mercredi 18 juin 2025

Croisement du temps

 


La plupart des grandes traditions spirituelles font de l’instant présent une clé de la vie spirituelle.

Chaque instant est certes une fenêtre étroite, mais qui peut devenir un croisement du temps et de l’éternité, de l’horizontal et du vertical. Et qu’est-ce que l’éternité ? peut-on se demander.

C’est la splendeur d’un moment de grâce, l’intensité d’un instant, la qualité d’un acte, la plénitude d’un état.

Jean Proulx, En quête de sens, p. 248-249

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mardi 17 juin 2025

Souffrance, que nous veux-tu ?

Certainement à cause de l’âge, je suis entouré de personnes ayant des problèmes de santé. Et je ne suis pas exclu. Mais que de manières différentes de vivre avec ces dysfonctionnements ! Que de façons variées d’aborder la douleur !

Il y a ceux qui ont mal par peur d’avoir mal. L’idée de la souffrance leur est insupportable. Souvent ils n’ont pas eu précédemment de gros soucis avec leur corps si bien qu’ils craignent que ce soit terrible. C’est la douleur avant la douleur. Elle rend difficilement gérable l’arrivée effective des soins.

Il y a ceux qui interprètent au pire les premiers signes. Ils imaginent un affreux cancer là où il n’y a que broutilles.

Et ceux qui pour une blessure plus sérieuse ressentent des douleurs insurmontables. Ils ont du mal à se contrôler et hurlent sans retenue. Au pire ils accusent le personnel médical de les persécuter.

Il y a les taiseux qui accusent le coup mais se rongent de l’intérieur.

Il y a ceux qui acceptent ce qui leur arrive. Alors la part psychique se réduit considérablement. Les souffrances sont constituées d’une part objective : la douleur provoquée par le dysfonctionnement corporel, et la part psychique – la plus importante – nous rajoutons. Celle-ci est liée à notre histoire et détermine notre comportement. Ceux qui acceptent ce qui leur arrive diminuent considérablement le processus psychique.

Un cran au-dessus, certains considèrent que ce qui arrive est une épreuve pour grandir intérieurement, c’est-à-dire progresser en conscience, en amour. Alors la douleur physique, objective, devient supportable. Ils ne visent pas la guérison du corps mais le gain pour leur âme. Ainsi ils supportent avec le sourire les soins médicaux et chirurgicaux sans se plaindre.

Cela m’évoque les martyrs religieux qui n’appréhendent pas les tortures, voire les réclament. Ils me rappellent que la mort est la condition, le passage pour la vie éternelle dans l’amour divin, infini. Notre corps est un magnifique outil qui nous est prêté un temps pour nous accomplir en servant la vie.

L’ange des Dialogues avec l’ange1 de Gitta Mallasz, le dit nettement :

Le cadavre reste toujours mort.

Le vivant reste toujours vivant,

Mais ils sont reliés entre naissance et mort.

Ce que vous appelez Vie,

C’est la tâche active.

Active – la mort la sert,

passive – la mort est son maître.

Christian Rœsch


 1. Dialogues avec l’ange, entretien 43 (jour de Pâques), éd. Aubier-Flammarion

lundi 16 juin 2025

Descente corporelle

 
La descente dans le corps, se fait d’abord les yeux fermés. La descente du centre d’attention qu’est la tour de contrôle, vers quelque chose de plus vaste encore que cette centrale nucléaire qu’est le cœur.

Habiter le corps, descendre dans le corps, toujours plus, encore…  Et s’émerveiller à chaque seconde de sédimentation des pensées laissant apparaître la conscience. Découvrir l’existence, insoupçonnée, d’une autre manière d’être.

Découvrir que ces mots ont leurs limites, découvrir qu’il est possible de vivre davantage l’énergie que la matière.

Ta conscience se promène, entre ton livre, tes soucis, ta maladie, ton passé, ton futur. Il est possible de l’emmener dans le corps, et de l’amener à des strates qui appellent  à être traversées, et explorées organiquement.

Découvrir qu’il est possible d’habiter le monde, la réalité, depuis un état de conscience fondamental — au-delà des formes, des concepts, des idées —  qui te place dans ce non-endroit où la matière prend forme. 

