jeudi 9 avril 2015

Armelle Six : Rire... et moment présent (2)


Armelle Six
 (un extrait d'une émission au Québec)
3 min.
 
"Je n'ai plus de mot pour parler de ce que je vis, de ce qu'est la vie... Ils sont tous trop courts et ne font jamais un véritable hommage à la simplicité et la beauté de ce qu'est la vie, le bonheur dans toutes ces expressions....
Je voudrais tant vous dire, vous crier cette simplicité, et je me sens aujourd'hui presque muette..."



mercredi 8 avril 2015

Armelle Six : Chante la Vie... (1)


Armelle Six 
(un extrait d'une émission au Québec)
12 min. 





Suite au décès de son fils en avril 2001, et face à la surprise et l’intensité de l’événement et du vide rencontré, une brêche s’ouvre en Armelle et elle redécouvre alors depuis celle qu’elle avait toujours senti être mais qu’elle ne vivait pas. Une question surgit très fréquemment : "qui suis-je ?" 
Au cœur des larmes et du désarroi, surgissent aussi des rires et une joie spontanée. 
Elle s’émerveille à nouveau des petites choses du quotidien et vit et voit l’extraordinaire dans l’ordinaire. Très vite, elle se rend compte qu’elle ne vit pas la vie qu’elle sent en elle et décide alors de tout changer, et de se mettre à l’écoute de ses élans intérieurs. 
Confrontée à des gens qui doutent autour d’elle et la croyent motivée dans ses actes par la souffrance, elle, elle sent plutôt un désir de vivre pleinement, un renouveau et une reconnexion de plus en plus forte avec elle-même. Elle voit ses doutes reflétés par les autres et choisit de se faire confiance... de là une toute nouvelle aventure commence et de plus en plus d'harmonie dans ses relations. Elle dit d’ailleurs de cet événement "Gauthier et moi, nous sommes mutuellement donnés naissance. Ma grossesse m’avait déjà reconnectée à moi, me faisant me découvrir sous un jour nouveau. Sa mort a donné naissance à ce que je connaissais de moi intuitivement, qui ne pouvait plus être retenu." 

Elle vit, les années qui suivent, un profond retournement sur elle-même, et une écoute de plus en plus authentique de ses élans intérieurs, de toutes les inspirations qui la traversent qu'elle suit, sans compromis. De cela, se révèle plus forte et plus présente, une joie et une fluidité au-delà des expériences vécues. Aujourd’hui, elle est invitée aux quatre coins du monde pour partager cette joie et cette vie sans effort... Au travers d’un message d’une grande simplicité et clarté, elle rend accessible à tous l’inévitabilité du bonheur que nous sommes et invite tout qui elle rencontre à la rejoindre là... à juste se laisser être et s’arrêter un moment pour voir que tout est déjà là, qu’il n’y a rien d’autre à chercher. Et dans cette prise de conscience, tout change. La joie, c’est moi !...


mardi 7 avril 2015

Christiane Singer : Récit de notre visite à l'hôpital de Vienne par Marie Millis

En ce jour anniversaire (il y a trois jours), j'ai envie de partager avec tous ceux et toutes celles qui aiment Christiane Singer, cette magnifique lettre qui relate une visite à Christiane lors de ses derniers jours, avant son grand départ.....je la trouve infiniment émouvante et vraiment proche de ce que j'ai moi-même ressenti lors de sa rencontre.... 
" Récit de notre visite à l'hôpital de Vienne"
"Nous rentrons d'une fête, magique, généreuse, de pure grâce.
C'est tout clair que le corps de Christiane la lâche mais comme sa présence est intense, vibrante, généreuse !

Par chance ce mardi elle était en pleine forme. Je l'ai vue seule d'abord.
En entrant dans sa chambre elle a tout de suite sorti une liasse de papier de son armoire : j'écris, mon livre est bientôt prêt. Ses yeux pétillaient.
Plus tard dans la conversation elle m'expliquera que le 28 février est la date donnée pour fatidique par le jeune médecin qui le 28 août en brandissant ses radios lui a dit « Madame, vous n'avez plus que 6 mois à vivre ». L'envoi de son manuscrit à la date où elle devrait être morte avait dans ses yeux une étincelle de bon tour. Elle se joue du sort, elle entre dans la vie et dans la mort en même temps. Son livre en est témoin, et nous le serons tous d'ici peu en lisant ses textes.
Elle a brandi comme un trophée son « accident de travail », son coude décharné et écorché d'avoir trop frotté sur le drap pour écrire. Qu'importe elle continue.
Elle m'a dit l'implacable, insoutenable douleur de ces derniers jours et le miracle de la transfiguration, la vibration de toutes ses cellules qui en a été le fruit.
Dans un geste puissant de ses bras décharnés elle s'est tapé le front en disant : Et dire que j'ai osé parlé de la souffrance !
Je lui ai répété ce que je t'ai écrit : qu'elle effectue pour nous tous l'aventure de la résurrection. Elle a très bien compris l'ampleur de ce constat : passer de l'autre côté porteuse d'un flambeau et revenir avec des mots à nous offrir. Elle a acquiescé des yeux puis elle a eu son regard espiègle : mais ne me mettez pas sur un piédestal. J'ai aussi mes colères.
Elle a expressément demandé que Léonard nous rejoigne, alors que discret il marchait au bord de l'eau pour me laisser avec Christiane. Nous sommes remontés ensemble dans sa chambre et y sommes restés pour une immersion infinie dans le bonheur de vivre et la littérature. Elle nous a raconté l'enfance de Hans Peter Dürr et nous a confié 4 pages de son carnet bleu : « Le monde a besoin de notre vénération ». Pour nous c'est un cadeau superbe, immérité comme Christiane aime à le dire.

