jeudi 23 avril 2015

Exploration intérieure avec Bertrand Piccard


« Au lieu d’être conditionnés dans des certitudes, 
il faudrait saisir qu’il existe des milliers de manières de penser, de réalités différentes. (…)
Nous apprenons à nous comporter comme si tout dépendait de nous seuls. 
Cela fait abstraction de l’imprédictibilité de la vie. »




Le lâcher-prise est souvent mal interprété. 
On croit qu'il s'agit de tout abandonner : notre travail, notre famille, notre maison. 
Alors qu'il faut lâcher prise de nos certitudes. 
La vie, c'est complètement autre chose que ce que l'on croit. 
Parce que, par définition, on ne peut pas tout comprendre. 
Pour lâcher prise, il faut aussi cesser de résister au changement. 
Il nous est impossible d'avoir un contrôle permanent sur tout. 
Et finalement, lâcher prise, c'est aussi se demander de quoi je suis capable intérieurement, 
au-delà du conditionnement et des automatismes qui me maintiennent prisonnier 
des vieilles manières de penser.


mercredi 22 avril 2015

Comment lâcher du lest ? par Bertrand Piccard


Pour augmenter notre liberté dans les vents de la vie, nous devons être capables de sortir des situations qui nous emprisonnent. Comme un pilote de ballon qui changerait d’altitude en vue de trouver une meilleure trajectoire. Pour y parvenir, nous devons lâcher du lest, nous débarrasser des croyances et autres certitudes qui nous alourdissent. Très concrètement, cela signifie d’envisager de nous comporter à l’inverse de ce que nous avons toujours fait, de devenir les pionniers de nos vies, pour remettre sans cesse en question notre façon de penser et de réagir.

Changer ce qui peut l’être

Malgré les apparences, la vie est loin d’être binaire et ne se résume pas à ce que l’on peut ou non contrôler, ni aux situations que l’on doit accepter ou refuser. Si c’était le cas, nous aurions bien peu de perspectives d’évolution. L’existence en deux dimensions nous laisse certes la possibilité de choix, mais nous sommes en réalité beaucoup plus libres que cela dans les vents de la vie. Pourquoi ? Parce qu’il existe heureusement une troisième dimension.

Le vol en ballon nous montre comment en profiter. Il est évident que le pilote ne peut pas modifier la force ni la direction du vent et qu’il se trouve en ce sens prisonnier des éléments. Mais il peut changer et contrôler très précisément un autre paramètre, je veux parler de son altitude. C’est de cette manière qu’il parvient à se diriger. L’atmosphère est constituée de couches météorologiques distinctes dans lesquelles les vents ont une vitesse et surtout une direction différentes à chaque altitude. Cela signifie que le pilote, dès que sa trajectoire ne lui convient plus, modifie son niveau de vol pour trouver des courants qui le feront tourner à gauche ou à droite. C’est dans les faits sa seule liberté, son unique responsabilité : changer d’altitude pour changer de direction.

Voilà ce que nous devrions appliquer dans les vents de la vie lorsque la situation n’est exploitable ni en l’acceptant, ni en la refusant. Plutôt que de nous battre horizontalement pour aller à gauche ou à droite, nous devons changer d’altitude pour prendre un autre vent qui nous emmènera dans une autre direction.

En ce sens, la vie est un grand vol en ballon. Nous sommes bien souvent prisonniers des éléments qui nous emmènent sur des chemins qui ne nous plaisent pas. Nous pouvons certes nous lamenter et tenter de résister, mais ce ne sera que pour souffrir davantage. Notre responsabilité, notre libre arbitre consiste essentiellement, comme pour l’aéronaute, à changer de niveau.

Nous devons trouver le moyen d’améliorer notre altitude dans tous les domaines de l’existence : éducation, apprentissage, profession, relation aux autres et à nous-mêmes ; changer de niveau socialement, psychologiquement, philosophiquement et bien sûr spirituellement, afin de capter des idées neuves, nous ouvrir à d’autres influences, d’autres solutions, réponses et stratégies, d’autres visions du monde, qui modifieront notre direction et nous aideront à modifier le cours de notre existence.
Nous ne changerons jamais la direction des courants aériens ni celle des vents de la vie, mais nous pouvons à chaque instant changer d’altitude pour nous en libérer et trouver une meilleure trajectoire. Changer de niveau de compréhension afin de dépasser nos peurs, afin de découvrir d’autres façons de penser et de se comporter, d’autres explications, d’autres manières de percevoir la cause et même le sens de ce qui nous arrive. Comprendre ce que nous avons à faire de notre passage sur Terre.

