 

Disons que vous allez dans un spa où vous payez 2,000$ par jour pour des conditions d'éveil fantastiques. Votre mental pourrait vous dire : "Ce sont les conditions optimales pour l'éveil, personne ne me dérange, je ressens la paix et la tranquillité partout autour de moi, aucun défi mondain ne peut me distraire de mes périodes de méditation, la nourriture est excellente, tout est pur et propre, deux massages par jour avec des huiles essentielles... Des conditions fantastiques pour l'éveil spirituel ! Ahhh..." (sourire)

Pourriez-vous vous éveiller ainsi ?

Vous pourriez devenir très paisible, et vous seriez comme une plante qui pousse à partir de semences dans un environnement protégé, comme dans une serre : la plante pousse très vite, elle fleurit — mais elle est très faible. Dès qu'elle est placée à l’extérieur, elle s’effondre immédiatement parce qu’elle n’a pas développé les forces internes nécessaires pour exister dans le monde réel.

Donc, pour l’éveil, les défis que vous rencontrez actuellement dans votre vie quotidienne sont en fait ce qu'il y a de mieux pour vous. La manière optimale de s'éveiller à la conscience est d'utiliser les défis auxquels vous êtes confronté dans votre vie quotidienne, au lieu de croire : "Si seulement je pouvais trouver une situation idéale, alors je m'éveillerais facilement."

Non, ça n'arriverait pas. En effet, après quelques premières expériences très agréables dans ce spa imaginaire, votre niveau de conscience baisserait et vous vous rendormiriez graduellement : "C'est tellement agréable... Ahhh..." (sourire)

La Présence n'apparaît que lorsqu'elle est nécessaire. Rien ne vient à moins que cela ne soit nécessaire. Il faut qu’il y ait un appel pour cela. Les choses doivent être difficiles, sinon le changement ne se produira pas.

~ Eckhart Tolle - (extrait d'une vidéo)

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lundi 18 août 2025

Esprit d'enfance

 


" À 40 ans, j’ai découvert l’esprit d’enfance. Qu’est-ce ? Le sens de l’étonnement, la curiosité, l’appétit, l’enthousiasme, le goût du jeu, l’humilité, la modestie, la confiance dans l’inconnu, ces qualités dont nous jouissons avant de les abîmer ou les égarer. Sans rebrousser chemin, il faut les récupérer. Aujourd’hui, je me force à lutter contre l’illusion de savoir. J’ai la passion du nouveau. Je refuse la fatigue de vivre. Je proscris le sentiment de déjà-vu ou de déjà-entendu. Je casse toute habitude. J’entends cultiver la fraîcheur, la saveur de la première fois, la naïveté éternelle.

L’art m’y aide. Quand j’admire un tableau ou que j’écoute une musique, je deviens vierge, neuf, j’assiste à une épiphanie. L’aube scintille. "

(Plus tard, je serai un enfant - Éric-Emmanuel Schmitt)

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dimanche 17 août 2025

Besoins fondamentaux

 


"Il y a deux choses dont on a fondamentalement besoin dans l'existence. La première, la plus importante, est la communion, la relation aux autres, c'est-à-dire l'amour au sens large, non la seule relation amoureuse. L'être humain a un besoin vital d'être relié. 

La seconde chose nécessaire pour s'épanouir, c'est la liberté, au sens profond de pouvoir être soi-même, de ne pas être entravé dans l'expression de sa sensibilité.

Lorsque l'on parvient à équilibrer ces deux pôles de l'existence, on est vraiment dans la joie." 

Frédéric Lenoir

Photo : Helen Levitt - 1940


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samedi 16 août 2025

Concave et convexe

 

il y a un envers à l’endroit
un convexe au concave
un face a un pile

cela va de soi ?
pas tant que cela
l’envers de l’endroit
s’il est bien su
abstraitement connu
dans son principe
est de fait rarement vu
inconvenante réalité
admise
mais de préférence oubliée
reléguée à ces oubliettes
dont on sait qu’elles existent
mais aux abords desquelles on évite de passer
de peur que s’en échappe quelque pleur et grincement de dent
comme la guerre là bas
loin
certes redoutée
mais pas encore assez proche pour être éprouvée
comme l’abattoir ou l’élevage en batterie
dont l’ombre plane au dessus de l’assiette
comme cet hôpital que l’on longe
juste un mur
entre la danse des bien portants
vaquant à leurs affaires
et les lits de douleur
les corps crucifiés
Les gémissements
la peur nue
comme le mouroir rempli de vieillards hébétés
au fond de ce charmant jardin
devant lequel les parents futurs résidents
poussent dans leurs landaus ceux là même qui
dans un avenir inimaginable
les y placeront vaguement coupables
à l’autre bout du chemin
de cette jeunesse riante en terrasse
la vieillesse non accueillie
la détresse étonnée
devant le passage éclair du temps
ce temps
qui dans l’instant n’existe pas
et pourtant explose à la face
de qui ne s’est pas tout au long du chemin
activement souvenu de l’envers de l’endroit
du convexe du concave
du face du pile

