mardi 20 juillet 2021
Divinité en morceaux...
lundi 19 juillet 2021
Partir et habiter le monde
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage ! De quoi avons-nous besoin ? Une parenthèse, nous l’avons eue. Un temps de pause, un moment chez soi, un autre rythme, une rupture, nous les avons vécus longuement. Cette immobilité, le plus souvent, n’a pas été un temps de respiration propice à la paix intérieure. Elle s’est faite pesante, interminable, sans horizon. Au lieu d’avoir repris souffle, nous manquons d’air. Nous avons essuyé les tempêtes de nos pensées, de nos repères effondrés, du temps soudain inconnu et dysmorphique, qui nous laissent la sensation d’être vidé. En réalité, nous sommes en trop-plein. Vacances vient du verbe latin vacare, « être libre, inoccupé ». Vacuus veut dire aussi « vide ».
Paradoxalement, cet état de relâchement, d’abandon confiant s’accomplit dans le mouvement. Notre stabilité intérieure vient du fait de bouger, d aller vers. Cela implique de sortir de chez soi, tel Abraham répondant à l’appel de Dieu : « Quitte ton pays ! » (Genèse 12,1). Ce départ, qui suppose aussi de sortir de soi-même, de se défaire de nos vieilles peaux, pour partir léger, est promesse de régénération. Dans les premiers mots de l’Apocalypse, il est dit : « Heureux le lecteur ! » (Apocalypse 1,3). Que le texte hébreu traduit par : « En marche, le lecteur ! » Celui qui laisse ce qu’il connaît en devenant voyageur et lecteur du monde extérieur devient riche d’une connaissance et d’une identité nouvelles. Cette lecture transforme le marcheur. Ainsi, le philosophe Holderlin invite à habiter poétiquement le monde. On voit bien qu'il ne s'agit pas de s’en aller, tel le chasseur, et rapporter un butin de souvenirs, mais de se laisser saisir par ce qui nous entoure. Cet état d’être, cette présence au monde n’est pas dans une consommation mais une communion. Devant un arbre, une montagne, une rivière, le voyageur découvre le lien d’intimité qui l’unit au vivant. Plus il marche, en laissant derrière lui toutes ses habitudes passées, plus il entend le cœur de cette vie qui auparavant lui était cachée. Cette expérience est spirituelle. Tout autour de lui vit, parle, fait écho et répond. La nature devient un temple où l’homme passe à travers des forêts de symboles qui l’observent avec des regards familiers.
ALLER VERS... SOI-MÊME
Dans nos besoins de partir il y a une volonté secrète de se renouveler. Finalement dans cette envie d’ailleurs, il y a le désir d’être pleinement soi-même. Il faut parfois faire le tour de la Terre pour trouver ce que nous sommes. « Quitte ton pays » et va vers toi-même, cette invitation divine est une promesse de résurrection. Lorsqu’on envisage cet enjeu, on voit bien l'importance de nos départs. Le périple du héros grec Ulysse est un modèle du genre. Il fait le tour de son monde, affronte des forces hostiles, remporte des victoires, sur le cyclope dévoreur, la magicienne Circée, les sirènes, les Lotophages et, au terme de son voyage, alors qu’il touche au rêve de l’immortalité promise par Calypso, il renonce pour revenir à Ithaque. Il renonce parce que cette infinitude, qui lui est présentée sur un plateau, est la négation de son identité.
Dans l'Assise et la marche (Albin Michel) de Jean-Yves Leloup, un voyageur demande à un guide : « Où partir en premier?— Commence par ton pays. — Mon pays est grand, où aller ? — Dans ta ville.— Bonne idée, dans quel lieu de ma cité ? — Commence par ton immeuble. — J'habite un vaste ensemble, où porter mes pas ? — Commence par ta famille. — Les miens sont nombreux, qui dois-je voir en premier ? — Toi-même. » Heureux qui comme Ulysse...
Paule Amblard
Source : La Vie
*************
dimanche 18 juillet 2021
Enfer par Fabrice Jordan
samedi 17 juillet 2021
Pas à pas
Je peux éclairer le chemin.
Mais c'est à toi de marcher.