Quand on pense à toute l’énergie gaspillée à convaincre les autres qu’ils ont tort, plutôt que d’essayer d’utiliser leurs idées pour enrichir notre propre expérience ! Le changement d’altitude vers le haut, c’est toute l’ouverture à d’autres stratégies, à d’autres manières de faire, c’est cette possibilité de remettre en question nos certitudes, de nous affranchir de notre peur de l’inconnu, pour nous ouvrir au monde qui nous entoure.

Il y a tellement de situations où une transformation de notre point de vue permettrait cette compréhension de nous-mêmes, des autres et de la vie, porteuse de liberté intérieure.

Lâcher du lest

Se contenter de dire qu’il faut changer d’altitude dans les vents de la vie pour acquérir une autre vision du monde resterait une simple métaphore poétique si nous n’en faisions pas quelque chose de tangible. C’est d’outils concrets dont nous avons besoin. Pour cela, il nous faut comprendre comment fonctionne un ballon.

Un aérostat est en équilibre lorsque la portance de son enveloppe de gaz (plus léger que l’air ambiant) compense son poids. Toute augmentation de poids le fera descendre et tout allègement, monter.

Dès le décollage, pour prendre de l’altitude, le pilote devra lâcher du lest.

Extrait du livre de Bertrand PICCARD : « Changer d’altitude », 
pages 81 à 83 (Editions HACHETTE, préface de Matthieu RICARD).


lundi 20 avril 2015

Marie Madeleine, un modèle de Jacqueline Kelen


Jacqueline Kelen et Marie Madeleine



Si vous le pouvez, je vous conseille la rencontre suivante en Belgique.
Un accueil de grande qualité qui nous propose des dégustations inoubliables...

Rencontre avec Jacqueline Kelen les 9 et 10 mai , à l'Hôtel "Les Roses" à Libin

A travers ses nombreuses publications, Jacqueline Kelen nous trace à chaque fois un chemin de lumière, d'espérance et nous ramène sans y toucher vers l'Essentiel. Dépasser le matérialisme ambiant, nourrir son âme des délices d'une quête toute personnelle dans une grande liberté. Telle est la fenêtre que nous ouvre Jacqueline Kelen sur l'espace précieux et infini de notre âme. Chercheurs de lumière , philosophes, poètes , ou" vous" tout simplement, rejoignez-nous le temps d'un week-end pour amarrer en votre terre sainte, en votre espace sacré.

La formatrice : Jacqueline Kelen 
Jacqueline est écrivain. Elle a suivi des études supérieures de lettres classiques et été également pendant vingt ans productrice d'émissions à France Culture.Dans ses nombreux livres et au cours de ses séminaires, elle dévoile la connaissance spirituelle que transmettent les mythes et explore les richesses de la vie intérieure.

Elle a publié, entre autres : Marie Madeleine, Un amour infini (Albin Michel), L'Eternel masculin (Robert Laffont), L'Esprit de solitude (Albin Michel), Divine Blessure ( Albin Michel), Le livre des louanges (Albin Michel), Un chemin d'ambroisie ( la Table Ronde), Hadewijch d' Anvers (Albin Michel), Bréviaire du colimaçon (Desclée de Brouwer) Passage de la Fée, la légende de Mélusine (Desclée de Brouwer).

Programme : Tout ce qui en nous demande à fleurir 
Indispensable et insaisissable, la beauté nourrit l’âme et la réjouit. Elle inspire la création artistique et mène à la contemplation, tout en creusant un infini désir.

Est-elle d’ici, est-elle d’ailleurs ? Et à quelle profondeur nous entraîne-t-elle ? La rencontre s’organisera autour de trois récits : 
 - L’aventure du jeune Narcisse qui, se mirant dans une source, a la révélation d’une beauté éternelle dont il ne peut se détacher.
- Le libre biblique de Daniel qui met en scène une femme innocente et belle, Suzanne, aux prises avec la convoitise puis avec la calomnie de deux hommes qui veulent sa mort.
-Le conte de « la Belle et la Bête », écrit par Madame de Villeneuve en 1740, dans lequel la beauté intérieure du monstre se trouve voilée par les apparences avant d’être révélée par l’amour.

