mercredi 5 août 2020

Réponses de Jacques Castermane


1. Pourquoi avez-vous décidé de suivre l'enseignement de K.G.Dürckheim ?
 2. Quelle est l'expérience de K.G.Dürckheim ?
3. Quel style de méditation K.G. Dürckheim a-t-il proposé ?


*************

L'équilibre du Hara




**************

mardi 4 août 2020

Posture intérieure avec Christiane Singer


Une âsana, une posture parfaite, peut aussi, lorsque nous la vivons dans le paradoxe de son immobilité vibrante, manifester cet ordre amoureux, nous le faire sentir au niveau du corps. 
Lorsque le chevalet du violon est déplacé d’un millimètre, le son en est cassé ; de même, dans l’ordre du corps, lorsque l’empilement vertébral se vit dans sa perfection, dans sa tension et dans sa détente maximale, il engendre cette sensation d’ordre amoureux, d’ordre parfait. Il y a dans le corps une sensation aussi fugitive que l’éclair qui nous met debout, tendu et frémissant, à en mourir presque,  comme l’est la corde du violon dans la fulgurante évidence : un instant de cette divinité.
Dans la parfaite ordonnance des vertèbres, des tendons, des nerfs, se reflète un instant l’ordre du cosmos, cet ordre amoureux.
                    Le corps est cette œuvre d’un grand luthier qui aspire à la caresse de l’archet.
                        (Ou cours-tu ? p.130)

*************



*****

lundi 3 août 2020

Retour... vers soi.


Quelques phrases pour la semaine :

A se demander régulièrement...

permet d'éclairer les souffrances du présent...

Ressentez plus, vous penserez moins...
***********

dimanche 2 août 2020

Maison de l'inspir


Au monastère bouddhiste de la Maison de l'inspir, en Seine-et-Marne, les nonnes pratiquent la méditation spirituelle. Elles reçoivent aussi des laïcs pour des journées de pleine conscience. Des rencontres devenues virtuelles avec la pandémie.

Elle est accueillante, à l'image du paysage environnant, collines verdoyantes baignées de douce lumière. Soeur Giac Nghiem, 76 ans, nous reçoit un lundi, « jour de paresse » pour les religieuses bouddhistes, libres de leur emploi du temps. À l'étage, un visage sculpté du Boudhha décore la salle consacrée à l'écoute du dharma (« enseignement »). Derrière une poutre de bois surmontée d'un rideau attendent les lits superposés destinés aux visiteuses françaises, belges et suisses, qui reviendront peut-être en septembre, après la crise sanitaire.
Au rez-de-chaussée, le garage est en travaux. À la cuisine, la confiture de groseilles, préparée par l'abbesse à la tête de la communauté, repose dans des marmites. « Presser les grains chauds dans un torchon est une méditation de gratitude, gratitude pour les ancêtres qui nous ont transmis ces gestes et pleine conscience du souffle. Chaque acte peut être méditation. Ce n'est pas seulement s'asseoir dans un fauteuil et respirer, posture qui sert à relier son corps à son esprit. Méditer, c'est être complètement là, le cœur ouvert, dans la joie », explique-t-elle. Avant le départ, elle m'emmènera près du grand potager pour m'offrir des groseilles mûres.

