mercredi 3 juillet 2013
mardi 2 juillet 2013
L'énergie de l'arbre avec Patrice Bouchardon
Voici deux vidéos qui peuvent vous brancher...
Lorsque vous travaillez régulièrement avec l'énergie du bouleau sa qualité de douceur s'installe en vous. Vous développez alors un meilleur rapport avec vous-même, et ressentez plus d'amour et d'estime pour vous... C'est ainsi que se construit l'estime de soi...
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Patrice Bouchardon
lundi 1 juillet 2013
La cathédrale de Chartres à découvrir sous un nouveau jour.
Je vous conseille le site de la Cathédrales de Chartres où foisonnent les promenades et analyses sur de nombreux trésors (labyrinthe, vitraux...).
Le labyrinthe est chemin : il invite à y être 'pèlerin'.
Ni signe magique, ni phénomène physique, les seules énergies qu’on y trouve sont celles qui habitent les hommes et femmes qui le parcourent - prêtes à se laisser 'toucher' par la grâce du moment.
Sa finalité ? Conduire intelligemment à une authentique méditation - vécue tout à la fois dans le corps et dans l’esprit.
Celui qui choisit de marcher peut s’ouvrir, pas après pas, à ce qui le dépasse. Au long du parcours, évocateur de l’existence humaine - longue, accidentée, exigeante - il avance avec confiance vers sa réconciliation. Il retrouve ainsi quel est le sens de son existence : le Tout-Autre l’attend - définitivement.
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dimanche 30 juin 2013
La cinquième saison par Joshin Luce Bachoux
Tout comme le bruit de la pluie nourrit le silence, la luxuriance de la nature emplit le cœur et l’apaise après l’hiver. Le monde est un, et nous en sommes un rameau.
"Ploc, ploc, ploc..." Les gouttes de pluie frappent les toits de tuiles grises, rebondissent sur les gouttières, dégoulinent le long des cloisons en bois, creusent des rigoles dans le jardin au milieu des graviers blancs bien ratissés et des pins centenaires tout tordus. Le monde entier est pluie, tantôt pluie qui effleure avec légèreté chaque feuille et chaque brin d’herbe, tantôt pluie qui frappe avec force tous les obstacles qui l’empêchent de rejoindre la rivière et de basculer sur son passage rochers et racines...
C’est la cinquième saison du Japon, commencée depuis ce qui me semble un temps sans origine : fleurs de pêcher et pluie sans fin qui brouille tous nos repères. Ni jour ni nuit, le temps semble transformé en eau qui s’écoule, s’est écoulée de toute éternité. Imperceptiblement, notre vie a changé : il semble que nous marchions plus doucement, que ces grands pas décidés, pressés, habituels aux temples zen, aient laissé place à un glissement, un frôlement peut-être : nos pieds devenant aussi légers que les gouttes sous lesquelles ploie à peine la feuille de bambou... Nous ne parlons plus, mais nous chuchotons, laissant la première place aux crépitements, éclaboussures, friselis qui emplissent tout l’espace. Le silence de la salle de méditation s’est fait, paradoxalement, plus profond d’être ainsi accompagné : les petits craquements du bois, les froissements des vêtements, le bruissement imperceptible des tatamis de paille sous le poids des corps, tout s’est effacé. Chaque respiration me semble rythmée par un univers entier transformé en eau.
Les gestes se ralentissent, le temps s’écoule autrement, s’étire comme les gouttes sur la vitre. La fin de mon séjour dans ce temple japonais approche, bientôt, c’est le retour en France et j’avais espéré que ce moment me permettrait de me plonger dans l’étude, de mettre à jour les notes prises pendant les enseignements du Maître, de vérifier des mots dans mon dictionnaire de japonais. Mais à peine ai-je ouvert un livre que mon regard s’égare, se perd dans le rideau d’argent qui enveloppe toutes choses. À travers les trouées de brume, sous la caresse de la pluie, taillis, mauvaises herbes, ronces, fleurs sauvages, échappées de prairie... tout resplendit, brille, s’agite et respire cette eau délicieuse. La mousse semble s’étaler à vue d’œil, émeraude riche et épaisse sur les rochers striés de veines luisantes, ou fin lichen couleur de bronze sur le tronc des cryptomères. A-t-il jamais existé un monde qui ne soit pas vert?