Nous aborderons également le lien qui se tisse entre la beauté du monde et la beauté du Divin, en évoquant divers mystiques d’Orient et d’Occident. En ce joli mois de mai, ce stage est une invitation à faire fleurir notre jardin intérieur.
Avec toute mon amitié et au plaisir de vous revoir tous les deux très bientôt,

Marie-Catherine Stine


Le vêtement du "moi"




source : L'arbre à lettres

dimanche 19 avril 2015

Une vie de prière avec Philippe Mac Leod


« La vie de prière nourrit mon écriture. Quand je travaille à un texte, j'invite le lecteur à entrer dans ce mouvement, dans cette intériorité. Dans mon nouveau livre, «Les Signes de Lourdes, un chemin d'universalité» (éditions Bayard), je souhaite apporter une bouffée d'air que le message donné par Marie à Bernadette Soubirous contient en lui-même. Il faut se mettre à l'école du lieu, rejoindre la source jaillissante, revenir à cette jeunesse du cœur qui se révèle dans la pureté de l'Immaculée».

« Toute la Création est invitée à nous délivrer un sens et un chemin spirituel qui n'est pas séparé de la vie. Souvent, on comprend la spiritualité comme étant opposée à la nature ; en réalité, elle la prolonge. Lourdes nous renvoie à la pureté et la clarté de la source, que l'on retrouve dans notre baptême».

source : La Depeche

samedi 18 avril 2015

La phrase qui guide avec Yael Naim

"Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, 
sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots."
Martin Luther King

J'ai grandi avec différentes formes de peurs : familiales, culturelles personnelles... N’acceptant pas de vivre dans cette peur, j'ai tenté de garder l'esprit ouvert dans mes rencontres, dans mes voyages, dans ma vie quotidienne. j'ai vu que considérer tout être humain comme un frère permet d'accéder à son ressenti. J ai toujours éprouvé plus de curiosité pour ce qui nous lie plutôt que pour ce qui nous sépare. Malgré les apparences, nous ne sommes qu'une et unique force, à nous d'en prendre conscience. Lorsque nous sommes indifférents à l'autre, lorsque nous acceptons sa souffrance, sa solitude, nous brisons ce qui nous relie ; nous enfantons de la frustration, des raisons de se battre, et nous mourons stupides et seuls. Notre société ne peut continuer à détourner le regard ; le risque de s'illusionner est immense ; la dette laissée à nos enfants, inexcusable. 

Yael Naim,
auteure, compositrice et interpréte,
vient de sortir un nouvel album,
Older (Tot ou tard, 2015).






vendredi 17 avril 2015

jeudi 16 avril 2015

Le cancer, une excroissance pour croître intérieurement par Christian Rœsch (2)


LA VRAIE GUÉRISON: AIMER LE CRISEUX

D’un côté, maîtrise de la technique, de l’autre maîtrise de l’intériorité.
Mais quel était le but de l’épreuve du cancer pour ma vie?
J’ai mis du temps à le comprendre et encore je n’ai pas le sentiment d’avoir tout compris.
D’abord pourquoi ce cancer, dans cette localisation à la jonction œsophage-estomac?
Classiquement, on relie ce cancer à des problèmes alimentaires. Normal, Sauf que mon alimentation a toujours été de bonne qualité (mes parents tenaient un magasin de diététique comme on disait à l’époque). Je vis depuis longtemps à la campagne, dans un environnement sain. Je n’étais pas particulièrement « stressé », pratiquant régulièrement l’immobilité silencieuse depuis de nombreuses années.

Donc l’influence extérieure n’était pas la bonne piste.
J’avais observé que l'axe transversal dorso-thoracique au niveau du cardia était une zone de faiblesse liée à mon histoire la plus ancienne. Mais qu'en dire de plus?
Enfin, j’ai fini par comprendre que ce cancer était le résultat de mon comportement ordinaire.
Quand on me dit quelque chose de désagréable, quand on me fait quelque chose qui me contrarie, je le rumine. Les agacements restent en travers de la gorge. Les déplaisirs me rester l’estomac. Ceci provoque une acidité qui remonte. Jusqu’à ce que je ne puisse plus supporter. Alors la réaction à ces agacements sort violemment, en crise, pour évacuer. Forcément, en me fâchant durement contre l’entourage. Puis le calme revient et le processus recommence. À la longue, mon aigreur de la vie a entamé le tissu œsophagien.