(...) Elle a beaucoup écrit et lu en notre présence : l'agenda d'Initiations, son manuscrit, l'annonce de la nouvelle revue : Itinéraires, la présentation des rencontres sur ses textes. A la troisième fois où elle chaussait ses grandes lunettes pour lire où écrire je lui ai dit que je la prendrais bien en photo ! Notre élégante a réagi comme tu t'en doutes : non pas sans mes cheveux. Nous avons souri. Comme elle était de face la photo n'aurait pas signalé cette absence mais au contraire l'incroyable force de sa passion dans la fragilité de son corps lumineux. Ma rétine en gardera pour toujours l'image : une des plus belles photos de mon album intérieur. Une très grande dame.
Comme nous parlions des stages sur ses textes, elle me dit que l'éditeur canadien aurait bien aimé enregistrer tous ses livres. Elle aussi. « Peut-être encore un », m'a-t-elle confié. Faut-il s'activer pour réaliser ce souhait ?
Comme elle reparlait de son livre actuel, je lui ai rappelé qu'elle disait en conférence: La littérature c'est prendre sa vie infiniment au sérieux.
Oh c'est beau ça, dit elle. Et elle reprend son carnet n° 13 pour l'écrire…en me demandant de lui dicter sa propre parole :
« La littérature c'est prendre sa vie passionnément au sérieux", dit-elle.
Oui, mais pour te citer comme tu l'as dit, c'est prendre sa vie infiniment au sérieux.
Ah ! dit elle derrière ses grandes lunettes, et en corrigeant ce qu'elle écrivait, une citation est une citation. Je me trouvais donc un instant à être plus Christiane que Christiane, à lui rendre ce qu'elle a donné. Clin d'œil.
Nous étions venus avec plein de messages comme celui-ci dans le cœur :
Merci, Léonard et Marie, de m'avoir offert ce texte-témoignage de Christiane.
Apportez lui l'amour et la reconnaissance de tous ceux pour lesquels elle a été un phare. Tout en silence, emplissez sa chambre d'une bulle de tendresse.... de notre tendresse infinie, pour la bercer et la baigner de paix.
Elle a tout reçu, lisant les cœurs, accueillant les messages, rendant les enveloppes.
A la fin de notre visite, elle a fait circuler la tendresse qui l'entoure, acceptant nos cadeaux et puisant dans son tiroir deux cadeaux pour les enfants. Elle a eu une intensité de dernière volonté en regardant Léonard.
En sortant de sa chambre nous n'avions goût à rien d'autre qu'à marcher, déambuler, le regard vide sur la ville qui ne se souciait pas de nous. Dans l'avion au retour nous avons pris la mesure : s'extraire de notre quotidien en avion, en voiture, entrer dans l'énorme ville de Vienne où vivent plusieurs millions de personnes et se diriger vers une seule, et puis revenir sans rencontrer personne d'autre, comblés. Au-dessus des nuages, dans l'avion, nous étions conscients de l'ampleur de cette rencontre pour nous trois. Comme Christiane qui tient sur son cœur les lettres auxquelles elle ne peut plus répondre en mots, nous la tenons sur notre cœur, au plus intime de nos vies. Le temps est suspendu, l'intensité infinie. Maintenant je sais, que je vive ou que je meurs, je vis.
Elle me l'a redit émerveillée de cette certitude qui lui est venue comme une de ces voyances où le sens ouvre une brèche vers cet au-delà qui nous côtoie.
J'hésite à t'envoyer ce message car j'ai le sentiment qu'il est incomplet : nous avons tant reçu ! Nous nous regardions Léonard et moi comblés, émus, bouleversés et heureux, tellement heureux.
Je t'embrasse de tout cœur"
Marie

lundi 6 avril 2015

Bonne semaine du Renouveau !

La fête de Pâques se déroule, depuis les tout premiers siècles, pendant toute la semaine qui suit le dimanche de la Résurrection. Cette semaine porte les noms de semaine de Pâques ou octave de Pâques en Occident, semaine Radieuse ou semaine du Renouveau en Orient. 

Qu’a-t-il donc de spécial, ce lundi? 

La réponse est à chercher du côté du Moyen-Âge. A l’époque, la semaine qui suivait le dimanche de Pâques était appelée "Octave de Pâques" et était entièrement fériée. Elle permettait aux pèlerins de faire l’aller-retour jusqu’à Rome, un trajet généralement long en ces temps marqués par une certaine faiblesse du secteur du transport aérien. 
 Mais en 1801, la signature du Concordat vient tout changer. L’organisation des pratiques religieuses en France sort du giron de Rome et l’Eglise catholique française passe sous l’autorité de Napoléon Bonaparte, alors Premier Consul. Entre autres décisions, Bonaparte décide de réduire l’Octave de Pâques à sa portion congrue: seul le lundi de Pâques conserve le statut de jour férié.