Tout comme le bruit incessant de la pluie finit par nourrir le silence, la luxuriance de la nature emplit le cœur et l’apaise après des mois d’hiver en noir et blanc. Le monde est un, et nous en sommes un rameau. Dans cette solitude choisie et dans la recherche qui nous guide, nous savons que nous réagissons à tout ce qui nous entoure. Cette eau qui baigne feuilles et racines est pour nous aussi nourriture et pureté. Nous participons du renouveau de la nature et le silence qui peu à peu s’est infiltré dans nos gestes, nos paroles et notre esprit, signifie peut-être qu’il est un temps pour recevoir et absorber avant de reprendre l’activité coutumière.
"Ploc, ploc, ploc... " Je ferme les yeux en me laissant porter par ce rythme tranquille ; mais, dans mon demi-sommeil, un changement soudain me fait dresser l’oreille : j’ai entendu ma voisine se retourner dans son lit. Un instant, je perçois aussi un bruit de pieds nus sur les marches : la pluie s’est arrêtée, et je me sens vaguement inconfortable, j’ai l’impression d’avoir perdu le fil d’une présence. Heureusement, "ploc, ploc, ploc...", je suis bercée de nouveau et m’endors. Demain encore, le monde sera vert...
"Ploc, ploc, ploc..." Les gouttes de pluie frappent les toits de tuiles grises, rebondissent sur les gouttières, dégoulinent le long des cloisons en bois, creusent des rigoles dans le jardin au milieu des graviers blancs bien ratissés et des pins centenaires tout tordus. Le monde entier est pluie, tantôt pluie qui effleure avec légèreté chaque feuille et chaque brin d’herbe, tantôt pluie qui frappe avec force tous les obstacles qui l’empêchent de rejoindre la rivière et de basculer sur son passage rochers et racines...
C’est la cinquième saison du Japon, commencée depuis ce qui me semble un temps sans origine : fleurs de pêcher et pluie sans fin qui brouille tous nos repères. Ni jour ni nuit, le temps semble transformé en eau qui s’écoule, s’est écoulée de toute éternité. Imperceptiblement, notre vie a changé : il semble que nous marchions plus doucement, que ces grands pas décidés, pressés, habituels aux temples zen, aient laissé place à un glissement, un frôlement peut-être : nos pieds devenant aussi légers que les gouttes sous lesquelles ploie à peine la feuille de bambou... Nous ne parlons plus, mais nous chuchotons, laissant la première place aux crépitements, éclaboussures, friselis qui emplissent tout l’espace. Le silence de la salle de méditation s’est fait, paradoxalement, plus profond d’être ainsi accompagné : les petits craquements du bois, les froissements des vêtements, le bruissement imperceptible des tatamis de paille sous le poids des corps, tout s’est effacé. Chaque respiration me semble rythmée par un univers entier transformé en eau.
Les gestes se ralentissent, le temps s’écoule autrement, s’étire comme les gouttes sur la vitre. La fin de mon séjour dans ce temple japonais approche, bientôt, c’est le retour en France et j’avais espéré que ce moment me permettrait de me plonger dans l’étude, de mettre à jour les notes prises pendant les enseignements du Maître, de vérifier des mots dans mon dictionnaire de japonais. Mais à peine ai-je ouvert un livre que mon regard s’égare, se perd dans le rideau d’argent qui enveloppe toutes choses. À travers les trouées de brume, sous la caresse de la pluie, taillis, mauvaises herbes, ronces, fleurs sauvages, échappées de prairie... tout resplendit, brille, s’agite et respire cette eau délicieuse. La mousse semble s’étaler à vue d’œil, émeraude riche et épaisse sur les rochers striés de veines luisantes, ou fin lichen couleur de bronze sur le tronc des cryptomères. A-t-il jamais existé un monde qui ne soit pas vert?

"Ploc, ploc, ploc... " Je ferme les yeux en me laissant porter par ce rythme tranquille ; mais, dans mon demi-sommeil, un changement soudain me fait dresser l’oreille : j’ai entendu ma voisine se retourner dans son lit. Un instant, je perçois aussi un bruit de pieds nus sur les marches : la pluie s’est arrêtée, et je me sens vaguement inconfortable, j’ai l’impression d’avoir perdu le fil d’une présence. Heureusement, "ploc, ploc, ploc...", je suis bercée de nouveau et m’endors. Demain encore, le monde sera vert...
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samedi 29 juin 2013
vendredi 28 juin 2013
Le Soi avec Swami Tejomayananda
« O Arjuna, celui qui, dans l'unité du Soi, voit toutes choses égales, que ce soit le plaisir ou la peine, est considéré comme le plus grand des yogi. »
Le plus grand des yogis n'est pas celui qui vole dans les airs, marche sur l'eau ou lit dans les pensées d'autrui, c'est celui qui considère tous les êtres et toutes les choses comme son propre Soi. Il voit tout dans le Soi. Lorsqu'un être considère toutes les créatures comme son propre Soi, leur bonheur est son bonheur, leurs souffrances sont ses souffrances.
