mardi 29 octobre 2024

Garantie sur le chemin.

Le Védanta et l’inconscient – Arnaud Desjardins (extrait)

 


"Le disciple se conduit avec intelligence et sympathie. J’entends encore la voix de Swâmiji dire : « Be a little intelligent and sympathetic », « Soyez un petit peu intelligent, avec un petit peu de sympathie. » Le disciple en vous se conduit avec intelligence et sympathie pour tous les autres aspects de vous-mêmes. Que cela vous serve de critère. Si ce que vous prenez pour le disciple en vous n’a pas de sympathie pour les autres aspects de vous-mêmes, ça ne peut pas être le disciple et, s’il prend peur devant tel ou tel aspect de vous-mêmes, il n’est plus du tout intelligent. La peur voile l’intelligence. Il faut qu’en vous le disciple soit un peu intelligent et ait un peu de sympathie pour tous les autres aspects de vous-mêmes. C’est la seule garantie d’un chemin juste."

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lundi 28 octobre 2024

Gassho, se rassembler et redonner

"Dans les temples bouddhistes, nombreux sont les gestes du quotidien porteurs de sens profond, ancrés dans la vie des moines et pratiquants et qui nous paraissent si naturels que l’on ne demande pas ce qu’ils représentent. Joshin Bachoux nous explique toute la signification du geste « Gasshô », geste de salutation et de vénération que l’on effectue en conscience et qui se pratique au quotidien au sein des monastères et dans la vie laïque."


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dimanche 27 octobre 2024

Fourbu

FOURBU
Je partage ici ce texte écrit il y a des décennies par un prêtre de paroisse et retrouvé dans les archives de ma famille. Il me parle. Gilles Farcet
seigneur
ce matin
chancelant sous l’impact
d’une énième insomnie
je pense à la cohorte
de tes serviteurs fourbus
courbés sous le fardeau
des confessions
des misères ordinaires
brassées à pleine mains
des détresses déposées

à leurs pieds , au quotidien
ébranlés
par cette masse compacte
d’attentes
de plaintes et de murmures
engoncés dans cette gangue
de douleurs aveugles
parfois suffoqués
sous cet incessant reflux
eux tous, tes pauvres journaliers
au dos cassé à force
de travail dans tes champs
usés de ce labeur ingrat
eux tous et chacun d’eux
fourbus
et Te priant
et se priant les uns les autres
dans l’obscurité de leur tête à tête avec toi
dans l’éternité bienheureuse
du service
qui est sa propre récompense

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samedi 26 octobre 2024

Mise en lumière d'une œuvre

 Les couleurs, la lumière à la prière répondent.

Chaque moment a sa teinte qui peut changer à la lumière de notre regard.

Merci Kabbalah Vitrail pour avoir immobilisé le changement à l'œuvre.





Nous avons deux mains également. L'une pour accueillir le réel, l'autre pour partager l'irréel.


"Commander un vitrail à Kabbalah Vitrail, c'est entrer dans un processus où nous serons invités à devenir cocréateurs de l'œuvre magnifique que crée pour nous l'artiste : non seulement le choix minutieux de chaque couleur nous est offert, ainsi que celui de chaque verre (opaque ou transparent), mais chaque teinte et chaque fragment de verre nous sont proposés en photographie pour que nous puissions opérer le choix le plus judicieux possible. 

Nous avons pu réfléchir avec elle à la couleur de chaque sephirah, en relation avec la symbolique précise de celle-ci, ainsi qu'aux teintes qui l'entourent pour que cet Arbre de Vie puisse rayonner de tout son éclat. La transparence et l'opacité des verres choisis ajoutent encore leurs nuances à cette symbolique.

Maintenant que notre Arbre est achevé et installé, nous pouvons déjà en admirer la vie propre, qui se prolonge et qui s'anime encore différemment selon les heures du jour... C'est là une oeuvre en mouvement perpétuel, sans cesse sculptée par les mains de la grande Lumière...

