samedi 30 janvier 2021

Changement et lenteur

 


L’incertitude, ça n’est pas nouveau. Tout ce qui est vivant implique le changement. Que disait Darwin ? Que le monde vivant évolue. Pour les uns, c’est formidable. Pour d’autres, c’est la panique. Ils se disent : «Quoi ? Ce que je suis aujourd’hui, je ne le serai pas demain ? Ah mais vous m’angoissez avec votre incertitude !» Certains cherchent un sauveur, un esprit totalitaire qui leur assure : «Voilà d’où vient le mal.» Moi, je dirais plutôt qu’il faut avoir peur des certitudes qui figent, et qu’on a tort de craindre l’incertitude. Elle est créatrice, à condition de travailler sur soi, de se décentrer de soi pour essayer de se représenter le monde de l’autre.

Aujourd’hui, il nous faut naître autrement. C’est la définition de la résilience, qui consiste à garder une trace de la blessure pour inventer autre chose. Beaucoup parlent d’une crise. Selon moi, le mot juste pour qualifier ce qui nous arrive est «catastrophe», un mot qui étymologiquement dit coupure et virement, tournant. Il y en a eu beaucoup dans l’Histoire. Dans un premier temps, et on l’a vu avec le confinement, les violences familiales et conjugales explosent, car se pose la question : «Comment va-t-on vivre ensemble ?» Quand la violence et la brutalité sexuelle augmentent, c’est toujours le symptôme d’une défaillance socioculturelle. Il manque un cadre pour structurer la pulsion. Nous vivons dans un sprint consumériste qui a provoqué la dilution des liens, gommé les âmes et les saisons, provoqué une déritualisation culturelle. On ne pense qu’à la réussite sociale. Mais après la catastrophe, le traumatisme pousse toujours à emprunter un chemin nouveau. Nous devons prendre un virage, or trois voies s’offrent à nous désormais.

On peut repartir comme avant, ne rien changer à l’économie, à l’hyperdéplacement et à l’hyperconsommation, et un siècle d’épidémies nous attend, avec un nouveau virus dans trois ans. On peut voter pour un dictateur qui nous escroquera en faisant croire qu’il a la solution et la vérité, cela existe déjà ici ou là. On peut enfin opter pour une nouvelle naissance, c’est la voie à laquelle je rêve. Nos atouts pour une renaissance sont la (re)découverte de la lenteur, l’accès au savoir pour tous et de nouvelles ententes de couples, où chacun fait sa part d’effort.

Boris Cyrulnik
(source : Madame Figaro)

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vendredi 29 janvier 2021

Sécurité de l'instant

 


Malgré les difficultés que vous avez rencontrées
et que vous avez probablement enregistrées
dans la mémoire de votre corps,
rappelez-vous que vous avez aussi vécu
des centaines de milliers de secondes en toute sécurité.
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Fermez les yeux, respirez profondément
et appréciez ce moment de sécurité ici et maintenant!
Recommencez autant de fois que nécessaire, reprogrammez-vous!
Vous en avez le POUVOIR!!!

(Auteur - inconnu)

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jeudi 28 janvier 2021

mercredi 27 janvier 2021

Le bonheur, ça se pratique.


Editrice au Seuil, auteur de vingt-cinq livres, Anne Ducrocq vient de publier "Le bonheur ça se pratique" (Ed. de la Martinière). L’auteur y parle de son intranquillité, une situation peu confortable mais féconde, qui suppose d’être sans cesse dans un travail. En effet, dans cette quête, rien n’est donné, rien n’est acquis. D’où l’idée du titre de cet ouvrage où la vision chrétienne du monde affleure : le bonheur, ça se pratique. Sur le plateau de KTO, elle évoque aussi sa joie d’animer des ateliers d’écriture où elle aide des personnes à se relever grâce à la rédaction.


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mardi 26 janvier 2021

Un coin net de pensées

 


L'"ami spirituel" que je suis tant bien que mal consacre chaque jour en moyenne une heure et demie à deux heures au courrier- courriel avec les élèves. Je partage avec les lecteurs de cette page une petite pépite reçue il y a quelques jours d'une personne fraichement sur la voie. Je la partage parce que la personne parvient à restituer dans ses propres mots un enseignement maintes fois transmis. L'esprit du débutant ...
"Je développe mes petites techniques. Quand je m’attaque à un problème intérieur, plutôt que de tâcher de nettoyer mon ressenti (trop lourd en certains domaines), je cherche un coin net de pensées et d’émotions, si minuscule soit-il ; je me positionne depuis ce coin et je tâche de grignoter sur le mental autour. Peu à peu, à force de n’être pas investi, le continent noir qui entoure ma planche de salut finit par sombrer, et quand je relève le nez au bout d’un moment je réalise qu’il a disparu. "

Gilles Farcet
(source : FB)
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A l'aurore de la transformation

 


[...] je suis convaincu qu'avec un entraînement régulier il est tout à fait possible de transformer son esprit dans un sens positif, en cultivant les pensées, les attitudes et les tendances qui sont bénéfiques à nous-mêmes et aux autres, et en réduisant celles qui sont nuisibles.