Séances de méditation en visioconférence

Au cœur de la vallée du Petit Morin, dans un hameau briard à l'écart du village de Villeneuve-sur-Bellot, en Seine-et-Marne, le monastère de la Maison de l'inspir semble assoupi. Il y a un an, les 10 moniales bouddhistes qui vivaient à Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis) sont venues s'installer ici. La demeure est en cours de réaménagement, transformée pour pouvoir accueillir la sangha : la « communauté » des laïcs férus de pleine conscience, qui passent ici un jour ou un week-end entier.
Je n'avais pas l'intention de devenir moniale. Mais j'ai toujours senti un appel religieux très fort.
– sœur Giac Nghiem, responsable de la Maison de l'inspir
Crise sanitaire oblige, les séances de méditation ou de lecture des sutras (textes sacrés) sont organisées en visioconférence grâce à Zoom. La première, à 6h ; la dernière, à 20h30. Parfois, le week-end, ont lieu aussi des retraites en ligne. Comme au Village des pruniers, en Dordogne, le centre bouddhique créé en 1982 par le maître zen vietamien Thich Nhat Hanh, dit Thay, et dont la Maison de l'inspir, ouverte en 1988, est l'antenne francilienne. Ou comme au monastère de la Source guérissante, dans la commune voisine de Verdelot, où depuis deux ans vivent les moines (uniquement des hommes) de la communauté - chasteté oblige, les deux maisons sont distantes de 45 minutes à pied !
Autrefois kinésithérapeute à Saint-Étienne (42), sœur Giac Nghiem - nom qui signifie « ornée d'éveil » - a été ordonnée novice en 1999 par Thay. Mère de deux enfants adultes, elle a rejoint les Pruniers pour se « guérir de la souffrance » de son divorce, après 31 ans de mariage. « Je n'avais pas l'intention de devenir moniale. Mais j'ai toujours senti un appel religieux très fort », confie-t-elle. Le bouddhisme a conquis cette chrétienne, qui évoque pourtant avec amour « son » Jésus, dont elle est « restée très proche ». Thay l'a choisie comme responsable de la Maison de l'inspir. Dans ce monastère discret, le silence est la règle de 21h à la fin du petit déjeuner. Et pendant les trois mois d'hiver. Une période mise à profit pour « étudier les textes et cultiver la joie et l'harmonie », prolongée cette année par le confinement, « expérience paradoxale de liberté et de privation de liberté ».

Jusqu'à 800 méditants pendant le confinement

Assise dans un fauteuil d'osier, l'abbesse explique devant un thé fruité et des cerises comment la communauté a vécu la crise. À l'heure où « les gens étaient tenaillés par la peur », la méditation et le lâcher-prise ont semblé salvateurs. « Parmi nos amis laïcs, beaucoup ont pratiqué davantage. Partager notre spiritualité, même par Internet, nous a paru positif. Nous nous sommes mises à l'écoute des personnes en souffrance sans nous couper de la communauté de notre maître. » Mais elle a trouvé « merveilleux cet arrêt, ce ralentissement, la fin d'une course et d'une avidité » consommatrices. « J'ai vécu la période comme un cadeau inestimable, car, grâce à plus de disponibilité, est venue l'occasion de retourner à soi », résume-t-elle. En ligne, le public s'est pressé : jusqu'à 800 personnes par séance ont écouté les enseignements, en français et en vietnamien. Et les sœurs n'ont plus eu besoin de s'occuper des méditants, que la pandémie a tenus à distance !
Parmi nos amis laïcs, beaucoup ont pratiqué davantage. Partager notre spiritualité, même par Internet, nous a paru positif.
– sœur Giac Nghiem
Puisque le monastère ne vit que de dons, il a fallu vivre plus simplement qu'à l'ordinaire : salades de pissenlits ou pesto d'orties, glanés dans les champs. Les prières ont gagné en intensité. Plus que jamais, les sœurs se sont souciées de ceux qui souffrent : femmes victimes de violences, sans-domicile, Roms, enfants abusés, aides-soignantes, éboueurs, personnes forcées de travailler. Leurs méditations de compassion se sont portées sur les malades du monde entier. Elles ont aimé que la solidarité se manifeste partout, y compris dans leur village (1.000 habitants), où le maire s'est préoccupé de ses administrés âgés. « La souffrance est le meilleur moyen d'aller vers l'Éveil. Le besoin de réconfort s'est fait sentir, plus fort », ajoute sœur Giac Nghiem.
Pour chaque religieuse, l'abbesse a une « parole aimante », l'une des quatre nobles vérités que le bouddhisme incite à pratiquer. La religieuse applaudit à l'engouement actuel pour la méditation, spirituelle ou non, car source de paix. Elle sait que certains peinent à pratiquer. « Il ne faut pas lutter contre la dispersion de l'esprit, mais regarder passer les pensées comme l'eau qui coule, dit-elle. Et retourner toujours au souffle, une ancre, sans violence. Trouver un équilibre sans batailler. Méditer, c'est prendre refuge en soi, dans le repos physique. »