Aujourd'hui, la plupart des pays a suivi le modèle français, ne conservant que le Lundi de Pâques comme vestige de l'octave pascale. Le jour est ainsi férié dans la quasi-totalité des pays européens, exception faite de la Russie, du Portugal et de certaines régions d'Espagne. 
 Il fait la joie des professionnels du tourisme, s'imposant dans l'imaginaire collectif comme le lancement officiel de la saison bénie des week-ends prolongés. 


Joyeuses Pâques à tous!


Après le jour du sabbat, comme le premier jour de la semaine commençait à poindre, Marie de Magdala et l'autre Marie vinrent visiter le sépulcre.
Et voilà qu'il se fit un grand tremblement de terre : l'Ange du Seigneur descendit du ciel et vint rouler la pierre, sur laquelle il s'assit.
Il avait l'aspect de l'éclair, et sa robe était blanche comme neige.
A sa vue, les gardes tressaillirent d'effroi et devinrent comme morts.
Mais l'ange prit la parole et dit aux femmes : "Ne craignez point, vous : je sais bien que vous cherchez Jésus, le Crucifié.
Il n'est pas ici, car il est ressuscité comme il l'avait dit. Venez voir le lieu où il gisait,
et vite allez dire à ses disciples : Il est ressuscité d'entre les morts, et voilà qu'il vous précède en Galilée ; c'est là que vous le verrez. Voilà, je vous l'ai dit."
Quittant vite le tombeau, tout émues et pleines de joie, elles coururent porter la nouvelle à ses disciples.
Et voici que Jésus vint à leur rencontre : "Je vous salue", dit-il. Et elles de s'approcher et d'étreindre ses pieds en se prosternant devant lui.  Alors jésus leur dit : "ne craignez point ; allez annoncer à mes frères qu'ils doivent partir pour la Galilée, et là ils me verront."

Evangile de Matthieu au Chapitre 28, versets 1 à 10


dimanche 5 avril 2015

L'homme nouveau avec Philippe Mac Leod


« C’est un exemple que je vous donne » (Jean 13,15), telle est la parole que Jésus veut ajouter au geste qu’il vient d’accomplir à genoux, aux pieds de ses disciples déconcertés, leur lavant les pieds un à un. Mais toute sa vie a été et reste un exemple, et dans ce geste donné en exemple, toute sa vie se trouve condensée, ramassée, comme elle le sera sur la Croix, tout ce qu’il a été et ce qu’il veut que nous soyons. « Faites de même » : par ce geste je vous signifie ce qu’a été ma présence parmi vous, ce que devra être la vôtre parmi vos frères.

Et c’est à nous, aujourd'hui, sans le moindre recul, que ce geste s’adresse, comme un lumineux et déchirant raccourci, l’essence même de la sainteté, à nous qui malgré 20 siècles d’Évangile sommes encore attachés par la vanité aux petites reconnaissances, à des honneurs que nous savons pourtant dérisoires, à nous qui nous effondrons dès que notre moi se trouve quelque peu égratigné, à nous qui sommes d’abord et sans cesse notre image, dans la crainte d’une blessure ou l’attente d’une flatterie, cette image toujours pour soi à travers les autres, qu’aucune pratique ne parvient à chasser au profit du cœur détaché tout entier pour les autres, invisiblement, silencieusement, tout entier donné et sans repli possible, sans miroir, perdu littéralement dans ce pur mouvement de transparence.

Dès lors nous ne pouvons plus vivre dans le simulacre, nous réclamant de la volonté toute abstraite du Père sans rien lâcher de notre volonté propre. À vrai dire, on ne « fait » pas la volonté du Père, on s’y plonge, comme dans un milieu nouveau, comme on entre en religion, et en vérité il n’y en a pas d’autre. On s’y dépouille, on s’y acclimate peu à peu. C’est un autre monde, le monde de la grâce, la vie enfouie de Nazareth, l’heure sombre de la Passion où il n’y a place ni pour le ressentiment, qui projetterait son ombre sur les événements, ni pour la déception, qui accablerait de reproches son entourage, ni pour cette attente anxieuse, cette sorte d’avidité maladive que l’on retrouve jusque dans notre prière. Vivre dans la volonté de Dieu nous oblige à rompre avec l’immédiateté naturelle que sont les apparences, dans une sorte de sphère élargie où paradoxalement l’on se sent à la fois nu, vulnérable à l’extrême, et jamais seul, solidement ancré dans une confiance à toute épreuve en un dessein plus large que l’impatience de nos courtes vues.

Cependant, nous n’en aurons jamais fini avec le vieil homme. Et ce n’est pas en nous débattant avec lui que nous cesserons d’y retourner, mais en nous laissant saisir jour après jour par la lumière du Ressuscité. Tout est devant nous. Dans une tension souvent douloureuse, mais en découvrant que la flamme fragile tient tête à la nuit immense, où l’espérance se révèle plus forte que l’inévitable découragement, la joie plus grande que la prégnance de la peine, la vie toujours victorieuse de la mort.

