lundi 12 mai 2008

Rencontre avec Daniel et Colette Roumanoff

J’ai rencontré, avec le groupe de Bruxelles, ce samedi 10 mai, Colette et Daniel Roumanoff. Je vous en laisse quelques empreintes.
Tout d'abord Daniel a expliqué qu'un diagnostic médical lui avait révélé qu'il était atteint de la maladie d'Alzheimer et que donc, par moments, il aurait des pertes de mémoire. Il a ajouté que son médecin lui avait demandé, en le voyant souriant et serein, de témoigner en tant que malade, sur ce thème : "comment peut-on être heureux en ayant la maladie d'Alzheimer ?".

A la première question sur ce qu'il retient d'essentiel de sa rencontre avec Svami Prajnanpad, il répond :
"Etes-vous à l'aise ou pas ? Ce qui compte, c'est la manière dont on reçoit les choses... Et qu'est-ce qu'on en fait ?"

Daniel explique qu'à la mort de Swami Prajnanpad, il a senti qu'un trésor pouvait disparaître. Il a donc passé plus de 30 ans de son existence à réunir les paroles et les histoires de Swamiji. Son "testament" sera les 3 tomes qui vont paraître aux éditions "L'originel" et dont le titre est "La connaissance de soi".

De sa relation avec Swamiji, il dit ceci :
- « Une relation de reconnaissance et de joie, c'est ce que je ressens. Rien ne me prédestinait à rencontrer des sages indiens... Je fais toujours appel à lui en cas de difficultés. Je ressens sa présence, une présence permanente qui me guide, dont je suis très heureux. »
- « La difficulté est devenu le marchepied de la délivrance. On transforme le désagréable en quelque chose d'agréable. »


Daniel Roumanoff est souvent revenu sur la phrase de Swami Prajnanpad : « Your being attract your life » et qu'il traduit par : « La vie que l'on a est produite par ce que l'on est. »
- « C'est vraiment intéressant, les choses qui nous arrivent. »

Colette Roumanoff a pris la parole très souvent. Voici quelques unes de ces phrases :
- « On ne sait pas la souffrance des gens. On est parachuté on ne sait où. La situation de tout être humain, elle est dramatique en soi. L'idée de ne pas avoir de chance est à remettre en question. Vous ne savez pas ce qui est pire, ce qui est facile, ce qui est difficile. »
- « A quoi ça sert de se comparer ? A rien. »
- « Si on arrive vraiment à se connaître soi-même, on connaît tout le monde. »
- « Prenez ce que vous avez (tout ce que la vie vous offre), c'est à vous. »
- « Il faut toujours partir de son expérience, dans ce qu'elle a de plus intime, de plus concret. »

-« Si on a une question, il faut garder la question jusqu'à ce qu'on ait la bonne réponse. […] On peut quelquefois attendre longtemps. »

Colette prend l'exemple écrit dans son livre pour illustrer son propos :
"Pourquoi j'ai battu une orpheline quand j'avais 7 ans ?" Cette question, elle l'a gardée sans véritable réponse jusqu'à 27 ans, lors de sa rencontre avec Swamiji. Celui-ci lui a dit d'essayer de voir les yeux de cette orpheline. Colette a mis la main devant ses propres yeux et le visage de l'orpheline est apparu "J'ai vu ses yeux et son visage, c'était moi l'orpheline, je n'avais pas de papa, je n'avais pas de maman."
Elle s’est mise à sangloter pendant que Swamiji disait : "Yes, yes , yes", en souriant.
Colette a dit : "I want to kill my mother."
"Very nice", a répondu Swamiji.


- « Dans votre coeur, quel que soit l’être humain que vous ayez en face de vous, vous ne le jugez pas. Vous savez qu'il est comme vous. »
Swamiji disait : « Vous pouvez tuer quelqu'un avec un sourire plein d'amour dans les yeux. »


Daniel Roumanoff nous a parlé ensuite de sa pratique de la méditation :
- « J'ai beaucoup pratiqué la méditation dans le sud de la France… Je méditais pendant des semaines entières. » Il explique qu'il a eu une révélation. L'état de contentement qu'il ressentait en méditation restait imparfait : « Il fallait redescendre sur terre. Il fallait m'ouvrir à ce qui est désagréable. Qu'est ce que je fais avec cette chose désagréable ? "
- « Ca frappe à la porte, et on l'accueille .»


Daniel a également insisté sur la voix intérieure.
- « On a chacun une voix intérieure qu'il s'agit d'écouter. Cette voix intérieure, elle ne nous raconte pas d'histoire."
- « Etre fidèle à la voix du coeur, elle ne trompe pas, on peut lui faire confiance. Ca consiste à s'ouvrir et à laisser rentrer. »
-« Il y a à la fois une ouverture et une discrimination. »
- « Savoir si la note est juste ou non, la note qui détend. »
- « J'ai le sentiment que tout le monde a cette sensibilité mais que peu de monde l'utilise. »

21 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci beaucoup, Acouphène, de nous faire partager cette rencontre ! J'en tire encore bien des choses.