C'est donc dans une véritable aventure, intérieure et extérieure, que nous nous sommes engagés avec cette artiste du vitrail. Nous lui sommes infiniment reconnaissants pour sa patience, sa générosité, sa gentillesse et son professionnalisme. 

Nous recommandons chaleureusement toute commande adressée à cette merveilleuse artiste !"

Sabine Dewulf


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vendredi 25 octobre 2024

Résistance à l'émotion...

 
Toute résistance à l'instant, à ce qui est là devant toi, provoque un mouvement de recherche en vue de trouver un refuge temporaire, un endroit qui sert à te calmer, ou même une pensée qui te soulage. Les refuges peuvent être mentaux, émotionnels ou physiques. Ils nous semblent sécuritaires. Ils tentent d'apaiser le personnage qui a peur d'affronter la réalité, en masquant celle-ci, en la niant ou en tentant de l'améliorer.

Ils sont le carburant de la machine à rêver. Ils agissent comme des pansements sur vos vieilles blessures, au lieu de vous permettre d'y faire face. Ils empêchent vos émotions de terminer leur route, de se déraciner. La résistance à l'émotion provoque une cristallisation et une densification du personnage imaginaire auquel on s'identifie.

~ Betty Quirion

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jeudi 24 octobre 2024

Derrière le Je...

 


« Si je voulais partager un message avec le monde entier...

Je dirais ne vous inquiétez de rien.

Vous vous en souvenez, vous n'êtes pas ici par accident. Même sous cette forme. C'est juste un costume que vous devez porter pendant un certain temps. Mais celui qui est derrière ce costume, celui-là est éternel.

Si vous le savez et avez confiance en cela, vous ne réagirez pas et n'agirez pas si prématurément.

Vous resterez simplement silencieux et permettrez à votre esprit de revenir gentiment dans votre cœur. Ensuite, vous commencerez à voir à partir de votre état naturel.

Votre cœur est si plein d'amour et de paix.

Vous n'avez pas besoin d'aller en Inde pour trouver la paix, vous n'avez pas besoin d'aller dans l'Himalaya ou dans les Caraïbes pour trouver la paix et le bonheur parce que c'est juste là où vous êtes.

Je veux partager quelque chose avec vous :

Quand vous dites " Je "... Le vrai sens de " Je " c'est la Joie, c'est le Bonheur, c'est la Vie et le Témoin de la Vie.

Toutes les autres choses passent à côté. Comme des nuages ​​dans le ciel. Vous ne voulez pas vous accrocher à aucun nuage, sinon combien de temps cela va-t-il durer? Laissez-les passer. Laissez-les passer.

Quoi qu'il arrive dans la vie, tout va bien.

Soyez simplement Heureux, Heureux, Heureux ! »

~ Mooji

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mercredi 23 octobre 2024

Dynamique du travail


 LES AVANIES DE L’EMPATHIE (POSSIBLE INSTRUMENTALISATION DU PROCESSUS THERAPEUTIQUE AU DÉTRIMENT DE LA DYNAMIQUE DU "TRAVAIL"...

Le rôle des thérapeutes plus ou moins en lien avec la voie peut s’avérer involontairement pernicieux à partir du moment où ils ne font pas clairement la différence entre accompagnement dans la maturation et rééquilibrage de surface. 

J’ai souvent  - pas toujours heureusement - observé qu’une personne occupée à éviter une étape cruciale sur son chemin proprement spirituel va chercher - tout cela inconsciemment bien entendu - à instrumentaliser le thérapeute, si thérapeute il y a, dans son processus d’évitement. 

En pratique, la personne demande au thérapeute de le rééquilibrer.  


Et ce dernier, peut, quelles que soient ses compétences, facilement tomber dans le piège si il ou elle n’est pas lui même complètement au clair sur sa relation avec son propre maître et avec les instructeurs affiliés à cette voie, ou/et n’est pas lui même  suffisamment passé par ce processus.  