Gilles Farcet

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vendredi 15 août 2025

Tout va bien


 « Gardez un cœur reconnaissant pour tout ce que la vie vous apporte.

Tout est au service de votre réveil, de ce long sommeil d'illusion, à votre Être réel, si plein de vie et d'amour.

Dites merci à la vie.

Dites merci au Seigneur

Dites merci à votre personne le plus proche.

Même si vous ne pouvez pas voir, en ce moment, de quoi être reconnaissant, continuez à dire Merci.

Cela va changer votre vibration intérieure, vous rendant léger, ouvert et plein d'amour, de pardon et de joie.

Au bout de tout ça : ne vous inquiétez pas

Tout est entre les mains de Dieu.

Tout va bien.

Tout va bien. ”

Mooji

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jeudi 14 août 2025

L'arc stable


Et une femme qui portait un enfant dans les bras dit, Parlez-nous des Enfants. Et il dit :
Vos enfants ne sont pas vos enfants.
Ils sont les fils et les filles de l’appel de la Vie à elle-même,
Ils viennent à travers vous mais non de vous.
Et bien qu’ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas.
Vous pouvez leur donner votre amour mais non point vos pensées,
Car ils ont leurs propres pensées.
Vous pouvez accueillir leurs corps mais pas leurs âmes,
Car leurs âmes habitent la maison de demain, que vous ne pouvez visiter, pas même dans vos rêves.
Vous pouvez vous efforcer d’être comme eux,
mais ne tentez pas de les faire comme vous.
Car la vie ne va pas en arrière, ni ne s’attarde avec hier.
Vous êtes les arcs par qui vos enfants, comme des flèches vivantes, sont projetés.
L’Archer voit le but sur le chemin de l’infini, et Il vous tend de Sa puissance pour que Ses flèches puissent voler vite et loin.

Que votre tension par la main de l’Archer soit pour la joie;
Car de même qu’Il aime la flèche qui vole, Il aime l’arc qui est stable.

Khalil Gibran -(extrait du recueil Le Prophète)
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mercredi 13 août 2025

Le rien d'une journée

 


Je n'ai absolument rien fait de cette journée, qu'ouvrir au matin les fenêtres de la cuisine et de la chambre, laisser les nuages entrer dans l'appartement et frotter leur silence au silence régnant dans ces pièces. Oui, voilà ce que j'ai fait de ma journée, j'ai ouvert les fenêtres sur le jour, rien d'autre, et dans ce rien beaucoup de choses se préparaient dont je saurai plus tard le nom, beaucoup plus tard. 

Au soir, parce que les nuages avaient repris leur errance et que le froid s'invitait sans façon, j'ai refermé les fenêtres. Il était huit heures. De la cuisine, j'ai vu un moineau se poser sur un sapin. La branche a tremblé sous la maladresse de son atterrissage. Dans ce mouvement communiqué à l'immense par presque rien, j'ai reconnu l'image de ma journée et je me suis découvert heureux, comblé.

~ Christian Bobin  ♡ - Autoportrait au radiateur

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mardi 12 août 2025

Regarder au-delà

 "Être heureux ne signifie pas que tout est parfait.

Cela signifie que vous avez décidé de regarder au-delà des imperfections."

Aristote

"Le spectacle de la nature est toujours beau."


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dimanche 10 août 2025

Réduire le sauvage

 


« Seul dans le silence, je comprends un instant l’effroi que beaucoup éprouvent en présence du désert primordial, la peur inconsciente qui les pousse à domestiquer, altérer ou détruire ce qu’ils ne peuvent pas comprendre, à réduire le sauvage et le préhumain à des dimensions humaines.

Tout plutôt que d’affronter directement le préhumain, l’autre monde qui n’effraie pas par le danger ni l’hostilité, mais par quelque chose de pire : son implacable indifférence »

Edward Abbey, Désert solitaire.