La résurrection qui nous est offerte nous est en même temps demandée : offerte comme une libération inespérée, mais demandée dans le premier mouvement de mort à soi-même. Certes, la résurrection appartient à Dieu seul, mais la croix reste attachée à la liberté de l'homme qui peut la fuir ou l’embrasser. Le don des dons passe par cette porte étroite de notre abandon à la volonté du Père, le fil d’or qui cherche le chas de l’aiguille pour une vie vraiment nouvelle, comme l’herbe jeune surgie du noir de la terre, l’herbe neuve qui partout nous réjouit de son éclat d’une pureté céleste.



samedi 4 avril 2015

Veillée Pascale...


La Pâque juive est une veille où l'on fait mémoire de Dieu qui, le premier, a veillé pour faire passer son peuple des ténèbres à la lumière; la Pâque chrétienne, elle aussi, est une veille où les chrétiens ravivent leur mémoire : en cette nuit, Dieu fait passer son Fils de la mort à la vie ... 


 La sortie d’Égypte fait entrer le peuple dans la Première Alliance; le matin de Pâques fait entrer les disciples du Christ dans la Nouvelle Alliance ... 


Avec Moïse, le peuple juif passait de l'esclavage à la liberté; en Jésus, qui nous libère de la nuit du péché, nous passons à une vie nouvelle ... 


 Cette nuit où nous veillons dit que notre vie entière doit être veille : rester en tenue de travail, garder les lampes allumées, être comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces afin de lui ouvrir dès qu'il arrivera et frappera (Luc 12, 35-36)...



source : croire.com


vendredi 3 avril 2015

Méditer le chemin de croix avec Timothy Radcliffe

Prier chacune de des étapes qui conduisent à la crucifixion du Christ ouvre paradoxalement à l'espoir. C'est la vision du dominicain anglais Timothy Radcliffe, qui relit pour nous les souffrances du monde dans ce chemin vers Pâques.

Une fois l'an, dans les églises, la lecture exhaustive du récit de la Passion pour le dimanche des Rameaux a quelque chose de théâtral et de poignant. Ce déroulé implacable et détaillé d'un procès expéditif, d'une exécution publique, quand on prend le temps de l'écouter de bout en bout, nous renvoie à la tragédie du monde. Un drame non plus antique, mais étonnamment contemporain et perpétuellement rejoué sur toutes les places en guerre de la planète. L'injustice, la lâcheté, la trahison, la cruauté, tout y est ! Comme un coup d'oeil dans le miroir de notre nature humaine, une prise de conscience nécessaire... mais pas désespérante. Car c'est aussi le moment pour l'auditeur de réaliser toute l'audace du christianisme. L'inouï d'un Dieu qui ose se livrer aux mains des hommes. Paradoxe ! La croix, ce symbole du christianisme, s'il a pu nous paraître vieillot et exagérément doloriste lorsqu'il ornait par trop les murs de nos maisons, cette croix emblème des supplices inventés par les hommes est aussi le creuset de l'espérance et d'une confiance inégalée. Car c'est là même, au fond du gouffre, que Dieu en Jésus rejoint l'homme, prouvant qu'il ne l'abandonnera jamais au coeur du mal. La liturgie de la Passion comme le chemin de croix, relu ici pour nous par Timothy Radcliffe, sont non seulement d'actualité, mais ouvrent à l'humanité un nouvel avenir et un sens possible.
Elisabeth Marshall, rédactrice en chef de La Vie


Dans les bidonvilles d'Amérique latine, à Bagdad, en Irak, ou au coeur des cités asiatiques, Timothy Radcliffe a parcouru de nombreux chemins de croix avec ses frères chrétiens. Ancien maître de l'ordre des Prêcheurs, il s'est fait connaître par sa liberté de ton sur les questions de société. Vivant actuellement au couvent dominicain d'Oxford, en Angleterre, il continue de visiter le monde entier pour enseigner. Dans son dernier livre, Chemin de croix, paru aux éditions du Cerf, il nous présente une méditation née de toutes ses rencontres avec la pauvreté et l'exclusion.


Comment lire le chemin de croix, en méditant étape par étape ou en choisissant celles qui nous touchent ?

Chacun est libre de prier comme il le souhaite. Toutefois, je préconise de lire les stations les unes après les autres. Jésus accomplit un voyage complet, de sa condamnation jusqu'à sa mise au tombeau. Nous comprenons mieux ce drame si nous l'accompagnons tout au long de ce chemin.

Comment comprenez-vous l'affirmation selon laquelle « le Christ a souffert pour nous » ?

Pour ma part, j'invite plutôt à penser qu'il souffre « avec » nous. Lorsque notre existence est difficile, nous pouvons nous sentir seuls, mais Jésus demeure toujours à nos côtés. Sur la croix, il partage même l'expérience de l'absence de Dieu que nous pouvons connaître parfois.

