mardi 17 janvier 2023

Patience corporelle


 On ne s'accorde pas beaucoup de temps pour sentir le corps.

A un moment donné, plutôt que de réfléchir sur votre vie affective, sur la spiritualité ou sur quoi que ce soit, vous vous accordez un espace dans la journée, où vous êtes présent sensoriellement : éventuellement vous explorez un mouvement du doigt, du poignet, du souffle ... Vous êtes présent.

Votre questionnement se fait tactilement, comme un musicien qui, lui, aura un questionnement auditif.

Ainsi, peu à peu, les zones endormies redeviennent conscientes.

Il faut rester doux, être patient.


Eric Baret

/Yoga/almora

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dimanche 15 janvier 2023

Comment… résister à la tiédeur ?

 


Dans le rythme cyclique et strict d’une règle monastique comme dans les habitudes du quotidien professionnel et familial, le risque est grand de se laisser posséder par la tiédeur, dont on sait que Dieu la vomit (Apocalypse 3, 16). Contre cette tiédeur, des remèdes existent, et la sagesse monastique nous en donne quelques pistes.

1. S’entourer de beau

Insuffler du beau dans son quotidien, par la contemplation de la nature ou l’art. Le beau est adductif à Dieu. En s’entourant de choses belles et en étant attentif au beau autour de soi, l’âme peut être saisie, comme réchauffée.

2. Nouer des amitiés fortes

Développer des amitiés fortes et profondes, afin d’avoir d’autres aventuriers à ses côtés, avides d’explorer les profondeurs. S’entourer d’amis intègres, c’est mettre des garde-fous à la tiédeur, c’est se garantir un rappel à l’ordre si nécessaire.

3. Chercher la vérité

Et travailler son intelligence. Il faut chercher à comprendre le réel pour mieux l’aimer. L’étude est une clé essentielle pour avancer en eaux profondes (Luc 5, 4).

4. Ne pas négliger sa pâte humaine

Instaurer un rythme de vie sain, au niveau de la nourriture, du sommeil, de l’activité physique, de la détente. Pour sortir de la tristesse, saint Thomas d’Aquin conseille ainsi de prendre des bains et de dormir.

5. Accepter la temporalité

Ne pas se laisser attiédir par sa tiédeur, accepter la temporalité de la vie spirituelle, ne pas coller à sa tiédeur. Les cendres tièdes de la surface cachent parfois un brasier ardent en leur sein.

6. Un apophtegme des Pères du désert

Abba Lot va trouver abba Joseph et il lui dit : « Abba, selon ma force, je récite un office court. Je jeûne un peu, je prie, je médite, je vis en étant recueilli. Dans la mesure du possible, j’essaie de rendre mes pensées pures. Qu’est-ce que je dois faire de plus ? » Alors abba Joseph se lève. Il étend les mains vers le ciel et ses doigts deviennent comme dix lampes de feu. Il dit à abba Lot : « Si tu veux, deviens tout entier comme du feu. »

Thibault Autric

source : La Vie magazine

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vendredi 13 janvier 2023

Comment préserver l’âme d’un enfant ?

En décembre 2008 j'ai eu la chance d'assister à Paris à un séminaire de deux jours de Stephen Jourdain. C'était le dernier séminaire qu'il donnait car il s'est éteint 2 mois plus tard. Une étrange rencontre. Un homme parfaitement clair, un homme provocateur, un homme sans concession, mais un homme torturé par son histoire humaine. Comme la réalité est indicible, il en parlait poétiquement. Il m'a apporté une liberté, la liberté d'être ce que je suis. Aucune apparence n'est à cultiver. Nous pouvons être dans la crudité de notre humanité ou dans sa pudeur, quelque part, cela n'a aucune importance, pourvu que nous préservions la pureté de notre enfant intérieur.

Je vous souhaite à tous une belle journée, en compagnie de cet enfant intérieur qui ne nous quitte jamais, mais que nous ignorons souvent.

Philippe



"Comment préserver l’âme d’un enfant ?

