samedi 24 décembre 2022
Une crèche.
Une présence intérieure
Le Dieu en qui je crois aujourd’hui (mais il m’en a fallu, du temps) tient davantage de la lumière intérieure, du dynamisme qui est l’âme de tout créé et de tout être humain, bien plus que d’un être extra-cosmique qui se serait penché sur l’homme, il y a 2 000 ans, pour enfin le sauver de je ne sais quel péché… Jésus, homme parmi les hommes, avait sans nul doute, comme personne avant lui, saisi le souffle de qui il tenait la vie, cette lumière incréée qui luit au cœur secret de tout être humain. Il vivait depuis toujours, comme personne avant lui, de cette lumière essentielle, au point d’en être unifié et irradiant.
Révéler cette présence intime
Il ne parlait pas de la lumière : il avait la conscience claire d’être de cette lumière. Il ne prétendait pas montrer à ceux qu’il rencontrait une route bornée de signaux de morale ou de piété qui conduirait à cette haute qualité d’existence à laquelle tout homme est appelé : mais il disait être lui-même ce chemin, tant il savait que sa vie était sourcée en ce Dieu qu’il nommait « Père », se sachant, comme personne, ruisseau qui n’existe que dans la grâce d’une source, lié au Père de toute vie comme la vague et l’eau ne font qu’un. Il aimait dire « moi et le Père, nous sommes un » (Jean 10, 30). Vivre de lui, c’est le devenir autant que lui.
C’est peut-être ça, l’étrange mystère de Noël. Non pas l’histoire ressassée par des Contes des mille et une nuits d’un Dieu tombé du ciel, mais la prise de conscience, en l’homme de Nazareth, d’une source de lumière incréée qui luit au plus profond de chaque être humain, même lorsqu’elle est masquée par des gravats, des détritus et les cadavres de nos rêves. La lumière est et ne demande qu’à passer… Le bonheur de Jésus, c’était de révéler cette présence intime. Il proposait à ses disciples, quand il les envoyait au-devant de lui, de dire à celles et ceux qu’ils rencontraient « le royaume de Dieu est au-dedans de vous » : ne parlait-il pas de la lumière intérieure ?
Noël : non pas l’histoire d’un Dieu qui cherche à entrer dans nos vies, mais à se libérer et à se déployer en nous, et à sortir en filets de lumière, comme des flammèches dans les chaumes, afin qu’à d’autres prenne le feu de la divine tendresse. « Le Christ serait-il né mille fois à Bethléem, écrivait Angelus Silesius, s’il ne naît pas en toi, c’est en vain qu’il est né. » Cette lumière-là est source de la paix intérieure : elle seule rend possible l’amour.
Raphaël Buyse. Prêtre dans le diocèse de Lille, il est membre de la Fraternité diocésaine des parvis. Il a notamment publié Lueurs de Noël. Contes inspirés de l’Évangile (Salvator), Autrement, Dieu et Autrement, l’Évangile (Bayard).
---------------- source : La Vie
vendredi 23 décembre 2022
Histoires d'ailes
jeudi 22 décembre 2022
Heureux solstice !
Heureux solstice à tous ! Ce stade de l'année est aussi traditionnellement nommé "porte des dieux" : c'est le moment où le soleil amorce sa remontée et où la lumière en nous-même franchit une étape décisive...
Dans le conte du "Diable aux trois cheveux d'or" (les frères Grimm), ce que j'ai nommé la "porte d'or" correspond à ce solstice d'hiver : elle permet de franchir le seuil de notre royaume intérieur...