Le chemin de croix semble avoir pour effet de culpabiliser les croyants en les accusant d'être comme ceux qui ont rejeté le Christ...

Au contraire, méditer ces stations devrait nous procurer de l'espoir. Si nous tombons, nous savons que Jésus a également chuté. Si nous nous sentons faibles, nous comprenons que Jésus a aussi éprouvé ce sentiment. Rien de ce que nous vivons de difficile ne doit nous faire sentir loin de Dieu.

À la deuxième station, vous écrivez que « Jésus supporte le poids de la croix, afin de nous libérer d'une gravité accablante et que nous connaissions une joie spontanée ». N'est-il pas surprenant de parler de joie dans ces moments-là ?

Je rentre de Bagdad où j'ai effectué une visite à mes frères et soeurs. C'est au quotidien qu'ils vivent chaque station de la croix. Et pourtant, au milieu de la souffrance, ils éprouvent souvent une joie, même si elle peut être souterraine, comme une rivière qui disparaît pendant un certain temps avant de refaire surface. Notre foi ne nie pas la souffrance humaine, nous devons reconnaître sa présence honnêtement. Mais l'histoire de Jésus est toujours nourrie de l'espoir, de celui qui « en vue de la joie qui lui était réservée, endura la croix, sans tenir compte de la honte, s'est assis à la droite du trône de Dieu », pour reprendre le passage de l'épître aux Hébreux (12, 2).

Quand Jésus tombe pour la première fois, vous expliquez que « nos premières chutes font vaciller l'image que nous avons de nous ». Existe-t-il de « bonnes » chutes ?

Oui, elles peuvent devenir des moments de grâce. C'est pourquoi saint Augustin a parlé de la chute comme une felix culpa, une « heureuse faute ». Dieu est si créatif que même nos échecs peuvent se révéler fructueux. Une fois, alors que je me confessais, le prêtre m'a dit : « Soyez reconnaissant pour vos péchés. » J'ai été choqué, mais j'ai compris plus tard ce qu'il voulait exprimer. Parce que j'ai été faible et que je suis tombé, je peux probablement mieux soutenir les personnes qui sont impliquées dans la « même galère » !

Puis Jésus est aidé par Simon de Cyrène à porter sa croix et vous notez que « Dieu a voulu nous rendre dépendants les uns des autres ». Pourtant, il n'est pas si facile d'accepter l'aide d'un inconnu.

Mais cela arrive tout le temps ! Lorsque j'ai été hospitalisé, j'ai bénéficié des soins des infirmières et des médecins que je ne connaissais pas. Parfois, il est même plus difficile de recevoir l'appui d'un proche. Dans ces cas-là, nous pouvons être plus embarrassés !

Quand Véronique essuie le visage de Jésus, vous vous réjouissez que Jésus trouve « au milieu d'une foule de visages hostiles une femme qui le regardait avec pitié ». N'est-ce pas « naïf » de valoriser ainsi un simple regard ?

Pas du tout, souvent cette attention correspond précisément à ce dont nous avons besoin. C'est le commencement de tout ministère chrétien. Quand je donne une conférence, il y a régulièrement une personne dont le sourire m'encourage à continuer. Si nous ne sourions à personne, alors nos efforts pour aider les autres constituent une perte de temps.

Jésus tombe une seconde fois et vous écrivez : « Jésus a partagé notre faiblesse afin que nous arrivions à partager sa force ». Quelle est cette force ?

Les théologiens des premiers siècles avaient l'habitude de dire que Dieu s'est fait homme pour que nous puissions devenir Dieu. Jésus a expérimenté notre faiblesse, nos luttes humaines, nos douleurs, afin que nous puissions nous nourrir de cette vie irrépressible qu'est Dieu. C'est pourquoi les chemins de croix tiennent une place centrale en Amérique latine où il y a tant de pauvreté. Je me souviens à Montevideo, en Uruguay, d'avoir accompagné les gens de station en station : tout ce qui était survenu à Jésus leur était arrivé !

Quand Jésus est dépouillé de ses vêtements, vous dites qu'Il « se dénude pour lutter contre la honte, l'humiliation ». En quoi consiste cette nudité « positive » ?

Observez David qui s'est dénudé pour lutter contre Goliath. Nu, il est plus rapide et plus difficile à attraper. Nous sommes souvent accablés par l'armure que nous endossons, mais qui ne nous correspond pas. Nous estimons devoir maintenir notre dignité en dissimulant notre faiblesse et en prétendant que nous sommes des personnes très importantes. Mais cette attitude nous oblige à vérifier en permanence que les autres ne nous manquent pas de respect. Quelle libération que de laisser tout cela et être simplement nous-mêmes !

Puis le Christ est crucifié. Vous notez que les quatre Évangiles adoptent alors un regard différent, lequel ?

Matthieu et Marc nous montrent un homme subissant un abandon radical sur la croix. En lui, Dieu prend en charge quiconque se croit abandonné ou trahi. Chez Jean, la crucifixion décrit un couronnement dans la gloire. Enfin chez Luc, Jésus s'en remet au Père. Il est allé jusqu'au bout.

De quelle attitude vous sentez-vous le plus proche ?

