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lundi 2 février 2015

La marche réenchante mon existence avec David Le Breton



« La marche implique les ressources élémentaires du corps, sans technologies, à pas d’homme, sans hâte, chacun selon son rythme. Elle sollicite un temps ralenti à ma mesure et à celle de mon désir. Je parcours les sentiers, j’arpente les forêts ou les montagnes, je gravis les collines pour avoir le plaisir de les redescendre, tout en restant à hauteur d’homme, livré à mes seuls moyens physiques, introduit à la sensation continue de moi et du monde. 

La marche réenchante mon existence. Elle n’est pas seulement regard, elle m’est aussi immersion parmi les nappes d’odeurs, les sons, la tactilité, quand le sentier se confronte soudain à une rivière, un ruisseau et que mes mains s’abandonnent à la fraîcheur de l’eau. Je sens l’épaisseur subtile de la forêt que recouvre l’ombre, les effluves de la terre ou des arbres, j’éprouve la texture du jour. 

J’entends les cris des oiseaux, les bruits de l’orage ou les appels des gamins dans les villages, les stridulations des cigales ou le craquement des pommes de pin sous le soleil. Selon les saisons, je cueille les fraises des bois, les noisettes, les champignons... La marche est une expérience sensorielle totale qui ne néglige aucun sens. Les retrouvailles avec le cosmos ne sont jamais loin, mes pas me mènent infiniment plus loin que le paysage. » 

 David Le Breton, sociologue et écrivain, est l’auteur, notamment, de Marcher, éloge des chemins et de la lenteur (Métailié, 2012).


vendredi 25 mai 2012

Redéfinir son histoire avec David Le Breton

La joie de vivre est, selon moi, reliée au sentiment d'être soi et d'habiter pleinement son existence, sans vouloir être "autre". Ce qui l'empêche? Le fait de rester bloqué sur la signification que l'on donne à son histoire, l'interprétation négative que l'on opère du passé, même très proche. Ce ne sont pas les épisodes douloureux ou les échecs qui font barrage, mais le sens que nous choisissons de leur donner. Souvent, nous nous voyons "victime" de traumatismes antérieurs, réels ou vécus comme tels, et si nous fondons notre identité sur ces événements, nous ruminons et nous nous emprisonnons nous-même. Je crois, au contraire, que chaque malheur, petit ou grand, est l'occasion de se découvrir, de se redéfinir pour mieux habiter sa vie. Et l'aimer. 


Nous avons tous en nous les ressources pour modifier la signification du monde, reconstruire, pardonner... Nous pouvons aussi compter sur un évènement extérieur pour donner ce nouveau sens à notre histoire : une rencontre, la lecture d'un roman, une activité physique comme la marche, l'écriture, une musique, une thérapie... Rien n'est figé, et bien des choses peuvent nous permettre de trouver ou retrouver le sentiment d'exister et de vivre en harmonie.» 

DAVID LE BRETON, auteur de Marcher, éloge des chemins et de la lenteur (Métailié, 2012)
Source : Psychologies