La façon dont je me perçois détermine ma vision du monde : si je me considère comme un homme ou une femme appartenant à telle ou telle catégorie sociale, à tel pays, à telle religion. je regarde le monde à travers ces idées et vois les autres à travers les différences qu'elles créent. Mes préjugés vont colorer le monde, et je peux ainsi penser que mon pays est le plus grand, ou que ma religion est supérieure...
Cependant, si je me perçois d'abord comme un être humain. alors je ressens une unité avec le vivant : oiseaux, animaux, arbres et plantes. Et, avant d'agir, je serai conscient de l'impact de mes actions sur ce vivant.
Toute pensée naissant dans l'esprit qui est identifiée au soi individuel n'est jamais l'expression de la pensée juste. Je suis sur la voie de la pensée juste uniquement lorsque, m'élevant au-dessus du petit ego et de mon identification limitée, je me préoccupe du bien-être collectif.
Swami Tejomayananda
Revue Source n°22
Le plus grand des yogis n'est pas celui qui vole dans les airs, marche sur l'eau ou lit dans les pensées d'autrui, c'est celui qui considère tous les êtres et toutes les choses comme son propre Soi. Il voit tout dans le Soi. Lorsqu'un être considère toutes les créatures comme son propre Soi, leur bonheur est son bonheur, leurs souffrances sont ses souffrances.
La façon dont je me perçois détermine ma vision du monde : si je me considère comme un homme ou une femme appartenant à telle ou telle catégorie sociale, à tel pays, à telle religion. je regarde le monde à travers ces idées et vois les autres à travers les différences qu'elles créent. Mes préjugés vont colorer le monde, et je peux ainsi penser que mon pays est le plus grand, ou que ma religion est supérieure...
Cependant, si je me perçois d'abord comme un être humain. alors je ressens une unité avec le vivant : oiseaux, animaux, arbres et plantes. Et, avant d'agir, je serai conscient de l'impact de mes actions sur ce vivant.
Toute pensée naissant dans l'esprit qui est identifiée au soi individuel n'est jamais l'expression de la pensée juste. Je suis sur la voie de la pensée juste uniquement lorsque, m'élevant au-dessus du petit ego et de mon identification limitée, je me préoccupe du bien-être collectif.
Swami Tejomayananda
Revue Source n°22
jeudi 27 juin 2013
La justice contre la force... avec Nelson Mandela
« En faisant scintiller notre lumière, nous offrons aux autres la possibilité d'en faire autant. »
Nelson Mandela
Extrait du Discours d’investiture - 10 Mai 1994
mercredi 26 juin 2013
Des plantes pour la santé avant l'été
Quelques conseils avec les plantes estivales
(pissenlit, caroube, frêne, bruyère, reine des près...)
(pissenlit, caroube, frêne, bruyère, reine des près...)
mardi 25 juin 2013
Sur la route spirituelle avec Gilles Farcet
Né en 1959, ancien journaliste, producteur à France Culture, Gilles Farcet a publié, seul ou en collaboration, une quinzaine d’ouvrages. Il se consacre aujourd’hui, dans la lignée d’Arnaud Desjardins, à transmettre l’esprit d’éveil.
Très jeune, Gilles Farcet a entamé une recherche spirituelle intense avec l’intention de suivre une voie ancrée dans la vie quotidienne. Outre qu’elle l’a amené à devenir l’un des proches élèves puis collaborateur d’Arnaud Desjardins, elle l’a aussi conduit à nouer des liens étroits avec divers instructeurs (Yvan Amar, Lee Lozowick, Amma...) et nombre de complicités marquantes avec, entre autres, Alejandro Jodorowsky ou Allen Ginsberg.
Il revient ici sur son propre parcours : riche itinéraire, du monde du journalisme et de l’édition à celui de la transmission spirituelle, de Paris à l’Inde en passant par l’Amérique du Nord.
À la fois récit et essai, ce livre alterne la narration d’une singulière aventure humaine fourmillant de souvenirs et d’anecdotes, et une réflexion approfondie sur la voie spirituelle, ses fondements, ses étapes, ses pièges ou illusions. Le tout donne un témoignage fort sur une quête spirituelle ancrée dans notre temps, originale et sans frontières.