LE SYMBOLE DE LA PORTE D'OR :
"La porte d’Or symbolise la victoire du héros : elle lui permet de réintégrer le château du roi et de retrouver son statut de gendre et d’héritier du trône. L’or est ici présent à double titre : c’est à la fois le trésor spirituel - les trois cheveux rapportés au roi - et le trésor matériel, transporté par les quatre ânes. C’est cet or matériel qui suscite l’apaisement, puis la convoitise du vieux roi. A l’hypocrisie de son attitude qui appelle le héros « mon cher beau-fils » parce qu’il aimerait s’enrichir encore davantage, l’enfant né coiffé répond par une ruse mensongère : l’or se trouve de l’autre côté du fleuve de l’enfer, à la place du sable… On voit bien la différence entre les deux trésors – ce pourrait être l’une des morales de ce conte : l’or spirituel conduit aux portes du royaume alors que l’or matériel mène droit à l’enfer(mement). Pour le héros, la grande clef d’or qui borde la porte d’entrée du château fait le lien entre le jardin paradisiaque que l’on voit par l’ouverture et l’entrée somptueuse du palais. Le dehors et le dedans se réconcilient, le royaume devient accessible !"
LE HEROS DE L’HISTOIRE, C’EST VOUS !
"Vous êtes invité à franchir à votre tour le seuil de la porte d’Or. Ce symbole correspond à une situation où vous avez le sentiment d’avoir réussi à accomplir un projet qui vous tenait à cœur. Quelles ont été jusqu’ici vos grandes satisfactions, avec un profond sentiment d’unification intérieure à la clef ? Quels pourraient être vos futurs défis ? Quel sera votre prochain grand objectif ?"
Sabine Dewulf
Extraits du coffret "Les Trois cheveux d'or - Parcours de guérison avec les frères Grimm et Pierre Dhainaut", avec la collaboration d'Eric Ric Dewulf et de Stéphanie Delcourt, Editions LE SOUFFLE D'OR, 2016.
mercredi 21 décembre 2022
Vérité qui ouvre
En matière de sadhana, de transformation intérieure, on demeure prisonnier de ce qu'on refuse, même tant soit peu, et on est libre de ce à quoi on dit oui.Et vous verrez comment naît déjà en nous, chaque fois que nous avons pu accepter pleinement qu'aujourd'hui nous sommes ceci -- voilà la vérité-- un sentiment nouveau, inconnu de liberté et de sérénité dans l'acceptation.
Simplement parce que nous ne sommes plus en conflit avec la vérité, notre vérité d'aujourd'hui, le chemin est à nouveau ouvert devant nous.
Arnaud Desjardin, rencontre avec Arnaud et Denise Desjardin.
mardi 20 décembre 2022
A pas de loups
"Guérir, c'est toucher avec de l'amour
ce qui a été précédemment touché avec de la peur..."
Stephen Levine
Alexandra Dvornikova illustration
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Entre Circé et Jodo
Aujourd'hui c'est dimanche, jour de repos. Hier samedi, notre nièce Inès nous a amené sa petite fille Circé de trois ans pour que nous prenions soin d'elle. J'ai proposé un jeu à la petite fille. Je serais un ogre essayant de me reposer, en train de faire une sieste. Circé devrait me réveiller brutalement. Le
Ogre protesterait, puis retournerait au sommeil. Elle me réveillerait à nouveau, je reviendrais protester puis m'endormir et ainsi jusqu'à épuiser. Je te conseille de voir ce qui s'est passé. Pascale a tout filmé sans que Circé et moi nous en rendions compte. J'ai compris que la meilleure pause pour six jours de travail est de jouer avec les enfants.
.🎥 par @pascale_montandonjodorowsky
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lundi 19 décembre 2022
Le passé a passé...
Qu’en est-il des mémoires des vies antérieures ?