- Elena Venel
vendredi 16 juillet 2021
Expérience directe
jeudi 15 juillet 2021
Zazen et la recherche scientifique ? (2)
A la question : « Les expériences dont vous parlez ne sont-elles pas “que subjectives” ? » Graf Dürckheim attire notre attention sur la différence entre une expérimentation faite dans un laboratoire dans le domaine des sciences et l’expérience phénoménale que nous vivons en tant que sujet.
Le vieux sage
de la Forêt Noire répond à notre question par une anecdote : « J’ai souvenir,
lorsque j’étais à l’université (avant même d’imaginer qu’un jour je vivrais au
Japon) d’une leçon au cours de laquelle le maître de conférences affirme d’un
ton professoral que la note DO est 256 oscillations par seconde. Je me suis
permis de répliquer que l’usage du verbe être me semble abusif. On ne peut pas affirmer
une telle équivalence. Ces 256 vibrations par seconde ne représentent que la
réalité physique de la note émise. Mais l’homme perçoit des sons et pas des
ondes »
L’érudit du
Zen, le professeur Daisetz Teitaro Suzuki, insiste sur le fait que : « L’étude
scientifique de la méditation est absurde ! L’homme du zen se meut dans une
direction totalement opposée à celle de l’homme des sciences. Pourquoi ? Parce
que le zen aborde le réel d’une manière pré-rationnelle et donc
anti-scientifique ».
Parlant de son
séjour au Japon, Graf Dürckheim me disait que « Au début de mon séjour en Extrême-Orient
j’étais, comment dire, désorienté ! C’est paradoxal, n’est-ce pas. J’étais
sincèrement décontenancé, parce que ce qu’on appelle les chemins de la sagesse
proposés en Orient et en
Extrême-Orient sont absolument étrangers à notre approche philosophique, psychanalytique et scientifique. Nous devons nous demander comment des données quantitatives peuvent exprimer ce
qui concerne en propre la personne qui baigne dans l’expérience qualitative ? »
Question : à
quoi bon se souvenir de ces expériences qui appartiennent au passé ?
La circonstance
existentielle appartient au passé. Mais la qualité éprouvée au cours de cette circonstance
révèle une réalité que je suis tout au long de mon existence La question qui
surgit de ces souvenirs est : quoi faire pour devenir celle, celui, que
l’expérience a révélé ?
Réponse : un
exercice !
« Le chemin est
la technique ; la technique est le chemin ».
Quel exercice ?
Par exemple zazen. Mais ce peut être le Yoga, le Taichi-Chuan, l’art du thé
(Chado), l’art du tir à l’arc (Kyudo), la calligraphie, etc.
La technique !
À condition de comprendre que le calme intérieur, la sérénité, la confiance, la
joie d’être ne sont pas le fruit de la technique mais l’expression et le
témoignage d’une personne transformée par la technique.
Question : La
technique (zazen, Aïkido, Kyudo, Chado) est indissociable de la personne qui l’enseigne
?
La réponse à
cette question nécessite l’usage du mot ... Maître !
Le maître est
celui, celle, qui partage sa connaissance.
Enseigner
zazen, c’est partager sa connaissance.
Un professeur,
un coach, a suivi une formation qui l’autorise à proposer un savoir ou un
savoir-faire.
L’enseignement
du maître est en lien avec son expérience intérieure, son vécu corporel, la connaissance
acquise pendant des années de pratique personnelle.
En ce sens, il
est juste de parler du maître de musique, du maître de danse, du maître de
calligraphie et, comme au Japon, du maître Zen, du maître de tir à l’arc.
Le maître
commence sa journée en reprenant tout à zéro : la gamme, l’exercice de la
barre.
Au Centre
Dürckheim, les participants reprennent chaque jour l’exercice des « quatre
attitudes dignes ». Il s’agit de notre manière d’être en tant que corps-vivant
dans tous les moments de notre vie quotidienne lorsqu’on est assis (za),
lorsqu’on est debout (Jû), en marchant (gyô) et lorsqu’on est allongé (ga).
« Pour apprendre à pratiquer zazen, il est important de rencontrer un Maître authentique. Le Maître est là pour nous dire qu’il ne faut pas séparer le corps et l’esprit et nous instruire sur l’esprit calme et harmonieux et le comportement correct à adopter dans tous les moments de notre vie quotidienne désigné par l’expression des quatre attitudes dignes. » (Hirano Katsufumi Rôshi au Centre Dürckheim – sesshin 2019)
Voici ce que
dit K.G. Dürckheim de l’exercice appelé zazen :
« Lors de mon
séjour en Extrême-Orient un japonais me demanda un jour quand je pratiquais cet
exercice ? « Une heure le matin et une heure le soir » fut ma réponse.
