samedi 8 novembre 2008

Vivre avec soi par Alexandre Jollien


« L'affirmation de soi, c'est repérer ce qui est le plus profond en moi, le plus fidèle à moi. Une grande source de souffrance consiste à vouloir ce qu'ont les autres. Pour s'en guérir, il faut cesser d'être son propre juge et arrêter de se comparer aux autres. Spinoza rapporte l'exemple de l'aveugle, qui est parfait en soi : ce n'est que s'il se compare aux autres qu'il perçoit sa cécité comme un manque. Quelle est la place de la comparaison dans ma vie? Je me souviens d'une discussion avec un jeune moine bouddhiste à qui je disais : "Vous, vous êtes au-dessus de ça", et qui m'a répondu : "Pas du tout, je suis jaloux de cet autre moine parce qu'il est plus compatissant que moi." Une fois encore, il ne s'agit ni de se priver, ni de culpabiliser. Il faut juste ne pas être dupe de notre désir. Faire semblant de ne pas être envieux ou jaloux serait se mentir à soi-même. Quand j'entre dans une librairie et que je vois des piles de livres de Luc Ferry, je suis envieux de sa réussite, je l'admets. Mais si je commence à faire semblant de ne pas l'être, je ne suis pas dans la vérité de moi-même. »
dernier extrait du magazine Psychologies de novembre 2006

7 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est essentiel ce qu'il dit car il faut apprendre à tout repérer,y compris les petits détails de notre vie, de nos pensées. C'est ça la vigilance.

martine a dit…

Tout à fait !
Savoir reconnaître et surtout, oser reconnaître tout ce qui nous anime ; ne pas être dupe et ne pas faire semblant...
Sur ce chemin, il m'est impossible de faire semblant aujourd'hui.
Pas toujours confortable, mais tellement vrai !
...

Anonyme a dit…

Bonsoir,...
Puisque j'avais recopié ce passage...

Alexandre Jollien dans « La construction de soi » s’adresse à Spinoza :


J’ai mieux compris la souffrance d’être « différent », les moqueries et ma volonté d’être normal. Je ne conçois guère de regrets lorsque j’observe une mésange virevolter dans le ciel. Je n’ai pas d’ailes et elles ne me font pas défaut. Pourtant, imaginons que les hommes, les femmes, tous les êtres qui m’entourent puissent voler. Il y a fort à parier que j’envierai ces drôles d’oiseaux. Oui, c’est la comparaison qui accentue les privations et inflige les différences. En une page vous illustrez les combats de ma vie. Avec finesse, vous mettez les doigts sur une blessure. Je la devine désormais ; « Tu as vu le vélo à trois roues ? », « Il est rigolo le monsieur sur son tricycle ». Pour assumer ma singularité, j’ai ouvert votre Ethique.

Pour nous rassurer, nous comparons. Cependant en scrutant les autres, nous nous exposons à l’exclusion, à la différence, au manque. Comment en finir avec cette propension à se référer sans cesse à des modèles ?

Depuis peu, depuis vous, je commence à bannir les comparaisons sans devenir assez fou pour vouloir toutes les abolir. Simplement, je souhaite les purifier et ne conserver que celles qui me sont réellement utiles. Certes l’existence réclame ses références et une tonique émulation libère les possibilités qui sommeillent dans un individu. D’ailleurs l’esprit possède par induction, il tire profit de l’expérience, analyse et extrait une loi de la multiplicité des situations. Sans relâche il établit des parallèles, ose des rapprochements pour y puiser de profitables enseignements. Aussi, c’est grâce à la comparaison que je n’ai pas besoin de me brûler deux fois les doigts pour savoir que l’eau bouillante est dangereuse. Il serait vain d’éliminer cet instrument de la vie.

Une chose est de l’utiliser comme un moyen de progresser, une autre de l’installer au cœur de la vie. Celui qui dirige systématiquement son regard ailleurs, en se laissant déterminer par ce qu’il aperçoit, finit par ressembler à une éponge, ou à un esclave qui n’existe que par imitation. Naturellement, le spectacle du bonheur, le renvoyant à ses propres échecs, le plongera non dans la joie, mais dans la haine de soi. A l’inverse, quand le mécontentement et l’envie nous tiraille, il est tentant de nous rassurer en nous attardant sur le sort des plus malheureux. Tant que nous ne vivons que relativement à nos semblables, tant que nous quémandons au premier venu son approbation, ses louanges, nous ne saurions jouir de la paix. Réconfort, amour, assurance, se cultive aussi à domicile. Comment cesser de continuellement nous positionner par rapport à autrui ?



Alexandre Jollien

Catherine Bondy:Psycho-Praticienne et Peintre. a dit…

sur ce thème , j'ai baucoup aimé :
"La liberté d'Etre"
de Peter Fenner.
éd:La Sagesse Eternelle
et du même auteur :
" Le Courage de se Libérer"
Oui ! le Chêne est différent du Hêtre. Chacun son essence , sa spécificité .
AVOIR LE COURAGE D'ETRE SOI !

Acouphene a dit…

merci pour le texte Yog

martine a dit…

un grand merci Yog ! je reviendrai le lire ultérieurement.
merci à vous tous et excellente journée.

philippe a dit…

Il est le bienvenu ce Alexandre Jolien,car il me ressemble.
Oui,en moi,il y a le meilleur du meilleur et le pire du pire,alors,je l'admets.
Merci à vous tous.