J’ai ainsi vu des personnes consacrer beaucoup de temps et d’énergie à se rééquilibrer en surface avec l’aide dévouée d’un thérapeute sincèrement convaincu et parfois pas mécontent de « réparer » les dommages causés par tel ou tel transmetteur pourtant a priori qualifié … 

Or, il eût été, du moins du point de vue du processus profond de la voie, bien plus profitable à ces personnes de rester momentanément « en déséquilibre » et d’être éventuellement aidées par leur thérapeute à le traverser pour parvenir à entrevoir une autre perspective, plutôt que de trouver oreille complaisante aux « torts » subis. 

C’est par excellence une question fort délicate , dont je suis bien conscient qu’elle peut donner lieu  à toutes sortes de réfutations raisonnables. 

Ou en serai je si j’avais eu la mauvaise idée d’instrumentaliser un autre instructeur prêt à tomber dans le piège ou un thérapeute, pour me rééquilibrer suite aux maintes secousses reçues de mon maître , voire parfois d’autres personnes au service du travail de mon maître ? 

En pratique, il s’agit d’un stade du cheminement où les logiques thérapeutiques classiques et la logique du travail proprement spirituel peuvent réellement diverger. 

Bien entendu, les enseignants spirituels mal positionnés et non intègres s’empresseront de justifier leurs abus en invoquant les nécessités du « travail »… C’est pourquoi tout cela demeure encore une fois bien délicat.

Gilles Farcet

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mardi 22 octobre 2024

Fraîcheur de l'instant

 Extrait du livre de Betty Quirion "La Fraîcheur de l'instant, la fin d'un rêve d'individualité".


Quand les nombreuses empreintes mémorielles se réactivent, je reviens toujours à l’instant, sans aucune interprétation. Calmement, j’accueille l’instant, peu importe comment je l’interprète. L’instant est d’une parfaite précision, car, tel un miroir, il reflète qui je crois être. 

Si les émotions me brûlent, je reste là, dans l’instant, sans bouger, sachant qu’elles sont passagères. Si j’ai l’impression que rien ne semble arriver, je reste là, de la même manière! Si tout semble évoluer ou se détériorer, je reste toujours là. Tout est vu comme passager. Habituée à gérer des excès d’agitation et de crispation, quand je ressens une impression d’ennui, je reviens à l’instant présent, où toute possibilité d’identifier un état vole en mille éclats.

Je reste là sans rien attendre, détendue, sans fuir, sans retour dans le passé, sans cette habitude de toujours puiser dans des références apaisantes, sans imaginer un futur réconfortant. En même temps, le corps me donne parfois un message de forte tension, provoquée par l’opposition entre mon ancien mode de fonctionnement (croire) et celui-ci (voir).

 Me remettre continuellement dans l’instant désencombre le mental et me rend disponible pour voir.

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lundi 21 octobre 2024

Passage d'un monde à l'autre

 Voici ma recension du dernier livre de Lily Jattiot, "Apocalypse - Passage d'un monde", un ouvrage passionnant ! Bonne lecture !

Lily Jattiot est psychanalyste jungienne, proche d’Arnaud Desjardins. Elle publie ici son quatrième ouvrage aux éditions Accarias L'Originel