« Alors, vous n’avez
encore rien compris » dit-il. « Si vous ne vous exercez pas la journée entière,
vous n’arriverez à rien. »
Cela signifie
que l’attitude, la manière d’être recherchée dans l’exercice, doit régir toute
action dans notre vie de tous les jours ».
***********
mercredi 14 juillet 2021
Zazen et la recherche scientifique ? (1)
Dans quelques jours, cela fera quarante ans que le Centre Dürckheim a vu le jour !
L’occasion de
reprendre, ce que le 12 juillet 1981 - jour de l’inauguration - Graf Dürckheim
a exprimé : que ce qui l’intéresse dans le Zen est ce que cette tradition
recèle d’universellement humain.
À la question :
Quel est le but principal du Zen ? il répond :
« Le Zen nous
enseigne le chemin de la libération de notre vraie nature d’être humain hors
des chaînes d’un moi dépendant du monde. Cet Enseignement n’utilise pas les
moyens d’une pensée analytique, discursive, ni ne prend la forme d’une croyance
dogmatique ou d’une métaphysique spéculative, mais se présente comme un chemin
d’expérience et d’exercice. »
À la question : C’est quoi l’expérience de notre vraie nature d’être humain ? Graf Dürckheim, docteur en philosophie et docteur en psychologie, propose une réponse inattendue :
« A trois ans,
le tas de sable jouait pour moi un grand rôle. Il se trouvait sous un grand
tilleul. Là, je « tissais » ensemble les différentes caractéristiques
sensorielles. Il y avait le parfum du tilleul en fleurs, l’odeur du sable
mouillé et celle du bois chauffé par le soleil d’une petite cabane où l’on rangeait
les outils de jardin. Il y avait la sensation tactile, agréable, du sable que
je formais dans de petits moules de bois et, toujours, le miracle de cette
forme tout à coup réalisée et présente. Tout cela était animé et pénétré par le
riche mélange de qualités sensorielles.
J’essayais de
les revivre car elles me faisaient éprouver quelque chose de grand et de
bienfaisant. Il y avait, par exemple, les beaux marrons fraîchement tombés,
lisses, luisants. Leur odeur se mêlait à celle des feuilles d’automne, déjà
légèrement pourrissantes, mais encore craquantes, sur le sol de l’allée de
marronniers.
Le jardin était
plein de nombreuses odeurs. Les bordures de buis des allées, le parfum chaud de
la serre, avec ses palmiers et ses grosses grappes de raisin noir qui y
mûrissaient. Le grenier à foin, le tas de fumier dans la grande cour, la
merveilleuse odeur de l’écurie et de ses quatre beaux chevaux, et encore
l’odeur du poulailler ou celle de la pièce où se trouvaient les poules
couveuses.
Près de la
maison, sur le chemin qui menait chez le pêcheur, un ruisseau coulait et
dessus, en guise de pont, une planche sans parapet. Le ruisseau « gloussait »
si joliment et ce gloussement gargouillant dont on ne savait pas d’où il
venait, de très loin et pourtant de tout près, me remuait profondément : il appartient
aux inoubliables impressions de mon enfance. Bien sûr, ces impressions
sensorielles tenaient leurs qualités spécifiques profondes des circonstances où
elles étaient vécues. Pourtant elles étaient elles-mêmes porteuse de ces
qualités que je désignerai plus tard comme étant —la plénitude—l’ordre—l’unité.
»
A trois ans !
C’est la période de notre existence (à laquelle il faut inclure la période de
la gestation) au cours de laquelle la sensorialité est indépendante de
l’entendement. L’expérience sensorielle est indépendante de la faculté
intellectuelle de comprendre, de concevoir, de saisir ce qui est intelligible.
Notre première
approche du réel a pour champ de conscience le corps-vivant ; « le corps que
nous sommes (Leib) », champ de sensation, est un champ de conscience. Notre
première approche du réel est pré-mentale et foncièrement libre des
représentations que, ultérieurement, le moi-pensant va penser comme étant le
réel. Par sa réponse, Graf Dürckheim, reprend la base des enseignements dont il
a bénéficié au cours de sa plongée dans le monde du Zen au Japon : tout
commence par une expérience.