Pour être transparent, cela fait 25 ans que je suis un chemin spirituel. Il m’a amené à voir ce fonctionnement ponctué par des crises. Il m’a conduit à aimer le « criseux », à transformer certaines situations au point que ma vie conjugale, professionnelle, amicale en a été radicalement modifiée. Mais dans le quotidien, pour nombre de petits agacements, le processus était toujours là. Si bien que cette zone de mon corps trop anormalement sollicitée depuis si longtemps a baissé les bras.
Comment pourrais-je en vouloir à ce cancer?
Comment pourrais-je accuser Dieu de me punir?
Non. Je suis seulement invité à aimer quand je suis agacé. Au lieu de ravaler ma souffrance, la plus petite, je peux en faire une occasion de miséricorde. pour moi, pour l’autre.
La vraie guérison est là.
Le dernier scanner (octobre 2014) ne montre plus de trace de cellules cancéreuses. Je sais que la guérison est liée à ma pratique. Si je continue dans ce sens, je suis à l’abri de récidive. Si je continue, l’amour grandit.

Je sais que cette santé, intimement liée à la joie de vivre, m’est donnée pour que la tâche qui m’a été confiée se développe. Rester en vie pour servir. Le désespoir du manque de sens de la vie qui me rongeait est devenu un besoin de dire que la vie a du sens. C’est le but de REFLETS.

Il y aura d’autres épreuves, pour que je progresse encore. Ne serait-ce que l’ultime qui nous concerne tous : la mort. Dernière occasion sur terre de grandir.

Témoignage de Christian Rœsch 
dans la Revue Reflets



mercredi 15 avril 2015

Le cancer, une excroissance pour croître intérieurement par Christian Rœsch (1)

Le cancer, un chemin de réconciliation, de réunification ? C’est ce qu’a vécu Christian Rœsch. Avant d’être fondateur de REFLETS, il exerçait le métier de chirurgien-dentiste, orienté vers les pratiques alternatives. Un cancer de l’œsophage l’a amené d’abord à apprécier les bienfaits de la médecine classique, puis à comprendre l’invitation de cette maladie à se dépasser pour servir la vie.

Une difficulté à avaler, comme un raclement dans le fond de la gorge, me voilà en route pour me faire soigner par un naturopathe. Ma tendance - due à mon histoire depuis mes premiers jours sur terre - a toujours été de me méfier de la médecine institutionnelle et par réaction de faire plutôt confiance à ceux d’à côté. Si bien que j’ai étudié et pratiqué les médecines dites alternatives avec frénésie (homéopathie, acupuncture, kinésiologie, orthodontie fonctionnelle...). Ce thérapeute ne me procura aucun résultat. J’ai persévéré en allant voir un médecin acupuncteur chevronné et réputé. Il m’a remarquablement rééquilibré les énergies des méridiens mais cela n’a eu aucun effet sur mon problème. Il m’a envoyé vers un magnétiseur renommé. Pareil !

Si bien que mon problème s’aggravant (douleurs, vomissements...), je consulte mon généraliste et ami. Bien sûr j’aurais dû commencer par lui mais on ne se refait pas! Il m’envoie illico chez un gastro-entérologue qui décide une gastroscopie en urgence, laquelle se conclut par: « Ce n’est pas bon signe ». Là, je perçois enfin l’hypothèse du cancer. Il veut me revoir dans 15 jours quand il recevra les résultats de l'anatomopathologie. À cette date je suis à un séminaire. Nous convenons qu’il me donne les résultats au téléphone à l’heure du déjeuner. Au téléphone, le gastro me communique les résultats confirmant le soupçon de carcinome de l'œsophage au-dessus du cardia. Ça y est : je comprends que c’est une épreuve sérieuse. J’accepte ce qui est. Accepter, c’est recevoir avec le sourire. Je retourne à table, continuant la conversation en cours. Cela pourrait ressembler à un déni. Vingt-cinq ans de travail intérieur, accompagné par le même maître ont un effet certain. Je l’avais déjà vérifié lors d’un accident grave de moto deux ans auparavant.