J'aime la tendre humanité du récit de Luc. Jusqu'à présent, je ne me suis jamais senti totalement abandonné par Dieu. Je n'ai pas non plus connu une souffrance aussi glorieuse que le Christ. Je ressens encore de la proximité avec ce larron crucifié au côté de Jésus qui a osé lui demander de le laisser entrer dans le paradis !

Laquelle de ces attitudes est-elle la plus valorisée par notre époque ?

Cela dépend du continent où vous vivez. En Amérique latine et dans les lieux de grande souffrance, les personnes se sentent souvent très proches de Jésus qui paraît totalement abandonné. En Europe, beaucoup d'Occidentaux, comme moi, se réjouissent de la tendresse exprimée dans l'Évangile de Luc, notamment celle de Jésus envers le larron. En Asie, où la tradition est profondément contemplative, il me semble que les croyants se trouvent plus en proximité avec Jean et la gloire dissimulée sous la souffrance.

En quoi est-ce un couronnement dans la gloire ?

Pensez à ce merveilleux film Des hommes et des dieux. Notamment quand les moines de Tibéhirine célèbrent la sainte cène. Leur visage paraît comme mort avant de s'illuminer. C'est un moment de profonde tristesse, mais aussi d'une immense beauté. Peut-être peut-on percevoir dans ces images quelque chose de la splendeur de ceux qui donnent leur vie.

Quand Jésus est descendu de la croix, vous êtes particulièrement touché par le geste de tendresse de Marie.

Oui, n'attendons pas qu'une personne soit morte pour nous montrer attentionnés vis-à-vis d'elle. Souvent, nous aimons les gens, mais nous ne leur disons pas, par timidité ou par crainte que notre affection soit rejetée. Mais dans les deux cas, prenons le risque de nous exprimer !

Les orthodoxes semblent valoriser davantage la Résurrection. Que peut-on apprendre d'eux pour vivre les semaines suivantes ?

Est-il si vrai que les orthodoxes accordent plus de place à la Résurrection que nous ? J'en doute, car notre foi ne serait rien sans elle ! Notre société est tellement occupée à faire que nous pensons devoir nous remettre au travail dès le lundi. Or, nous avons besoin de temps pour célébrer cette fête de Pâques, nous reposer en Dieu et nous détendre dans cette joie pascale. Nous autres êtres humains sommes aussi faits pour jouer. Prenons régulièrement des périodes de jeu, sinon nous allons oublier pourquoi nous existons !

Finalement en quoi le chemin de croix annonce déjà la résurrection du Christ ?

Si Jésus n'était pas ressuscité d'entre les morts, nous n'aurions pas à marcher sur ce chemin de croix. Si son existence n'avait mené nulle part, il ne servirait à rien de nous souvenir de Jésus. Nous faisons mémoire de la souffrance afin de comprendre plus profondément la joie qui vient après. Se rappeler ainsi les étapes de ce chemin croix est déjà une célébration de Pâques, car tout est orienté vers la victoire de la vie.


Timothy Radcliffe :
1945 Naît à Londres.
1965 Entre chez les dominicains.
1987 Provincial chez les dominicains en Angleterre.
De 1992 à 2001 Maître de l'ordre des Prêcheurs.
2000 Publie Je vous appelle amis, Cerf.
2014 Participe au Livre noir de la condition des chrétiens dans le monde, XO Éditions.
2015 Publie Chemin de croix, Cerf.


> Une invention franciscaine :
Présents en Terre sainte depuis 1220, les Franciscains ont pris l'habitude de revivre les différentes étapes du Vendredi saint. Progressivement, ils ont transformé cette pratique en rite à Jérusalem, puis dans leurs églises en Italie. L'attrait pour cette cérémonie a été tel que le pape Clément XII a accordé en 1731 la permission de créer des chemins de croix dans d'autres églises que celles des Franciscains. De leur côté, les protestants font remarquer que certaines étapes comme la présence de Véronique n'ont pas de fondement biblique.

> À lire : Chemin de croix, de Timothy Radcliffe, Cerf.
La Logique de l'amour. Chemin de croix avec le pape François. Chaque station est accompagnée d'une courte méditation du Saint-Père, chacune fait preuve d'une grande empathie pour tous ceux qui vivent les épreuves du monde actuel. La fatigue, le découragement, la solitude. Éditions des Béatitudes.


jeudi 2 avril 2015

Une amoureuse du Mont Ventoux à découvrir... Sandrine Daubree


"Le tableau qu'il soit à l'huile, à l'eau, qu'il soit fait d'étoffes, de ciment ou de la boue des chemins, n'a qu'une seule signification : 
la qualité de celui qui l'a créé et la poésie qu'il porte en lui. 
Tout est permis, tout est possible, pourvu que derrière le tableau un homme apparaisse, 
tel qu'il est, tout nu, comme la vie." 
 Roger Bissière




"Voir, goûter le détail de la magnificence du monde, dans ses couleurs et ses formes, 
dans sa lumière, est toujours ma passion. 
Eprouver l’émotion intime de me sentir ainsi faire partie intégrante de la nature… 
 C’est ce que je tente humblement, à ma façon, de dire par ma peinture."


