jeudi 16 juillet 2020

Fuite vaniteuse de la voie...


Swami Prajnanpad , en réponse à une lettre de Sumangal Prakash qui lui dit que sa vanité en a pris un bon coup :
"Oui et ce n'est que le début. Ce n'est qu'un petit coup infligé à la vanité. Des coups, il devra y en avoir encore de beaucoup plus sévères sur le chemin qui vous mènera à Prajnana (la connaissance parfaite ) et à la vérité. A cause de tels coups infligés à leur vanité, beaucoup de ceux qui les reçoivent sont poussés à abandonner le chemin de la vérité. 'Non, c'est moi qui ai raison- l'autre a tort" ...
Pour ce que cela vaut et à mon misérable niveau : plus je transmets et accompagne, plus je vérifie cette vérité, que j'ai d'abord vérifiée et vérifie encore sur moi même, dans la chair et le sang de mes souffrances et résistances. La sincérité des uns et des autres n'est pas en cause. Mais combien sont prêts à recevoir ne serait ce qu'un léger coup à leur vanité ? Si longtemps, nous préférons notre souffrance et sa continuation, nous choisissons notre dérisoire et pathétique imaginaire de toute puissance de préférence à la détente de la vérité. Parfois, nous continuons tellement longtemps que, pour cette fois ci, il est trop tard, le masque nous colle à la peau, il est devenu notre visage même et nous mourrons en le défendant. Nous ne voulons pas de la voie et de ses coups, juste nous bercer d'une idéologie spirituelle confortable et qui nous flatte.
Si nous rencontrons la voie et ses possibles coups, nous la fuyons sous prétexte de liberté, dans la plus totale malhonnêteté vis à vis de nous même. Nous changeons d'enseignement et d'enseignant, ou vénérons indéfiniment la mémoire d'un enseignant mort à qui nous n'avons pas permis de son vivant qu'il égratigne notre masque, à moins que, l'égratignure d'il y a longtemps bien refermée et sans suite, nous passions désormais notre temps à nous célébrer nous même en tant que grand disciple jadis un peu égratigné, alors qu'il s'agit de continuer. Ou encore nous réfugions dans la berceuse inoffensive des enseignements néo védantiques.
Nous croyons avoir le temps, le luxe de résister, discuter, argumenter, finasser, et ne nous apercevons pas du moment où il sera déjà trop tard.

Gilles Farcet
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