C’est là ta maison avant que tu ne deviennes toi.

Tu pourras y découvrir un volcan. 

Ne le contient pas. 

Tu pourras y découvrir un arbre. 

Ne tire pas dessus pour le faire pousser.

Tu pourras y découvrir une rivière. 

Ne la pousse pas. 

Tu pourras y découvrir un lac.

Ne tente pas de l’aplatir avec ta main.

Stephan Schillinger

Illustration : Caitlin Connoly

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dimanche 15 juin 2025

À tous ceux qui nous veulent du bien

Face à toutes les injonctions paradoxales ou contradictoires du quotidien, il y a parfois de quoi perdre son latin. Cette chronique salutaire nous invite à renouer avec le bon sens et à nous faire confiance. Par Nicole Prieur

 Je n’ai pas encore eu l’occasion d’aller vérifier si l’enfer était effectivement pavé de bonnes intentions, mais ici sur terre – qui par certains aspects nous donne un aperçu de ce que pourrait être l’enfer – nous sommes gâtés ! Les conseilleurs de tout bord foisonnent. Tant de personnes, que nous ne connaissons pas, à qui nous n’avons rien demandé, nous veulent du bien et souhaitent notre bonheur.

Chaque expert autodésigné, chaque influenceur nous délivre sa recette miracle pour « rester zen » dans un monde en furie, nous accompagne dans notre développement personnel en nous guidant tellement bien que nous n’aurons plus à nous prendre la tête, c’est-à-dire à penser. À les croire, rien n’est plus simple… Chacun y va de sa recommandation, les promesses pullulent sur les réseaux sociaux, levez le bras, buvez ceci, mangez cela, votre vie en sera transformée ; vos angoisses les plus ancrées, vos freins les plus inconscients s’effaceront dans un claquement de doigts. On se demande pourquoi la santé mentale de nos contemporains est si mal en point.

Savons-nous encore penser ?

Dans la même veine, les modes éducatives se succèdent en s’opposant, évidemment. Après avoir dû, pour ne pas être considéré comme des parents indignes, appliquer les règles de l’éducation positive, plus ou moins bien transmises et comprises, voilà qu’on accuse les mères et les pères d’être trop laxistes. Dorénavant il faut punir, appliquer le time out… Combien de femmes et d’hommes ai-je reçus en consultation, culpabilisés, perdus : « On fait comme on nous dit de faire et ça ne marche pas ! »

Mais où est donc passé le bon sens, c’est-à-dire la réflexion qui permet d’analyser, de questionner ? À l’affût de la bonne méthode, savons-nous encore penser ? Nous voulons des réponses immédiates, des solutions magiques, réductrices, pour en finir rapidement avec ce qui nous trouble. Et nous nous enfonçons encore davantage. À force de tout simplifier à outrance, de croire qu’il suffit de peu pour exclure le négatif, nous ne nous donnons pas les moyens d’agir. Albert Camus nous le rappelle : « Il n’y a pas de soleil sans ombre, et il faut connaître la nuit. »

L’autorité, ce n’est pas être autoritaire

La lumière, les perspectives n’adviennent que si on ose sortir d’une conception dualiste, des oppositions stériles, sur le mode « ou-ou ». Avoir le courage d’aborder la complexité humaine, c’est se donner les moyens d’accéder à nos ressources, nos capacités de résilience là où l’espoir semblait perdu. Penser les contraires dans leur complémentarité, c’est agir avec la souplesse nécessaire au respect du réel.

Dans la relation parentale, par exemple, il faudra un jour interdire, un autre « négocier », voire « céder », selon les circonstances, en tenant compte de multiples facteurs que seuls les parents sont capables de discerner. Redonnons aux mères et aux pères leur juste place : ce sont eux les véritables experts ! Ils le seront d’autant mieux s’ils gardent leur liberté, agissent avec discernement.

L’autorité, ce n’est pas être autoritaire, elle ne s’affirme pas avec ou tel ou tel geste, mais il s’agit bien plus d’une attitude. Auctoritas vient du verbe augeo, qui signifie « faire naître, augmenter, produire à l’existence ». Il s’agit de faire advenir notre enfant à ce qu’il y a de meilleur en lui et cela s’invente à chaque instant. Éduquer, n’est-ce pas avant tout préserver l’espoir d’un monde plus juste… qui reste à créer.