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samedi 9 août 2025

Choix libre

 

"Il dépend de vous de progresser toujours plus avant dans la voie du bien. Même si votre route est semée d'obstacles qui vous font trébucher, vous pouvez vous relever. Évidemment, il vaut mieux ne pas tomber, et pour cela vous devez sans cesse prêter l'oreille à votre voix intérieure afin de ne pas faire un mauvais choix car, une fois le choix fait, vous devrez en assumer les conséquences jusqu'au bout.

Une image : si vous êtes monté sur le toit d'une maison, vous êtes libre de redescendre par l'échelle ou de vous jeter dans le vide. Si vous décidez de sauter, vous êtes immédiatement saisi par la loi de la pesanteur et vous allez vous écraser sur le sol. Vous n'êtes libre qu'avant de vous jeter dans le vide ; ensuite, c'est fini, vous tombez. Bien sûr, si vous avez pris une mauvaise décision et que vous dégringolez, vous pourrez vous relever. Mais combien d'efforts devrez-vous faire à nouveau ! Alors, prenez bien conscience que votre liberté est d'abord dans votre choix."

Omraam Mikhaël Aïvanhov

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vendredi 8 août 2025

Pourquoi

 

pourquoi
suis je impuissant
à le nourrir
de ma besace
gorgée de merveilles
pourquoi
mord il ma main ouverte
je n’en sais rien
n’en saurai jamais rien
et le sais
pourtant
chaque soir
je dresse la table
enfile
mon habit de réception
prêt à régaler mes convives
car il en est qui parfois viennent
il en est
qui parfois s’assoient
et prennent part
aux agapes
pourquoi eux
et pas les autres ?
(extrait d'un poème du recueil"Dernière Pluie" )
Gilles Farcet

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jeudi 7 août 2025

L'essentiel noyau

 L’essentiel est là où nous l’avons laissé !

Si nous ne savions pas ce que sont les tragédies propres à l'être humain, il nous suffit d'écouter — entre deux publicités — les informations proposées en boucle par les médias.

De quoi nourrir l'angoisse et les états qui l'accompagnent pour le reste de la journée. Il y a de quoi se demander si notre existence a un sens ? À cette question, Graf Dürckheim répond ainsi : « Autres que les tragédies humaines du passé, du présent ou de l'avenir qui nous émeuvent, nombreuses sont aujourd'hui les personnes qui ont l'intuition ou pressentent par-delà l'espace et le temps un noyau secret. Un noyau secret qui peut donner sens à notre existence dans le monde tel qu'il est sans attendre qu'il change. Ce noyau secret est ce que le maître Zen désigne comme étant notre vraie nature et que j'appelle notre être essentiel. »

L'essentiel ! Qu'est-ce que c'est ça ? Les réponses, lorsqu'elles sont proposées par un philosophe, un psychanalyste, un scientifique ou un membre du clergé, divergent grandement.

Si l'essentiel est invisible je ne le verrai jamais ; si l'essentiel est indicible, incommunicable, à quoi bon chercher à le décrire ; si l'essentiel est métaphysique, transcendant et donc abstrait du réel, il va prendre place dans un credo que chacun est en droit de renier.

…Où trouver notre être essentiel ?

« Là où nous l'avons laissé... là où il nous attend. » répond Graf Dürckheim.

La voie qui prépare les conditions qui permettent et favorisent la dé-couverte de notre être essentiel est un chemin d'expérience et d'exercice. L'exercice qui vous est proposé au Centre Dürckheim s'appelle "zazen".

Zazen c'est attendre ... sans rien attendre ... ce qui en réalité nous attend !

C'est en pratiquant l'exercice appelé zazen qu'un beau jour, assis dans l'absolue immobilité et ne faisant rien d'autre que faire face à ce à quoi je fais face, c'est dévoilé une vérité inéluctable : Je inspire et moi je n'y suis pour rien ; je expire et moi je n'y suis pour rien!

Une évidence éclatait sous mes yeux : Je suis et moi je n'y suis pour rien ! L'essentiel se révélait dans la présence de l'INFAISABLE.

L'infaisable ? Ce n'est pas une vérité conceptuelle, c'est la vérité vraie.

L'infaisable s'offre à la sensation. Aussi vraie que celle qu'on éprouve lorsque on plonge malencontreusement la main dans l'eau bouillante. Personne ne pourra vous dire que ce que vous sentez n'est que subjectif. C'est une expérience qui s'impose à vous en tant que sujet.

