mercredi 11 juin 2025

Être en lien


Je suis un jour entré dans un lien
où chaque parole de l'un
était recueillie sans faute par l'autre.
Il en allait de même pour chaque silence.
Ce n'était pas cette fusion
que connaissent les amants à leurs débuts
et qui est un état irréel et destructeur.
Il y avait dans l'amplitude de ce lien
quelque chose de musical et nous y étions
tout à la fois ensemble et séparés
comme les deux ailes diaphanes d'une libellule.
Pour avoir connu cette plénitude,
je sais que l'amour n'a rien à voir
avec la sentimentalité qui traîne dans les chansons
et qu'il n'est pas non plus
du côté de la sexualité dont le monde
fait sa marchandise première,
celle qui permet de vendre les autres.
L'amour est le miracle d'être un jour
entendu jusque dans nos silences,
et d'entendre en retour avec la même délicatesse :
la vie à l'état pur, aussi fine que l'air
qui soutient les ailes des libellules
et se réjouit de leur danse.


Ressusciter, Christian Bobin, éd. Gallimard, 2001
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mardi 10 juin 2025

Consolation

 

Je pleure parce qu'on ne
peut pas sauver les gens.
On ne peut que les aimer.
On ne peut pas les transformer,
on ne peut que les consoler.
Anaïs Nin



"Nous ne voyons pas les choses telles qu'elles sont, nous les voyons telles que nous sommes."

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lundi 9 juin 2025

Tenir


Tout ce qu'on a tenu
Dans ses mains réunies :
Le caillou, l'herbe sèche,
L'insecte qui vivra,
Pour leur parler un peu,
Pour donner amitié
À soi-même, à cela
Qu'on avait dans les paumes,
Que l'on voulait garder
Pour s'en aller ensemble
Au long de ce moment
Qui n'en finissait pas.
Tout ce qu'on a tenu
Dans ses mains rassemblées
Pour ajouter un poids
De confiance et d'appel,
Pour jurer sous le ciel
Que se perdre est facile.
Tout ce qu'on a tenu :
L'eau fraîche dans les mains,
Le sable, des pétales,
La feuille, une autre main,
Ce qui pesait longtemps,
Qui ne pouvait peser,
Le rayon de lumière,
La puissance du vent,
On aura tout tenu
Dans les mains rapprochées.
Guillevic
Sphère
Poésie/Gallimard

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dimanche 8 juin 2025

Entre Ascension et Pentecôte


Pour les Chrétiens, l’Ascension est une espérance. C’est l’attente que la promesse de Jésus se réalise : l’envoi de l’Esprit Saint. Cet esprit de vérité, quand il viendra, habitera le paraclet, terme qui signifie à la fois le conseiller, le consolateur, l’intercesseur. À la Pentecôte, c’est fait. C’est le début des actes puissants des apôtres.

L’Ascension du Christ nous parle de nos ascensions.

Vers quel sommet ? – Le sommet de nous-mêmes.

Il n’y a rien de plus élevé. À cette hauteur, nous rejoignons le Ciel, la Lumière.

À quoi ça sert ?

Il faut ce délai, cette expectative silencieuse entre l’Ascension et la Pentecôte pour que la réponse arrive. Là, au bout de l’attente, l’Esprit Saint nous inspire. L’utilité se manifeste. La repentance et le pardon des péchés doivent être annoncés, dit Luc l’évangéliste. Depuis la Pentecôte, le pardon est possible grâce à l’Esprit Saint.

Ascension au sommet de soi-même, espérance dans le silence, pardon pour soi, et acte issu du pardon.

Grâce à l’ange qui nous est donné, le meilleur de l’homme se manifeste. Le pardon à autrui marque le début du règne de l’amour. C’est au règne humain – à chacun – qu’incombe la responsabilité de mettre de l’amour là où il en manque.

Et il en manque de partout.

Christian Rœsch

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samedi 7 juin 2025

Un moment qui n'est plus présent


Les gens parlent souvent de vivre dans le "moment présent". Je vis tout le temps dans le moment présent, et vous aussi ! En réalité, il n'y a nulle part ailleurs où l'on peut vivre. Mais vous n'en avez peut-être pas toujours conscience. Vous êtes-vous déjà arrêté pour réaliser que même le "moment présent" est une histoire du passé ? Parce que dès que vous y pensez, le moment présent disparaît, comme tout le reste dans le monde.