Un grand dessein, mais une utopie : l'âme puérile se corrompt toute seule. Selon les apparences, le grand corrupteur, c’est « l’extérieur » : la société, l’école, les parents. En fait, quasiment dès le berceau, nous nous corrompons nous-mêmes. Il ne s’agit donc pas, ici, de préserver mais de sauver ; de mettre cet enfant que nous chérissons plus que tout, en position de se sauver lui-même.

Nous sommes tous des âmes malades – du moins, le virus de la cécité interne, de la pauvreté interne, la mort intérieure, est lové dès la naissance dans les abysses, hélas inconscients, de l’intimité de nous-mêmes. Au tournant, pourtant scintillant de la vie de l’adolescence, nous allons, toujours dans la nuit de l’inconscience, activer le virus. Et, spirituellement parlant, nous entrerons dans le coma.

Je le répète : la société a bon dos, les parents aussi…  Ces instances extérieures n’arrangent rien, c’est vrai ! Mais elles ne font qu’attiser une malédiction qui est déjà sur nous. La malédiction est sur nos subjectivités, et chacun de nous en est l’inventeur et l’ouvrier zélé.

Quel est le salaud qui met de la suie sur le monocle de l’âme ? Qui m’enténèbre et me salit au point que j’oublie que je suis un esprit, que je suis une sensibilité – plus grave encore, simplement que je suis ? Oui, qui est le dispensateur de toute cette crasse interne, QUI S’ACHARNE AINSI SUR MOI ? Moi. Moi personnellement.

Sûrement, je veux dire quelque chose ou quelqu’un en moi ? Non, je veux bien dire moi ; je veux dire exactement moi.

Donc, voilà l’incroyable vérité : c’est nous-mêmes et pas un autre à l’extérieur de nous, et pas un autre à l’intérieur de nous, qui nous massacrons – j’ai failli dire bousillons – d’instant en instant, sans jamais nous lasser, et sans que notre moi intérieur habituel en ait la moindre conscience."

Stephen Jourdain - extrait de "Voyage au centre de soi"

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jeudi 12 janvier 2023

Par delà la crampe...

 

je me fais un sang d’encre


les mots le remontent

à contre-courant 

jusqu’à la crampe


tu me donnerais une phrase

on l’appellerait « rivière »


les mots y fermeraient les yeux

pour arrêter de mourir


Joëlle Abed


Photo par Joëlle : ciel parisien de juin 2021

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mercredi 11 janvier 2023

Bienvenue dans le séjour.

 Il y a quelques années, j'ai eu la chance de rencontrer Jacques Goorma à la sépulture de Catherine Harding, l'épouse de Douglas Harding. Jacques était un bon ami de Catherine. Elle appréciait beaucoup sa poésie.

Nous avons partagé, comme si nous nous connaissions depuis toujours. Quand l'essentiel est partagé avec quelqu'un, une intimité fleurit, car nous savons que nous sommes reliés, même si Cela est impalpable.

Ce que nous sommes vraiment, vraiment, vraiment, cet essentiel, est apparu très clairement à Jacques Goorma. Il en parle de façon poétique. Il appelle Cela "le Séjour".

Voici quelques extraits de son livre "Le Séjour"

Je vous souhaite à tous une très belle soirée, sans quitter le séjour. Comment d'ailleurs pourrait-on le quitter ?

Philippe


"On ne peut sortir du séjour, mais on peut l’oublier, l’ignorer, être dans la confusion. Personne ne peut l’obtenir, car il réside où il n’y a personne, mais on peut disparaître et naître dans sa lumière. On ne peut qu’être le séjour. On ne peut l’évoquer sans le placer hors de soi, hors de lui-même, dans un mot, un concept, sans le convertir en une pensée. L’homme parvient à accomplir ce tour de force de quitter, de façon illusoire, sa demeure primordiale. Il se chasse du paradis. Par ce mouvement, il devient chasseur et ne trouve comme seule proie que le mirage d’une ombre fugace. Il cherche dehors ce qu’il a quitté dedans. Il parvient à franchir l’incomparable frontière par une usurpation d’identité. Se lie à l’imposture par un inextricable serment."

...