Dans un langage clair, elle fonde son interprétation de l’Apocalypse biblique sur ses connaissances, son cheminement intérieur et son regard lucide sur notre monde contemporain, dont elle éclaire les nœuds et les tragédies en les replaçant dans une perspective liée à l’aventure universelle de la conscience : dans ce livre passionnant, nos cataclysmes se retournent, deviennent passages à vivre, ombres ouvertes à la Lumière, marches vers l’Immense.
Le premier chapitre nous expose les trois principes fondateurs de sa pensée. Premièrement, l’être humain est fondamentalement religieux : même s’il se dit athée, il cherche toujours à se relier à une dimension transcendante, qu’il sacralise. Deuxièmement, le monde psychique fait partie de la réalité objective : il contient les images archétypiques qui reflètent le Réel lui-même (au-delà de la distinction sujet/objet, esprit/matière…), source de toute joie. Troisièmement, il existe une analogie profonde entre les réalités supérieures (la lumière, le bien, la rationalité…) et inférieures (l’ombre, le mal, la subjectivité…) : les lois sont identiques d’une extrémité à l’autre de l’univers, parce que tout réside dans l’Esprit intemporel, dont la nature est d’Être.
Le chapitre 2 invite à prêter attention aux passeurs de l’Esprit, souvent peu visibles, qui œuvrent discrètement pour la guérison du monde, même à notre époque : l’effondrement de nos repères rejoint la notion d’Apocalypse, qui signifie « révélation », laquelle ne peut s’opérer que par ces passages vers un autre monde que nous vivons au long de notre existence, entre les deux transitions les plus spectaculaires que sont notre naissance et notre mort, et dont nous avons à saisir la symbolique au moment où nous les traversons.

Le chapitre 3, le plus long, expose en détail la symbolique de l’Apocalypse, le dernier livre de la Bible de Jérusalem. Il s’agit d’un récit visionnaire et prophétique de la fin du premier siècle après J-C. C’est un message de grande Espérance, qui traverse les âges par la puissance de ses symboles. Lily Jattiot commence par nous résumer ce mystérieux récit, depuis la libération des catastrophes par l’ouverture des sept sceaux du Livre de l’Alliance jusqu’à l’avènement de la Jérusalem céleste. Ensuite, elle nous livre une interprétation, parmi d’autres possibles, précise-t-elle, des principaux éléments de ce récit :
1) Les justes, parmi lesquels on distingue les êtres célestes (les anges, dépositaires de la hiérarchie des valeurs) et terrestres (les quatre Evangélistes, témoins de l’Unité et exemples d’humanité, et la femme enceinte, symbole de la puissance du féminin dans notre monde et de l’enfantement de l’Esprit).
2) Les êtres mauvais, dont le dragon (qui représente les forces archaïques de la psyché, la libido, l’énergie vitale, la dévoration et la démesure), la Bête immonde (qui terrorise et fascine par cet instinct de mort et cet aveuglement qui sévit jusqu’en nous-mêmes), les quatre cavaliers (symboles des principales folies de l’humanité : l’esprit de conquête, la colère haineuse, le désir calculateur et la maladie) et la Grande Prostituée (celle qui fait commerce de tout, crée de faux besoins et, au fond, se méprise elle-même).
3) La source divine, incarnée par l’Agneau : la reconnaître, c’est consentir à mourir à soi-même, à faire offrande, à se sacrifier (faire sacré) en renonçant à l’inessentiel, pour gagner la Jérusalem céleste, « lieu du grand repos dans la lumière divine »
4) Les nombres, qui gouvernent le rythme de la vie universelle : certains symbolisent l’achevé (1, l’unité, 4, la solidité, 7, la totalité parfaite, 12, le cycle parfait) et d’autres, l’inachevé (2, la dualité, 6, l’insatisfaction, 666, la séparation diabolique). Le nombre 3, lui, représente les deux à la fois : c’est le nombre du paradoxe divin.
Quant au chapitre 4, il propose trois perspectives : à la nécessité de s’unifier, collectivement et individuellement, pour accéder à un plan de conscience plus vaste, fait de clairvoyance et d’amour, succèdent le recours à la spiritualité (à condition d’en percevoir les pièges, tant en Orient qu’en Occident) et ce que l’auteure appelle la « voie de la Personne ou du Sujet » : « notre capacité de dire « je » toujours relié au grand « Je » », fruit de la spiritualité occidentale.

Sabine Dewulf
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dimanche 20 octobre 2024

Un grand et un petit retournement

 Les anciens chamans ou thérapeutes allaient à la recherche de l’âme perdue ou exilée de ceux qui étaient considérés comme des corps malades ou malheureux.


Leur âme perdue, c’est leur énergie perdue, leur santé, leur souffle, la vibration subtile de leurs corps vivants.