Être "présent" veut dire vivre sans contrôle et nos besoins réels sont toujours satisfaits.

~ Byron Katie

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vendredi 6 juin 2025

Grises pensées

 "L'enfer me ment, c'est de haut en bas.

La libération, c'est du bas en haut."


Merci à Yannick David

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jeudi 5 juin 2025

Qui es-tu ?

 


Tout ce que vous faites en tant qu'être humain c'est momentané, périssable.

Tu viens au monde sans rien, tu pars sans rien.

Tu peux avoir beaucoup de choses, et mourir sans savoir qui tu es,

mais si tu sais qui tu es, tu ne peux jamais mourir. 

~Mooji~

Il y a en toi un silence, une paix, un espace

que l'esprit ne peut pas envahir.

~Mooji~

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mercredi 4 juin 2025

Zazen n'est pas une fuite

  5 minutes avec Jacques Castermane

Être à l'écoute !


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Egalement oui



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mardi 3 juin 2025

Acte d'être

 

un humain n’est pas simplement
parce qu’il existe existe
vaguement
pour un temps
l’existence
ne donne pas l’être
la naissance
n’octroie pas la présence
la respiration
ne confère pas le souffle
pas plus que la vue ne dispense
la vision
l’humain
ne naît pas humain
mais le devient
l’être
produit transformé de l’existence
l’être n’est pas un état
mais un acte
un geste
de la conscience
un humain
est ce qu’il a fait
comme ce qu’il n’a pas fait
ce qu’il a osé
comme la somme des peurs auxquelles il a cédé
ce qu’il a écouté
de sa profondeur
comme ce qu’il en a renié
la somme de ses ferveurs
comme de ses tiédeurs
un humain est
ce qu’il a continué
ce qu’il a préservé
ce qu’il a achevé
comme tout ce qu’il a abdiqué
négligé
laissé
un humain est
ce qu’il a regardé
comme ce qu’il a évité
ce qu’il a reconnu
comme ce qu’il a nié
et alors
au mitan
de son avancée
il commence à récolter
ce qu’il a semé
de plus en plus rassasié
ou de plus en plus affamé
s’il n’a rien cultivé qui vaille
car avec le temps
avec le temps va tout s’en va
de ce qui de toutes façons ne pouvait demeurer
avec le temps viens tout advient de ce qui a authentiquement été
de son pas si léger la jeunesse s’en va
et avec elle
tout ce qui faisait écran
jusqu’à ce que ne reste que toi
et le Plus Grand

Gilles Farcet - Dernière pluie

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lundi 2 juin 2025

Pratiquer quand c'est le moment

 


Pour un méditant qui sait préserver sa liberté intérieure en toutes circonstances, et n'est jamais distrait de la reconnaissance de la nature de son esprit, cela ne fait guère de différence de résider dans la solitude d'un ermitage himalayen ou d'être plongé dans les embouteillages parisiens. Mais tant que l'on n'aura pas atteint un degré minimal de stabilité dans sa pratique, on ne parviendra pas à préserver le même état d'esprit dans un embouteillage parisien que dans un lieu où tout ce que l'on perçoit favorise la paix intérieure. [...] Aussi est-il bon de prendre le temps de cultiver nos ressources intérieures dans des circonstances qui facilitent cet entraînement.

Carnets d'un moine errant, Editions Allary, 2021

📷 : Brahmaputra, Pemakö, India

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dimanche 1 juin 2025

La vie s'invente


 "Oui il est grand temps de révéler à nos enfants – de nous révéler à nous-mêmes – l'autre versant du monde !

Celui où jour après jour s'invente la vie – les mille gestes d'amour, de compassion, de tendresse – les multiples mains qui bénissent, caressent, plantent, sèment, rêvent, se joignent pour prier – jour après jour – sans se lasser.

Car le monde doit de tenir debout, à cette conspiration de l'amour, à cette clandestinité de la tendresse et de la louange."