Extrait résumé et adapté de Les Voies spirituelles du bonheur, Presses du Châtelet, Paris, 2002; Points Sagesse, Seuil, 2004.

FOURTEENTH DALAI LAMA, TENZIN GYATSO (B. 1936)

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lundi 25 janvier 2021

A l'inverse ! Sortir de scène



Souvent, il est intéressant d'observer nos pensées et de les prendre à rebours. En faisant cela, on prend conscience de leur inconsistance. Et on fait, peu à peu ou immédiatement, tomber le voile qui nous empêche de voir qui nous sommes vraiment ! Sortons de nos scènes répétitives…

Tentons de repérer quelques pensées dans cette journée et de les inverser… et sourions de leur mise en scène.

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Chaines You tube à suivre

 

Voici deux liens pour les personnes qui aiment les plantes.

La chaîne de François Couplan


La chaîne de Christophe de Hody

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samedi 23 janvier 2021

Entre se mettre en boule ou partir bille en tête...

 


La vésicule biliaire est mise à rude épreuve actuellement. Sa saison arrive bientôt, en février, et il sera alors temps de renforcer son énergie.

"Les troubles émotionnels liés à la Vésicule Biliaire :
Le Foie est souvent assimilé au chef des armées : responsable de la stratégie, il donne ses grandes lignes à la Vésicule biliaire qui prend les décisions et agit en fonction. C’est pourquoi on dit que cette dernière domine la décision. La prise de décision venant de cette viscère est dite juste, elle permet à l’Esprit (Shen) de se protéger contre les chocs émotionnels afin de maintenir l’harmonie entre le Qi et le Sang, ainsi que dans le fonctionnement des organes.
La Vésicule biliaire est souvent associée à la notion de courage. Est considéré comme courageux celui qui ose mettre en œuvre les stratégies décidées. Quand son Qi est affaibli, la personne sera craintive, manquera d’assurance, démontrera une trop grande sensibilité face aux événements, perdra le sommeil. Le vide de Qi de la Vésicule biliaire est souvent associé au vide de Qi du Cœur."
Source : blog des Laboratoires Bimont
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vendredi 22 janvier 2021

Beauté immédiate.

 J'ouvre les yeux. Je suis devant ce qui n'est à personne, ne sera à personne. Je ne peux plus imaginer de barrières ni de murs. Je suis en contact avec l'air, je suis dans la beauté immédiate.(…)


La couleur m'emporte, m'abolit. Comme si j'étais né à cette instant même, sans père ni mère, mais réellement apparu devant la mer et le ciel, mais ce n'est pas moi qui nomme cela, qui utilise cela par mes paroles ou par mes rêves. Devant l'espace, je cesse et je disparais, et c'est la mer qui me donne ma vie, mon être. Les questions se taisent. Ce n'est pas la raison, ni le doute, ni même le désir de ne faire plus qu'un avec l'espace, qui me font comprendre la nécessité de cette disparition de ma personne... Ce que je dois savoir ne peut venir de moi vers le monde : mais au contraire, du monde vers moi, pourvu que je puisse rester les yeux ouverts. (…) 

Tant d'hommes, tant d'animaux ont vu cela, jour après jour. Mais leur regard n'a pas laissé de traces. Ils étaient seulement dans l'histoire de la vie, pour bouger, pour aimer, pour mourir. C'était cette beauté, ici même, nette et précise, la beauté que l'on voit et qui vous voit, la seule vérité dans la lumière qui ne peut s'éteindre… 

(...) Tout se rencontre et se touche. Le regard qui vient du monde trouve le regard de mes yeux, éclaire avec le soleil. Le regard n'est pas mon regard, il ne m'appartient pas. C'est un regard unique, où sont joints tous les regards du monde…


Et tout à coup on trouve dans la foule un homme (…) Il vous regarde en retour, si profondément qu'il va au delà de vos pensées, jusqu'à votre cœur, là où vibre votre propre clarté. Il vous regarde, ne vous juge pas, parce que le monde auquel il appartient est plus grand, plus durable que les appréciations des hommes.(...) Quelque chose vit dans le visage de cet homme. Quelqu'un y habite. Il est la personne même, l'invincible présence de la personne.(...)

