samedi 17 février 2018

Jeûner pour s'ouvrir à l'Esprit

Pour préparer Pâques, le mensuel Prier vous ouvre chaque semaine à l'art de la prière. Première expérience spirituelle, le jeûne.





« Le jeûne est pour moi une expérience bouleversante. L'expérience que le Christ nous rejoint dans notre quotidien, d'une intimité qui change tout ce que l'on fait et la manière dont on voit le monde. Je marche moins vite. Je vis plus simplement. Plusieurs fois, j'ai vécu des réconciliations dans ma famille », témoigne Élisabeth Siewert, 50 ans, enseignante, qui vit chaque année durant le carême une expérience de jeûne au sein de sa paroisse du Chesnay. 

D'où cela vient-il ?

Cette pratique enracinée dans l'Ancien Testament est illustrée par Jésus durant ses 40 jours au désert (Matthieu 4, 2). Il invite par la suite ses disciples à jeûner « lorsque l'Époux leur aura été enlevé » (Matthieu 9, 15). Les premiers chrétiens s'abstenaient ainsi de nourriture le mercredi et le vendredi (en souvenir de la trahison de Juda et de la Passion du Christ), durant le carême et avant chaque eucharistie.

Pourquoi se priver ?

Si s'abstenir de télévision, par exemple, a un sens, cela vient après le jeûne alimentaire, avance Jean-Luc Souveton, prêtre à Saint-Étienne. « Vaincre la faim nous montre que "l'homme ne vit pas que de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu" (Matthieu 4, 4). On comprend que notre énergie vient aussi de l'intérieur. Physiquement, nous faisons appel aux réserves graisseuses pour que le corps fonctionne. Spirituellement, cela remet en cause notre quête inquiète de combler un vide intérieur. On découvre en soi non pas le vide, mais la vie. »

Ce que demande l'Église

L'Église catholique prescrit aux personnes en bonne santé de s'abstenir de viande tous les vendredis de carême et de jeûner le mercredi des Cendres ainsi que le Vendredi saint, c'est-à-dire de ne prendre qu'un seul repas sans viande ni alcool et une simple collation le soir. Elle demande également de se préparer à l'eucharistie en s'abstenant de nourriture, au moins une heure avant de communier. Pourquoi ne pas insister sur ce point cette année ? C'est une façon simple et puissante d'éveiller notre faim de Dieu et notre conscience de Celui qu'on va recevoir.

Quelle attitude intérieure ?

Dans la tradition chrétienne, jeûner n'est pas une fin en soi, mais un moyen spirituel de devenir « disciples et fils de Dieu ». Pour Jean-Luc Souveton : « De même que le Christ est tenté au désert, jeûner nous révèle les combats que nous devons mener pour nous libérer de notre soif de pouvoir, de notre orgueil... » Le jeûne est là pour favoriser une prière plus intense et un souci des autres qui se traduit notamment par l'aumône.

Une expérience paroissiale

Durant le carême, la paroisse organise un jeûne. Chaque soir pendant une semaine, les paroissiens se retrouvent pour un temps d'adoration suivi d'une tisane. Ils rapportent chez eux la miche de pain complet qui fera leur unique repas du lendemain. Durant toute la semaine, ils prient à partir de l'Évangile et des psaumes. « Cette expérience a rendu la paroisse plus fraternelle, témoigne Élisabeth Siewert. On prie les uns pour les autres, on découvre de nouveaux visages, qui osent témoigner de ce qu'ils vivent. Et le dernier soir, chacun apporte de quoi préparer la fête ! »

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