samedi 17 août 2024

Laisser la place

 


Nous pensons que si nous méditions juste assez ou si nous faisions assez de jogging ou si nous mangions une nourriture parfaite, tout serait parfait. Mais du point de vue de quelqu'un qui est éveillé, c'est la mort. Chercher la sécurité ou la perfection, se réjouir de se sentir validé et entier, autonome et confortable, est une sorte de mort. Il n'y a pas d'air frais. Il n'y a pas de place pour que quelque chose entre et interrompt tout ça. Nous tuons le moment en contrôlant notre expérience. 

Faire cela, c'est se préparer à l'échec, parce que tôt ou tard, nous allons vivre une expérience que nous ne pourrons pas contrôler : notre maison va brûler, ou quelqu'un que nous aimons va mourir, ou nous allons découvrir que nous avons un cancer, ou une brique va tomber du ciel et nous frapper à la tête, ou quelqu'un va renverser du jus de tomate partout sur notre costume blanc.

Le truc est de continuer à explorer et de ne pas renflouer, même lorsque nous découvrons que quelque chose n'est pas comme ce que nous pensions. C'est ce que nous allons découvrir encore et encore et encore : rien n'est comme ce que nous pensions. Les choses sont toujours en transition, si seulement nous pouvions nous en rendre compte. Rien ne se résume jamais à la façon dont nous aimons les rêver. 

L'état hors centre, entre-deux, est une situation idéale, une situation dans laquelle nous ne nous faisons pas prendre et où nous pouvons ouvrir notre cœur et notre esprit au-delà des limites. C'est une situation très tendre, non agressive et ouverte : rester avec un tremblement, rester avec un cœur brisé, rester avec un ventre qui gronde, rester avec le sentiment de désespoir et de vouloir se venger — voilà le chemin du vrai réveil. 

Les choses qui s'écroulent sont une sorte de test et aussi une sorte de guérison. Nous pensons que le but est de réussir le test ou de surmonter le problème, mais la vérité est que les choses ne se résolvent pas vraiment. Elles se rassemblent et elles s'effondrent. Puis elles se réunissent à nouveau et s'effondrent à nouveau. C'est comme ça. La guérison vient du fait qu'il y ait de la place pour tout cela : place au chagrin, au soulagement, à la misère, à la joie.

~ Pema Chödrön 

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4 commentaires:

Julien a dit…

Merci pour votre blog que je consulte régulièrement. Je l'avais découvert grâce à une recherche sur Christian Bobin.

Ici, laisser la place , créer de l'ouverture pour l'imprévu. Être en mouvement.
Cela me parle.

Anonyme a dit…

Sur le chemin de Compostelle, j'ai lu un partage d'un pélerin dans un cahier placé dans une chapelle: "Merci pour le chemin qui m'apprend que les hauts ont autant de valeur que les bas". Je trouve que cela rejoint ce que Pema Chödron nous transmet. Cateline

Acouphene a dit…

Oui, merci pour ce partage Cateline !

Acouphene a dit…

Merci de votre présence, Julien ! La place est toujours disponible ici ;-)