GÉMIR OU ACCEPTER?

Le temps d’un cri de toutes mes forces dans le casque - pour ne pas perdre conscience - c’était la durée pour choisir entre : gémir et en vouloir au conducteur de la voiture qui m’avait renversé ou bien accepter où le Ciel voulait m’emmener. Je sais, de tout mon être, que Dieu ne me veut pas de mal. Il est amour. Mais l'amour divin n’est pas l'amour affectif. Il guide ma vie incluant tous les moyens pour me permettre (ce qui est différent d'obliger) de progresser en conscience, en amour. L'accident de moto m’avait fait changer de vie : passer de chirurgien-dentiste à directeur de publication. Maintenant, où veut-il m'emmener avec ce cancer?

DIEU NE ME VEUT PAS DE MAL

Le premier enseignement que je tire de cette maladie est ceci :
J’étais dans un clan par rapport à la médecine, la médecine marginale.

La vie m’a amené à m’en remettre à l’autre camp. Quel humour! Si bien que je suis réconcilié profondément. Les deux ont leur rôle, et ils ne sont pas interchangeables.
Dans le circuit du traitement du cancer, j’ai été « bien traité ». C’est-à-dire non seulement bien soigné mais encore pris en main humainement par des équipes médicales faisant de leur mieux, à tous les niveaux depuis les aides-soignantes jusqu’aux patrons. Cela n’a pas empêché Dieu de pousser le curseur des épreuves. À la troisième séance de chimio préopératoire, j’ai approché la mort. Est-ce que j’aurais un reproche? Est-ce que j’aurais un regret? Certes non, j’ai vécu de grandes contemplations lors de ce passage. Les scientifiques se demandent s’il y a de la vie ailleurs que sur terre. La vie terrestre visible est une goutte d’eau par rapport à la vie de l’univers. C’est une certitude pour mon être, mais je sors du sujet...

Cette réconciliation me fait voir la médecine autrement. D’un côté, persiste une médecine empirique, héritée des connaissances anciennes lorsque les hommes étaient proches de la nature. Cette connaissance n’est pas d’ordre rationnel, elle ne s’explique pas. Parfois elle dégénère en « savoir » plus ou moins commercial. Dans tous les métiers il y a des charlatans. De l’autre, la médecine moderne atteignant des sommets de performance en diagnostic analytique, en médicaments, en chirurgie. Elle n'exclut pas l’art du médecin : le nez, cette intuition complétant l’expérience qui oriente un diagnostic avant toute preuve matérielle. La réconciliation me fait pressentir la médecine postmoderne. À la technique de plus en plus efficace mais qui rend le malade de plus en plus objet de la science, se joindra la médecine « humanisant ». Le médecin aidera le malade à comprendre le sens de sa maladie et l’orientera vers l’accompagnement nécessaire pour qu’il trouve les actes pour progresser dans sa vie et guérir en profondeur. C’est donc un médecin qui aura fait un travail de fond sur lui-même menant à de « grands yeux » voyant l’intériorité révélée par la maladie, et ayant une vraie compassion pour ses malades (compassion: vivre l’épreuve de la « passion » avec l’autre)...


mardi 14 avril 2015

Mon cancer de l’âme, une intention divine

Entre vie et mort?
Ce que Dieu veut et non ce que je veux !
Vivre pour deux au lieu de mourir à deux !


Ces deux phrases résonnent en moi. Les dire est une chose et pourtant il n’est pas si simple de les vivre. Entre dire et vivre : un monde !
Je vais tenter de partager avec vous 15 jours, 15 jours au cours desquels j’ai cru que mon mari allait mourir. Et je n’étais pas encore prête à son départ.
Tout d’abord je dois vous confier que je me suis rebellée quand il m’a annoncé ce cancer. Après un accident de moto, un cancer. Alors là, Dieu exagère ! Et puis ces phrases montent en moi : « Pourquoi accuser Dieu ? As-tu envie de souffrir avec le cancer de ton mari ? N’as-tu rien d’autre à faire que de te rebeller ? »
Une certitude vient de mon cœur : tout est juste, que vais-je apprendre ?