Je réalisais que c'est en se glissant de la logique de l’entendement dans la logique du sensible que l'homme s’éveille au fondement de lui-même : sa propre essence.

Ce qui m'a bouleversé est qu'au moment même où j'épouse l'infaisable, ma manière d'être au monde se transforme instantanément.

"Si vous pratiquez vraiment zazen le corps prend la forme du calme".

Le calme ! Il ne s'agit pas d'un calme qui n'est que le contraire de l'agitation. Il s'agit du grand calme inné, qui atteste et confirme l'absence de la moindre agitation.

Ce grand calme est le symptôme de notre état de santé fondamental. Où trouver ce grand calme apaisant ? Là où nous l'avons laissé... là où il nous attend. Dans le corps que nous sommes – dès ce moment mystérieux qu'est la fécondation – et que nous devenons tout au long de la gestation et au cours des premiers mois qui suivent la naissance physiologique.

« La métaphysique des bébés est la seule qui ne trahisse ni la terre, ni le ciel » écrit Christian Bobin. Et il ajoute : « Les bébés sont les grands sages. Le vrai savoir est dans leurs yeux. (...) C'est le visage même de la sagesse qui n'est pas un visage de savoir. (...)

Une de leurs grandes vertus est de ne pas être aveuglés par un savoir. Ils regardent sans morale, sans philosophie, sans religion, sans aucune précaution. Il n'y a aucune distance entre leurs yeux et Dieu ou les anges. Ou les atomes de l'air si l'on ne croit pas en Dieu ou aux anges. Les bébés sont à une cloison de riz de la vérité. »

Michiko Nojiri, maître dans l'art qu'est la cérémonie du thé commençait ses leçons par le pratique de zazen. Son introduction à l'exercice était toujours le même « Pratiquer zazen c'est être assis comme un bébé est allongé dans son berceau. »

Jacques Castermane

* Christian Bobin : Le plâtrier siffleur, p. 11-12 – éd. Poesis

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mercredi 6 août 2025

Les portes...

 


Qu’est-ce que la vie, si ce n’est une succession de portes à franchir?

D’abord celles de l’enfance, des multiples étapes de la croissance physique, celles de l’empilage successif et programmé des connaissances, celles de la découverte des émotions, chaque année d’âge marquant la validation d’une porte franchie.

Jeune adulte, nous croyons avoir triomphé de toutes les portes et nous voilà prêts à conquérir le monde ou au contraire, à nous ranger sagement dans le moule que la société dans laquelle nous vivons nous propose...ou nous impose.

Pourtant encore de nombreuses portes à passer, celles de l’amour partagé, celles du choix d’être parent ou pas, celles de la réussite dite professionnelle et bien d’autres.

Les années passent, d’autres étapes et d’autres portes se franchissent dans la joie ou la douleur et le plus souvent dans la joie et la douleur.

Alors nous réalisons que, certes nous avons servi notre famille, la société, le formatage en vigueur, nos personnalités exacerbées, mais que souvent nous avons laissé l’essentiel sur le bord de nos chemins, ce germe précieux et sacré qui trouvait encore son expression dans nos rêves d’enfants.

Ainsi commence une nouvelle succession de portes à franchir pour détricoter ces cottes de mailles que la vie nous a fait endosser pour nous protéger de tout et de rien et nous éloigner de l’Être précieux et invulnérable que nous sommes véritablement.

Ces portes sont variées, de plus en plus petites et mystérieuses jusqu’à devenir de pures allégories, car derrière, ce n’est plus un être tangible que nous découvrons, mais l’écrin de la Vie sacrée et infinie...

Elisabeth Kuhn

peinture: Claude Monet 1840-1926 - Les portes du jardin 1881

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mardi 5 août 2025

Nature véritable !

 "Lorsque les vagues des pensées

N'affectent pas plus la sérénité de l'esprit

Que les nuages n'altèrent le ciel,

Advient alors la libération des pensées

dans leur nature véritable."

- Mipham Rinpotché, Un demi-siècle dans l'Himalaya. 


Un moine tibétain contemple la vallée du Khumbu depuis un rocher surplombant le monastère de Thangboche.

Obtenir du beurre à partir du lait n'est possible que parce que le lait contient déjà de la crème, mais personne n'a jamais fait du beurre en barattant de l'eau. L'orpailleur cherche l'or parmi les minéraux et non parmi des copeaux de bois. De même, s'efforcer d'atteindre le pur et parfait Éveil n'a de sens que parce que la nature éveillée est déjà présente en chaque être. Sans cette nature, tout effort serait futile.