Leur âme perdue, c’est leur conscience perdue, cette lumière, ce discernement, cette claire vision de tout ce qui est, sans jugement.

Leur âme perdue, c’est leur bonté perdue, cette bienveillance qui reconnaît et respecte tout ce qui existe, qui ne fait qu’« un avec ».

Leur âme perdue, c’est leur silence perdu, l’infini, la liberté qui contient tous les bruits du monde et ne s’arrête en aucun.

Cette âme perdue, pourtant, elle n’est jamais loin…

La vie, la conscience, l’amour, le silence, ne sont jamais loin…

C’est le revers de l’unique médaille, l’implicite de l’explicite, l’intérieur de l’extérieur, l’invisible du visible, l’onde de la particule, le Réel en toute réalité.

Chaque instant d’attention, c’est le retour de la conscience perdue, ce retournement de la médaille.

Chaque instant de bonté et de générosité gratuite, c’est le retour de l’amour perdu, le retournement de la médaille.

Chaque instant de plaisir, c’est le retour de l’énergie perdue.

Chaque instant est une occasion favorable d’accueillir la vie, la conscience, l’amour, le silence souvent oubliés, jamais perdus, c’est un grand et un petit retournement.

 Jean-Yves Leloup, octobre 2024

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samedi 19 octobre 2024

Réveiller votre énergie vitale

Durée : 2 à 3 minutes.

Bienfaits : Refait circuler l'énergie mise au repos pendant le sommeil, redonne de la confiance et de l’enthousiasme pour démarrer sa journée en douceur.

Position de départ : Debout en position initiale.

Déroulé

Imaginez-vous comme un oiseau prêt à décoller.

Inspirez par le nez et levez vos bras comme pour déployer vos ailes.

À hauteur des épaules, tournez les paumes vers le ciel, levez vos bras en vous mettant sur la pointe des pieds comme pour aller plus haut.

Expirez profondément par la bouche en reposant vos talons au sol et en ramenant vos bras le long du corps.

Renouvelez l’enchaînement durant 2 minutes.

Pendant la dernière minute, inspirez, levez les bras à hauteur des épaules puis étirez-les au maximum sur les côtés.

Maintenez l’air dans vos poumons ainsi que l’étirement pendant 5 secondes.

Expirez en relâchant les bras.

Le plus : 
Si vous avez besoin de retrouver plus d’énergie, secouez-vous quelques instants avant de commencer.

Comment ça marche ?

Les étirements de bon matin assurent une mise en circulation et une stimulation de l’énergie et de la circulation sanguine dans l’organisme. Ils sont idéals pour dissiper les raideurs matinales musculaires ou articulaires.

Extrait de "Je booste ma santé" par Nathalie Bonnaud

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vendredi 18 octobre 2024

Le rejet

 La douleur causée par le rejet appartient au patrimoine émotionnel de l’humanité, quelles que soient l’époque et la culture. Les enfants le ressentent avec une force exponentielle lorsqu’il émane d’un des parents. Qu’est-il de pire que se trouver en butte à l’hostilité de la personne dont on attend amour et protection ? Comme ce besoin est vital pour l’enfant, pendant longtemps il ne peut que se tourner vers son parent en attendant du positif. Chaque manifestation agressive l’atteint en plein cœur, occasionnant une douleur terrible. Il ne sait pas s’en défendre. Quand on reçoit l’exact opposé de ce qu’on attend, c’est insupportable. De là, on peut comprendre la véhémence de la réaction allergique - « Comment peux-tu me faire ça, moi qui t’aime tant et qui ai tant besoin de toi ! »

La personne immunodéprimée, comme nous l’avons vu précédemment, vivra le rejet en se repliant, se mettant d’elle-même à l'écart, aussitôt qu’elle aura l’impression qu’on ne veut pas d’elle.