Souvenez-vous !
Lorsque j’avais
3 ans. Mais aussi, lorsque j’avais 17 ans (lorsque je courais le dimanche
matin, dans la magnifique forêt de Soignes) ... lorsque j’avais 25 ans (arrêté
net par la beauté d’un coucher du soleil)... lorsque j’avais 40 ans (au théâtre
des Champs Elysée, à l’écoute de Gymnopédie d’Eric Satie) ... lorsque j’avais
80 ans (au théâtre du Châtelet qui proposait la comédie musicale “Un américain
à Paris” de Gershwin).
Ces différentes
circonstances existentielles et éphémères ne sont pas la cause de l’expérience
au cours de laquelle l’acte d’être a un sens. La cause des qualités d’être que
sont le calme intérieur, la sérénité, la simple joie, émanent du contact avec
notre vraie nature, toujours présente puisqu’en ce moment, je inspire, je
expire.
...................
mardi 13 juillet 2021
Prise de conscience et acceptation
— Maître, je n’obtiens pas ce que je souhaite de mes relations, pourquoi vais-je d’insatisfaction en insatisfaction ?
— Sans prise de conscience, l’enfant blessé (abandonné, rejeté, trahi, humilié, etc.) qui demeure en toi, s’exprime dans toutes tes relations, et demeure insatiable et inconsolable. Pire encore : il perçoit le monde à travers le filtre de sa blessure. Celui qui ne le conscientise pas, répète le même schéma inconsciemment. Et cette blessure est alors un puits sans fond, qu’aucune autre personne que toi ne parviendra à combler.
— Comment faire alors pour combler ce trou ?
— La blessure de notre enfant intérieur, que nous portons en nous tout au long de toute notre vie, peut être guérie à la seule condition que nous fassions lumière sur elle. Cette lumière dont il est question à travers les âges, des alchimistes aux poètes, et dans tous les ésotérismes, c’est la conscience. Faire lumière, c’est prendre conscience de ce qui est par définition, inconscient, dans le noir.
— Mais alors, une fois la lumière faite, on est guéri ?
— Cela passe ensuite par l’acceptation de ce qui est, puis par la reconnaissance de notre part de responsabilité d’adulte de demeurer, consciemment ou non, dans cet état de souffrance. Accompagner notre enfant intérieur, le prendre par la main et aller visiter ses blessures, nous permet de le faire grandir et enfin considérer les évènements récents de ta vie, comme des évènements extérieurs dont tu portes une responsabilité d’interprétation.
Retiens bien ceci : l’aspect que tu donnes aux phénomènes extérieurs ne fait que refléter ton état intérieur, conditionné, et déformé par tes blessures ouvertes. C’est en ce sens que la solution réside en Toi.
Stephan Schillinger / Extrait des livres « Par un Curieux Hasard »
**********
lundi 12 juillet 2021
Important !
dimanche 11 juillet 2021
Apprécier notre humanité commune
Il est important de prendre conscience de l’interdépendance de tous les êtres et du monde qui nous entoure. Pour leur permettre de renforcer le sentiment d’être connecté au monde et à l’ensemble des êtres, le psychologue et thérapeute, Paul Gilbert, spécialiste de l’auto-compassion et de la compassion, propose à ses patients des visualisations comme celle-ci:
“Je vous invite à imaginer devant vous une mer d’un bleu superbe, chaude et calme, qui vient caresser une côte sablonneuse. Imaginez que vous vous tenez tout simplement debout avec de l’eau glissant agréablement sur vos pieds. Et maintenant, levant les yeux vers l’horizon, imaginez que cette mer est ici depuis des millions d’années, et qu’elle est, depuis, une source de vie. Elle a vu bien des choses dans l’histoire de la vie, et elle sait bien des choses. Maintenant, imaginez que cette mer vous accueille pleinement pour ce que vous êtes, qu’elle connaît vos combats et vos peines. Laissez s’établir entre vous et la mer, avec son pouvoir et sa sagesse, un lien privilégié, tout en acceptant pleinement ce que vous êtes.”