-----------
Source La Vie

samedi 1 août 2020

Une totale disponibilité au monde


...Sur l’autre versant de la profondeur, la pratique méditative régulière rend disponible au monde, à sa beauté comme à ses contradictions. Elle aide à affiner son langage, à entendre les résonances entre le réel et l’intériorité, toutes « les correspondances ». Hervé Esnault, sophrologue et hypnothérapeute, met à profit les états modifiés de conscience des personnes qu’il reçoit pour leur lire un ou deux haïkus, ou l’Invitation au voyage, de Charles Baudelaire. « Je leur propose de se redire ces vers mentalement. Puis elles laissent parler leur imaginaire, se promènent dans de nouvelles manières de voir leur vie. » Pour ce public souvent contraint par le stress et l’anxiété, c’est comme une fenêtre inespérée, celle de la conscience, qui s’ouvre. « Je les encourage à garder les notes de ce qu'ils vivent à l’issue des séances, car les hàikus notamment aiguisent leur regard sur l’instant présent », se félicite le praticien.


« Quand vous entendez le mot océan, votre cerveau active la zone olfactive, celle qui perçoit l’odeur iodée. Aussi peut-on dire d’un poème qu’il transforme votre cerveau », s’émerveille pour sa part Pierre Lemarquis, neurologue, neuropharmacologue et président de l’association l’Invitation à la beauté, qui explore la notion d’« empathie esthétique ». « Écouter de la poésie, c’est être en amont du langage comme quand on écoute une symphonie », explique-t-il. Ce refuge dans l’instant présent et les plus petits détails de la réalité aide paradoxalement à traverser les périodes agitées, ou désolantes. Ce n’est pas toujours le rêve d’un ailleurs et le désir d’évasion qui nous portent alors, mais bien plutôt l’attention au « tout devant », la conscience de ce qui est simplement là. Comme beaucoup d’autres, je l’ai expérimenté pendant le confinement. Observer sur ma petite terrasse la floraison de l’hortensia ou de l’arbre d’à côté et transformer ces instants en haïkus suffisait à colorier les jours. 

Pascale Senk
(source : La Vie)

"face à l'ocean-
les pensées vont et viennent
par vagues
sur le rocher
mon ombre soudain hors
et dans le monde"

-----





vendredi 31 juillet 2020

Qualités de la vie


" On pense trop et on ressent trop peu.
Plus que des machines, on a besoin d’humanité.
Plus que d’intelligence, on a besoin de gentillesse et de douceur.
Sans ces qualités, la vie perd son sens . "
- Charlie Chaplin -

*****

jeudi 30 juillet 2020

Méditer avec Matthieu Ricard (4)

Lors des catastrophes naturelles, la solidarité est toujours immense. Il y a plus de comportements altruistes, des études l’ont prouvé.

Va-t-on vers un changement de culture, moins d’individualisme ?
J’espère. C’est la grande question. Va-t-on accorder la prééminence à l’environnement, puisqu’on sait que les catastrophes environnementales risquent d’être beaucoup plus graves que cette crise sanitaire ? Les gouvernements ont montré qu’ils pouvaient prendre des mesures draconiennes. Feront-ils preuve d’un dixième de cette détermination pour endiguer des problèmes à plus long terme, mais plus menaçants ? Hélas, ils parlent déjà de faire repartir la consommation. Les gens changent. Ils louent la solidarité, la sobriété heureuse, la proximité avec la nature. Il y a une forme de redécouverte de la tranquillité et du ralentissement. Ont-ils assez apprécié pour modifier leurs comportements ? Un vrai changement n’est pas impossible. On notait déjà une évolution : chercher davantage de coopération, s’efforcer de faire mieux avec moins, viser à l’harmonie durable au lieu d’un développement quantitatif éternel. On ne peut pas utiliser toujours plus de ressources naturelles ! Mais on n’arrivait pas à arrêter cette course effrénée. Malheureusement, l’évolution nous a équipés pour nous émouvoir des dangers immédiats, pas lointains. Moi, à 74 ans, je pourrais dire : « Après moi le déluge. » Non, ça me préoccupe. Un ministre a dit un jour : « Mes enfants, mes petits-enfants, je vois, mais après, c’est abstrait. » C’est ridicule et irresponsable ! Quand Greta Thunberg, aux Nations unies, lance que nous trahis­sons les générations futures, elle a raison. ­Voulons-nous être des traîtres égoïstes ? À chacun de voir.