Christine Singer 1943-2007

peinture: Amrita Sher-Gil 1913-1941 - tribal women 1938

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samedi 31 mai 2025

Pas de choix

 


Le processus de la pensée est en majeure partie involontaire, automatique et répétitif chez la plupart des gens. Ce n'est rien d'autre qu'une sorte d'électricité statique mentale qui n'a pas de raison d'être réelle. À proprement parler, ce n'est pas vous qui pensez, c'est seulement la pensée qui se produit. L'énoncé disant "Je pense" implique un acte de volonté. Il implique que vous avez votre mot à dire sur le sujet, qu'il y a un choix à faire de votre part. Mais pour la plupart des gens, ce n'est pas ce qui se passe. 

"Je pense" est un énoncé qui est aussi faux que "Je digère" ou "Je fais circuler mon sang". La digestion se produit, la circulation du sang se fait et la pensée se produit aussi. La petite voix dans la tête a sa vie à elle. La plupart des gens sont à sa merci, ce qui signifie qu'ils sont possédés par la pensée, par le mental. Étant donné que le mental est conditionné par le passé, vous êtes ainsi forcé de le rejouer sans cesse. 

 ~ Eckhart Tolle

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jeudi 29 mai 2025

Vitamine V

 L'écrivain américain Thoreau, qui partit vivre un an dans une cabane au milieu des bois, écrit dans son Journal* : « Aucun homme n’a jamais imaginé à quel point le dialogue avec la nature environnante affectait sa santé ou ses maux. » Nous le savons : la nature, c’est bon pour la santé ! Très bien, répondent les soignants, mais alors, quelle dose?

De nombreux travaux sont consacrés à cette question de « dose ». Par exemple, on a montré que deux jours de balade en forêt augmentent significativement l’activité de nos lymphocytes T (cellules sanguines précieuses pour l’immunité) durant environ un mois. Et au quotidien? A quelle dose consommer ce qu’on appelle volontiers aujourd’hui la « vitamine V » (V comme vert). Des chercheurs catalans viennent de proposer une règle, dite « 3-30-300 ». Pour savoir si vous prenez suffisamment de vitamine V, posez-vous ces trois questions :


Est-ce que je vois chaque jour 3 arbres ou buissons depuis chez moi (que voyez-vous par votre fenêtre) ? Est-ce que je vis dans un quartier dont environ 30 % de la surface est couverte de verdure (arbres dans ma rue, squares, jardins publics) ? Est-ce que j’habite à moins de 300 mètres d’un espace vert?

Cette étude concerne surtout les citadins. Pardon pour les lectrices et lecteurs campagnards, mais près de 80 % des Français vivent en ville. Et pour la plupart d’entre eux, cette règle 3-30-300 n’est pas si simple à appliquer. L’étude dont je vous parle, conduite à Barcelone sur 3 200 personnes, montre que seulement 5 % des sujets obtiennent ce quota ! Dommage, car lorsqu’il est atteint, on s’aperçoit que les personnes concernées bénéficient d’une meilleure santé mentale, consomment moins de médicaments, ont recours à moins de consultations médicales. Alors voici tout de même quelques consolations pour les urbains, que la plupart d’entre nous sont : parfois, la vie à la campagne a des inconvénients (trajets, éloignement des lieux de travail, soins ou commerces) ; en ville, il y a d’autres sources de santé : le ciel bleu, le rire, la méditation, le sport (même si pratiquer tout cela dans la nature est plus agréable) ; les plantes vertes et les sorties du weekend sont aussi des options satisfaisantes.

Et puis, si on est en dessous du quota 3-30-300, il y a un moyen d’accroître ses effets : l’art de savourer ce que l’on a sous la main ! Même si on ne vit pas dans la verdure, aller régulièrement s’asseoir dans un square, regarder les arbres, les buissons et les fleurs, admirer le ciel, respirer, se dire qu’on se fait ainsi du bien, de manière simple et tranquille, sans effort (ou presque) : voilà qui va encore amplifier l’effet de notre dose de vitamine V ! •

Christophe André dans Psychologies Magazine

*. Journal de Henry D. Thoreau (Le Mot et le Reste. 2018).

Références : « The évaluation of the 3-30-300 green space rule and mental health ». EnvironmentalResearch. 2022.

« Effects of shinrin-yoku (forest bathing) and nature therapy on mental health : a systematic review and meta-analysis ». International Journal of Mental Health and Addiction. 2020.

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