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samedi 14 juin 2025

Conscience guérisseuse.

 Si toutefois nous guérissons, c’est davantage à la manière d’un arbre, qui conservera les coups de hache et les marques du temps – la question, ici, est celle de la survie et de la croissance. Un arbre qui survit à un accident majeur de parcours et développe un tronc fort et robuste, mais de travers, peut-il être considéré comme guéri ?

Guérir en effaçant les souvenirs et les traces des traumatismes et blessures, ou guérir en continuant à évoluer en se rapprochant progressivement du bonheur — ou de l’éveil — sont deux perceptions radicalement différentes de la guérison.

Si nous prenons un ruisseau comme métaphore, nos blessures sont autant de pierres qui viennent en altérer, en dévier, le cours. L’intelligence de la vie évoquée pourrait alors être représentée par la force de gravitation, qui fait que le ruisseau coulera toujours vers le bas.

Guérir, selon moi, pour moi, et me concernant, a consisté à faire confiance à l’intelligence de la vie qui coulait en moi. Comme le ruisseau qui trouvera toujours son chemin vers la mer, d’une façon ou d’une autre.

J’entends guérison comme la résolution d’une entrave au bonheur ou à l’éveil, selon ce que nous poursuivons, chacun. Parfois, comme pour un ruisseau jonché de pierres qui viennent dévier son parcours, il convient de ne rien faire d’autre que de faire « confiance au processus de la vie ». C’est-à-dire de se fier à l’ordre naturel des choses.

Je constate qu’il est difficile – voire inacceptable – de concevoir cela, pour une personne qui souffre, mais il ne s’agit pas de ne rien faire, encore moins de se résigner. Il s’agit justement plutôt que de remuer ciel et terre, et d’établir des défenses, remparts, boucliers, carapaces et épines, de se connecter à l’intelligence du vivant. Je crois que la Conscience guérit tout ce qu’elle touche. Qu’aucun comportement destructeur ou malveillant ne résiste longtemps à la lumière de la conscience. 

🙏 Stephan Schillinger 

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vendredi 13 juin 2025

Intimité

 Et si le cœur du couple battait ailleurs que là où on le cherche habituellement ?


Dans les débuts d’une relation, tout semble simple : la passion fait vibrer, l’engagement rassure, et l’intimité semble couler de source. Mais avec le temps, les priorités changent, les rythmes s’installent, et souvent, sans qu’on le voie venir, quelque chose s’éloigne. On parle de routine, de fatigue, de manque de désir… mais si le vrai manque était ailleurs ?
Dans ma propre exploration — et dans tant de confidences reçues — j’ai remarqué un fil rouge : ce n’est pas tant l’amour qui meurt, mais l’espace pour le vivre pleinement. Et cet espace, c’est l’intimité.
C’est là que le modèle du triangle de l’amour de Robert Sternberg nous offre un éclairage précieux. Il nous rappelle que l’amour durable repose sur trois piliers : la passion, l’engagement… et l’intimité. Or, c’est souvent cette dernière qui se fragilise en premier, sans bruit. Comme une pièce manquante qu’on oublie de chercher, croyant que le reste suffira.
Selon le psychologue Robert Sternberg, l’amour se compose de trois dimensions fondamentales : l’intimité, la passion et l’engagement. Comme les trois côtés d’un triangle, elles forment ensemble la base d’une relation amoureuse épanouissante. Mais souvent, ce qui flanche en premier, c’est l’intimité. Et c’est là que bien des relations perdent leur souffle.
La passion, c’est l’étincelle. C’est l’attirance physique, l’élan du désir, cette énergie brute qui nous électrise. Elle a le pouvoir d’allumer le feu… mais pas de le maintenir. La passion est vitale, mais instable. Elle va et vient, comme la marée.
L’engagement, lui, c’est la décision consciente de rester. C’est le « oui » qu’on se donne, le choix de bâtir ensemble, même quand c’est difficile. C’est une structure solide… mais elle peut devenir rigide si elle n’est pas nourrie.
Et puis, il y a l’intimité. Ce lien profond qui naît dans la confiance, la transparence, la vulnérabilité. C’est la qualité de présence qui fait qu’on se sent vu, entendu, accepté dans notre vérité. C’est là que tout commence… et que tout peut s’effondrer.
Pourquoi ? Parce que l’intimité demande plus que du temps ou de la cohabitation. Elle demande du courage émotionnel. Celui de se dire : « Voici ce que je ressens maintenant. Voici ce qui est vivant en moi. »
Mais trop souvent, on évite. On se protège. On s’anesthésie. Et petit à petit, le lien s’amincit. La passion peut encore briller un moment. L’engagement peut tenir la structure. Mais sans intimité, la relation devient une coquille vide.
C’est là le défi du couple — ou de toute relation profonde : oser continuer à se rencontrer dans l’espace nu de l’intimité. Ne pas présumer qu’on se connaît. Continuer à s’étonner l’un de l’autre. À s’écouter comme si c’était la première fois.
Car c’est dans cette qualité de présence que l’amour cesse d’être une idée, un passé ou un projet, et devient un acte vivant, ici et maintenant.
Claude Legendre