-------
Source  : La Vie

Docteur en biologie moléculaire, Matthieu Ricard est devenu moine bouddhiste à 33 ans et a vécu en Inde et au Népal. Fils de l’académicien Jean-François Revel, il a publié avec lui le Moine et le Philosophe (NiL Éditions, 1997). En 2000, il a fondé l’association Karuna-Shechen (karuna-shechen.org) pour les populations de l’Himalaya. Photographe passionné, il a notamment publié Émerveillement (La Martinière, 2019). « Je pratique la photo depuis l’âge de 13 ans. C’est sans doute le seul métier que je connaisse vraiment », dit-il.


mercredi 29 juillet 2020

Méditer avec Matthieu Ricard (3)

L’esprit est comme un gamin capricieux, comme un singe qui saute de branche en branche.

On peut méditer en se concentrant sur son souffle. Sur une image, est-ce une alternative ?
Méditer, c’est cultiver son esprit – bhâvana en sanskrit. Une méditation spécifique est l’entraînement à l’attention. Empêcher l’esprit de papillonner ou de vagabonder. Donc on essaie de trouver des objets de concentration. Le souffle, c’est bien car c’est invisible. Si vous cessez de faire attention, rien ne vous rappelle à l’ordre, ce n’est pas comme lorsqu’une lumière rouge clignote. Les images sont aussi des supports. Par exemple, on peut regarder un dessin ou une statue du Bouddha, visualiser tous les détails. Puis, les yeux fermés, se représenter cette image. C’est un moyen de focaliser l’esprit. Méditer sur le visage du Bouddha, emblème de sagesse et de compassion, c’est mieux que sur celui d’un dictateur ! Un beau paysage, c’est différent, c’est plutôt une évocation. Notre petit ego étriqué se dissout dans son immensité. Il ouvre l’esprit et peut apaiser. Il renforce le sentiment d’interdépendance, d’appartenance. L’émerveillement suscite un respect, incite à prendre soin de la nature, des êtres humains. Moi, si je suis dans une situation compliquée, je m’imagine sur le balcon de mon ermitage face à l’Himalaya et je me dis : « Ce n’est pas grave, ça va se tasser. » La méthode psychologique consistant à se représenter une image positive est assez efficace pour soulager les migraineux, par exemple. C’est le pouvoir de visualisation. Mais l’image n’est pas un support classique de méditation.
L’amour altruiste fait encore plus de bien en temps de crise. Expliquez-nous pourquoi.
C’est simple. Il s’agit de nourrir une pensée dont le but est de soulager la souffrance d’une personne. Pas de recueillir des louanges. Ce n’est pas pour se faire du bien. Mais quand on commet un acte de générosité, de bonté désintéressée, on se sent en harmonie avec soi-même. Donc, c’est aussi une bonne façon d’être satisfait. Comme quand on cultive un champ de blé pour nourrir sa famille : vous n’avez pas fait tout ça pour la paille, mais elle est là, en bonus. L’amour est l’émotion par excellence. Il ouvre l’esprit, s’accompagne d’une cohorte d’autres affects positifs. L’amour altruiste – ou, dit plus simplement, la bienveillance – est la meilleure expression de la nature humaine. Pendant cette crise, il semble qu’il se soit développé. En Angleterre, plus de un million de personnes se sont proposées pour conduire des gens dans les hôpitaux, apporter de la nourriture à des personnes âgées, etc. C’est magnifique. Lors des catastrophes naturelles, la solidarité est toujours immense. Il y a plus de comportements altruistes, des études l’ont prouvé. Cette fois, en Europe, il s’est produit un curieux mélange : il a fallu cultiver la distanciation physique, pour éviter de contaminer sa famille, et rester ouvert aux autres. En Orient, on n’a pas connu cette méfiance personnelle.