Acouphene a dit…

J'ai pensé à toi philippe en réalisant ce post !

Acouphene a dit…

Oui Nathalie, je crois que le partage peut être utile.
Bonne journée !

Anonyme a dit…

Merci pour ce partage très fort . Il fait du bien. Sylvie

philippe a dit…

Toute ma reconnaissance Acouphène.

C'est vraiment beau et fort.
Yes!
Tu vis de belles rencontres en ce moment:le désert,les roumanoff,...

Anonyme a dit…

Trés riche partage, actuel et concret. C'est un bien beau cadeau en effet.
Merci Acouphène.

Mabes a dit…

Très belle nourriture, merci infiniment Acouphène...
je me demande quand je pourrai vraiment rattraper quinze jours de lecture sur ton blog si riche...;-)

Anonyme a dit…

Un butin pareil, ça se partage !
Merci.
Bon courage Mabes.

Anonyme a dit…

Je ne savais pas qu'ils partageaient leur expèrience. Grand merci. C'est bon d'entendre quelques phrases parfois nouvelles, et venant d'un même enseignement.

Anonyme a dit…

En relisant aujourd'hui, je me rends compte que j'avais zappé (et pour cause...) cette réplique :

Colette a dit : "I want to kill my mother."
"Very nice", a répondu Swamiji.

Arriver symboliquement à tuer son pere (ou sa mère), celui qui a blessé l'enfant au plus profond de son corps, de son âme, est une aventure vers laquelle je tends aujourd'hui dans mon travail personnel. J'ai bcp de mal bien sûr..

Mais je sais que c'est le prix à payer, il est très fort... mais c'est le prix je le sais, pour avancer enfin LIBRE...

Merci Acouphène de m'offrir cela puisqu'on sait bien que chacun pêche les poissons qu'il lui faut pour se nourrir !
Des bises.

Anonyme a dit…

En parlant de poisson, comment repêche-t-on un poisson qui s'est envolé ?
Plus sérieusement, je t'accompagne dans ce travail essentiel.
Je t'embrasse

Anonyme a dit…

Merci Madeleine. Oui c'est un travail essentiel, j'en ai grandement conscience et de plus en plus ; on ne peut en faire l'économie lorsqu'on est sur le chemin du spirituel.
Mais c'est terriblement difficile, dur.... car précisément le mental n'a plus aucune prise sur ce travail de renaissance, il faut le vivre vraiment, avec son coeur, avec ses tripes, se laisser fondre, se tremper dans le bouillon du chaudron magique libérateur !
Et comme disait Arnaud, lorsque le bloc de pierre est dynamité sur le chemin, il faut alors bcp de travail pour déblayer...
moi je pensais que j'avais simplement écarté la pierre.....
Je remercie la Vie, je rends grâce à Dieu

Acouphene a dit…

Martine, merci aussi pour tes patages. J'ai souvent pensé que cela était fini, que je pouvais sortir de la grotte parce que j'avais oté quelques pierres. Mais je suis de plus en plus certain, car je m'en approche, que le rocher qui me barre la route a de quoi me faire fuir ! Le prix à payer me semble vraiment important... Et la vie m'appelle à sortir...

Acouphene a dit…

partages !
Madeleine, dis-nous pour le poisson volant !

fishfish a dit…

Je t'embrasse acouphene.

Anonyme a dit…

Acouphène, tous ensemble, nous sommes plus forts et même si nous sommes seuls face à notre rocher intérieur, seuls à payer le prix fort, le souffle énergisant de nos envies de vivre libres est plus fort que tout !
Je te remercie et t'embrasse de tout coeur.

Acouphene a dit…

Je viens de finir de tondre (je réduis la biodiversité). Enfin je tonds juste pour montrer au voisin que j'entretiens encore !
Oui Martine, je le sens ce coeur commun qui bat à l'unisson et qui me porte !
Chaque pas personnel défriche le chemin universel !
Je t'embrasse de tout coeur également !

Anonyme a dit…

Formidable témoignage, une telle force dans ces mots ..merci à toi de nous les faire partager .
Ils me parlent particulièrement d'un chemin joyeux que j'emprunte souvent et qui fait dire autour de moi que je suis : trop malade pour être joyeuse ou trop joyeuse pour être malade ..tant le chemin de la présence à soi me semble éloigné de la raison .

Anonyme a dit…

Comme on se sent fort dans un couple quand on regarde tous les deux dans la même direction...
bises
Anne Marie

Acouphene a dit…

Oui, que c'est vrai Anne-Marie !

j-p gepetto a dit…

Je viens de découvrir ce témoignage, et je t'en suis reconnaissant. Lucide, éclairant.
J-P gepetto