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jeudi 12 juin 2025

Ressentir l'amour dans son corps


L'autre jour, je lisais une étude à propos de l’amour. On demandait à huit cents personnes dans quelles zones du corps elles ressentaient différents types d’amour (sexuel ou romantique; pour les amis ou les animaux, etc.). Premier résultat, pas surprenant : ça se passe surtout dans la poitrine et la tête. Autre résultat, plus intéressant : certaines formes d’amour s’éprouvent surtout dans la tête (pour les inconnus ou son pays) et d’autres dans la poitrine, voire le corps entier (amour pour la vie ou amour passionnel). L’amour est une émotion, il est donc logique que le corps soit impliqué; et plus il est fort, plus il met le feu au corps.

Voilà confirmés les travaux de psychologie positive, montrant la continuité biologique et psychologique entre toutes les formes d’amour : sympathie, affection, bienveillance, amitié, amour romantique ou parental... Dans tous les cas, c’est une même famille émotionnelle, et une affaire de résonance et d’ocytocine. Ce qui n’enlève rien à la beauté et à la magie de ces expressions de l’amour. Ni à leurs bienfaits.

Des exercices de la méditation de pleine conscience nous apprennent à cultiver en nous toutes formes d’amour bienveillant (loving kindness), qu’il s’agisse de compassion, de gratitude, de bonté altruiste ou d’autres encore. La démarche est simple : une fois passée la première étape de stabilisation de l’attention et de pleine conscience ouverte, on laisse venir en soi, par imagerie mentale, en activant ses expériences et ses souvenirs, l’émotion travaillée. On prend alors le temps d’observer ses manifestations dans notre corps, souvent sous forme d’une chaleur douce dans la poitrine et d’un ressenti global d’apaisement.

Même si vous n’avez jamais appris à méditer, c’est à votre portée. Lors d’un moment de calme, asseyez-vous, dos bien droit, pieds à plat, yeux fermés. Et prenez simplement conscience de tout l’amour présent en ce moment dans votre vie, qu’elle qu’en soit la forme (donné ou reçu) et l’intensité : affection pour les proches; liens d’amitié et de sympathie dans votre quotidien ; tendresse avec les animaux ; gratitude pour vos parents, vos enseignants; amour de la vie... Prenez le temps de savourer, de respirer, de laisser ce sentiment prendre toute sa place en vous, s’installer dans votre corps, et pas seulement exister dans vos pensées et votre tête. Ce type de prise de conscience, pourvu qu’on le pratique souvent, nous est immensément bénéfique. Il nous rend encore plus à même d’aimer et de dire que l’on aime. Et il nous ouvre les yeux sur cette source de bonheur et d’énergie que sont les liens affectifs. Comme l’énergie solaire, elle est inépuisable et partout accessible. D’accord, il fait parfois gris dans nos vies, mais même à ces moments, il y a toujours un peu de la lumière de l’amour qui peut nous réchauffer : à nous de la trouver, de l’accueillir et de la savourer. •

Christophe André (dans psychologies magazine mars 2025)