Une nuit, alors que mon mari était dans le cirage, assise à son chevet et cependant face à moi-même, je me suis posé des questions sur ce qui nous arrivait. De question en question, j’ai compris que nous étions tous les deux malades, pas seulement mon mari mais moi aussi : lui dans son corps et moi dans mon âme. J’ai compris que ce cancer était dans notre couple et que je voulais vraiment profiter de sa maladie au lieu de la subir. En moi j’entendais : « Il a besoin de tes rayons ». Quels seront mes rayons ?

Il est amaigri, 20 kilos en moins...
J’ai commencé à m’occuper de lui avec une infinie tendresse en le massant. Un corps alité aime tellement qu’on le touche, qu’on le masse... Tous les jours, à chaque instant où il avait mal quelque part, je le massais. Par ces massages je me suis rééduquée à une plus grande tendresse, tant envers moi qu’envers lui.
Et même encore plus.
Oui encore plus, car après 40 ans de vie commune j’avais oublié que je pouvais lui dire « je t’aime ».
Oui encore plus, car des souvenirs me revenaient où j’avais été en pétard contre lui, des instants où je m’étais emportée contre lui. Ce fut le moment de lui dire « pardon, je n'ai pas su t’aimer ». Comme cette miséricorde m’a soulagée et rendue plus légère. Ce cancer était là pour me faire grandir en amour et rendre encore plus juste ma vie. Ce cancer fut vraiment une « intention divine ». Une journée, une nuit : est-ce la fin ???

Difficile pour moi de saisir tout ce qui se passe chez lui.
Je sais qu’il a accepté cette chimio et pourtant son corps la refuse. Et son corps se révolte. Il est dans le cirage. Il a de fortes fièvres. Il est pris de tremblements et claque des dents. Il me dit : «Je suis perdu, je ne sais plus où j’en suis ». Alors je m’occupe de son corps. Je mets mes mains sur son ventre. Incroyable ce qui passe dans mes mains. Tout mon corps respire dans mes mains tellement je suis totalement tournée vers lui et vers le meilleur de moi-même... 
Petit à petit, les tremblements s’estompent. Je lui lis un passage des Dialogues avec l’ange - notre livre de chevet à tous les deux. Les médecins lui changent ses antibiotiques pour essayer d’enrayer cette fièvre qui est toujours là. Toute la journée je me suis occupée de son corps. Nous ne nous sommes pas dit grand-chose. Le soir arrive : que fais-je ? Est-ce que je reste avec lui toute la nuit ? Il est encore si mal !


Alors je n’ai plus qu’un seul refuge : prier. Je commence par une prière que je connais : le Notre Père. Et je la répète. Je continue avec celle du Père Charles de Foucauld « Je m’abandonne à toi »... Un sentiment m’envahit tout à coup. Et la question surgit : es-tu sûre de t’abandonner ? La nuque droite je m’entends dire : tu es sur terre pour LE servir. Uniquement pour Le servir. Ta vie ne t’appartient plus, comme la sienne.
Cette réponse me prend. C’est fort et pourtant je ne suis pas certaine de TOUT avoir compris. Cela me donne une intime conviction : je ne resterai pas au bord de son lit.
Alors Christian me murmure : « Dieu est juste avec moi. Il est en train de m’apprendre pour la suite ».

Je l’ai embrassé, et je suis partie. Une évidence s’imposait : tout est juste, nous sommes tous les deux à la place où Il nous a mis.
Le lendemain matin lorsque j’arrive à son chevet : un sourire illumine son visage. Il me dit : « J’ai encore à être utile sur terre ».
Au cours de ces quinze jours, j’ai réalisé combien il était important de prendre soin de moi et non pas de m’oublier dans un activisme à ses côtés. En prenant soin de moi. je prenais également soin de lui. En étant à ma juste place, je l’aidais aussi à vivre... 
Là étaient mes nouveaux rayons.

Thérèse
(source :revue Reflets n°15)

lundi 13 avril 2015

Le miel qui soigne...


Des conseils pour utiliser le miel et découvrir ses bienfaits :


dimanche 12 avril 2015

Le poids du non-dit avec Alexandre Jollien


Une très sérieuse étude conduite par le professeur Cole de l'université de San Francisco vient nous prendre comme par la main pour briser ces silences qui peuvent tuer pour de bon. D'abord, elle nous invite à risquer une vie toujours plus à l'écart du mensonge, des non-dits, de la duplicité, bref, de la comédie sociale et de la honte. Je commence à deviner pourquoi le Christ mène une guerre sainte contre l'hypocrisie. Aujourd'hui, je comprends mieux son intransigeance salutaire.