Eric Baret -- Nous sommes surtout affectés par la mémoire de cette vie-ci. Mais le futur qui nous affecte encore davantage que la mémoire,. Le problème, c’est le futur. Libéré du futur, le passé n’existe plus ; il n’y a plus de direction, plus rien derrière vous. Tant qu’il y a une direction, il y a un passé. Chercher à se libérer du passé est un manque de pédagogie. Il est plus approprié de se libérer du futur. Sans futur, vous n’avez nulle part où aller. Quand vous cherchez profondément, vous constatez que le but de votre recherche ne peut pas être un résultat, ni le résultat de quoi que ce soit. Vous ne pouvez pas aller « vers », mais uniquement vous ouvrir à la non-voie. Libéré de tout système de vouloir arriver à quelque chose vous êtes dégagé de toute activité. Alors, vous tournez la tête, vous n’avez pas de passé. Ces moments d’ouverture englobent nos vies antérieures qui sont ici et maintenant ; elles n’ont jamais été dans le passé. Les vies antérieures ou futures sont dans l’instant. Vous quittez l’élément psychologique car c’est la psychologie qui pense en termes de passé et de futur. L’expérience est uniquement dans l’instant. Laisser le passé à ce qu’il est, et voir vraiment ce que vous êtes. La recherche visant à se libérer du passé est sans fin. Le passé a toujours des antécédents ; on peut toujours aller plus loin. L’horizontalité est sans fin. Dans la sensibilisation corporelle, on est chaque jour de plus en plus attentif, on ressent de plus en plus, on voit de plus en plus ; c’est sans fin. Quand le corps va nous quitter, il n’aura jamais exploité la totalité de son potentiel, ce n’est pas possible. Cette recherche est une perte d’énergie. Il n’y a rien à devenir. Dans le non-devenir, jusqu’à un certain point, la sensibilité s’éveille à ce qui est fonctionnel. Mais vouloir devenir sensible est encore un devenir, une intention, une sensibilité orientée qui exclut. Soyez quelques instants, dans la journée, sans futur. Voyez ce qui se passe, voyez comment votre corps réagit. Cela a un impact colossal corporellement et psychiquement.
Eric Baret - le sacre du dragon vert pour la joie de ne rien être
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dimanche 18 décembre 2022
Benoît Billot : « Arrête, où cours-tu ? »
En cette période de l’Avent 2022, le bénédictin Benoît Billot confie : « Tout m’appelle à reconnaître la Présence cachée en moi, en toi, en nous… » Et si nous en faisions notre programme de vie pour les semaines à venir en tâchant de rompre avec nos habitudes de hâte et d’avidité ? Mode d'emploi.
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Longue file devant une porte qui donne accès au parc de la préfecture ; ils étaient là depuis 5 heures du matin : des immigrés, femmes et hommes, tous en quête du sacro-saint titre de séjour. Ils en avaient tant besoin. Mais ici, calmes et silencieux, peut-être résignés, peut-être révoltés.
Certains écoutaient une quelconque musique. D’autres les yeux fermés semblaient prier. Ils savaient bien ce qu’attendre signifiait pour eux. J’avais accompagné un des frères de ma communauté, étranger lui aussi, et il était maintenant en bonne place dans la file.
À 7 heures, un petit groupe de bénévoles était apparu avec thermos de café et gobelets. Des sourires et paroles gaies les avaient accueillis lorsqu’ils avaient remonté la file. À 8 heures, agitation générale : deux vigiles s’étaient manifestés derrière la grille et l’avaient ouverte, libérant le flot qui se précipitait vers la salle des guichets. Rituel qui se répétait trois fois par semaine, avant le Covid, il y a quatre ans.
Une Présence cachée en nous
Aujourd’hui il n’y a plus de queue fatigante, mais c’est bien pire : la prise de rendez-vous se fait par informatique, avec des procédures interminables et incompréhensibles. Ces demandeurs, quel espoir insensé les a donc amenés dans notre pays ? Réponse simple pour la plupart : le désir de vivre, inscrit au plus profond d’eux-mêmes.
Pourtant, les tracasseries administratives leur font bien comprendre l’opposition de nombreux habitants de notre pays. Nous venons de le constater avec l’aventure de l’Ocean Viking. Pour répondre à ce désir, nombre d’entre eux ont affronté les pires dangers et les mers, prêts à risquer leur vie plutôt que de vivoter dans la frustration. Ils s’obstinent donc, attendent, et savent pourquoi.