Très jeune, Gilles Farcet a entamé une recherche spirituelle intense avec l’intention de suivre une voie ancrée dans la vie quotidienne. Outre qu’elle l’a amené à devenir l’un des proches élèves puis collaborateur d’Arnaud Desjardins, elle l’a aussi conduit à nouer des liens étroits avec divers instructeurs (Yvan Amar, Lee Lozowick, Amma...) et nombre de complicités marquantes avec, entre autres, Alejandro Jodorowsky ou Allen Ginsberg.
Il revient ici sur son propre parcours : riche itinéraire, du monde du journalisme et de l’édition à celui de la transmission spirituelle, de Paris à l’Inde en passant par l’Amérique du Nord.
À la fois récit et essai, ce livre alterne la narration d’une singulière aventure humaine fourmillant de souvenirs et d’anecdotes, et une réflexion approfondie sur la voie spirituelle, ses fondements, ses étapes, ses pièges ou illusions. Le tout donne un témoignage fort sur une quête spirituelle ancrée dans notre temps, originale et sans frontières.
En présent, un extrait du témoignage de Gilles Farcet
à propos des Lyings avec Denise Desjardins.
(tiré du DVD "De la révolte au lâcher-prise : Denise Desjardins"
de Guillaume DARCQ)
à propos des Lyings avec Denise Desjardins.
(tiré du DVD "De la révolte au lâcher-prise : Denise Desjardins"
de Guillaume DARCQ)
Swami Prajnanpad disait "le lying, ce n’est pas se souvenir, c’est revivre intensément".
lundi 24 juin 2013
Au menu, des plantes sauvages...
Une petite promenade en nature pour s'alimenter autrement :
dimanche 23 juin 2013
Le souci de l’être avec Philippe Mac Leod
Et si nous cessions de vouloir l’action à tout prix, l’engagement, la résistance ? Et si nous nous contentions d’être, tout simplement, présents aux autres ?
Par Philippe Mac Leod
Être : une exigence. Adhérer plus fortement, plus étroitement à ce principe de croissance inscrit en nos cœurs et qui consiste à accéder à une présence toujours plus vraie, plus vivante et plus réelle. L’être ignore la stagnation. C’est une tension vers la présence, un élan inachevé vers la plénitude du réel. J’entends toujours les mêmes objections : la responsabilité, l’engagement, le service du prochain... Comme si le souci de l’être pouvait entraîner une sorte d’indifférence au monde et aux autres. Il creuse un certain détachement, une distance qui inspire la suspicion, mais qui très vite s’affirme comme un espace de clarté et de vérité où chaque chose reprend sa place et sa taille.
Nous préférons la visibilité, l’immédiateté du geste. Au risque de la turbulence et de la perte du sens. Nous ne jurons que par l’efficience, le concret, le résultat à tout prix, sans nous préoccuper du goût et de la valeur nutritive des fruits que nous produisons. Pires que Thomas, nous ne croyons finalement qu’au tangible, au palpable, à la monnaie sonnante et trébuchante.
Évoquer l’être est souvent compris comme une atteinte à l’activité humaine. Nous ne mesurons pas combien l’écoute, l’attention aux autres comme à soi-même nécessite de présence active. Que l’on examine seulement la qualité de notre attention : quelle absence, la plupart du temps, quel vide à la fin d’une journée !
Pourtant, si nous vivions davantage dans l’être, notre vie aurait plus de sens. Etty Hillesum (1914-1943) a vécu une conversion fondamentale. Au cœur de la Seconde Guerre mondiale, cette jeune femme juive a préféré la consistance de l’être à l’effervescence de la vie. Elle notait dans son journal : " Mon faire consistera à être. " Cet enracinement paradoxal dans l’être lui a permis de se tenir debout, toujours présente aux autres, jusqu’aux heures décisives d’Auschwitz. Alors que l’action n’était plus une priorité, le jaillissement spontané d’elle-même à l’être l’avait rendue à sa vérité.
" Être présent à cent pour cent ", écrit-elle encore. Une quête de plénitude l’anime, plus qu’une quête de sens. Une quête de stabilité intérieure, une soif de réalité, en réaction à l’extrême dispersion de la vie. Le problème de nos existences n’est pas tant le manque de sens que l’inconsistance de nos intérêts, de nos soucis, des menus plaisirs que nous poursuivons et qui nous émiettent. C’est l’essentiel que nous avons perdu, comme un squelette qui nous manque cruellement quand nous cherchons à nous redresser. Il serait vain de vouloir ranimer le dilemme désuet de l’être et du faire, l’opposition artificielle entre Marthe et Marie, l’engagement et le recueillement. Mais il faut nous méfier des fusions aussi rapides que superficielles, où l’on croit dépasser les contraires en les niant. L’équilibre est dans la hiérarchisation des valeurs, selon un axe bien net : être d’abord, être uniquement, totalement, afin que le faire devienne l’expression naturelle de ce que nous sommes.