"Du séjour s’écoulent les prés ; les arbres, les collines, jusqu’à ton visage dans la coupe de mes paumes. Car le séjour est rivière aussi, rivière invisible et rêveuse, éclairant tout ce qu’elle caresse de son aube lustrale."

...

"Ce n’est pas à travers les trous oculaires que je vois. C’est à travers un œil qui est derrière et au-dessus. Un œil qui est chez moi et fait comme chez lui. Comme chez toi. C’est un regard impersonnel. Ce qu’il voit au-dehors, est personnel. Ce qui est dehors, apparaît et disparaît. Mais cet œil qui voit tout n’est jamais apparu, c’est simplement une ouverture qui laisse sa place au monde."

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mardi 10 janvier 2023

L'humaine Mariana Caplan

 


"Pour moi, le chemin humain et le chemin spirituel sont devenus une seule et même chose…"

"J’ai appris que personne, y compris moi même, est à l’abri d’une chute, laquelle peut survenir à tout moment. Nous sommes tous vulnérables. "

Je recopie et traduit ici de l’anglais deux extraits du message  public adressé par notre chère amie Mariana Caplan, autrice, thérapeute et « guerrière spirituelle » américaine avec qui nous avons partagé beaucoup de choses précieuses, en France et aux Etats Unis où elle nous a généreusement accueillis. 

Je ne donnerai pas ici de détails trop personnels, disons simplement que Mariana a récemment traversé un enfer objectif  et qu'elle en revient avec la perspective qu’elle évoque ici , perspective avec laquelle je me sens cinq sur cinq en résonance. 

« L’intérêt que j’ai eu toute ma vie pour ce que j’appelai , comme nombre de mes collègues le chemin spirituel, religieux ou psychologique s’est reconfiguré en moi. Il a pris la forme d’un amour intime envers le chemin humain et d’un désir de servir ce chemin : l’intensité intérieure inhérente à chaque être humain, la possibilité que chacun porte en lui, qu’il ou elle se reconnaisse ou non dans un chemin spirituel formel, une religion ou un processus de croissance et de transformation. Pour moi, le chemin humain et le chemin spirituel sont devenus une seule et même chose…

J’ai appris que personne, y compris moi même, n'est à l’abri d’une chute, laquelle peut survenir à tout moment. Nous sommes tous vulnérables. Nous voyageons sans cesse sur des pistes de développement spirituel, psychologique et humain, dans un monde précaire et changeant. Peu importe la représentation que nous avons de notre santé et de notre éveil, peu importe l’image que nous donnons aux autres. L’inévitable déroulement de l’existence humaine de son début à sa fin ainsi que les défis et traumatismes collectifs que notre monde changeant nous inflige à la vitesse de l’éclair vont amener de nouvelles dimensions de la souffrance personnelle et collective. Avec cela vient l’opportunité et la possibilité d’utiliser ces défis pour croître, mûrir, nous transformer en ce que nous sommes au plus profond ; d’être plus authentiquement en phase avec la vie qu’il nous est demandé d’incarner et d’exprimer ; et de devenir plus disponibles pour apporter une aide à un monde qui a tant besoin de chaque guerrier de l’amour aspirant à être au service."

Bless you, Dear Mariana ... Je recommande ses livres remarquables (une recherche sur le net vous en donnera facilement les références), tout simplement parmi les meilleurs à mon sens publiés ces trente dernières années à propos des questions spirituelles.  Ne serait ce que les deux traduits en Français : A mi chemin du Sommet (Altess) , consacré aux pièges de l'"éveil" et de l'enseignement prématuré ; et "gourou vous avez dit gourou",

( La Table Ronde) sur la très délicate question du "maître" systématiquement mal abordée de manière générale. La perspective de Mariana est toujours vaste, intelligente, très informée, tout sauf simpliste et, non négligeable, pleine d'humour et d'humanité.

Par Gilles Farcet

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lundi 9 janvier 2023

LE QI = ÉNERGIE ?


On traduit souvent le terme Qi (prononcez "tchi") par le mot énergie.

Or ce mot, bien qu’ayant le mérite d’être évocateur d’une force mouvante, est trompeur. 