-------------

mardi 28 juillet 2020

Méditer avec Matthieu Ricard (2)


Face à la souffrance, à une injustice, le chagrin n’est pas incompatible avec la force d’âme, la compassion, le courage.
Les nouvelles liées à la pandémie sont lourdes. Que faire de cette tristesse quand on médite ?
La tristesse n’est pas un obstacle fondamental au bien-être. Le bonheur, qu’est-ce que c’est ? La définition n’est pas facile. Si on pense que c’est une succession de sensations plaisantes ininterrompues, on est mal parti. Mais si le bonheur authentique, l’eudaimonia des Grecs, est lié à des qualités humaines clés comme la liberté, la paix intérieure, la bienveillance, alors la tristesse est normale. Face à la souffrance, à une injustice, le chagrin n’est pas incompatible avec la force d’âme, la compassion, le courage, etc. Tout est question d’équilibre. Et si on est plus familier avec la façon dont fonctionne notre esprit, on sait que derrière la tristesse, ou la joie, reste la présence éveillée. On la reconnaît en méditant. Elle est le point d’ancrage d’un pratiquant doté d’un peu d’expérience. C’est comme le ciel bleu derrière les nuages. On sait qu’il est là. Il va réapparaître. On n’est pas inquiet. Ce n’est pas de l’indifférence. Ce savoir s’acquiert. J’ai passé cinq ans de ma vie en retraite solitaire. Notre espace intérieur est bien plus grand pour gérer les hauts et les bas de l’existence. Il se forge avec le temps.
Apprendre à méditer, c’est difficile, non ?
Si une chose est trop facile, elle ne mène à rien (rires). C’est comme s’initier au piano ou aux échecs : ce n’est pas parce qu’on n’y arrive pas immédiatement qu’on s’arrête. Tout apprentissage demande un effort. L’esprit est comme un gamin capricieux, comme un singe qui saute de branche en branche. Cela ne se fait pas en trois secondes. Mais c’est probablement la plus belle aventure qu’on puisse mener : elle conduit à une liberté intérieure et aux ressources nécessaires pour maîtriser les problèmes. Moins vulnérable, on est moins préoccupé par son moi. Donc on s’ouvre davantage aux autres, on devient un meilleur être humain ; ça vaut le coup, non ? Il ne faut pas avoir peur de la pratique. Un de mes enseignants disait : « Si vous vous ennuyez, ce n’est pas la faute de la méditation ! » C’est parce que votre esprit est rebelle, capricieux. Il a pris des plis, et s’en défaire demande du temps. Mais l’enthousiasme vient si on contemple les avantages : l’équilibre émotionnel, l’altruisme. Combien de fois me demande-t-on le secret du bonheur en cinq points et trois semaines ? Cela n’existe pas ! C’est plus long, pas facile, mais ça vaut la peine.
---------

lundi 27 juillet 2020

Méditer avec Matthieu Ricard (1)


Matthieu Ricard, 74 ans, a quitté son monastère de l’Himalaya fin mai pour rejoindre la France, encore bouleversée par la crise sanitaire. Depuis la Dordogne, où il a retrouvé sa mère – la peintre et nonne bouddhiste Yahne Le Toumelin, 97 ans –, le moine nous a accordé une interview.