JAMGÖN KONGTRUL LODRÖ THAYE (1813-1899)


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lundi 4 août 2025

Ressources

 Voici des citations tirées de la BD "Ressources - un défi pour l'humanité " de Philippe Bihouix et Vincent Perriot.


"Qu'est-ce que la vie ?

C'est l'éclat d'une luciole dans la nuit, c'est le souffle d'un bison en hiver. C'est la petite ombre qui court dans I'herbe et se perd au coucher du soleil."

Dernières paroles d'Issapoomahksika (Crowfoot, 1830-1890), chef amérindien de la nation siksika

"Ôtez à la vie les joies naturelles pour les remplacer par des joies artificielles et l'avenir ne sera plus qu'un écran vide ." 

Gina Lombroso (1872 - 1944)


"Nous payons tous cette nouvelle folie de l'homme, la publicité, avec ses bruits haïssables, ses lumières dévergondées, ses proportions insolentes, ses injonctions cyniques, ses intrusions et ses obsessions...
Georges Duhamel (1884 -1966)

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dimanche 3 août 2025

Aveugle du coeur


 Un homme, brave et impétueux comme un lion, fut épris d’une femme durant cinq années. Cette belle portait pourtant une légère taie à l’œil, perceptible à quiconque l’observait attentivement. Mais cet homme, bien qu’il contemplât souvent sa bien-aimée, ne s’en apercevait pas.

Comment, en effet, aurait-il pu distinguer ce défaut, lui dont l’âme était entièrement absorbée par un amour aussi ardent ?

Cependant, son amour finit par s’éteindre — un remède avait guéri cette passion.

Lorsque les flammes de l’amour s’affaiblirent en son cœur, il retrouva la maîtrise de lui-même. C’est alors qu’il remarqua la tache à l’œil de sa compagne, et lui demanda :

— D’où vient cette blancheur ? Était-elle là auparavant ?

Elle répondit avec douceur et lucidité :

— Dès l’instant où ton amour a diminué, mon œil a commencé à révéler son défaut.

Lorsque ton regard est devenu défaillant d’amour, mon œil est devenu imparfait à tes yeux.

Tu as troublé ton cœur par l’aversion qui t’habite désormais. Mais regarde donc, ô aveugle du cœur, tes propres manquements !

Jusqu’à quand continueras-tu à scruter les défauts des autres ? Préoccupe-toi plutôt de ceux que tu caches soigneusement.

Lorsque tes fautes te pèseront véritablement, tu ne prêteras plus attention à celles d’autrui.

— Farîd-ud-dîn ‘Attâr

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samedi 2 août 2025

Arbre de lumière

 

" Sans doute l'avez-vous remarqué : notre attente - d'un amour, d'un printemps, d'un repos - est toujours comblée par surprise. comme si ce que nous espérions était toujours inespéré. Comme si la vraie formule d'attendre était celle-ci : ne rien prévoir - sinon l'imprévisible. Ne rien attendre sinon l'inattendu.

Ce savoir là me vient de loin. Ce savoir qui n'est pas un savoir, mais une confiance, un murmure, une chanson. Il me vient du seul maître que j'aie jamais eu : un arbre. Tous les arbres dans le soir frémissant. Ils m'instruisent par leur manière d'accueillir chaque instant comme une bonne fortune. L'amertume d'une pluie, la démence d'un soleil : tout leur est nourriture. Ils n'ont souci de rien et surtout pas d'un sens. Ils attendent d'une attente radieuse et tremblée. Infinie. Le monde entier repose sur eux. Le monde entier repose sur nous . Il dépend de nous qu'il s'éteigne, qu'il s'enflamme . Il dépend d'un grain de silence, d'une poussière d'or - de la ferveur de notre attente. Une arbre éblouissant de vert, un visage inondé de lumière.

Cela suffit bien pour chaque jour. c'est même beaucoup."

Christian Bobin - Éloge du rien

peinture: Cuno Amiet 1868-1961

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vendredi 1 août 2025

Aimer


aimer ceux que l’on aime les aimer
comme on les aime
ne suffit pas
car notre amour cet amour si sincère cet amour-là
regorge de trous de recoins négligés de zones mortes
c’est pourquoi il faut les aimer d’un tout autre amour
d’un amour implacable qui ne fait pas de quartiers
d’un amour terrible
qui ne fait pas de sentiments
d’un amour inconnu
de cet amour parfait
dont nous sommes incapables
Gilles Farcet (un poème entre deux concerts ...)

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