La citation du lundi
Il y a 20 heures
Qu'est-ce que c'est ?
Qui nous offre ce bonheur, bonheur immense, bonheur fragile, chaque jour donné ; la joie qui est là, sous mon nez, mais que je n'aperçois que de temps en temps, quand je lève les yeux, quand j'accueille, quand je me sors de moi-même ; quand, à mon tour, je m'incline avec grâce, portée par le souffle et la lumière.
Ta prière s'étend par larges cercles concentriques à partir d'un foyer ouvert mais secret, imperceptible le plus souvent, un centre au fond de nous qui est le Christ lui-même prenant possession de notre chair, le Christ en chaire dans notre chair, le Christ passant toute une nuit, seul, à prier dans la montagne, avant d'agréger autour de lui le cercle des Douze et de réunir dans la plaine le cercle plus large de ses disciples, puis le cercle aux bords mouvants de la foule immense qui suit (Luc 6, 12-19).
La prière s'emploie à redonner forme et vie, consistance et fermeté, à un mouvement d'extension qui va du plus loin en soi au plus loin hors de soi : se laisser déborder en se laissant pénétrer. En nous appelant, Dieu ne nous mène pas hors du monde, mais plus au fond, au tréfonds, parce que pour aller loin, il faut d'abord avoir le sentiment de venir de très loin, et seule la prière intérieure, la prière en profondeur, nous convainc de notre propre mystère, en lui donnant vie, en nous persuadant de la transcendance qui nous habite et nous constitue, nous dépasse et nous fonde dans le même temps. Ce qui se dit de chacun de ses membres vaut pour toute 1'l'Eglise, dont le corps se construit à l'image des cellules qui le constituent. L'intériorité ne forme pas un camp retranché, encore moins une bulle, mais une large ouverture en faisceau, à partir d'un point lumineux, d'un noyau d'une densité proportionnelle à son rayonnement. Il ne s'agit plus d'atteindre des sommets vertigineux, mais bien de porter la prière jusqu'au bout de nos ongles, comme un influx, une onde de lumière, une connaissance d'amour qui envahit la chair en la clarifiant.