CET ARTICLE EST RÉSERVÉ AUX ABONNÉS
Que pensez-vous du boom que connaît la méditation depuis la crise ?
En confinement, les gens se sont trouvés démunis car seuls face à leur propre esprit. C’est curieux, car pour moi cette solitude est fondamentale ! En temps normal, on a affaire du matin au soir à son esprit – qui est son meilleur ou son pire ennemi. Sans le flot courant des activités, on voit plus clairement que le mode de fonctionnement de son mental n’est pas optimal. Les gens qui se sont confinés à la campagne ont redécouvert la nature, cette affinité essentielle que l’on appelle la « biophilie ». Certains, en ville, ont hélas sombré dans la totale distraction, avec Internet ou avec les jeux vidéo, dont on sait qu’ils augmentent l’agressivité et l’insatisfaction, surtout s’ils sont violents…
La méditation, qu’est-ce que c’est ? Un entraînement de l’esprit. Ce n’est pas juste essayer de se calmer. Ou s’asseoir entre deux bâtons d’encens pour se relaxer – une idée qui fait rire les Orientaux ! La méditation permet de comprendre les causes de la souffrance, de trouver des antidotes à ces toxines mentales que sont l’animosité, la jalousie, l’orgueil, le désir compulsif, etc. C’est un processus de compréhension et de libération. Si on se libère du carcan de ses pensées errantes, c’est formidable ! On peut demeurer alors dans la simplicité naturelle de l’esprit et reposer dans cet état ouvert, clair, lumineux, calme, stable. Cet état ressemble un tout petit peu à ce que les gens cherchent dans la relaxation, la clarté en plus et la somnolence en moins.


----------

dimanche 26 juillet 2020

Sensation "Je suis"


Question : Comment l'identification s'en va ?
Mooji : Comment elle s'en va ?
Elle s'en ira lorsque tu verras plus clairement que tu es le témoin de ce jeu de l'identification.
Je vais te le redire : Elle perdra de sa puissance à mesure que tu verras clairement que tu es le témoin de ce jeu même de l'identification et accroche toi à cette reconnaissance intuitive, sans trop y penser, juste à ce sens naturel de "Je suis". Cette douce intuition intérieure en toi, juste "Je suis".
Sans bruit, sans concept, sans mot, sans association, juste cette pure sensation de présence à l'intérieur de ce corps "Je suis".
Accroche-toi seulement à cette sensation de "Je suis" et ne le laisse pas s'associer pour un temps à une autre pensée comme "je vais faire ceci" ou "je veux faire cela".
Trouve juste cette sensation naturelle, c'est là.
Tu n'as pas à le rechercher. "Je dois chercher ce Je suis" est déjà une pensée qui apparaît dans le "Je suis".
A chaque fois que tu as cette sensation d'existence de toi-même, que cette intuition, cette sensation "Je suis" est bien là. C'est simple, n'y pense pas davantage, reste dans cette sensation de "Je suis". Tu n'as pas à t'arrêter de respirer. C'est là. Juste ressentir que cette sensation est là.
Il n'y a pas à s'appliquer. Même le fait de vouloir s'appliquer à être ce "Je suis" est juste une pensée qui apparaît dans le "Je suis".
Cette sensation de "Je suis" est appelé le principe divin dans chaque être sensible.
Même si tu es athée le sens de "Je suis" est là. Ce n'est pas "je suis un athée", ni "je suis un chrétien", ou je suis quelque chose, c'est juste la sensation de "Je suis". Il n'a pas de sexe, il n'a pas de programme, c'est simplement le sens de "Je suis".
Ce n'est même pas le fait de dire "Je suis". Cette sensation est là. Si on demeure dans cette sensation, si on observe cette sensation, alors l'énergie ne se perdra pas ailleurs et on arrivera naturellement à la tranquillité et au silence, reconnus dans l'espace de ce "Je suis". Le jeu de l'identification pourra s'élever, mais ce sera provisoire. Il ne durera pas. Il viendra et repartira.
Ne t'inquiète pas si cette sensation vient et repart. Tu n'as pas à contrôler tes émotions, reste neutre.
Cette neutralité est naturellement là.
Ne dis pas "Oh, je ne veux pas ressentir cela" "Ne choisis pas tes émotions.
Demeure en tant que présence non associée, la sensation "Je suis", familiarise toi avec elle.
Et c'est ce qu'il y a de plus simple. Si tu veux l'appeler un exercice, tu peux l’appeler un exercice.
Je veux simplement t'indiquer quelque chose qui est naturellement en toi.

-------------


vendredi 24 juillet 2020