mercredi 1 avril 2015

Nous sommes aujourd’hui confrontés à un usage intempestif du mot « méditation » par Jacques Castermane



Pendant vingt-six siècles, comme un long fleuve tranquille, la pratique de la médiation sans objet a irrigué les terres de l’Orient et de l’Extrême-Orient. En dépit de ce qui les différencient, les voies de sagesse qui proposent l’exercice de la méditation de pleine attention (Vipassana, Chan, Zen) avouent un seul but : « L’éveil de l’être humain à sa vraie Nature ». Parce que l’accomplissement de - notre nature essentielle – est la meilleure et sans doute la seule approche des qualités d’être qui témoignent de notre état de santé fondamental : La paix du corps, la paix de l’esprit, la paix de l’âme.

Si l’approche intellectuelle de la tradition bouddhiste en Occident date du dix-huitième siècle, la pratique de la Méditation de Pleine Attention est récente. C’est en 1947, à son retour du Japon, où pendant une dizaine d’années il s’est plongé dans le monde du Zen, que K. Graf Dürckheim (docteur en philosophie et en psychologie) va proposer cette pratique méditative jusque-là inconnue en Europe. Voici comment, en 1973, il présente son expérience japonaise et son expérience de la méditation devant un parterre de huit cents psychiatres, psychanalystes et psychothérapeutes lors d’un congrès à Lindau : « Je voudrais d’abord dire que ce que nous entendons jusqu’à aujourd’hui par thérapie n’en est en fait qu’une moitié ! C’est la thérapie pragmatique, utile à l’homme parce qu’elle lui permet de mieux fonctionner dans sa vie existentielle. Mais il existe une autre thérapie, qui n’a rien à voir avec notre fonctionnement dans le monde mais avec notre vie intérieure et notre propre fonctionnement intérieur ; une thérapie qui s’emploie à nous introduire dans un espace jusqu’ici trop souvent ignoré : « notre propre essence (Wesen)! »

Le message est clair. Pour Dürckheim, la Méditation de Pleine Attention est un exercice qui a pour but unique l’éveil de l’être humain à sa vraie nature. Notre vraie nature ? Ce que Dürckheim appelle notre être essentiel, n’est autre que ce qui nous est accordé à la naissance. Notre vraie nature est ce qui nous est le plus familier. Mais combien peu d’attention est accordée à ce champ d’action, ce champ d’expérience, ce champ de conscience qu’est le « Corps vivant (Leib)».

Dans la suite de son exposé au Congrès de Lindau, Dürckheim souligne l’importance qu’il donne au corps que l’homme « est » dans ce qu’il appelle l’autre moitié de la thérapie. C’est au Japon, dans la pratique du tir à l’arc traditionnel qu’il fait l’expérience que « L’être s’accomplit dans les actions du corps ». Autrement dit, « L’être n’est ni dans le corps ni hors du corps ; le corps vivant est l’être qui se réalise et s’accomplit selon ses propres lois, selon l’ordre des choses (Tao). »
A toute personne intéressée par la pratique méditative, Dürckheim va rappeler l’importance donnée à la tenue (expression de cette action de l’être qu’est l’élan vital), à la forme (résultat du juste rapport entre tension et détente), à la libération de la respiration (cette intention de l’être qui — comme la tenue juste et la forme juste — n’est pas du ressort du Moi).

La Méditation de pleine attention mérite mieux que d’être utilisée dans la perspective illusoire de transformer « Je suis Moi » en un autre « Je suis Moi » ! Je suis Moi n’est pas ma vraie nature ! Le moi conscient de lui-même qui sans cesse fait retour sur lui-même par la pensée devient l’obstacle à la réalisation de notre vraie nature et devient la cause de la souffrance qui est propre à l’être humain. L’autre moitié de la thérapie ne s’oppose pas aux thérapies pragmatiques ; elle s’adresse à l’homme qui perçoit qu’une grande part de sa souffrance (qu’il soit malade ou en bonne santé) est due au fait qu’il vit dans l’ignorance de ce qui est le fondement de son existence : sa vraie nature.

lundi 30 mars 2015

Il faut appeler un chat, un chat ! témoignage d'Etienne


« Il faut appeler un chat, un chat, Madame, vous avez un cancer, c’est un sarcome ! » Nous étions tous les 4 réunis, Maryse, ma femme, nos deux enfants et moi-même, dans ce petit bureau étriqué du chirurgien quand cette nouvelle nous fut annoncée ainsi. Je me suis empressé quelques instants plus tard pour le rencontrer seul à seul ! Sa réponse à ma question fut implacable : «Je vous l’ai dit Monsieur, c’est sérieux, très sérieux ! » Maryse, ma femme, la mère de mes enfants, pouvait donc mourir. Devant ce fait et pour la première fois de ma vie, je voyais, je reconnaissais qu’elle était le centre, l'axe, le pilier de ma famille, et qu’elle m’était indispensable.