La beauté est ailleurs. Elle est là, simplement, offerte aux sens, libre et sans limites comme le ciel, transparente aussi. Pour voir cela il n'est pas nécessaire d'être en ascèse ni en religion. Pour voir cette clarté, il suffit de regarder. Mais il faut que le regard se libère de ses habitudes, et que l'esprit s'ouvre vraiment, sans rien qui retienne ou protège (…)

Parfois on rencontre ceux qui sont simples. On voit leur lumière, on sent la pureté de leur souffle, la netteté de leur regard. Alors c'est comme si quelque chose cédait enfin dans ce réseau infini de protection et d'interdiction qui nous entoure, comme si une brèche s'ouvrait enfin dans ce mur compact qui nous isole...

Extraits d'un livre de Le Clézio -  "Un inconnu sur la terre".

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jeudi 21 janvier 2021

Un fou rire ou un fou pleure...

 


Je me fiche que l’on me trouve bougon. Sourire ce n’est pas un acte banal. Je souris à ce qui me fait sourire. Celui qui me dit : « Vous faites toujours la gueule », je ne vais pas lui courir après dans la rue pour lui dire : « Attends, attends je ne suis pas bougon, je suis plus intéressant que ça. »
Vous aimez vous voir sur l’écran ?
Pas du tout… Je suis trop, trop déçu. Je ne regarde même plus mes films. D’abord, je me trouve très disgracieux physiquement. Je m’imagine beaucoup plus beau. Dans la glace, on se regarde de face et on fait une tête spéciale, toujours la même, qui nous plaît. A l’écran on se voit de tous les côtés. Mais surtout je vois un type qui ne sait pas jouer. Je me prends la tête à chaque fois. Je me croyais tellement plus impressionnant, tellement plus émouvant ! Mais où elle est l’émotion que j’avais mise ? C’est terrible ! Heureusement, souvent les autres vous renvoient une image élogieuse, alors vous retrouvez dans leur regard ce que vous pensiez être.
On pense souvent qu’on ne change jamais vraiment, vous êtes l’exemple contraire.
On peut toujours changer. On peut travailler sur soi beaucoup plus qu’on ne le croit. A ceux qui se plaignent de leur malheur et qui ne travaillent pas sur eux, j’ai envie de dire : « Tu as un gouvernement de toi-même très laxiste. Tu n’as pas de ministre de l’Intérieur. Elis quelqu’un d’autre, un autre toi-même. » On peut toujours travailler sur son bonheur et sa cohérence. Dire « c’est plus fort que moi » est une passivité coupable. On a toujours le choix, encore faut-il travailler sur soi et ne pas invoquer le destin ou la fatalité.
On peut invoquer le poids de l’enfance, de l’éducation…
D’accord. Mais je crois aussi que tout homme est responsable et ne peut pas invoquer toute sa vie une éducation douloureuse. C’est trop facile de se servir de la psychologie pour se dédouaner.
Vous pleurez dans la dernière image des “Sentiments”. Cela vous arrive dans la vie ?
Souvent. Un homme, ça pleure tout le temps si ça se laisse aller. C’est bon de pleurer. C’est comme rire. On retrouve d’ailleurs du rire dans les pleurs. Je viens de perdre un ami très proche et j’ai beaucoup pleuré. Je me regardais faire et je me disais : « C’est marrant, c’est comme si j’éclatais de rire. » Ça se rapproche beaucoup. [Il fait semblant de pleurer à gros sanglots]. En fait, si la bouche est comme ça, on rit et si elle est comme ça, on pleure, mais on sent bien que c’est la même chose. On peut avoir un fou rire ou un fou pleure.
Vous acceptez avec la même sérénité de vous sentir vieillir ?
J’y ai toujours vu des avantages. Comme je n’ai cessé de tenter de me perfectionner, vieillir m’a toujours paru riche de promesses. Mais ça commence à me plaire un peu moins… Accepter le délabrement, c’est quand même la grande aventure : accepter de devenir des pigeons dans le paysage. Agnès trouve que les vieux ressemblent à des pigeons, qu’ils se fondent dans le paysage. Vous voyez bien les vieux, on ne les distingue pas. On dit « un vieux ». J’imagine que quand j’aurai soixante-dix ans, je serai devenu un pigeon que personne ne remarquera. Je serai un peu vexé d’être devenu invisible, mais ce goût que j’ai pour le bonheur, je pense qu’il ne disparaîtra pas.
La mort ne vous fait pas peur ?
Non. Je m’en fous. On pense toujours la mort comme les enfants, on s’imagine se voyant ne plus y être. Mais quand on est mort, on ne le sait pas, on est seul à ne pas le savoir. Vous n’êtes pas témoin de votre mort. Ce qui est terrible, c’est avant. La maladie, la souffrance de bête de la maladie. Etre une petite bête traquée. C’est l’historien Henri Guillemin qui cite cette expression en parlant de Jeanne d’Arc. Il décrit l’arrestation de cette gamine de 17 ans. Elle a tenté de se suicider en sautant par la fenêtre, elle a été remise dans sa cellule, et il dit : « A ce moment-là, Jeanne, c’est une petite bête traquée. » Elle me fait pleurer cette phrase. Ça, ça me fait peur que la maladie fasse de moi une petite bête traquée. Mais à part ça, je n’ai peur de rien. Je vous le dis bien en face : de rien.
Jean-Pierre Bacri
(source : interview de Psychologies magazine, 2010)

