dimanche 18 octobre 2020

Pour le mystère du vivant... avec Nicole (1)


Témoignage de Nicole sur la période de confinement.


 

Je pleure

ou plutôt ''cela '' pleure en moi

Qu'est-ce que '' cela '' ?

m'appartient-il ? est-ce moi ?

Est-ce que je le connais ?


Non, je ne le connais pas

''cela '' est un inconnu pour moi...

Avec lui, j’apprends la compassion,

Je décrypte ce qu'il vit,

expérimente ce qui lui arrive.

''cela '' pleure dans mon corps

car la chair de ''cela '' refuse ce confinement,


elle hurle NON... !


Elle est la fleur qui se dessèche au soleil,

et meurt parce que la vie

ne l'irrigue plus...

Elle en est déconnectée...

déconnectée de son statut d'être vivant.


Mon corps, mon âme, mon esprit

ont eux aussi

perdu leur repères spatiaux.

Ils mélangent le réel à l'irréel.

Je me suis même surprise l'autre soir

en train de manger le potage avec la fourchette...

Intriguée, je veux comprendre pourquoi

tout se déglingue en moi.




22 mai 2020

Je cherche sur l'ordinateur :

'' Quels sont les dégâts causés chez un être humain

soumis à un isolement drastique, que cela soit en milieu carcéral

ou dans une Résidence seniors : Atteintes cérébrales *

(vérifiées avec un électroencéphalogramme ),

atteintes corporelles, désordre psychique !  ́ ́

À ma surprise, je retrouve sur la toile, les mêmes symptômes

que ceux que je suis en train de vivre...

Le syndrome que ce soit pour certaines personnes âgées

ou pour le prisonnier au cachot est identique,

Quelle joie de me savoir revenue parmi les humains.

Non je ne perds pas les pédales, je ne suis pas une mauviette...

Car je suis quand même encore un peu vexée par ces réactions

qui ne me ressemblent pas trop.

Je ne suis pas du style à baisser les bras mais à agir.

Agir, comment ?

Le premier plan qui se présente en moi, c'est le suicide.

Pourquoi le suicide?

Parce que je m'aperçois que quelques-uns d'entre nous, les super-confinés, commençons à

perdre notre boussole intérieure. Moi aussi, je sombre petit à petit dans un total non-sens, je

découvre la contrée étrange de la déshumanisation.

Le logiciel de mon corps devient un inconnu pour moi.

Je dois rompre ce cycle infernal, agir...

il y a urgence, grande urgence.

...


*


3 commentaires:

Jean a dit…

"Tout" est relation. Relations coupées, "Tout" meure. Mon "Tout", fais que je reste en relation. Et à toi, autre "Tout" isolé, je dis merci.

Suzanne a dit…

De tout cœur avec vous, Nicole, qui témoignez si justement des dégâts de cette situation difficile, de son côté inhumain.
Vous traverserez ce passage car vous en avez la force spirituelle.
Je vous adresse toute ma sympathie, et pense bien à vous.

Y a dit…

Bonjour Nicole, j'aime lire vos témoignages et vos traces de vie. Je comprends l'envie de mourir, c'est très dur ce que vous traversez, cette solitude, ces changements en vous, ces brisures. Tenez-bon, un pas après l'autre, instant après instant. Elle est si loin de nous, cette rive-là, mais si proche aussi parfois qu'on peut la pressentir: que ce soit avec une fourchette ou une cuillère: "Swamiji mange Swamiji avec l'aide de Swamiji"!
Puissez vous continuer de goûter ce qui est là,
Y