La compréhension de cette interdépendance universelle est la source même de l’altruisme le plus profond. En comprenant à quel point notre existence physique, notre survie, notre confort, notre santé, etc. dépendent des autres et de ce que nous fournit le monde extérieur –remèdes, nourriture, etc.–il devient facile de nous mettre à leur place, de vouloir leur bien-être, de respecter leurs aspirations et de nous sentir intimement concernés par l’accomplissement de ces aspirations.
Comment peut-on alors ne pas prendre soin des équilibres naturels qui se sont mis en place au fil des millénaires ? Il est nécessaire, aujourd’hui plus que jamais, de reconnaître l’incroyable richesse et la subtilité des liens d’interdépendance qui associent tous les acteurs et les forces dynamiques de la Nature.
Je souhaite vous partager un exemple très inspirant, que m’ont raconté mes amis de Karuna-Shechen, l'association humanitaire que j’ai co-fondée. Depuis cette année, Karuna étend ses programmes à une région très isolée du Népal, celle de la vallée de Ruby, nommée ainsi en référence à la pierre précieuse, car des gisements s’y trouveraient. Là-bas, des populations Tamang et Dalit cohabitent : c’est avec émerveillement que nos salariés sur le terrain ont rencontré ces familles de descendance tibétaine vivant en quasi autarcie. Éloignées des structures de santé et d’éducation, mais aussi des fournisseurs alimentaires, ils vivent nécessairement en harmonie avec leur environnement. Les animaux notamment y ont une place centrale : les locaux en rient eux-mêmes, disant que chez eux, il y a plus d’animaux que d’humains !
Ces populations ont ainsi une conscience accrue du lien qui les lie, eux les humains, avec tous les autres êtres vivants avec qui ils cohabitent. Ils cultivent la terre de manière durable et écologique, pour la préserver et leur garantir des vivres, pour eux mais aussi pour les générations futures. Ils élèvent et soignent leurs animaux, qui leur apportent du lait et leur permettent de cultiver les champs. Lorsqu’on demande à ces personnes si elles ne préfèreraient pas vivre dans un lieu plus proche de la ville, et de ses infrastructures, on répond : “pourquoi aller ailleurs, quand la terre ici nous apporte tout ce dont on a besoin ?”
Que peut-on retenir de personnes rencontrées dans la Ruby Vallée ? Il est indispensable de prendre conscience de l’interdépendance de toutes choses et d’assimiler cette vision du monde, de sorte que notre manière d’agir s’en trouve transformée. L’altruisme et la compassion sont intimement liés à cette compréhension de l’interdépendance, qui permet de mettre à bas le mur illusoire que nous dressons entre « moi » et «autrui », entre « je » et « nous », et nous rend responsables de notre terre et de ses habitants.
Comme l’explique le Dalaï-lama : Acquérir un sentiment de responsabilité universelle – percevoir la dimension universelle de chacun de nos actes et le droit de tous au bonheur et à la non-souffrance –, c’est acquérir une attitude d’esprit qui, quand nous voyons une occasion d’aider autrui, nous porte à la saisir plutôt que de nous soucier uniquement de nos petits intérêts personnels.
samedi 10 juillet 2021
Une guérison inspirante
vendredi 9 juillet 2021
Hommage à la Vie
Hommage à la Vie
C'est beau d'avoir élu
Domicile vivant
Et de loger le temps
Dans un cœur continu,
Et d'avoir vu ses mains
Se poser sur le monde
Comme sur une pomme
Dans un petit jardin,
D'avoir aimé la terre,
La lune et le soleil,
Comme des familiers
Qui n'ont pas leurs pareils,
Et d'avoir confié
Le monde à sa mémoire
Comme un clair cavalier
A sa monture noire,
D'avoir donné visage
A ces mots : femme, enfants,
Et servi de rivage
A d'errants continents,
Et d'avoir atteint l'âme
A petit coups de rame
Pour ne l'effaroucher
D'une brusque approchée.
C'est beau d'avoir connu
L'ombre sous le feuillage
Et d'avoir senti l'âge
Ramper sur le corps nu,
Accompagné la peine
Du sang noir dans nos veines
Et doré son silence
De l'étoile Patience,
Et d'avoir tous ces mots
Qui bougent dans la tête,
De choisir les moins beaux
Pour leur faire un peu fête,
D'avoir senti la vie
Hâtive et mal aimée,
De l'avoir enfermée
Dans cette poésie.
Jules Supervielle
****
jeudi 8 juillet 2021
Remise en question...