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mercredi 11 juin 2025

Être en lien


Je suis un jour entré dans un lien
où chaque parole de l'un
était recueillie sans faute par l'autre.
Il en allait de même pour chaque silence.
Ce n'était pas cette fusion
que connaissent les amants à leurs débuts
et qui est un état irréel et destructeur.
Il y avait dans l'amplitude de ce lien
quelque chose de musical et nous y étions
tout à la fois ensemble et séparés
comme les deux ailes diaphanes d'une libellule.
Pour avoir connu cette plénitude,
je sais que l'amour n'a rien à voir
avec la sentimentalité qui traîne dans les chansons
et qu'il n'est pas non plus
du côté de la sexualité dont le monde
fait sa marchandise première,
celle qui permet de vendre les autres.
L'amour est le miracle d'être un jour
entendu jusque dans nos silences,
et d'entendre en retour avec la même délicatesse :
la vie à l'état pur, aussi fine que l'air
qui soutient les ailes des libellules
et se réjouit de leur danse.


Ressusciter, Christian Bobin, éd. Gallimard, 2001
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mardi 10 juin 2025

Consolation

 

Je pleure parce qu'on ne
peut pas sauver les gens.
On ne peut que les aimer.
On ne peut pas les transformer,
on ne peut que les consoler.
Anaïs Nin



"Nous ne voyons pas les choses telles qu'elles sont, nous les voyons telles que nous sommes."

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lundi 9 juin 2025

Tenir


Tout ce qu'on a tenu
Dans ses mains réunies :
Le caillou, l'herbe sèche,
L'insecte qui vivra,
Pour leur parler un peu,
Pour donner amitié
À soi-même, à cela
Qu'on avait dans les paumes,
Que l'on voulait garder
Pour s'en aller ensemble
Au long de ce moment
Qui n'en finissait pas.
Tout ce qu'on a tenu
Dans ses mains rassemblées
Pour ajouter un poids
De confiance et d'appel,
Pour jurer sous le ciel
Que se perdre est facile.
Tout ce qu'on a tenu :
L'eau fraîche dans les mains,
Le sable, des pétales,
La feuille, une autre main,
Ce qui pesait longtemps,
Qui ne pouvait peser,
Le rayon de lumière,
La puissance du vent,
On aura tout tenu
Dans les mains rapprochées.
Guillevic
Sphère
Poésie/Gallimard

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dimanche 8 juin 2025

Entre Ascension et Pentecôte


Pour les Chrétiens, l’Ascension est une espérance. C’est l’attente que la promesse de Jésus se réalise : l’envoi de l’Esprit Saint. Cet esprit de vérité, quand il viendra, habitera le paraclet, terme qui signifie à la fois le conseiller, le consolateur, l’intercesseur. À la Pentecôte, c’est fait. C’est le début des actes puissants des apôtres.

L’Ascension du Christ nous parle de nos ascensions.

Vers quel sommet ? – Le sommet de nous-mêmes.

Il n’y a rien de plus élevé. À cette hauteur, nous rejoignons le Ciel, la Lumière.

À quoi ça sert ?

Il faut ce délai, cette expectative silencieuse entre l’Ascension et la Pentecôte pour que la réponse arrive. Là, au bout de l’attente, l’Esprit Saint nous inspire. L’utilité se manifeste. La repentance et le pardon des péchés doivent être annoncés, dit Luc l’évangéliste. Depuis la Pentecôte, le pardon est possible grâce à l’Esprit Saint.

Ascension au sommet de soi-même, espérance dans le silence, pardon pour soi, et acte issu du pardon.

Grâce à l’ange qui nous est donné, le meilleur de l’homme se manifeste. Le pardon à autrui marque le début du règne de l’amour. C’est au règne humain – à chacun – qu’incombe la responsabilité de mettre de l’amour là où il en manque.

Et il en manque de partout.

Christian Rœsch

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samedi 7 juin 2025

Un moment qui n'est plus présent


Les gens parlent souvent de vivre dans le "moment présent". Je vis tout le temps dans le moment présent, et vous aussi ! En réalité, il n'y a nulle part ailleurs où l'on peut vivre. Mais vous n'en avez peut-être pas toujours conscience. Vous êtes-vous déjà arrêté pour réaliser que même le "moment présent" est une histoire du passé ? Parce que dès que vous y pensez, le moment présent disparaît, comme tout le reste dans le monde.