Pour l'allergique au rejet, tout signe quelle interprétera dans ce sens aura l’effet immédiat d’une brûlure au fer rouge. Une simple neutralité témoignée par les autres, une vague indifférence, un peu de distance, l’attention portée ailleurs sont instantanément traduits en preuves négatives : « On ne m’aime pas, on ne veut pas de moi. » En fait, il veut un amour absolu, inconditionnel, sans la moindre réserve. Seule l’expression très marquée de chaleur, d’acceptation parvient à ne pas déclencher le cataclysme - encore faut-il quelle soit manifestée d’emblée, sinon la mécanique infernale s’enclenche. Quelle forme prend celle-ci ?

Aussitôt que, dans une relation, Urtic a franchi ce seuil de déclenchement, la violence du ressenti engendre une agressivité qu’il ne peut contenir. Il fait pleuvoir reproches et récriminations, il devient inquisiteur. Il cherche à prouver à l’autre son rejet, il l’en accuse. Devant cette offensive soudaine et déconcertante, l’autre se défend comme il peut, jure ses grands dieu qu’il n’éprouve rien de négatif. Peine perdue, Urtic n’en croît rien et s’acharne à lui démontrer le contraire. Son entêtement finit par lasser son interlocuteur qui commence à s’agacer de ce procès d’intention. Si ce dernier a le malheur de l’exprimer, notre allergique triomphe : la preuve du rejet, la voilà il le savait bien ! Le piège se referme, Urtic n’en démordra plus. Il ne peut s’empêcher de réagir comme il le fait, cela le dépasse. Quoi que l’autre dise ou fasse, il aura « faux » et sera réduit à l’impuissance. La rancœur d’Urtic s’autojustifie par des interprétations qui deviennent aussitôt des certitudes. Il se raidit dans des jugements hâtifs et irrévocables.

Mettre en cause cette mécanique de guerre demande de revenir à soi, chose difficile quand l’attention se focalise sur l’autre et qu’elle lui attribue la responsabilité du scénario négatif. Vouloir montrer sa projection du rejet à Urtic risquerait fort de tourner à une argumentation inefficace. Il a besoin d’explorer les origines de sa réaction dans son histoire pour identifier la relation primaire où elle prend sa source. Constater le poids du passé, comprendre l’intensité de la douleur de l’enfant confronté à un parent hostile installe progressivement une profondeur de champ, alors qu’Urtic était pris dans l’urgence de l’immédiateté, sans recul possible. Sa projection lui devient perceptible et il entraperçoit qu’au présent l’autre n’est pas concerné comme il en était persuadé. Il a besoin de contacter en lui-même tout le ressentiment qu’il a accumulé envers le parent rejetant. Cette émotion manifeste en image inversée sa demande d’amour qu’il réclame encore maintenant. Prendre conscience du caractère impérieux de son exigence dans les relations, reconnaître que cela lui appartient et que son entourage ne peut combler son manque représente un cheminement important qui prend du temps. Le travail thérapeutique joue un rôle essentiel pour ne pas répéter indéfiniment ces scènes affligeantes. Vivre une relation de soutien, d’accueil, d’empathie avec le thérapeute contribue également à désensibiliser la réaction allergique.

Dans certains cas, le triomphe de vérifier le scénario de rejet tourne à la défaite amère. Le sentiment de solitude revient en boomerang et, avec lui, le désespoir de faire le vide autour de soi. Au fond de lui, Urtic soupçonne que ses réactions éloignent les autres. La forte charge émotionnelle qui l’emporte l’aveugle. Il croit défendre farouchement son intérêt alors qu’il le ruine par son intolérance. Quand l’allergie devient à ce point destructrice à son propre détriment, elle se rapproche du trouble auto-immun. Si Urtic prend conscience du saccage créé par son agressivité, celle-ci se retourne contre lui-même et il peut s’en vouloir jusqu’à se haïr.

Christophe Massin

Savoir se défendre - L'immunité psychique

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jeudi 17 octobre 2024

Vivre après...

 « Comment notre famille peut survivre à ça ? ». 

Voilà la question que s’est posée Anne-Dauphine Julliand après avoir perdu trois de ses 4 enfants.



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