Le chercheur américain a découvert, en observant plus de 200 hommes homosexuels, que ceux qui dissimulaient leur attirance affective à leur entourage développaient trois fois plus de cancers ou d'infections sérieuses. Il n'est pas de ma compétence d'évaluer la scientificité de ce résultat. Mais l'enseignement est lumineux : les luttes intestines qui nous dévorent, le règne du secret nous détruit. Outre le poids des non-dits et l'atrocité de ne pas pouvoir être soi au grand jour, c'est carrément l'enfer de ne pas être accepté pour qui nous sommes en vérité. Que ne doit-on pas cacher au quotidien ? Une critique, un sentiment, une déception, une attente, un fantasme, des idées politiques, un avis sur le dernier livre à la mode, ce n'est pas forcément un gros truc qui nous reste en travers de la gorge...

Sur le terrain de la vie spirituelle, il est mille enseignements à en tirer. D'abord, peut-être, une invitation à oser une authenticité, une sincère transparence. Qui, du matin au soir, part en lutte contre lui-même et, à tout instant, s'éreinte à refuser ce qui le constitue vraiment, n'a pas fini de vivre un enfer. Une chose est de renoncer à soi, briser son ego, quitter l'étroitesse de son égocentrisme, une autre est de dénigrer ses blessures, condamner sans aucune bonté ses désirs, sombrer dans une autocritique permanente qui nous rend exsangues et sans force et qui, in fine, nous interdit tout véritable progrès. Car il en faut de l'énergie pour nier les faits, pour s'aveugler soi-même, pour se mentir et pour enfiler chaque matin un costume mal ajusté ! Non qu'il s'agisse de vider ses poubelles et de déverser sur le premier venu tout ce qui charge un coeur, mais simplement être qui on est. En compagnie de son directeur comme aux côtés d'un proche, pourquoi devrions-nous forcément changer radicalement d'attitude ? Mais c'est surtout à l'amour inconditionnel que cette recherche m'invite. D'abord, oser le non-jugement, n'enfermer ni soi ni personne dans des rôles et des attentes.


Je n'ai pas pu m'empêcher, en découvrant la nocivité de nos conflits intérieurs et du mensonge réitéré chaque jour, de penser au propos de Jésus : « Je suis le chemin, la vérité et la vie. » Ce verset convertit comme un koan. Et nous invite à quitter la tendance à tout justifier pour être, progresser dans la vérité. D'ailleurs, même les adversaires de Jésus lui adressent ce magnifique compliment qui constitue une route à suivre, un exemple à imiter : « Maître, nous savons que tu es franc et que tu enseignes les chemins de Dieu en toute vérité, sans te laisser influencer par qui que ce soit, car tu ne tiens pas compte de la condition des gens. » Comment mieux dire qu'il ne faut pas faire de courbettes ni juger d'après les apparences mais regarder de coeur à coeur et ne pas réduire ni réifier l'autre à ses blessures. Pour progresser, tout le monde a le droit d'être aimé et accueilli comme il se présente en cet instant. Et pour l'heure, qu'est-ce qu'à mes yeux, concrètement, ici et maintenant, être vrai ?

Alexandre Jollien est un philosophe et écrivain né en 1975 à Savièse, en Suisse. Son dernier livre, Vivre sans pourquoi, est paru au Seuil. 
(source : La Vie)


samedi 11 avril 2015

Une seule eau, une seule respiration...

« N’y a-t-il pas grand bonheur à savoir que toutes les eaux de la terre sont reliées par le jeu subtil des infiltrations et des nappes ? N’y a-t-il pas grand bonheur à savoir que les vivants, bêtes et gens, sont reliés par d’invisibles rhizomes : une seule respiration pour tous sous le soleil. 

Il n’y a que les sots qui ne veulent être que pour soi et ne se réjouissent pas d’un si vaste lignage ! » […]

 « Le monde n’est-il pas empli de ces âmes mortes guidées par la peur et l’envie, ignorant tout, pillant et profanant puisque personne jamais n’a pris soin d’elles ? Une meute féroce d’âmes mortes à qui toute tendresse a été refusée !

 Christiane Singer 
Seul ce qui brûle