Savoir quoi espérer et comment attendre ! Certes, tout être humain vit espoirs et attentes. Mais qui ira plus loin et fera l’expérience essentielle de toute vie spirituelle : ressentir qu’à la source de ces attentes se fait entendre un cri déchirant vers un Ailleurs, pourtant niché dans l’ici et maintenant ?
Et découvrir qu’il y a une Vie cachée en toute vie, une Présence au-delà de toutes les présences, un À-venir au-delà de tous les projets d’avenir. Expérience donnée comme une grâce à ceux qui s’y préparent. Thich Nhât Hanh, maître de sagesse bouddhiste, conseillait : « Arrivé dans un bouchon de la circulation, ne t’énerve pas, regarde les feux stop de la voiture qui te précède : ce sont les yeux de Bouddha qui te regardent. »
Quatre semaines pour s’exercer
Saine sagesse spirituelle du désir et de l’attente, nécessaire pour les grands insatisfaits que nous sommes, nous qui voulons avoir tout, et tout de suite. Angelus Silesius écrivait en 1675, dans le Pèlerin chérubinique : « Arrête, où cours-tu donc, le ciel est en toi : et chercher Dieu ailleurs, c’est le manquer toujours. »
Christiane Singer en avait même fait le titre d’un de ses livres. Tout m’appelle à reconnaître la Présence cachée en moi, en toi, en nous, dans nos rencontres, nos travaux, nos rêves, nos erreurs et nos impatiences. Depuis ma conception, je suis dans la file. J’y accueille avec reconnaissance la présence de mes compagnons d’attente, et la visite de celles et ceux qui viennent me soutenir. J’ai à découvrir que je suis dans la longue recherche d’un titre de séjour. Pour poser mes pieds sur le roc solide de la vie, le Royaume, qui n’est pas ailleurs, mais au fondement de ce que je suis… en attendant la naturalisation, que dans ma tradition on nomme Résurrection.
Malgré ses abominations, l’Église est bonne Mère : elle fait le cadeau de quatre semaines avant Noël pour s’y exercer ensemble. Seulement continuer la vie habituelle en la débarrassant de la hâte, de l’avidité, dans la conscience de ce « ciel en moi ». Il est là, je n’en puis douter : j’en ai eu tant de signes. Encore une parole d’Angelus Silesius : « Le Christ pourrait naître mille fois à Bethléem, s’il ne naît en ton cœur, sa naissance ne sert à rien. »
Benoît Billot est bénédictin, moine dans la ville au prieuré Saint-Benoît d’Étiolles, dans l’Essonne. Adepte du zazen, il a fondé la Maison de Tobie. Il a notamment publié Lumières dans l’ordinaire des jours et l’Énergie féconde des sacrements (Médiaspaul).
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samedi 17 décembre 2022
Un engagement spirituel
Les gardes-fous en spiritualité. Quelques critères de bon sens pour évaluer la qualité des systèmes dans lesquels nous nous engageons. Notre nouvelle vidéo en énumère cinq.
vendredi 16 décembre 2022
Intervalle
Concert avec Gilles farcet
jeudi 15 décembre 2022
Présence de la tristesse
Quand la tristesse est là, si je suis triste, si je ne veux pas être triste, si je pense que c'est normal que je sois triste, sije justifie la tristesse, si j'explique la tristesse, si je quitte le simple fait de vivre la tristesse corporellement dans le ventre, les narines, les yeux, les doigts, la tristesse se fixe, se bloque et l'on peut être triste toute sa vie et en avoir toutes les somatisations possibles.
Mais si je me rends compte que la tristesse n'est pas triste et si je sens la tristesse quand une situation me rend triste, il n'y a plus de situation.
Si on laisse vivre cette tristesse, elle se dissout dans la Présence.
250 questions sur le yoga/MC.Reigner-E.Baret/almora (image : Gérard Beaulet)
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