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mercredi 20 janvier 2021

Petits miracles de l'hiver

 


Un paysage en noir et blanc : les champs, terre sombre avec ça et là des coulées de neige ; les sapins, de leur vert si foncé qu'ils semblent de noires silhouettes bordées de blanc sur le ciel gris : traits de fusain et hachures à l'encre. Comme un de ces dessins dans lequel le vide remplit davantage l'image que le plein, un vide dans lequel rien n'a disparu mais où tout se tient en-dessous, un peu caché, protégé des regards pour mieux se déployer plus tard. Ce vide n'est pas perte, mais au contraire un vide plein de promesses, un vide qui nous appelle à la patience et à l'espoir.

Un paysage épuré, réduit à l'essentiel : comme si la nature nous proposait l'espace lui-même comme sujet, nous rappelant que même nos lourdes maisons de pierre, nos toits de lauzes, ne sont pas grand-chose face à elle ; que nous sommes acceptés, certes, tant de générations se sont succédé ici, transformant la terre, traçant les limites et les sillons, construisant des abris, mais seulement aussi longtemps que nous lui laisserons la première place.

Corps détendus, cœurs paisibles

Les bruits aussi se sont effacés : les oiseaux sont partis vers le chaud, les arbres sans feuillage ne bruissent plus, même le petit ruisseau chantonne d'une voix toute frêle, comme s'il n'était plus qu'un souvenir de l'été... Dans la maison également le silence s'installe et les pièces en semblent moins encombrées ; au centre de ce calme, nous nous déplaçons plus doucement, comme si une grâce nouvelle nous emplissait.

Le bruit des pas diminue et pourtant nous avons l'impression de marcher sans effort particulier ; c'est un allègement, corps détendus et cœurs paisibles. Nous avançons dans nos journées avec une nouvelle aisance. L'espace du dehors s'invite au dedans : à l'aube et au crépuscule, la salle de méditation se déploie sans limites d'une respiration ample et profonde, la grande respiration de l'univers, que nous accompagnons sans même y penser. Nous sommes participants du monde, parties prenantes de cette nature qui nous entoure ; ici même, tout effort est aboli, nous sommes à notre juste place.


Sans heurts et sans bruits

Moi qui d'ordinaire remplis les murs de couleurs et de soleil, en ce creux de l'hiver, je me laisse flotter dans ce blanc, je me laisse porter par le silence. Nous n'avons pas besoin de parler, sans pourtant retenir nos paroles ; nous vivons en harmonie dans un espace familier et pourtant changé par l'hiver, par la brume, par cette grâce fragile et forte à la fois qui nous enveloppe et nous guide dans des journées pleines mais tranquilles.

« Soyez sans affaires », a dit un moine chinois, il y a longtemps : peut-être avait-il lui aussi contemplé cet espace sans trace où tout se fait sans heurts et sans bruits ; où aucune chose n'est plus séparée de nous, car nous ne sommes plus séparés du monde. Alors rentrer le bois, méditer, cuisiner ou marcher dans la forêt deviennent de petits miracles, tout en joie et en douceur.

Ces jours si larges, si spacieux

C'est vrai, cela ne durera pas : demain le monde nous bousculera, l'orage grondera, le poêle refusera de prendre et l'une de nous commencera à grommeler : c'est toujours moi qui... Le bruit, l'agitation, mais aussi les rires, l'odeur du plat qui cuit dans le four, les chants du matin empliront à nouveau le lieu. Ce sera différent, ce sera bien. Mais aujourd'hui, et tous ces jours passés si larges, si spacieux, nous auront apporté tous ces petits miracles que nous garderons dans nos cœurs aussi tranquilles que les grandes forêts, là-bas, dormant sous la neige.

Joshin Luce Bachoux

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