Traduttore, traditore 😉

En effet, le mot énergie existe déjà dans la pensée occidentale : on parle bien d’énergie solaire, électrique, hydrolique... même d’énergie fossile ! 

Le Qi n’a rien à voir avec tout cela. Le Qi est le Qi, et le mieux serait de ne pas le traduire puisque nous n’avons pas d’équivalent. 

Certaines traductions disent "souffle vital", ce qui est déjà moins erroné et permet de se figurer de quoi il s’agit.

MAIS ALORS, LE QI, C'EST QUOI ? 🤔

Le Qi est la force motrice qui résulte de la dynamique incessante du YinYang.  

Mais attention, davantage qu’un simple concept, il s’agit véritablement d’une substance, certes très éthérée, mais néanmoins une substance ! 

Ses particularités : 

- Il est en mouvement constant

- Il est en transformation perpétuelle

- Il est invisible mais palpable

Regardez son idéogramme : il représente un grain de riz avec de la vapeur au-dessus, manifestant ainsi l'action de transformation.

Comme le vent, ce n'est pas lui que l'on voit mais ses effets ! Il donne donc des informations.

Et comme pour le vent, on peut apprendre à l'utiliser. 

La médecine chinoise utilise le Qi pour arriver à ses fins : l'harmonie du YinYang.

☯️

VOUS VOULEZ SENTIR LE QI ?

Mettez vos paumes légèrement en coupe et face à face, espacées de 4-5 cm de manière à ressentir la chaleur de chaque main dans l'autre. 

Respirez calmement et restez immobiles une dizaine de secondes, jusqu'à sentir une sorte d'épaisseur entre vos mains.

Laissez cette sensation s'étoffer puis amusez-vous à faire osciller vos paumes (à peine un millimètre !) pour sentir cette substance qui remplit le vide.

En rapprochant vos mains, cela se densifie.

En les éloignant, cela s'étire.

Vous l'avez ? 🤩

Alice Korovitch

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dimanche 8 janvier 2023

Réalité !

 


Soulageant, apaisant, réjouissant, ce magnifique graphique offert par une institutrice pour m’inviter à la confiance. Sacré boulot !!!

Merci pour tout.

Prenez soin de vous!

Alexandre Jollien





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Sagesse chinoise ?

 


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samedi 7 janvier 2023

Choisir la joie ?


 Pour Anne Ducrocq, la joie s’apparente à une résistance. Auteure du bonheur, ça se pratique (La Martinière) et Joies ! (Gründ), elle livre dans ce dernier :

« L’espérance, comme la joie, sait ce que résister signifie. Cette résistance est collective, nous pouvons rejoindre des créateurs d’idées, des collectifs sociaux, des rassemblements de réflexion, donner de notre temps. Cette résistance est aussi individuelle. Il appartient à chacun de ne pas baisser les bras, de célébrer la vie et, surtout, de voir tout cet amour inemployé qu’il a en réserve et qui n’attend que d’être offert. Rien ni personne ne pourra résister à notre joie de vivre si nous la choisissons. »

source : Magazine La Vie


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vendredi 6 janvier 2023

« Je dis merci mille fois par jour »


« Dans la rue, quand j’entre dans un ascenseur, je dis toujours bonjour ! Je dis merci mille fois par jour, dès mon petit-déjeuner : du café, ce pain français si bon et beurré. Pourtant, je n’ai pas été épargnée par les malheurs. Je suis veuve depuis que j’ai 49 ans, j’ai eu un cancer stade 4 il y a six ans. Ma mère disait que tout est une question d’attitude. J’allais à l’hôpital pour une chimio comme on va au bal : maquillée, avec un chapeau, je parlais à tout le monde ! La guerre en Ukraine me touche particulièrement car mes grands-parents maternels, Juifs, y ont vécu. Le père de mon mari a connu la déportation. Même dans le pire malheur, même dans une cave ukrainienne, même à Auschwitz, certaines personnes sont des lumières pour d’autres. La joie naît lorsqu’on donne un peu de soi. Face à la mort qui me fait très peur, je mesure combien chaque jour est un cadeau. »

Susie Morgenstern, romancière, auteure de 77 bonjours, 77 bonheurs, Saltimbanque.

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