Ces deux valeurs demeurent complémentaires, mais l’une doit dépasser l’autre. Si l’on persiste à les croire d’égale importance, il y aura nécessairement illusion. Car elles exercent une lutte qui nous échappe, où le paraître finit toujours par l’emporter. À nous donc de choisir à laquelle donner la primauté qui orientera toute notre existence. Or l’extériorité ne peut pas avoir la primeur sur toute une vie. Le besoin de visibilité, de reconnaissance à tout prix, devient alors une tyrannie qui ruine toute profondeur, et finalement toute crédibilité.
source : La Vie
Être : une exigence. Adhérer plus fortement, plus étroitement à ce principe de croissance inscrit en nos cœurs et qui consiste à accéder à une présence toujours plus vraie, plus vivante et plus réelle. L’être ignore la stagnation. C’est une tension vers la présence, un élan inachevé vers la plénitude du réel. J’entends toujours les mêmes objections : la responsabilité, l’engagement, le service du prochain... Comme si le souci de l’être pouvait entraîner une sorte d’indifférence au monde et aux autres. Il creuse un certain détachement, une distance qui inspire la suspicion, mais qui très vite s’affirme comme un espace de clarté et de vérité où chaque chose reprend sa place et sa taille.
Nous préférons la visibilité, l’immédiateté du geste. Au risque de la turbulence et de la perte du sens. Nous ne jurons que par l’efficience, le concret, le résultat à tout prix, sans nous préoccuper du goût et de la valeur nutritive des fruits que nous produisons. Pires que Thomas, nous ne croyons finalement qu’au tangible, au palpable, à la monnaie sonnante et trébuchante.
Évoquer l’être est souvent compris comme une atteinte à l’activité humaine. Nous ne mesurons pas combien l’écoute, l’attention aux autres comme à soi-même nécessite de présence active. Que l’on examine seulement la qualité de notre attention : quelle absence, la plupart du temps, quel vide à la fin d’une journée !
Pourtant, si nous vivions davantage dans l’être, notre vie aurait plus de sens. Etty Hillesum (1914-1943) a vécu une conversion fondamentale. Au cœur de la Seconde Guerre mondiale, cette jeune femme juive a préféré la consistance de l’être à l’effervescence de la vie. Elle notait dans son journal : " Mon faire consistera à être. " Cet enracinement paradoxal dans l’être lui a permis de se tenir debout, toujours présente aux autres, jusqu’aux heures décisives d’Auschwitz. Alors que l’action n’était plus une priorité, le jaillissement spontané d’elle-même à l’être l’avait rendue à sa vérité.
" Être présent à cent pour cent ", écrit-elle encore. Une quête de plénitude l’anime, plus qu’une quête de sens. Une quête de stabilité intérieure, une soif de réalité, en réaction à l’extrême dispersion de la vie. Le problème de nos existences n’est pas tant le manque de sens que l’inconsistance de nos intérêts, de nos soucis, des menus plaisirs que nous poursuivons et qui nous émiettent. C’est l’essentiel que nous avons perdu, comme un squelette qui nous manque cruellement quand nous cherchons à nous redresser. Il serait vain de vouloir ranimer le dilemme désuet de l’être et du faire, l’opposition artificielle entre Marthe et Marie, l’engagement et le recueillement. Mais il faut nous méfier des fusions aussi rapides que superficielles, où l’on croit dépasser les contraires en les niant. L’équilibre est dans la hiérarchisation des valeurs, selon un axe bien net : être d’abord, être uniquement, totalement, afin que le faire devienne l’expression naturelle de ce que nous sommes.
Ces deux valeurs demeurent complémentaires, mais l’une doit dépasser l’autre. Si l’on persiste à les croire d’égale importance, il y aura nécessairement illusion. Car elles exercent une lutte qui nous échappe, où le paraître finit toujours par l’emporter. À nous donc de choisir à laquelle donner la primauté qui orientera toute notre existence. Or l’extériorité ne peut pas avoir la primeur sur toute une vie. Le besoin de visibilité, de reconnaissance à tout prix, devient alors une tyrannie qui ruine toute profondeur, et finalement toute crédibilité.
source : La Vie
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présence,
recueillement,
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samedi 22 juin 2013
Arrêt à la source...
vendredi 21 juin 2013
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