Le débrouillard, le magouilleur, le grand sauveur du monde qui donne le change, laissait soudain la place à ma vérité traumatique profonde : « un bon à rien, incapable d’aider ».
Je comprenais humblement en cet instant qu’un conjoint pouvait quitter, abandonner son foyer, sa famille, ses proches, tant la peur de la mort devant le non-sens de la vie engendrait une douleur insupportable.
Impuissant, face à moi-même, je me suis posé cette question : « Que puis-je faire, que dois-je faire ? » La réponse fut courte et simple : « Fais ce que tu as à faire et fais-le au mieux ! »

Trois mois avant cet événement, j'avais déposé le bilan de mon entreprise. Avec quelques réserves financières, j’avais donc tout mon temps pour me consacrer à cette nouvelle vie. Ainsi, malgré tout, la vie semble bien faite, comme si elle m’attendait !

Je me suis alors investi dans cette injonction : faire les courses, la vaisselle, le ménage, répondre au téléphone et rassurer mes enfants, ouvrir la porte aux infirmières, appeler le médecin, parfois dans l’urgence, préparer les repas de Maryse, les monter dans sa chambre, l'accompagner, sans rien dire, sans rien faire, juste être présent physiquement.

Chaque matin, dans la simplicité, je savais scrupuleusement ce que j’avais à faire avec ces cinq mots d’ordre : « tu le fais au mieux ». Souvent le soir, j’avais juste le goût d'avoir fait mon devoir, ni plus, ni moins. Pourtant, je dois en convenir, extérieurement rien ne ressemblait à un millimètre d’exploit.

Dans le cœur de cette expérience, je porte un souvenir inoubliable : avec la chimiothérapie, Maryse avait encore enduré une dure nuit, elle avait beaucoup vomi et ce matin elle était au comble de la douleur physique et des autres auxquelles je n’ai pas eu accès. Elle n’en pouvait plus et elle voulait mourir, elle me le dit ! La colère m’envahit, je lève les yeux au ciel, et intérieurement je lui crie : « Que veux-tu ? Qu’est-ce que je peux faire ? » La réponse ne tarde pas, c’est Maryse qui me la donne :

« Etienne, j’ai soif, donne-moi un verre d’eau s’il te plaît ».

J ai choisi le verre qu’elle aimait, mis la grenadine en prenant soin de la bonne dose selon son goût, rempli d'eau à la bonne hauteur, j’ai aussi mis beaucoup de glaçons comme elle aimait. Je 1'ai vue se délecter de cette boisson. Dans un profond soupir de soulagement, elle m a dit : « C’est bon ! » Curieusement, je ne sais même plus si les détails de cette histoire sont bien réels, mais une chose est certaine, j’ai vécu ce moment d’amour, hors du temps, avec un simple verre d’eau.

Je retiens de cette petite histoire, le sens vécu du mot « humilité » : ne pas être ni au-dessus, ni au-dessous de ce que l’on est, mais être à ma place. Peu importe ce que la vie me demande, si je regarde bien, si j’écoute bien, sans jugement, je sais exactement ce que la vie me veut. À croire qu’il faut être confronté à la mort pour voir l’ici et maintenant de notre vie, seul lieu de la vraie vie, celle qui donne l’amour.



(source : magazine Reflets)

dimanche 29 mars 2015

Tournez la page...

Ordi en panne puis réparé...
un instant d'arrêt puis reprise du mouvement.
Juste pour vous informer que les parutions pourront peut-être être plus espacées.
Bien à vous sur le chemin phytospirituel  !


S'imprégner de la spiritualité avec Robert Rotival



Un chartreux a dit un jour que la contemplation était l’émotion ressentie face à quelque chose de plus beau que soi. Le parallèle avec ma photographie me paraît très clair. Je ne veux pas faire de l'esthétisme, mais simplement montrer les choses, elles-mêmes porteuses de simplicité.



Mes photos ne font qu’immortaliser quelque chose qui existe et me dépasse totalement. D'ailleurs, j’ai été dépassé par tout ce que j’ai pu vivre. Dans mon itinéraire, je ne vois que des cadeaux. Je n’étais pas destiné à être photographe, mais chimiste dans un laboratoire. J’aurais été très malheureux. Si je n’avais pas fait ce premières photos sur la vie monastique je n aurais sans doute pas consacré ma vie à ce métier. Tout est venu à moi. Et c’est extraordinaire. Je pense que tout le monde pourrait faire mes photos, mais que beaucoup trouveraient cela irrespirable au bout d une heure. Moi, je ne m’en lasse pas.



À chaque séjour, c’est comme si je retrouvais une grande famille dans laquelle j’avais une place, mes repères, mes souvenirs. Ces 40 années passées dans les monastères m’ont fait pénétrer les coulisses de ces femmes et hommes de Dieu, êtres de chair et de sang, non moins humains que les autres. J’en ai vu évoluer, changer, vieillir. J ai tissé de grandes amitiés, perdu des êtres chers. Conversé avec certains, prié avec d'autres. J aime ces premières journées, retrouvailles faisant suite à un court ou long temps d’absence. À l’abbaye de Sept-Fons notamment, que j’affectionne particulièrement. Procession dans le chœur, petit signe de tête. Esquisse d’un sourire, échanges de regards complices. Litanie des saints...