Être "présent" veut dire vivre sans contrôle et nos besoins réels sont toujours satisfaits.

~ Byron Katie

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vendredi 6 juin 2025

Grises pensées

 "L'enfer me ment, c'est de haut en bas.

La libération, c'est du bas en haut."


Merci à Yannick David

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jeudi 5 juin 2025

Qui es-tu ?

 


Tout ce que vous faites en tant qu'être humain c'est momentané, périssable.

Tu viens au monde sans rien, tu pars sans rien.

Tu peux avoir beaucoup de choses, et mourir sans savoir qui tu es,

mais si tu sais qui tu es, tu ne peux jamais mourir. 

~Mooji~

Il y a en toi un silence, une paix, un espace

que l'esprit ne peut pas envahir.

~Mooji~

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mercredi 4 juin 2025

Zazen n'est pas une fuite

  5 minutes avec Jacques Castermane

Être à l'écoute !


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Egalement oui



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mardi 3 juin 2025

Acte d'être

 

un humain n’est pas simplement
parce qu’il existe existe
vaguement
pour un temps
l’existence
ne donne pas l’être
la naissance
n’octroie pas la présence
la respiration
ne confère pas le souffle
pas plus que la vue ne dispense
la vision
l’humain
ne naît pas humain
mais le devient
l’être
produit transformé de l’existence
l’être n’est pas un état
mais un acte
un geste
de la conscience
un humain
est ce qu’il a fait
comme ce qu’il n’a pas fait
ce qu’il a osé
comme la somme des peurs auxquelles il a cédé
ce qu’il a écouté
de sa profondeur
comme ce qu’il en a renié
la somme de ses ferveurs
comme de ses tiédeurs
un humain est
ce qu’il a continué
ce qu’il a préservé
ce qu’il a achevé
comme tout ce qu’il a abdiqué
négligé
laissé
un humain est
ce qu’il a regardé
comme ce qu’il a évité
ce qu’il a reconnu
comme ce qu’il a nié
et alors
au mitan
de son avancée
il commence à récolter
ce qu’il a semé
de plus en plus rassasié
ou de plus en plus affamé
s’il n’a rien cultivé qui vaille
car avec le temps
avec le temps va tout s’en va
de ce qui de toutes façons ne pouvait demeurer
avec le temps viens tout advient de ce qui a authentiquement été
de son pas si léger la jeunesse s’en va
et avec elle
tout ce qui faisait écran
jusqu’à ce que ne reste que toi
et le Plus Grand

Gilles Farcet - Dernière pluie

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lundi 2 juin 2025

Pratiquer quand c'est le moment

 


Pour un méditant qui sait préserver sa liberté intérieure en toutes circonstances, et n'est jamais distrait de la reconnaissance de la nature de son esprit, cela ne fait guère de différence de résider dans la solitude d'un ermitage himalayen ou d'être plongé dans les embouteillages parisiens. Mais tant que l'on n'aura pas atteint un degré minimal de stabilité dans sa pratique, on ne parviendra pas à préserver le même état d'esprit dans un embouteillage parisien que dans un lieu où tout ce que l'on perçoit favorise la paix intérieure. [...] Aussi est-il bon de prendre le temps de cultiver nos ressources intérieures dans des circonstances qui facilitent cet entraînement.

Carnets d'un moine errant, Editions Allary, 2021

📷 : Brahmaputra, Pemakö, India

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dimanche 1 juin 2025

La vie s'invente


 "Oui il est grand temps de révéler à nos enfants – de nous révéler à nous-mêmes – l'autre versant du monde !

Celui où jour après jour s'invente la vie – les mille gestes d'amour, de compassion, de tendresse – les multiples mains qui bénissent, caressent, plantent, sèment, rêvent, se joignent pour prier – jour après jour – sans se lasser.

Car le monde doit de tenir debout, à cette conspiration de l'amour, à cette clandestinité de la tendresse et de la louange."

Christine Singer 1943-2007

peinture: Amrita Sher-Gil 1913-1941 - tribal women 1938

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